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Chap 2 : La politique monétaire des pouvoirs publics
Dans ce chapitre, nous allons étudier en détail le rôle de la monnaie, son origine, mais aussi le rôle
joué par les intermédiaires financiers tels que les banques. Finalement nous verrons comment et
dans quelle limite la banque centrale peut contrôler la masse monétaire.
Section I : les fonctions de la monnaie
La monnaie a trois fonctions : c’est une réserve de valeur, une unité de compte et un moyen
d’échange.
1- Réserve de valeur : conserver l’argent en vu de l’utiliser ultérieurement, sachant qu’il peut
perdre de valeur à cause de l’inflation.
2- Unité de compte : étalon de mesure qui cote les marchandises
3- Moyen d’échange : échange de marchandises et de services contre monnaie par opposition
au troc de marchandise contre marchandise ou service.
Section II : les divers types de monnaie
II 1 : la monnaie fiduciaire
Il s’agit des pièces de monnaie et des billets de banque. On l’appelle monnaie fiduciaire, car son
émission est l’exclusivité de l’Etat et on a confiance (confiance vient de fiducia en latin) dans le
bout de papier qui sert de monnaie.
Dans une première phase la monnaie a donc évolué d’un bien avec une certaine valeur intrinsèque à
une pièce métallique (en or) la valeur intrinsèque a été gravée dessus. Il faudrait toutefois
préciser que transporter des pièces très lourdes n’est pas toujours aisé. Il est donc plus facile de
laisser cet or chez un conservateur et de faire circuler des billets donnant droit sur ces pièces.
Garder sa fortune sur soi ou chez soi donnerait libre cour au vol et aux agressions. L’idée qui
venait, il y a plusieurs siècles était de déposer son argent chez les premiers banquiers de l’époque
qui émettaient des bons et garantissaient leur valeur. C'est-à-dire que ces derniers avaient obligation
de convertir instantanément lesdits bons en or, à chaque fois que leurs titulaires en exprimaient le
besoin. Il est vraisemblable que ces bons n’étaient utilisés que pour les transactions les plus
importantes et qu’on gardait des pièces de monnaie pour les petites dépenses courantes.
NB : Le mot banquier provient de l’italien. Chez les Lombards, les banquiers étaient typiquement
assis sur un banc (qu’on appelle banca en italien) ils attendaient leur clientèle. Si jamais un
banquier était en faillite on rompait son banc. De la est venu le mot banqueroute car rompu se dit
rotto en italien.
L’émission de la monnaie est un droit régalien. En effet, la création de pièces de monnaie et de
billets de banque relève de la souveraineté de la banque centrale (au Maroc DAR ASSIKKA
appartenant à Bank Al Maghrib), organisme plus ou moins indépendant du gouvernement.
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II 2 La monnaie scripturale :
La monnaie scripturale est constituée par l'ensemble des dépôts à vue dans les organismes
financiers.
Cette monnaie est représentée par un jeu d'écritures (chèque, virement...) mais aussi électronique
(cartes monétiques).Elle est à opposer à la monnaie fiduciaire
II 3 La quasi monnaie
Il s’agit de comptes bancaires non courants, tels les comptes d’épargne sur livret, les dépôts à
terme, les comptes d’épargne logement.
II 4 Les agrégats monétaires
Avant d’aborder les agrégats de la masse monétaire, il serait judicieux de définir la masse
monétaire « la masse monétaire, c’est l’ensemble des moyens de paiement en circulation à un
moment donné dans une économie détenue par des agents non financiers (ménage, reste du monde,
Etat, entreprises.)
Un agrégat monétaire est une catégorie de monnaie et d’actifs liquides. Les agrégats classent,
mesurent et servent à administrer la masse monétaire.
Les agrégats monétaires sont classés généralement par degré de liquidité décroissante :
C = Pièces et billets de banque en circulation
M1 = C + Comptes courants
M2 = M1 + Comptes à terme
M3 = M2 + placements à terme
M4 = M3 + bons du trésor
NB :
- la richesse détenue sous forme d’obligations ou d’actions n’est pas comptée comme de la
monnaie. Un crash boursier ne réduit donc pas la quantité de monnaie dans le sens de la
définition de la masse monétaire ;
- un paiement par carte de paiement ou par chèque n’est pas considéré comme une
augmentation de la masse monétaire, mais comme un transfert d’un compte à un autre ;
- la distinction entre M2 et M3 n’est pas nette et varie d’un pays à
un autre.
- De temps à autre, on change la composition des agrégats
monétaires selon les innovations financières. L’invention et
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l’acceptation de la carte de crédit a des effets sur la création de monnaie. Ainsi l’écart entre
le jour où on procède au règlement et le jour du débit effectif du compte bancaire peut être
important.
Section III : les contreparties de la monnaie
Il s’agit :
- des crédits à l’économie, en l’occurrence les prêts accordés par le système bancaire aux
ménages et entreprises afin de créer une dynamique économique ;
- des crédits au trésor public, en l’occurrence les avances statutaires et conventionnelles
accordées par la banque centrale au trésor ;
- de l’or et des devises détenus par la banque centrale. A chaque fois que la banque centrale
reçoit de l’or elle a des droits de tirage monétaire. La banque centrale rachète aussi toutes
les devises détenues par les personnes morales de droit marocain autre que financière ou
physique et leur verse des dirhams.
Section III : Création de monnaie et inflation
Le premier concept qui sera développé est la vitesse de circulation de la monnaie. Supposons que la
masse monétaire M n’est composée que de deux billets de banque de 50 DHS chacun, soit une
masse monétaire totale M= 100. Si dans notre économie 4 pizzas ont été vendus au prix de 50 DHS
chacune, c’est qu’en moyenne chaque billet a changé 2 fois de main. On peut alors dire que la
vitesse de circulation de la monnaie est deux.
