La politique monétaire des pouvoirs publics

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Chap 2 : La politique monétaire des pouvoirs publics
Dans ce chapitre, nous allons étudier en détail le rôle de la monnaie, son origine, mais aussi le rôle
joué par les intermédiaires financiers tels que les banques. Finalement nous verrons comment et
dans quelle limite la banque centrale peut contrôler la masse monétaire.
Section I : les fonctions de la monnaie
La monnaie a trois fonctions : c’est une réserve de valeur, une unité de compte et un moyen
d’échange.
1- Réserve de valeur : conserver l’argent en vu de l’utiliser ultérieurement, sachant qu’il peut
perdre de valeur à cause de l’inflation.
2- Unité de compte : étalon de mesure qui cote les marchandises
3- Moyen d’échange : échange de marchandises et de services contre monnaie par opposition
au troc de marchandise contre marchandise ou service.
Section II : les divers types de monnaie
II – 1 : la monnaie fiduciaire
Il s’agit des pièces de monnaie et des billets de banque. On l’appelle monnaie fiduciaire, car son
émission est l’exclusivité de l’Etat et on a confiance (confiance vient de fiducia en latin) dans le
bout de papier qui sert de monnaie.
Dans une première phase la monnaie a donc évolué d’un bien avec une certaine valeur intrinsèque à
une pièce métallique (en or) où la valeur intrinsèque a été gravée dessus. Il faudrait toutefois
préciser que transporter des pièces très lourdes n’est pas toujours aisé. Il est donc plus facile de
laisser cet or chez un conservateur et de faire circuler des billets donnant droit sur ces pièces.
Garder sa fortune sur soi ou chez soi donnerait libre cour au vol et aux agressions. L’idée qui
venait, il y a plusieurs siècles était de déposer son argent chez les premiers banquiers de l’époque
qui émettaient des bons et garantissaient leur valeur. C'est-à-dire que ces derniers avaient obligation
de convertir instantanément lesdits bons en or, à chaque fois que leurs titulaires en exprimaient le
besoin. Il est vraisemblable que ces bons n’étaient utilisés que pour les transactions les plus
importantes et qu’on gardait des pièces de monnaie pour les petites dépenses courantes.
NB : Le mot banquier provient de l’italien. Chez les Lombards, les banquiers étaient typiquement
assis sur un banc (qu’on appelle banca en italien) où ils attendaient leur clientèle. Si jamais un
banquier était en faillite on rompait son banc. De la est venu le mot banqueroute car rompu se dit
rotto en italien.
L’émission de la monnaie est un droit régalien. En effet, la création de pièces de monnaie et de
billets de banque relève de la souveraineté de la banque centrale (au Maroc DAR ASSIKKA –
appartenant à Bank Al Maghrib), organisme plus ou moins indépendant du gouvernement.
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II – 2 La monnaie scripturale :
La monnaie scripturale est constituée par l'ensemble des dépôts à vue dans les organismes
financiers.
Cette monnaie est représentée par un jeu d'écritures (chèque, virement...) mais aussi électronique
(cartes monétiques).Elle est à opposer à la monnaie fiduciaire
II – 3 La quasi monnaie
Il s’agit de comptes bancaires non courants, tels les comptes d’épargne sur livret, les dépôts à
terme, les comptes d’épargne logement.
II – 4 Les agrégats monétaires
Avant d’aborder les agrégats de la masse monétaire, il serait judicieux de définir la masse
monétaire « la masse monétaire, c’est l’ensemble des moyens de paiement en circulation à un
moment donné dans une économie détenue par des agents non financiers (ménage, reste du monde,
Etat, entreprises.)
Un agrégat monétaire est une catégorie de monnaie et d’actifs liquides. Les agrégats classent,
mesurent et servent à administrer la masse monétaire.
Les agrégats monétaires sont classés généralement par degré de liquidité décroissante :
C = Pièces et billets de banque en circulation
M1 = C +
Comptes courants
M2 = M1 + Comptes à terme
M3 = M2 + placements à terme
M4 = M3 + bons du trésor
NB :
-
-
la richesse détenue sous forme d’obligations ou d’actions n’est pas comptée comme de la
monnaie. Un crash boursier ne réduit donc pas la quantité de monnaie dans le sens de la
définition de la masse monétaire ;
un paiement par carte de paiement ou par chèque n’est pas considéré comme une
augmentation de la masse monétaire, mais comme un transfert d’un compte à un autre ;
- la distinction entre M2 et M3 n’est pas nette et varie d’un pays à
un autre.
