1: Chapitre 1 : Croissance, fluctuations et crises 1.2 Comment

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Chapitre 1 : Croissance, fluctuations et crises
1.2 Comment expliquer l'instabilité de la croissance ?
Thème
Notions
Indications complémentaires
Comment
expliquer
l'instabilité
de la
croissance ?
Fluctuations
économiques, crise
économique,
désinflation,
dépression,
déflation.
L'observation des fluctuations économiques permettra de mettre l'accent sur la
variabilité de la croissance et sur l'existence de périodes de crise. On présentera les
idées directrices des principaux schémas explicatifs des fluctuations (chocs d'offre et
de demande, cycle du crédit) en insistant notamment sur les liens avec la demande
globale. On analysera les mécanismes cumulatifs susceptibles d'engendrer déflation
et dépression économique et leurs conséquences sur le chômage de masse. Acquis de
première : inflation, chômage, demande globale (relire chap. Régulations et
déséquilibres macroéconomiques)
La croissance économique ne constitue pas un phénomène linéaire, certes elle consiste en
un accroissement sur le long terme des richesses produites sur un territoire, mais cette progression
ne s'effectue pas toujours à un rythme identique d'une année à l'autre ou d'une période à l'autre. La
croissance économique est un phénomène cyclique qui peut être affecté de chocs, positifs ou
négatifs.
Définitions des notions :
-
-
Fluctuations économiques : ensemble des mouvements de ralentissement ou d’accélération
du rythme de la croissance économique.
Crise économique : retournement brutal de la conjoncture économique qui marque la fin
d’une période d’expansion. Il s’agit d’une période de contraction durable de l’activité
économique.
Désinflation : diminution de l'inflation, qui reste néanmoins positive.
Dépression : baisse durable de la production, généralement accompagnée d’un chômage
élevé.
Déflation : diminution générale et durable des prix.
Inflation : augmentation générale et durable des prix, mesurée par l'indice des prix à la
consommation (IPC).
Chômage : ensemble des personnes de 15 ans et plus, privées d'emploi et en recherchant un.
Demande globale : somme de toutes les demandes de biens et services pour l'ensemble des
marchés d'un pays, à un moment donné, que ce soit dans le secteur privé ou dans le secteur
public, par les consommateurs ou par les entreprises, à l'intérieur du pays ou à l'extérieur.
A. L'activité économique est soumise à d'importantes fluctuations (documents 1 à 6)
Fluctuation : ensemble de mouvements d'accélération ou de ralentissement du rythme de la
croissance
Cycle économique : successions de phases d'expansion et de récession
L'économie est marquée par des tendances (trends) mesurées par le TCAM, qui sont un
phénomène de long terme qui peuvent être dues à : l'augmentation de la population, l'accumulation de
capital, le progrès technique, l'arrivée des femmes sur le marché du travail, un changement de
sources d'énergie... A l'intérieur de ces tendances à long terme, il y a des fluctuations importantes.
Les mouvements de la croissance s’expliquent par les variations de prix, de la production, de l'emploi.
La croissance varie donc à plus court terme avec des phases plus ou moins régulières.
Expansion : phénomène d'accélération conjoncturelle du rythme de la croissance par rapport au taux
moyen de la croissance de longue période.
Croissance économique : augmentation soutenue et durable du PIB en volume.
Récession : phénomène concernant un pays qui enregistre deux trimestres consécutifs de
contraction de son PIB réel.
Dépression : baisse durable de la production.
2:
Crise : moment de retournement de la tendance de l'activité économique qui met fin à l'expansion
pour déboucher sur une récession.
Reprise : moment de retournement de la tendance de l'activité économique qui met fin à la récession
ou à la dépression pour déboucher sur une phase d'expansion.
Attention : Pour l'INSEE, une récession correspond à deux trimestres consécutifs de
diminution du PIB cependant pour les anglo-saxons, c'est un fort ralentissement de la croissance
donc pas forcément une diminution.
Phénomènes à :
court terme
long terme
Hausse du PIB
Expansion
Croissance
Baisse du PIB
Récession
Dépression
La croissance est un phénomène instable qui comporte différentes phases d'expansion, de
récession, de reprise... Pour repérer ces fluctuations, on se réfère aux séries statistiques faites par
l'INSEE sur les variations de la production, des stocks, des prix, de l'emploi ou encore du carnet de
commandes des entreprises. L'INSEE les regroupe dans des enquêtes de conjoncture.