Ce concept peut être donc formalisé, on suppose que :
-M est la masse monétaire
-V la vitesse de circulation de la monnaie
-P le niveau général des prix
-T les transactions réalisées
Avec l’exemple des pizzas, on obtient :
P = 50, T= 4, M= 100
V = 50 x 4/ 100 = 2
La généralisation de cette exemple simple à une économie toute entière, constitue l’équation
quantitative de la monnaie qu’on écrit par :
MV = PT ==> 200 = 200
Cette relation indique que la valeur de la monnaie qui a changé de main, MV, doit être égale à la
valeur nominale de ce qui a été acheté, PT.
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III 1 Théorie quantitative de la monnaie
En partant de l’équation précédente, nous pouvons l’interpréter également en disant l’offre de
monnaie est égale à la demande de monnaie.
La théorie quantitative de la monnaie postule, même s’il ne s’agit que d’une approximation, que la
vitesse de circulation de la monnaie est une constante.
III-2 Implication de la théorie quantitative
A travers l’équation MV = PT, on établit une relation entre dépenses et revenu. Cette relation peut
être également interprétée de diverses façons.
D’après cette théorie P = MV/T et donc tous les éléments intervenant dans la
production tel le capital, énergie, travail, intervention technologique, peuvent (si M et
V sont constants) influencer P par le biais de T.
Si on écrit M = PT/V la relation implique que M détermine le revenu nominal.
Dans le long terme, on peut dire que le revenu nominal par personne est une constante.
Si on double M, P double aussi. Dans le long terme on constate que la politique
monétaire n’a pas d’effet sur l’économie. On dit que la monnaie est neutre dans le
long terme. Alors que dans le court terme, une politique monétaire peut créer des
effets.
On peut facilement passer de l’équation quantitative à une expression en termes de croissance.
Pour cela, il faut supposer que les variables sont fonction du temps.
En supposons que les différentes variables varient en fonction du temps, nous transformons
l’équation comme suit :MV = PT
Log (M) + Log (V) = Log (P) + Log (T)
d Log (M)/dt + d Log (V)/dt = d Log (P)/dt + d Log (T)/dt
dM/Mdt + d V/Vdt = d P/Pdt + d T/Tdt
ΔM/M + ΔV/V = ΔP/ P + ΔT/T
Cette relation nous montre que si la vitesse de circulation de la monnaie est constante,
(donc ΔV/V = 0), si le taux de croissance de la masse monétaire est de 10%, et si la quantité de
biens et service réellement produits augmente de 5%, alors le taux d’inflation doit être de 5%.
Cette relation montre aussi que si la masse monétaire et la vitesse de circulation étaient constantes
alors une augmentation de la production nationale entraînerait une déflation.
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Section II : La politique monétaire
Pour contrôler la quantité de monnaie en circulation dans le circuit économique, une banque
centrale met à sa disposition un certain nombre d’instruments. Nous en citerons d’abord les plus
anciens :
1 le taux de réescompte : c'est-à-dire le taux auquel les banques peuvent emprunter auprès de la
banque centrale en donnant des lettres de change. Le fonctionnement de cette opération est le
suivant : si une entreprise A achète une marchandise auprès d’une entreprise B, B peut faire un prêt
en demandant une lettre de change à A. Si B se trouve en difficulté de trésorerie, elle pourra
s’orienter vers son banquier pour lui demander de lui faire une avance, moyennant munération
(taux d’intérêt) c’est ce qu’on appelle une opération d’escompte. La banque pourrait se trouver à
son tour à court de liquidité et demander à la banque centrale de réescompter ladite lettre de
change. Ce taux de réescompte peut en cas de tensions inflationnistes être très élevé et occasionner
des pertes pour la banque. Ce qui pourrait la dissuader à distribuer des crédits et donc limite saa
contribution dans la création de monnaie.
2- L’open market : les opérations d’open market répondent à trois finalités : piloter les taux
d’intérêt, gérer la liquidité bancaire et donner un signal d’orientation de la politique monétaire. Il
s’agit pour la banque centrale de recourir à la technique des pensions via les appels d’offre. La
technique de l’open market fonctionne comme suit. Lorsqu’il y a surliquidité dans le circuit
économique, la banque centrale va vendre des titres à un taux intéressant, en passant par un appel
d’offre pour voir quelles sont les banques qui vont lui offrir un prix d’achat intéressant. Lorsqu’il y
a par contre un manque de liquidité, la banque centrale rachète ses bons à un prix intéressant en
fonction de la situation du marché. Ainsi, plusieurs types d’appels d’offre existent :
Les appels d’offre hebdomadaires: ils constituent l’instrument essentiel de
refinancement et de pilotage des taux à court terme.
Les appels d’offre mensuels : c’est une sorte de financement surtout destinée à
satisfaire les petits établissements ;
Des de réglage fin : elles permettent de piloter l’évolution des taux du marché
monétaire au jour le jour. Il peut s’agir encore de prise de pensions négociées au
gré à gré avec une contrepartie.
Des opérations structurelles. Il s’agit des titres de créances négociables. Pour les
banques, il s’agit des certificats de dépôt qui vont être émis sur le marché
monétaire et qui seront achetés par les entreprises et les particuliers. Comme la
vente se fera en dessous du prix du marché, pour attirer la clientèle, cela
correspond à une hausse des taux. Un rachat de certificat augmente donc la masse
monétaire.
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