1: Chapitre 1 : Croissance, fluctuations et crises 1.2 Comment

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Chapitre 1 : Croissance, fluctuations et crises
1.2 Comment expliquer l'instabilité de la croissance ?
Thème
Notions
Indications complémentaires
Comment
expliquer
l'instabilité
de la
croissance ?
Fluctuations
économiques, crise
économique,
désinflation,
dépression,
déflation.
L'observation des fluctuations économiques permettra de mettre l'accent sur la
variabilité de la croissance et sur l'existence de périodes de crise. On présentera les
idées directrices des principaux schémas explicatifs des fluctuations (chocs d'offre et
de demande, cycle du crédit) en insistant notamment sur les liens avec la demande
globale. On analysera les mécanismes cumulatifs susceptibles d'engendrer déflation
et dépression économique et leurs conséquences sur le chômage de masse. Acquis de
première : inflation, chômage, demande globale (relire chap. Régulations et
déséquilibres macroéconomiques)
La croissance économique ne constitue pas un phénomène linéaire, certes elle consiste en
un accroissement sur le long terme des richesses produites sur un territoire, mais cette progression
ne s'effectue pas toujours à un rythme identique d'une année à l'autre ou d'une période à l'autre. La
croissance économique est un phénomène cyclique qui peut être affecté de chocs, positifs ou
gatifs.
Définitions des notions :
- Fluctuations économiques : ensemble des mouvements de ralentissement ou d’accélération
du rythme de la croissance économique.
- Crise économique : retournement brutal de la conjoncture économique qui marque la fin
d’une période d’expansion. Il s’agit d’une période de contraction durable de l’activité
économique.
- Désinflation : diminution de l'inflation, qui reste néanmoins positive.
- Dépression : baisse durable de la production, généralement accompagnée d’un chômage
élevé.
- Déflation : diminution générale et durable des prix.
- Inflation : augmentation générale et durable des prix, mesurée par l'indice des prix à la
consommation (IPC).
- Chômage : ensemble des personnes de 15 ans et plus, privées d'emploi et en recherchant un.
- Demande globale : somme de toutes les demandes de biens et services pour l'ensemble des
marchés d'un pays, à un moment donné, que ce soit dans le secteur privé ou dans le secteur
public, par les consommateurs ou par les entreprises, à l'intérieur du pays ou à l'extérieur.
A. L'activité économique est soumise à d'importantes fluctuations (documents 1 à 6)
Fluctuation : ensemble de mouvements d'accélération ou de ralentissement du rythme de la
croissance
Cycle économique : successions de phases d'expansion et de récession
L'économie est marquée par des tendances (trends) mesurées par le TCAM, qui sont un
phénomène de long terme qui peuvent être dues à : l'augmentation de la population, l'accumulation de
capital, le progrès technique, l'arrivée des femmes sur le marché du travail, un changement de
sources d'énergie... A l'intérieur de ces tendances à long terme, il y a des fluctuations importantes.
Les mouvements de la croissance s’expliquent par les variations de prix, de la production, de l'emploi.
La croissance varie donc à plus court terme avec des phases plus ou moins régulières.
Expansion : phénomène d'accélération conjoncturelle du rythme de la croissance par rapport au taux
moyen de la croissance de longue période.
Croissance économique : augmentation soutenue et durable du PIB en volume.
Récession : phénomène concernant un pays qui enregistre deux trimestres consécutifs de
contraction de son PIB réel.
Dépression : baisse durable de la production.
2:
Crise : moment de retournement de la tendance de l'activité économique qui met fin à l'expansion
pour déboucher sur une récession.
Reprise : moment de retournement de la tendance de l'activité économique qui met fin à la récession
ou à la dépression pour déboucher sur une phase d'expansion.
Attention : Pour l'INSEE, une récession correspond à deux trimestres consécutifs de
diminution du PIB cependant pour les anglo-saxons, c'est un fort ralentissement de la croissance
donc pas forcément une diminution.
Phénomènes à :
court terme
long terme
Hausse du PIB
Expansion
Croissance
Baisse du PIB
Récession
Dépression
La croissance est un phénomène instable qui comporte différentes phases d'expansion, de
récession, de reprise... Pour repérer ces fluctuations, on se réfère aux séries statistiques faites par
l'INSEE sur les variations de la production, des stocks, des prix, de l'emploi ou encore du carnet de
commandes des entreprises. L'INSEE les regroupe dans des enquêtes de conjoncture.
"Le potentiel ne s'use que si l'on s'en sert"
L’analyse des fluctuations économiques repose notamment sur l’étude des différences entre la
croissance effective et la croissance potentielle.
