Il y a seize ans, j’ai appelé Armando Bauleo en Suisse orientale pour
introduire et modérer une table ronde au congrès annuel de la Société
Suisse de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Il avait comme
thème l’épistémologie. La table était composée non seulement de
médecins spécialisés dans le domaine pédopsy, mais, puisque on avait
choisi comme thème du congrès les bases scientifiques de la
psychiatrie d’enfants et d’adolescents, il y avait aussi un ethnologue,
Mario Erdheim, et des psychiatres d’adultes.
Armando a dit que le « petit patient » apparaissait comme un lieu de
confluence. L’enfant serait aussi un lieu de forces centrifuges : Non
seulement on théoriserait sur l’enfant, mais celui-ci aussi théoriserait
(les théories sexuelles). Armando poursuivit en disant que « nous
parlons des enfants à partir de notre propre enfance. Apparaissent -
dit-il – les problèmes liés au fait d’avoir à penser à l’intérieur d’un
lien. » (Publié en français dans la Revue de clinique groupale et
recherche institutionnelle I, n. 2 – 1991, p. 58-59).
C’était sous-entendu que ce fait rendait notre travail particulièrement
difficile.
Puisque notre enfance reste en partie séquestrée de notre vie
consciente et par cela inatteignable aux moments de changement,
l’Inquiétant nous hante à l’occasion où l’on est amené à penser aux
liens familiaux qui font l’objet des études et de nos efforts
thérapeutiques et didactiques.
Un soir d’été dans les années 1970, j’avais le privilège de pouvoir
amener Marie Langer à Saint Gall pour avoir une séance de
supervision dans l’institution pédopsychiatrique que je dirigeais à
cette époque. Elle observa les enfants aller se coucher avant de faire
une séance avec l’équipe des soignants. En rentrant à Zurich, elle me
disait : « Les enfants vont bien. Mais les soignants, eux, ont des
problèmes ! » Cela m’a fait du plaisir parce que ça voulait dire que
l’équipe se chargeait des dépôts sous lesquels les enfants avaient dû
souffrir auparavant. Mais plus tard, mon entreprise de « libération des