"Le potentiel ne s'use que si l'on s'en sert"
L’analyse des fluctuations économiques repose notamment sur l’étude des différences entre la
croissance effective et la croissance potentielle.
Croissance effective : croissance réelle mesurée par l'augmentation du PIB.
Croissance potentielle : croissance maximale que peut obtenir un pays lorsqu'il mobilise tous ses
facteurs de production (travail, capital, progrès technique) sans déclencher de tensions (ex. inflation)
La croissance potentielle est une hypothèse, tenant compte des croissances passées et des
tendances observées :
 Croissance de la population active (démographique : solde migratoire et solde de natalité
+ taux d'emploi de la population : âge d'entrée et de sortie sur le marché sur travail + taux
d'activité de certaines populations dues à des transformations structurelles comme la
féminisation ou la tertiarisation)
 Accumulation du capital (qui dépend des investissements et du rythme de l'usure de
l'équipement)
Progrès
technique (mesuré par la PGF, dépendant du rythme des innovations)

Ce qui détermine la croissance effective : tous les éléments de la demande globale c'est-à-dire
la consommation finale, les exportations, l'investissement...
Pour les pays émergents, le niveau de croissance dépend essentiellement de l'accumulation du
capital et de la transformation de la structure productive (augmentation de la population active). Quant
aux pays développés, on consacre un budget important pour la R&D, on investit surtout
dans l'innovation et le progrès technique.
- Si la croissance effective dépasse durablement la
croissance potentielle : il y a inflation due à une surchauffe
de l'économie. Toutes les capacités de travail sont
employées qui se traduisent par une hausse de salaire (les
salariés sont en position de force). C'est donc une
augmentation des coûts de production, qui aboutit à une
hausse des prix.
Si la croissance effective est durablement inférieure à la
croissance potentielle, on a alors au contraire
un chômage important (voir courbe de Phillips) car les
capacités de production ne sont pas toutes employées. On a
une offre qui n'arrive pas à s'écouler faute de débouchés
(baisse des prix).
3:
L'écart entre le taux de croissance effective et potentielle s'appelle l’écart de production ou output
gap, et permet d'identifier la phase du cycle dans laquelle l'économie se trouve.
Robert Solow s'étonnait de "voir des ordinateurs partout sauf dans les chiffres de la
productivité". Le paradoxe de Solow consiste à remarquer que l'introduction du progrès technique,
quand il se diffuse, peut parfois même faire diminuer pendant un moment la productivité (exemple de
la secrétaire devant un ordinateur pendant la diffusion des NTIC 1980). Il faut attendre plusieurs
années pour que le changement de la production amène des gains de productivité (NTIC
conséquences sur la croissance seulement à partir de 1990).
Le progrès technique (NTIC) permet d’améliorer la croissance potentielle. La France a
beaucoup de difficultés à innover pour plusieurs raisons : institutions inefficaces (investissement dans
l’enseignement supérieur, en R&D) rigidités sur le marché du travail et taux d’emploi inférieur par
rapport aux pays les plus innovants.
 Synthèse
L’économie est tout d’abord marqué par des tendances longues. Le trend de croissance
correspond à la tendance à long terme de la croissance. Il repose sur des mouvements quantitatifs
(augmentation de la population, augmentation de la production) et structurels (urbanisation,
qualification,…).
On peut observer deux grandes tendances pour la croissance française que l’on retrouve
dans la plupart des pays avancés : la croissance baisse au cours du temps, et la croissance du PIB
varie à court terme de façon plus ou moins cycliques avec des phases. La croissance connait ainsi
des phases d’accélération conjoncturelle par rapport au taux moyen de croissance de longue période
(expansion), de diminution de la production (on parle de récession pour désigner une période d’au
moins deux trimestres consécutifs de recul du PIB, et de dépression qui désigne une baisse durable
de la production). La crise est le moment de retournement de la tendance de l’activité économique qui
met fin à l’expansion pour déboucher sur une récession. Enfin la reprise désigne le moment de
retournement de la tendance de l’activité économique qui met fin à la récession ou dépression pour
déboucher sur une phase d’expansion.