Croissance effective : croissance réelle mesurée par l'augmentation du PIB.
Croissance potentielle : croissance maximale que peut obtenir un pays lorsqu'il mobilise tous ses
facteurs de production (travail, capital, progrès technique) sans déclencher de tensions (ex. inflation)
La croissance potentielle est une hypothèse, tenant compte des croissances passées et des
tendances observées :
Croissance de la population active (démographique : solde migratoire et solde de natalité
+ taux d'emploi de la population : âge d'entrée et de sortie sur le marché sur travail + taux
d'activité de certaines populations dues à des transformations structurelles comme la
féminisation ou la tertiarisation)
Accumulation du capital (qui dépend des investissements et du rythme de l'usure de
l'équipement)
Progrès technique (mesuré par la PGF, dépendant du rythme des innovations)
Ce qui détermine la croissance effective : tous les éléments de la demande globale c'est-à-dire
la consommation finale, les exportations, l'investissement...
Pour les pays émergents, le niveau de croissance pend essentiellement de l'accumulation du
capital et de la transformation de la structure productive (augmentation de la population active). Quant
aux pays développés, on consacre un budget important pour la R&D, on investit surtout
dans l'innovation et le progrès technique.
- Si la croissance effective dépasse durablement la
croissance potentielle : il y a inflation due à une surchauffe
de l'économie. Toutes les capacités de travail sont
employées qui se traduisent par une hausse de salaire (les
salariés sont en position de force). C'est donc une
augmentation des coûts de production, qui aboutit à une
hausse des prix.
Si la croissance effective est durablement inférieure à la
croissance potentielle, on a alors au contraire
un chômage important (voir courbe de Phillips) car les
capacités de production ne sont pas toutes employées. On a
une offre qui n'arrive pas à s'écouler faute de débouchés
(baisse des prix).
3:
L'écart entre le taux de croissance effective et potentielle s'appelle l’écart de production ou output
gap, et permet d'identifier la phase du cycle dans laquelle l'économie se trouve.
Robert Solow s'étonnait de "voir des ordinateurs partout sauf dans les chiffres de la
productivité". Le paradoxe de Solow consiste à remarquer que l'introduction du progrès technique,
quand il se diffuse, peut parfois même faire diminuer pendant un moment la productivité (exemple de
la secrétaire devant un ordinateur pendant la diffusion des NTIC 1980). Il faut attendre plusieurs
années pour que le changement de la production amène des gains de productivité (NTIC
conséquences sur la croissance seulement à partir de 1990).
Le progrès technique (NTIC) permet d’améliorer la croissance potentielle. La France a
beaucoup de difficultés à innover pour plusieurs raisons : institutions inefficaces (investissement dans
l’enseignement supérieur, en R&D) rigidités sur le marché du travail et taux d’emploi inférieur par
rapport aux pays les plus innovants.
Synthèse
L’économie est tout d’abord marqué par des tendances longues. Le trend de croissance
correspond à la tendance à long terme de la croissance. Il repose sur des mouvements quantitatifs
(augmentation de la population, augmentation de la production) et structurels (urbanisation,
qualification,…).
On peut observer deux grandes tendances pour la croissance française que l’on retrouve
dans la plupart des pays avancés : la croissance baisse au cours du temps, et la croissance du PIB
varie à court terme de façon plus ou moins cycliques avec des phases. La croissance connait ainsi
des phases d’accélération conjoncturelle par rapport au taux moyen de croissance de longue période
(expansion), de diminution de la production (on parle de récession pour désigner une période d’au
moins deux trimestres consécutifs de recul du PIB, et de dépression qui désigne une baisse durable
de la production). La crise est le moment de retournement de la tendance de l’activité économique qui
met fin à l’expansion pour déboucher sur une récession. Enfin la reprise désigne le moment de
retournement de la tendance de l’activité économique qui met fin à la récession ou dépression pour
déboucher sur une phase d’expansion.
Les économistes déterminent la croissance potentielle de la production d’une économie. Il
s’agit de la croissance maximale que peut obtenir un pays lorsqu’il mobilise tous ses facteurs de
production (population active, équipement, productivité) sans déclencher de l’inflation. Elle résulte de
la combinaison de l'offre des facteurs de production : capital (mesuré par la FBCF), travail
(croissance de la population active) et progrès technique (mesuré par la productivité globale des
facteurs). Les projections de croissance potentielle reposent sur des hypothèses qui reflètent les
tendances passées observées, et ne constituent donc pas des prévisions.
La croissance effective correspond à la croissance réellement obtenue par le pays. Elle
dépend essentiellement des variations de la demande globale qui comprend la consommation finale
des ménages et des administrations, l’investissement en capital fixe des entreprises, des ménages et
des administrations publiques, les exportations, et la variation des stocks.