-
De temps à autre, on change
la composition des agrégats
monétaires selon les innovations financières. L’invention et
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l’acceptation de la carte de crédit a des effets sur la création de monnaie. Ainsi l’écart entre
le jour où on procède au règlement et le jour du débit effectif du compte bancaire peut être
important.
Section III : les contreparties de la monnaie
Il s’agit :
-
des crédits à l’économie, en l’occurrence les prêts accordés par le système bancaire aux
ménages et entreprises afin de créer une dynamique économique ;
des crédits au trésor public, en l’occurrence les avances statutaires et conventionnelles
accordées par la banque centrale au trésor ;
de l’or et des devises détenus par la banque centrale. A chaque fois que la banque centrale
reçoit de l’or elle a des droits de tirage monétaire. La banque centrale rachète aussi toutes
les devises détenues par les personnes morales de droit marocain autre que financière ou
physique et leur verse des dirhams.
Section III : Création de monnaie et inflation
Le premier concept qui sera développé est la vitesse de circulation de la monnaie. Supposons que la
masse monétaire M n’est composée que de deux billets de banque de 50 DHS chacun, soit une
masse monétaire totale M= 100. Si dans notre économie 4 pizzas ont été vendus au prix de 50 DHS
chacune, c’est qu’en moyenne chaque billet a changé 2 fois de main. On peut alors dire que la
vitesse de circulation de la monnaie est deux.
Ce concept peut être donc formalisé, on suppose que :
-M est la masse monétaire
-V la vitesse de circulation de la monnaie
-P
le niveau général des prix
-T les transactions réalisées
Avec l’exemple des pizzas, on obtient :
P = 50, T= 4, M= 100
V = 50 x 4/ 100 = 2
La généralisation de cette exemple simple à une économie toute entière, constitue l’équation
quantitative de la monnaie qu’on écrit par :
MV = PT ==> 200 = 200
Cette relation indique que la valeur de la monnaie qui a changé de main, MV, doit être égale à la
valeur nominale de ce qui a été acheté, PT.
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III – 1 Théorie quantitative de la monnaie
En partant de l’équation précédente, nous pouvons l’interpréter également en disant l’offre de
monnaie est égale à la demande de monnaie.
La théorie quantitative de la monnaie postule, même s’il ne s’agit que d’une approximation, que la
vitesse de circulation de la monnaie est une constante.
III-2 Implication de la théorie quantitative
A travers l’équation MV = PT, on établit une relation entre dépenses et revenu. Cette relation peut
être également interprétée de diverses façons.
 D’après cette théorie P = MV/T et donc tous les éléments intervenant dans la
production tel le capital, énergie, travail, intervention technologique, peuvent (si M et
V sont constants) influencer P par le biais de T.
 Si on écrit M = PT/V la relation implique que M détermine le revenu nominal.
 Dans le long terme, on peut dire que le revenu nominal par personne est une constante.
Si on double M, P double aussi. Dans le long terme on constate que la politique
monétaire n’a pas d’effet sur l’économie. On dit que la monnaie est neutre dans le
long terme. Alors que dans le court terme, une politique monétaire peut créer des
effets.
On peut facilement passer de l’équation quantitative à une expression en termes de croissance.
Pour cela, il faut supposer que les variables sont fonction du temps.
En supposons que les différentes variables varient en fonction du temps, nous transformons
l’équation comme suit :MV = PT
 Log (M) + Log (V) = Log (P) + Log (T)
 d Log (M)/dt + d Log (V)/dt = d Log (P)/dt + d Log (T)/dt
 dM/Mdt + d V/Vdt = d P/Pdt + d T/Tdt
 ΔM/M + ΔV/V = ΔP/ P + ΔT/T
Cette relation nous montre que si la vitesse de circulation de la monnaie est constante,
(donc ΔV/V = 0), si le taux de croissance de la masse monétaire est de 10%, et si la quantité de
biens et service réellement produits augmente de 5%, alors le taux d’inflation doit être de 5%.
Cette relation montre aussi que si la masse monétaire et la vitesse de circulation étaient constantes
alors une augmentation de la production nationale entraînerait une déflation.