Les économistes déterminent la croissance potentielle de la production d’une économie. Il
s’agit de la croissance maximale que peut obtenir un pays lorsqu’il mobilise tous ses facteurs de
production (population active, équipement, productivité) sans déclencher de l’inflation. Elle résulte de
la combinaison de l'offre des facteurs de production : capital (mesuré par la FBCF), travail
(croissance de la population active) et progrès technique (mesuré par la productivité globale des
facteurs). Les projections de croissance potentielle reposent sur des hypothèses qui reflètent les
tendances passées observées, et ne constituent donc pas des prévisions.
La croissance effective correspond à la croissance réellement obtenue par le pays. Elle
dépend essentiellement des variations de la demande globale qui comprend la consommation finale
des ménages et des administrations, l’investissement en capital fixe des entreprises, des ménages et
des administrations publiques, les exportations, et la variation des stocks.
L’écart de production (output gap) représente l’écart entre le niveau réel du PIB et la
production potentielle.
Lors d'une phase d'expansion, l'écart diminue, et peut même s'inverser : la production est
temporairement supérieure à son niveau d’équilibre. Dans ce cas, l’inflation est en augmentation, car
il y aura des pressions à la hausse sur les coûts de production (en particulier les coûts du travail) ce
qui augmente les prix des biens et des services. Inversement, dans les périodes de récession, le
PIB croît moins vite que la production potentielle et l’écart augmente, ce qui se traduit par une
augmentation du chômage. Une économie qui connait une production effective durablement
inférieure à la croissance potentielle risque de dégrader à long terme son potentiel de croissance
(diminution de l’employabilité, fuite des capitaux,…).
4:
B. Comment explique-t-on les fluctuations économiques (documents 7 à 18)
Les fluctuations économiques ont différentes explications : en effet on oppose les crises modernes
et les crises d'Ancien-Régime (avant les révolutions industrielles).
 Crises d'Ancien-Régime : extérieures à l'économie (épidémies, catastrophes naturelles,
guerres). L'homme ne domine pas suffisamment la nature, il est donc à la merci des aléas
climatiques,
des
mauvaises
récoltes
et
des
maladies.
Les
crises
sont
essentiellement agricoles qui se traduisent par une baisse brutale de la production et une
augmentation brutale des prix. C'est donc une insuffisance de la production par rapport aux
besoins de la population.
 Crises modernes : si au début du capitalisme, les premiers économistes pensaient que les
crises n'étaient plus possibles car l'offre créait sa propre demande (loi des débouchés, Jean
Baptiste Say, suivi de Ricardo), ces crises sont dûes pourtant à un excès de production par
rapport aux besoins de la population : l'offre n'arrive pas à s'écouler faute de débouchés
solvables, il y a une demande insuffisante (surproduction traduite par la baisse des prix).
La crise de 1929 : on s'aperçoit brutalement qu'il ne suffit pas d'une offre abondante mais qu'il faut en
face une demande capable d'absorber tous ces débouchés d'où le renversement de perspective : les
crises reposent sur la demande effective (Keynes).
Aux Etats-Unis, l'économie se caractérise dans les années 1920 par le taylorisme (OST,
division et spécialisation du travail avec une main d'oeuvre pour la plupart sans qualification) et le
début du fordisme, le tout alimenté par le recours au crédit massif qui permet au plus grand nombre
d'avoir accès à la consommation de masse.
Avec le système des call loans qui consiste à pouvoir acheter avec des fonds très faibles, de
nombreux américains achètent des actions sans savoir comment fonctionne la bourse. Il y a donc
un phénomène de mimétisme qui consiste à se fonder sur les leaders d'opinion (grands traders et
investisseurs) en prenant les mêmes décisions qu'eux et achètent tous les mêmes actions. On parle
d'asymétrie d'information (la connaissance d'un individu est supérieure à celle des autres, ce qui incite
ces derniers à prendre les mêmes décisions que lui, au même moment). La valeur de la bourse
augmente et se forme alors une bulle spéculative (la valeur de la bourse ne correspond plus du tout
à la valeur réelle de l'entreprise).
En 1929, la banque d'Angleterre décide de relever ses taux pour attirer les placements. Les
investisseurs anglais retirent alors leurs capitaux de Wall Street pour les placer en Angleterre. Ce
retrait fait baisser le prix des actions et par le phénomène de mimétisme, tout le monde vend ses
actions en même temps qui se traduit alors par la baisse massive du prix des actions.
Ce krach boursier a de nombreuses conséquences sur l'économie américaine : il y a
un mécanisme de déflation dû à la baisse des prix, de la production et des revenus. La demande
globale baisse, c'est un choc de demande négatif.