L’écart de production (output gap) représente l’écart entre le niveau réel du PIB et la
production potentielle.
Lors d'une phase d'expansion, l'écart diminue, et peut même s'inverser : la production est
temporairement supérieure à son niveau d’équilibre. Dans ce cas, l’inflation est en augmentation, car
il y aura des pressions à la hausse sur les coûts de production (en particulier les coûts du travail) ce
qui augmente les prix des biens et des services. Inversement, dans les périodes de récession, le
PIB croît moins vite que la production potentielle et l’écart augmente, ce qui se traduit par une
augmentation du chômage. Une économie qui connait une production effective durablement
inférieure à la croissance potentielle risque de dégrader à long terme son potentiel de croissance
(diminution de l’employabilité, fuite des capitaux,…).
4:
B. Comment explique-t-on les fluctuations économiques (documents 7 à 18)
Les fluctuations économiques ont différentes explications : en effet on oppose les crises modernes
et les crises d'Ancien-Régime (avant les révolutions industrielles).
Crises d'Ancien-Régime : extérieures à l'économie (épidémies, catastrophes naturelles,
guerres). L'homme ne domine pas suffisamment la nature, il est donc à la merci des aléas
climatiques, des mauvaises récoltes et des maladies. Les crises sont
essentiellement agricoles qui se traduisent par une baisse brutale de la production et une
augmentation brutale des prix. C'est donc une insuffisance de la production par rapport aux
besoins de la population.
Crises modernes : si au début du capitalisme, les premiers économistes pensaient que les
crises n'étaient plus possibles car l'offre créait sa propre demande (loi des débouchés, Jean
Baptiste Say, suivi de Ricardo), ces crises sont dûes pourtant à un excès de production par
rapport aux besoins de la population : l'offre n'arrive pas à s'écouler faute de débouchés
solvables, il y a une demande insuffisante (surproduction traduite par la baisse des prix).
La crise de 1929 : on s'aperçoit brutalement qu'il ne suffit pas d'une offre abondante mais qu'il faut en
face une demande capable d'absorber tous ces débouchés d'où le renversement de perspective : les
crises reposent sur la demande effective (Keynes).
Aux Etats-Unis, l'économie se caractérise dans les années 1920 par le taylorisme (OST,
division et spécialisation du travail avec une main d'oeuvre pour la plupart sans qualification) et le
début du fordisme, le tout alimenté par le recours au crédit massif qui permet au plus grand nombre
d'avoir accès à la consommation de masse.
Avec le système des call loans qui consiste à pouvoir acheter avec des fonds très faibles, de
nombreux américains achètent des actions sans savoir comment fonctionne la bourse. Il y a donc
un phénomène de mimétisme qui consiste à se fonder sur les leaders d'opinion (grands traders et
investisseurs) en prenant les mêmes décisions qu'eux et achètent tous les mêmes actions. On parle
d'asymétrie d'information (la connaissance d'un individu est supérieure à celle des autres, ce qui incite
ces derniers à prendre les mêmes décisions que lui, au même moment). La valeur de la bourse
augmente et se forme alors une bulle spéculative (la valeur de la bourse ne correspond plus du tout
à la valeur réelle de l'entreprise).
En 1929, la banque d'Angleterre décide de relever ses taux pour attirer les placements. Les
investisseurs anglais retirent alors leurs capitaux de Wall Street pour les placer en Angleterre. Ce
retrait fait baisser le prix des actions et par le phénomène de mimétisme, tout le monde vend ses
actions en même temps qui se traduit alors par la baisse massive du prix des actions.
Ce krach boursier a de nombreuses conséquences sur l'économie américaine : il y a
un mécanisme de déflationà la baisse des prix, de la production et des revenus. La demande
globale baisse, c'est un choc de demande négatif.
L’exemple de la crise de 1929 est intéressant car il superpose plusieurs explications : bulle
spéculative (rôle des asymétries d’information), théorie des cycles, chocs économiques, déflation, et
donne naissance aux politiques interventionnistes (Keynes « à long terme nous sommes tous morts »),
en montrant que l’économie ne se régule pas forcément spontanément, contrairement à ce que
pensaient les classiques (Loi des débouchés de JB Say).
L'explication par les cycles a beaucoup intéresles économistes au 19e et 20e siècle. Ils observent
des périodes de récession et d'expansion à intervalles réguliers. Pour Schumpeter, trois cycles se
superposent : il unifie ces différentes théories dans un livre : Business Cycles en 1939. Ils seraient liés
entre eux. Schumpeter est arrivé à la conclusion que les crises les plus graves se produisent lorsque
les points de retournements des cycles correspondent pour les trois cycles (1929).