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Section II : La politique monétaire
Pour contrôler la quantité de monnaie en circulation dans le circuit économique, une banque
centrale met à sa disposition un certain nombre d’instruments. Nous en citerons d’abord les plus
anciens :
1 – le taux de réescompte : c'est-à-dire le taux auquel les banques peuvent emprunter auprès de la
banque centrale en donnant des lettres de change. Le fonctionnement de cette opération est le
suivant : si une entreprise A achète une marchandise auprès d’une entreprise B, B peut faire un prêt
en demandant une lettre de change à A. Si B se trouve en difficulté de trésorerie, elle pourra
s’orienter vers son banquier pour lui demander de lui faire une avance, moyennant rémunération
(taux d’intérêt) c’est ce qu’on appelle une opération d’escompte. La banque pourrait se trouver à
son tour à court de liquidité et demander à la banque centrale de réescompter ladite lettre de
change. Ce taux de réescompte peut en cas de tensions inflationnistes être très élevé et occasionner
des pertes pour la banque. Ce qui pourrait la dissuader à distribuer des crédits et donc limite saa
contribution dans la création de monnaie.
2- L’open market : les opérations d’open market répondent à trois finalités : piloter les taux
d’intérêt, gérer la liquidité bancaire et donner un signal d’orientation de la politique monétaire. Il
s’agit pour la banque centrale de recourir à la technique des pensions via les appels d’offre. La
technique de l’open market fonctionne comme suit. Lorsqu’il y a surliquidité dans le circuit
économique, la banque centrale va vendre des titres à un taux intéressant, en passant par un appel
d’offre pour voir quelles sont les banques qui vont lui offrir un prix d’achat intéressant. Lorsqu’il y
a par contre un manque de liquidité, la banque centrale rachète ses bons à un prix intéressant en
fonction de la situation du marché. Ainsi, plusieurs types d’appels d’offre existent :
 Les appels d’offre hebdomadaires: ils constituent l’instrument essentiel de
refinancement et de pilotage des taux à court terme.
 Les appels d’offre mensuels : c’est une sorte de financement surtout destinée à
satisfaire les petits établissements ;
 Des de réglage fin : elles permettent de piloter l’évolution des taux du marché
monétaire au jour le jour. Il peut s’agir encore de prise de pensions négociées au
gré à gré avec une contrepartie.
 Des opérations structurelles. Il s’agit des titres de créances négociables. Pour les
banques, il s’agit des certificats de dépôt qui vont être émis sur le marché
monétaire et qui seront achetés par les entreprises et les particuliers. Comme la
vente se fera en dessous du prix du marché, pour attirer la clientèle, cela
correspond à une hausse des taux. Un rachat de certificat augmente donc la masse
monétaire.
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CH II : L’inflation
Pour comprendre le phénomène de l’inflation, on peut commencer par procéder à un test empirique
de la théorie quantitative de la monnaie.
Section I : test empirique de la théorie quantitative de la monnaie.
Le message central de la théorie quantitative de la monnaie est qu’il doit exister dans le long terme
une relation linéaire entre le taux de croissance de la monnaie et l’inflation, c'est-à-dire le taux
d’accroissement des prix. Cette relation a été vérifiée empiriquement aux Etats-Unis d’Amérique de
1880 à 1970. Le graphique d’évolution des prix et de la masse monétaire a montré que les points
s’alignent sur une droite.
Par conséquent, nous pouvons conclure qu’il s’agit d’une théorie de long terme. Dans le court cette
théorie est une estimation assez grossière. En effet, c’est uniquement sur des décennies que la
monnaie devient neutre.
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I – 1 Seigneuriage et l’impôt inflationniste
Nous savons qu’à travers la technique des pensions la banque centrale, sert des intérêts. Le montant
en monnaie de ces derniers est créé moyennant la planche à billets. Par conséquent, elle crée de la
monnaie et partant l’inflation.
Selon la TQM, si la masse monétaire augmente à vitesse et nombre de transactions constants, le
prix augmente. Cette augmentation des prix peut être perçue comme une taxe inflationniste.
L’inflation donne donc lieu à une taxe indirecte qui revient au gouvernement. Analytiquement, on
peut définir le seigneuriage par :
Le seigneuriage est le revenu collecté par le gouvernement résultant du pouvoir de monopole de la
banque centrale d’imprimer la monnaie.
SE = M – M-1
P
Si la masse monétaire et le niveau des prix sont constants à travers le temps, on peut écrire :
M/P = M-1/P-1  M-1 = (P-1/P)M
Substituons cette expression dans SE, on obtient une nouvelle expression appelée taxe
inflationniste, notée TI.