L’exemple de la crise de 1929 est intéressant car il superpose plusieurs explications : bulle
spéculative (rôle des asymétries d’information), théorie des cycles, chocs économiques, déflation, et
donne naissance aux politiques interventionnistes (Keynes « à long terme nous sommes tous morts »),
en montrant que l’économie ne se régule pas forcément spontanément, contrairement à ce que
pensaient les classiques (Loi des débouchés de JB Say).
L'explication par les cycles a beaucoup intéressé les économistes au 19e et 20e siècle. Ils observent
des périodes de récession et d'expansion à intervalles réguliers. Pour Schumpeter, trois cycles se
superposent : il unifie ces différentes théories dans un livre : Business Cycles en 1939. Ils seraient liés
entre eux. Schumpeter est arrivé à la conclusion que les crises les plus graves se produisent lorsque
les points de retournements des cycles correspondent pour les trois cycles (1929).
 Le cycle de Kitchin (UK, 1923) : cycle court 4/5 ans, lié aux variations de stock
 Le cycle de Juglar (FR, 1862) : cycle moyen 8/9 ans, lié à l'investissement
 Le cycle de Kondratiev (URSS, 1926) : cycle long 40/60 ans, lié à l'innovation
1. Le cycle de Kitchin
5:
Kitchin repère les fluctuations du PIB et remarque la corrélation avec la variation des stocks
des entreprises. Il remarque qu'elles ont des pratiques de stockage ou de déstockage qui accélèrent
ou ralentissent la croissance. Dans les périodes d'expansion, les entreprises produisent plus que
nécessaire pour répondre à la demande : il y a donc augmentation de production, et
donc accélération de la croissance. Dans les périodes de ralentissement, les entreprises, ayant des
stocks déjà constitués, vont d'abord les écouler, et donc produisent moins.
2. Le cycle de Juglar
Juglar repère des cycles un peu plus long lié à l'investissement qu'on peut aussi appelé cycle des
affaires. Dans Des crises communes et de leur retour périodique en France et aux Etats-Unis, il
écrit : "Les symtômes qui précèdent les crises sont des signes d'une grande prospérité."
Des taux de profit en hausse incitent à l'investissement, lequel stimule les revenus, donc la
consommation, jusqu'au point où le surplus de production dû à l'investissement fasse son apparition
sur les marchés et engendre une contraction des prix, donc une réduction de la rentabilité et un arrêt,
ou une moindre progression de l'investissement. Les profits en hausse incitent à une prise de risque
de plus en plus importante des agents économiques, des comportements spéculatifs se développent
et conduisent à une surévaluation des actifs (bulle spéculative).
Lorsqu'il y a croissance, il va y avoir une croyance irrationnelle dans la croissance qui amène
des investissements de plus en plus risqués : on parle de spéculation (acheter en pariant sur la
hausse pour les revendre). La croissance amène donc des comportements de spéculation qui font
monter le prix des actifs (sur ce quoi on spécule) jusqu'à la crise et à la liquidation (crise des
subprimes).
3. Le cycle de Kondratiev
Kondratiev, dans Les cycles de la conjoncture, identifie des phases d'expansion et de
ralentissement que Schumpeter attribue au cycle des grandes innovations. Les innovations arrivent
en grappe qui entraînent un profit élevé des entreprises (rente de monopole) et font accélérer la
croissance, jusqu'à ce qu'elles tombent dans le domaine public (brevet temporaire) : elles sont
copiées, les taux d'équipement augmentent, il y a une forte concurrence entre les entreprises (baisse
des prix), et on entre dans une phase de ralentissement prolongé jusqu’à que de nouvelles
innovations provoquent le phénomène de « destruction créatrice » et la reprise de la croissance.
Pendant les Trente Glorieuses, ces cycles sont passés de mode. La société étant devenue
plus tertiaire qu'industrielle, les cycles liés au stockage ont beaucoup moins d'impact (atténuation
cycle Kitchin).
Après la guerre, l'Etat contrôle le crédit (nationalisation des banques), très réglementé, qui freine
les comportements de spéculation (disparition temporaire du cycle Juglar). Cependant, avec
Mitterrand (mais aussi dans tous les grands pays industrialisés), les cycles Juglar sont réapparus
dans les années 1980 du fait de la libéralisation des marchés financiers suite à l'échec des idées
keynésiennes (réapparition des grandes crises financières qui s'enchaînent régulièrement).