Le cycle de Kitchin (UK, 1923) : cycle court 4/5 ans, lié aux variations de stock
Le cycle de Juglar (FR, 1862) : cycle moyen 8/9 ans, lié à l'investissement
Le cycle de Kondratiev (URSS, 1926) : cycle long 40/60 ans, lié à l'innovation
1. Le cycle de Kitchin
5:
Kitchin repère les fluctuations du PIB et remarque la corrélation avec la variation des stocks
des entreprises. Il remarque qu'elles ont des pratiques de stockage ou de déstockage qui accélèrent
ou ralentissent la croissance. Dans les périodes d'expansion, les entreprises produisent plus que
nécessaire pour répondre à la demande : il y a donc augmentation de production, et
donc accélération de la croissance. Dans les périodes de ralentissement, les entreprises, ayant des
stocks déjà constitués, vont d'abord les écouler, et donc produisent moins.
2. Le cycle de Juglar
Juglar repère des cycles un peu plus long lié à l'investissement qu'on peut aussi appelé cycle des
affaires. Dans Des crises communes et de leur retour périodique en France et aux Etats-Unis, il
écrit : "Les symtômes qui précèdent les crises sont des signes d'une grande prospérité."
Des taux de profit en hausse incitent à l'investissement, lequel stimule les revenus, donc la
consommation, jusqu'au point le surplus de production à l'investissement fasse son apparition
sur les marchés et engendre une contraction des prix, donc une réduction de la rentabilité et un arrêt,
ou une moindre progression de l'investissement. Les profits en hausse incitent à une prise de risque
de plus en plus importante des agents économiques, des comportements spéculatifs se développent
et conduisent à une surévaluation des actifs (bulle spéculative).
Lorsqu'il y a croissance, il va y avoir une croyance irrationnelle dans la croissance qui amène
des investissements de plus en plus risqués : on parle de spéculation (acheter en pariant sur la
hausse pour les revendre). La croissance amène donc des comportements de spéculation qui font
monter le prix des actifs (sur ce quoi on spécule) jusqu'à la crise et à la liquidation (crise des
subprimes).
3. Le cycle de Kondratiev
Kondratiev, dans Les cycles de la conjoncture, identifie des phases d'expansion et de
ralentissement que Schumpeter attribue au cycle des grandes innovations. Les innovations arrivent
en grappe qui entraînent un profit éledes entreprises (rente de monopole) et font accélérer la
croissance, jusqu'à ce qu'elles tombent dans le domaine public (brevet temporaire) : elles sont
copiées, les taux d'équipement augmentent, il y a une forte concurrence entre les entreprises (baisse
des prix), et on entre dans une phase de ralentissement prolongé jusqu’à que de nouvelles
innovations provoquent le phénomène de « destruction créatrice » et la reprise de la croissance.
Pendant les Trente Glorieuses, ces cycles sont passés de mode. La société étant devenue
plus tertiaire qu'industrielle, les cycles liés au stockage ont beaucoup moins d'impact (atténuation
cycle Kitchin).
Après la guerre, l'Etat contrôle le crédit (nationalisation des banques), très réglementé, qui freine
les comportements de spéculation (disparition temporaire du cycle Juglar). Cependant, avec
Mitterrand (mais aussi dans tous les grands pays industrialisés), les cycles Juglar sont réapparus
dans les années 1980 du fait de la libéralisation des marchés financiers suite à l'échec des idées
keynésiennes (réapparition des grandes crises financières qui s'enchaînent régulièrement).
Quant aux cycles de Kondratiev, on ne sait pas si les innovations majeures auront le même
impact qu'auparavant (Théorie de Gordon, disparition du cycle Kondratiev ?).
L’explication par le cycle du crédit :
Rappel : Les agents économiques disposent de plusieurs moyens pour financer consommation et
investissement.
Autofinancement : l'entreprise finance ses investissements soi-même (EBE de l'entreprise).
Financement direct : l'entreprise émet des actions et des obligations sur le marché financier
(grandes entreprises essentiellement).
Financement indirect : l'entreprise a recours aux prêts par l'intermédiaire des banques.
Le cycle du crédit contribue à expliquer le caractère endogène de l’instabilité de la croissance.
Pour Irving Fisher (US, 1867-1947), les grandes dépressions résultent en premier lieu du
surendettement associé aux périodes de boom économique les anticipations de profit sont très
élevées. En effet, lorsqu'il y a croissance de l'économie, les perspectives de profit pour les entreprises
sont élevées, elles peuvent espérer une bonne rentabilité des placements et investissements. De plus,
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