TI= M/P(P-P-1/P)
D’où l’on peut conclure qu’on refinançant les établissements de crédit, l’Etat crée de l’inflation.
I-2 Le taux d’intérêt
Le taux d’intérêt représente la rémunération correspondant à un placement d’argent. On peut
prendre l’exemple d’un gouvernement qui cherche à financer un investissement par émission
d’emprunt obligataire. Il s’engage à verser des payements réguliers appelés « coupons » et de
rembourser un certain montant, qu’on appelle le nominal à une certaine date de maturité. Les
entreprises peuvent également émettre des obligations présentant un risque de faillite plus grand
que l’Etat. Par conséquent, elles devront pouvoir assurer une prime de risque se traduisant par une
rémunération supérieure à celle exigée par une obligation d’Etat.
Pour calculer le taux d’intérêt, on a recours à l’actualisation. Pour simplifier, nous allons supposer
que l’on place son argent dans un compte à terme, rémunéré au taux annuel i. introduisons V, pour
représenter la richesse initiale dont on dispose. Pour se fixer les idées, supposons que V et des
intérêts iV, soit une richesse finale de W1= (1 + i)V . Si on replace les intérêts, on supposant que
le taux annuel i est resté constant, alors le montant de notre placement initial sera de (1 + i) 2V.
Après T années on aura une richesse finale de WT = (1 + i)TV.
Si on procède à ce genre de calcul pour le futur. C'est-à-dire la détermination de la richesse dans T
années, on doit procéder à l’actualisation de cette valeur future.
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L’actualisation est le calcul dual, partant d’une valeur future et en supposant existence d’un taux
courant i par unité de temps, on cherche la valeur qu’il aurait fallu placer initialement pour obtenir
une valeur future. On peut donc procéder à sa modélisation. Désignons par W T la valeur obtenue
après T années de V la valeur initiale. Cette composition a donné :
WT = (1 + i)TV
Et donc V = WT / (1 + i)T
Si un flux Wt a lieu à la date t, cela signifie qu’il aurait fallu placer Vt = Wt /(1 + i)t dans la tème
année. En sommant, on obtient que l’ensemble des flux W1, W2, ….,WT peut être obtenu par un
investissement initial de :
V = W/(1 + i) + W2/(1 + i)2 + ….+ WT/(1 + i)T
Cette formule extrêmement importante en finance permet de calculer le taux d’intérêt pratiqué dans
le marché et permet de savoir comment sont calculées les annuités par rapport à un crédit
hypothécaire.
Il existe des obligations émises par le trésor public qui paye des coupons constants, soit C pendant
T années et un nominal, N, à échéance. Si une telle obligation se négocie à un prix V alors le taux
i, qui satisfait l’égalité donnée dans la formule précédente devient avec les nouvelles notations
V = C/(1 + i) + C/(1 + i)2 + ….+ C/(1 + i)T
V = A/i ((1 – 1/(1 + i)T)
D’où l’on tire
A = iV/((1 – 1/(1 + i)T)
Cette grandeur représente donc le payement qu’il faut effectuer pour rembourser la dette tout en
procurant une rémunération sur le montant de la dette qui reste à rembourser.
I-3 Taux d’intérêt nominal et réel
Supposons aujourd’hui qu’une voiture coûte 200.000,00 DHS. Si au lieu d’acheter la voiture
immédiatement, je place mon argent dans un compte à terme à 5%. L’année prochaine j’aurais
210.000,00 DHS. Est-ce que je pourrais acheter la voiture et économiser 10.000,00 DHS ? La
réponse dépend du taux d’inflation noté π.
- si π = 10%, le coût de la voiture sera dans ce cas de 220.000,00 DHS. D’où une perte de
10.000,00 DHS.
On comprend donc que le gain ou la perte réelle si je laisse mon argent placé en banque dépend du
taux d’intérêt nominal servi par la banque et du taux d’inflation.
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Formellement si π, r, i désignent le taux d’inflation, le taux d’intérêt réel et le taux d’intérêt
nominal. Alors le taux d’intérêt réel est-il défini comme la variation réelle de ce que je peux
consommer ? Il faut donc établir le nombre d’unités que je peux consommer si je laisse fructifier
mon argent. On obtient ainsi la définition du taux d’intérêt réel.