Quant aux cycles de Kondratiev, on ne sait pas si les innovations majeures auront le même
impact qu'auparavant (Théorie de Gordon, disparition du cycle Kondratiev ?).
L’explication par le cycle du crédit :
Rappel : Les agents économiques disposent de plusieurs moyens pour financer consommation et
investissement.
Autofinancement : l'entreprise finance ses investissements soi-même (EBE de l'entreprise).
Financement direct : l'entreprise émet des actions et des obligations sur le marché financier
(grandes entreprises essentiellement).
Financement indirect : l'entreprise a recours aux prêts par l'intermédiaire des banques.
Le cycle du crédit contribue à expliquer le caractère endogène de l’instabilité de la croissance.
Pour Irving Fisher (US, 1867-1947), les grandes dépressions résultent en premier lieu du
surendettement associé aux périodes de boom économique où les anticipations de profit sont très
élevées. En effet, lorsqu'il y a croissance de l'économie, les perspectives de profit pour les entreprises
sont élevées, elles peuvent espérer une bonne rentabilité des placements et investissements. De plus,
6:
les banques accordent plus facilement des crédits : il y a un faible risque que les clients ne
remboursent pas leurs prêts. L'augmentation du crédit accélère alors la croissance (cycle vertueux).
Lorsque l'économie est en période de récession, les banques vont chercher à se prémunir
contre les risques de non-remboursement, qui sont élevés puisque les clients s'appauvrissent. Elles
vont donc freiner les crédits, c'est pourquoi les ménages et entreprises ont beaucoup de mal à
financer leurs projets qui pourraient pourtant relancer la croissance (cycle vicieux).
Sélection adverse : les banques ne sont pas capables d'évaluer la solvabilité des emprunteurs, donc
vont limiter tous les crédits.
Le resserrement du crédit accélère le ralentissement économique (moins de crédit accordé,
baisse de la demande globale). Le comportement des banques serait donc à l'origine des
fluctuations de la croissance.
Hyman Minsky, économiste américain, "le paradoxe de la tranquillité" : les crises de
surendettement se préparent lorsque tout va bien et les agents économiques profitent de la
croissance et des taux d'intérêts bas pour emprunter parfois au-delà du raisonnable.
En période de croissance, les agents économiques s'endettent pour financer leur
consommation et leurs investissements. Les banques accordent des crédits à des agents de moins en
moins solvables et les comportements spéculatifs se développent tout comme les bulles spéculatives
sur les prix de certains actifs (crise des subprimes). Ces comportements peuvent être aussi
encouragés par une législation trop souple de l'Etat (crédit revolving).
Irving Fisher, le cycle du crédit et la déflation par la dette : lorsque la crise se déclenche, les
emprunteurs sont en difficulté pour se désendetter et vont vendre leurs actifs. La mise en vente
massive des actifs fait augmenter brutalement l'offre, et baisser les prix, ce qui va alimenter encore
plus la récession : c'est un cycle de déflation. Au final, les agents économiques vont augmenter leur
taux d'endettement.
TD : la crise des subprimes s’inscrit en partie dans cette perspective. L’assouplissement de la
réglementation, une vision patrimoniale de l’endettement, des taux d’intérêt faibles, conduisent les
banques à prêter massivement à une clientèle peu solvable. La hausse des taux d’intérêt pour lutter
contre l’inflation conduit à des défauts de paiement, puis à la faillite des banques et des investisseurs
qui ont acheté les crédits titrisés.
Explication par les chocs économiques :
Choc économique : modification imprévue et
brutale de l'offre ou la demande agrégée (au niveau
macroéconomique)
Choc d'offre : évènement qui déplace la courbe
d'offre vers la gauche (négatif, qui peut être dû à une
hausse des prix de coûts de production, d'une
catastrophe naturelle, d'une guerre) ou vers la droite
(positif, suite à un progrès technique par exemple).
Choc de demande : évènement qui déplace la
courbe de demande vers la gauche (négatif) ou vers
la droite (positif).
Les chocs peuvent avoir une origine endogène (une dévaluation de la monnaie, par exemple) ou
exogène (une guerre, un tremblement de terre, par exemple) à un pays. Les chocs sont symétriques
lorsqu’ils s’exercent en même temps sur plusieurs pays à la fois. Ils sont asymétriques lorsque leur
incidence ne s’exerce que sur un certain nombre de pays d’une zone économique.
L’explication par les chocs d’offre : Ces chocs peuvent être positifs ou négatifs pour la
croissance économique. Dans le premier cas on peut mettre en avant l’hypothèse schumpétérienne
selon laquelle l’innovation permet de stimuler l’offre. Les innovations vont permettre d’une manière à
l’offre de se régénérer, d’être stimulée. Cette stimulation peut être le fait de l’apparition de nouveaux
7:
produits, de nouvelles méthodes de production, de nouvelles formes d’organisation des sociétés, de
nouvelles sources d’approvisionnement…
Dans le second cas, on peut s’appuyer sur le cas du premier choc pétrolier en 1973, la hausse
importante du prix du pétrole impacte les coûts de productions auxquels doivent faire face les
entreprises. Ceci amène donc ces dernières à réduire leur production voir à disparaître pour les plus
vulnérables d’entre elles. Les chocs d’offre négatifs sont causés généralement par une hausse du
coût des matières premières (chocs pétroliers), par des augmentations de salaires supérieures aux
gains de productivité (milieu des années 1970) ou par un alourdissement de la fiscalité des
entreprises. Une guerre, un tremblement de terre, un accident nucléaire, etc. peuvent également
causer des chocs d’offre exogènes.
Un choc d’offre négatif se traduit par une augmentation des coûts de production des entreprises, ce
qui conduit à l’élimination des entreprises les plus fragiles, à une baisse de la rentabilité des autres
entreprises qui vont moins investir ce qui va provoquer une diminution de la production et de l’emploi.
L’explication par les chocs de demande : L’irrégularité de la croissance effective trouve sa
source principale dans les variations de la demande globale (consommation finale et intermédiaire,
investissement des ménages, des entreprises et des administrations publiques, demande extérieure).
Si l’on s’appuie sur la crise apparue aux Etats-Unis et qui s’est diffusée dans les régions du monde, la
demande se trouve affectée par la hausse de l’endettement notamment aux Etats-Unis, au RoyaumeUni et dans la zone euro à l’exception de l’Allemagne. Par conséquent les exportations en direction de
ces pays s’en trouvent affectées, ce qui pénalise certaines économies fortement exportatrices
comme le Japon ou l’Allemagne. Le ralentissement de l’activité des uns provoque une chute de
demande pour les autres. On qualifie cette situation de choc de demande négatif.
Par contre un choc positif de la demande peut stimuler la croissance. Une politique incitative
de l’investissement peut entraîner une progression de ce dernier au niveau national et générer un
surcroît d’activité via le mécanisme du multiplicateur. De même l’ouverture d’une économie vers les
autres peut aussi provoquer un choc de demande positif. C’est le cas de la Chine par exemple : la
production chinoise a notamment été tirée par la demande des autres pays du monde, cela a été
rendu possible avec l’ouverture de l’économie chinoise.
Un choc de demande peut avoir des causes internes au système économique ou externe :
Il peut s’agir de chocs exogènes. Ainsi, la seconde guerre mondiale a créé pour les Etats-Unis un
choc de demande positif. De même, les politiques de relance, adoptées par la plupart des pays, à la
suite de la crise de 2008-2009, en augmentant les dépenses publiques ont eu un effet puissant sur la
hausse de la demande.
Enfin, chocs d’offre et chocs de demande peuvent être liés et s’enchainer car un certain nombre
d’éléments agissent à la fois sur l’offre et sur la demande. C’est le cas des prix pétroliers qui agissent
sur les coûts de production (offre) et sur le pouvoir d’achat des agents économiques (demande).
Rappel équation emplois-ressources : Ressources (production PIB et importations M) = Emplois
(consommation, investissement FBCF, stockage, exportation X)
Attention : Graphique de la contribution en points de chaque composante de la demande globale à la
croissance, type BAC : En 2009, la crise des subprimes : phénomène de déstockage + diminution
du crédit, qui dépriment la croissance. Augmentation des dépenses publiques pour indemniser
chômeurs (voir même tenter une relance keynésienne) avec diminution des recettes fiscales (baisse
de la consommation des ménages). C'est un choc de la demande globale qui est à l’origine de la
crise.
Les entreprises ne peuvent pas prévoir l'avenir, ils ne peuvent avoir que des estimations sur le
futur. Devant cette incertitude, celles-ci vont se fier aux opinions de grands leaders (prophétie auto
réalisatrice). Elles doivent décider du montant de leur production en anticipant la demande : en effet,
elles s'adaptent le plus précisément possible aux variations de la demande pour éviter une
surproduction, en se fiant à l'opinion générale (phénomène de mimétisme).