1 + r = 1 + i/ 1 + π
Si π est petit, on obtient en première approximation que :
1 + i = (1 + r) (1 + π) = 1 + π + r + πr
Nous savons que π est très petit, d’où πr négligeable.
i=r+π
Donc le taux d’intérêt nominal est la somme entre le taux d’intérêt réel et le taux d’inflation.
Par ailleurs, il est nécessaire de distinguer entre le taux d’intérêt réel ex-ante et le taux d’intérêt réel
ex post.
-
Le taux d’intérêt réel ex ante est le taux anticipé lorsque le taux d’intérêt nominal est connu
et d’inflation est une inconnue que nous essayons d’estimer.
Le taux d’intérêt réel ex-post est calculé à partir d’un taux d’intérêt nominal et un taux
d’inflation connus. Ainsi, le taux d’inflation réel ex post est
r=i–π
Pour distinguer le taux d’inflation anticipé de celui qui a réellement eu lieu on note le premier π a et
le deuxième π.
Statistiquement on peut formuler un modèle expliquant comment évolue le taux d’inflation. On
peut utiliser un tel modèle pour obtenir une prévision (anticipation) du taux d’inflation.
I-4 L’équation d’Irving Fisher
Il s’agit d’une relation en terme ex ante qui postule que le taux nominal se forme à partir des
anticipations d’inflation et du taux réel.
i = ra + πa
Cette relation montre que si on anticipe une hausse du taux d’inflation de 2% et si le taux d’intérêt
réel n’est pas changé alors le taux d’intérêt nominal va aussi augmenter de 2%.
I -5 Le taux d’intérêt nominal et la demande de monnaie.
La théorie quantitative de la monnaie a été utilisée pour développer une simple fonction de
demande de monnaie réelle valable dans le long terme. En réalité le taux d’intérêt nominal joue
aussi un rôle important dans la demande de monnaie. Ainsi, si on offre un taux d’intérêt intéressant
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sur les placements à terme, les épargnants auront tendance à y placer leur argent. Par conséquent, le
taux d’intérêt devrait figurer dans la fonction de demande de monnaie. Il faut donc fonder sa
demande de monnaie sur le taux nominal, car on pourrait se tromper en utilisant le taux réel ex
ante. Ceci nous conduit à une demande de monnaie améliorée.
(M/P)d = L(i,Y) = L (ra + πa, Y)
Où
L : quantité de monnaie offerte
Y : revenu national
Donc la demande de monnaie dépend également du taux d’intérêt nominal et du revenu. En effet,
l’investisseur éventuel sera disposé à placer son argent en fonction du taux d’intérêt offert et de son
revenu. Plus le taux d’intérêt est élevé et plus on sera disposé à placer l’épargne procurée par le
revenu. La demande de monnaie doit donc dépendre négativement du taux d’intérêt. On peut donc
considérer le taux d’intérêt i comme le coût d’opportunité de détention de monnaie.
Section II : Un modèle pour stopper une hyper inflation.
Dans la section précédente nous avons vu que la demande de monnaie dépend du taux d’intérêt
nominal et du revenu. Dans cette section nous allons reprendre ce modèle et indiquer comment
expliquer l’hyper inflation qui a touché l’Allemagne dans les années 20. Ce modèle a aussi des
implications très profondes ayant contribué à stabiliser l’inflation dans les pays d’Amérique Latine
et dans certains pays d’Europe de l’Est.
L’équilibre entre offre et demande de monnaie donne, si on ajoute un indice de temps aux variables
en question.
Mt/Pt = L (rta + πta, Yt) = L (rta + Pt+1a – Pt , Yt)
Pt
Où le taux d’inflation a été remplacé par sa définition. Pt+1a est le niveau des prix anticipé pour la
période t+1en utilisant toute l’information disponible à la date t. Pour simplifier le problème on
suppose que le revenu national réel et le taux d’intérêt réel ne sont pas touchés par une hyper
inflation. Le but étant de simplifier la réalité. Une autre hypothèse simplificatrice suppose que la
demande de monnaie est donnée par une simple fonction puissance et qu’elle ne dépend que du
taux de croissance des prix.
Mt/Pt = (Pat+1 /Pt)-y où y est une constante > 0
En prenant des logarithmes partout en notant ces logarithmes par des lettres minuscules nous
obtenons :
mt - pt = -y (Pat+1 - pt)
1
0
Cette relation montre que la demande de monnaie réelle est plus petite si on anticipe un niveau des
prix plus élevé. Ceci est évident puisque si on anticipe des prix plus élevés on exigera un taux
nominal plus élevé.
Afin de poursuivre le raisonnement, l’exposant qui indique que toutes les variables avec un indice
plus grand que t sont anticipées, sera supprimé. Ce la revient à dire que les anticipations sont
exactes. D’où
mt = pt (1 + y) - y Pt+1  pt = . 1 . mt + . y . Pt+1
1 + y
1 + y
Et si on remplace consécutivement on obtient de même que
pt + 1 = . 1 . mt + 1 + . y . Pt+2
1 + y
1 + y
pt + 2 = . 1 . mt + 2 + . y . Pt+3
1 + y
1 + y
En substituant on obtient en détaillant les calculs le plus possible que
pt = . 1 . mt + . y . Pt+1
1 + y
1 + y
= . 1 . mt + . y . [. 1 . mt + 1 + . y . Pt+2]
1 + y
=
1+ y 1 + y
1 + y
. 1 . [mt + . y . mt + 1] + ( . y .)2 Pt+2]
1 + y
1+ y
1 + y
= . 1 . [mt + . y . mt + 1] + ( . y .)2 [ . 1 . mt + 2 + . y . Pt+3]
1 + y
1+ y
1 + y
1 + y
1 + y
On obtient après nouveau regroupement
pt = . 1 . [mt + . y . mt +1 + ( . y .)2 mt + 2] + ( . y . )3 Pt+3]
1 + y
1+ y
1 + y
1 + y
L’idée est alors d’itérer la construction de cette équation et laissant tomber le prix final. Cela
revient à supposer que lim t  ∞ 1 . Σ ( y . ) s mt + s
1 + y
1 + y
1
1
Cette équation montre que le niveau des prix d’aujourd’hui dépend de la masse monétaire actuelle
ainsi que des masses monétaires futures. Supposons que nous soyons en hyper inflation et que nous
anticipions que la masse monétaire augmente comme une puissance Mt + 1= Mt (1 + μ). Dans ce cas on
obtient que le prix augmente au même rythme que la masse monétaire.
mt + 1 = (1 + μ) mt ; mt + 2 = (1 + μ)2 mt;….

pt =
1
. [Σ y(1 + μ)s] mt
1 + y
pt
avec s allant de 0 à +∞
1 + y
= (une constant) * mt
Nous avons donc :
P t + 1 = mt + 1 = 1 + μ
pt
mt
Les prix augmentent effectivement au même rythme que la masse monétaire.
Montrons comment la masse monétaire et les prix doivent évoluer si on veut stopper une hyper
inflation. Supposons pour cela que l’on veut passer d’un taux d’inflation positif π > 0 à un taux
d’inflation nul π = 0.
Les graphiques suivants montrent comment les différentes variables du modèle devraient évoluer :
Graphiques :
1
2
Ces graphiques montrent qu’au moment de l’arrêt de l’hyper inflation, la masse monétaire doit
accuser une dernière augmentation pour permettre l’ajustement des balances réelles. Après ce
dernier saut, elle restera constante pour assurer la stabilité des prix. La raison de cette dernière
augmentation est que si l’hyper inflation est stoppée, les agents vont désirer détenir plus de
monnaie, puisqu’il n’y a plus d’inflation et dans ce cas il y a une demande d’encaisses réelles
supérieure à celle exprimée pendant la période d’inflation. Autrement dit, la monnaie retrouve son
rôle de moyen d’échange et surtout de réserve de valeur.
Souvent, la fin d’une hyper inflation coïncide avec une réforme fiscale permettant la réduction des
dépenses gouvernementales. Voici ce que cela donne en pratique. La cause de l’hyper inflation en
Allemagne est un problème de budget dû à la demande de paiement de réparation de guerre aux
Alliés. Ces paiements ont entraîné un fort déficit budgétaire. Le gouvernement allemand a alors
décidé de le combler par la planche à billets ce qui a provoqué l’hyper inflation.
Les actions entreprises par le gouvernement allemand pour mettre un terme à cette surchauffe
inflationniste sont :
-
une réforme budgétaire consistant à réduire le nombre de fonctionnaires d’un tiers ;
une suspension de la demande des paiements de réparation de guerre par les Alliés.
Remplacement de la Reischbank par la Rentenbank qui fut une nouvelle banque centrale
avec de nouveaux statuts lui donnant plus d’indépendance par rapport au gouvernement.
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