8:
 Synthèse
L’humanité a de tous temps connu des crises économiques. La crise précapitaliste était
typiquement une crise de sous-production agricole par rapport aux besoins physiques ; la crise
moderne est fréquemment une crise de surproduction par rapport aux besoins solvables.
Selon plusieurs auteurs, la production serait soumise à des cycles. Pour Schumpeter, trois
cycles se superposent et expliquent pour l'essentiel l'évolution de la conjoncture : les cycles courts lié
au cycle des stocks (cycles Kitchin), les cycles moyens ou « cycle des affaires » liés à l’investissement
(Juglar), les cycles longs (Kondratiev), expliqués par les vagues d’innovation puis leur épuisement.
Ces cycles sont également liés au comportement des banques qui relâchent leurs
conditions pour accorder des crédits en période d’expansion et les restreignent en période de
récession, ce qui aggrave la crise (cycle du crédit). Pour Irving Fisher, cet excès d’endettement en
période de croissance peut mener à une déflation par la dette en cas de récession : les agents
économiques qui se retrouvent fortement endettés vendent leurs actifs financiers pour tenter de
rembourser leurs dettes. Mais ces ventes massives font baisser les prix, ce qui accroît finalement la
valeur réelle de la dette et nécessite donc de nouvelles ventes d'actifs.
D’autres crises peuvent s’expliquer par des causes exogènes ou endogènes, affectant l’offre, la
demande ou les deux. Ainsi, les fluctuations économiques de court terme peuvent provenir de chocs
de demande ou d’offre, qui peuvent être positifs ou négatifs. Un choc d’offre est une perturbation
(catastrophe naturelle, variation importante des prix,…) qui affecte les capacités de production de
l’économie. Un choc de demande est un événement qui affecte le niveau de la demande globale à
court terme (variation du niveau de consommation finale, d’investissement ou de la demande
extérieure). Or le niveau de la demande est un élément central pour Keynes, car si la demande
anticipée par les entrepreneurs est insuffisante, le niveau de production ne permettra pas le pleinemploi.
C. Comment gère-t-on les fluctuations économiques ? documents 19 à 26
Politique monétaire : politique menée par la banque centrale qui vise à influencer la quantité de
monnaie en circulation en utilisant le taux d'intérêt directeur.
Politique budgétaire : politique mise en place directement par l'Etat jouant sur son budget (dépenses
et recettes publiques : augmentation ou baisse des prélèvements obligatoires par exemple).


Avant 1929 : on ne mène pas de politique monétaire pour réguler les fluctuations
économiques mais plutôt des politiques structurelles (éducation, santé)
Après 1929 : on mène des politiques conjoncturelles qui ont pour vocation de réguler les
grands déséquilibres macroéconomiques à court terme sous l'influence de Keynes (18831946, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie selon lui, l'Etat doit intervenir
dans l'économie en utilisant son budget, quitte à se mettre en déficit volontairement.
Politique contra-cyclique : politique qui vise à atténuer les effets négatifs du cycle, les grands
déséquilibres macroéconomiques (ex : lutter contre la récession) ≠ pro-cycle : accentuer les effets du
cycle
- si la croissance effective est trop importante par rapport à la croissance potentielle :
surchauffe de l'économie donc on va mener une politique qui vise à ralentir l'économie (politique
restrictive, de rigueur) notamment en diminuant la masse monétaire et les dépenses de l'Etat
- si la croissance effective est trop inférieure à la croissance potentielle : fort taux de chômage,
on va donc mener une politique expansionniste en augmentant la masse monétaire ainsi que les
dépenses publiques, et en facilitant le crédit avec une baisse des taux d'intérêt.
9:
Stabilisateurs automatiques : en période de récession, spontanément, les impôts tendent à se
réduire (baisse des revenus) et les dépenses publiques à augmenter (hausse du chômage), et
inversement en période d'expansion. Ces évolutions sont une forme de politique contracyclique qui
contribue, mais ne suffit pas, à stabiliser l'activité économique.
En période de récession, on va espérer un multiplicateur keynésien le plus élevé possible,
plus il est grand, plus la relance de l'Etat sera réussie. La politique de relance dépend de l'effet
multiplicateur qui est cependant difficile à calculer.
Multiplicateur keynésien : effet d'un euro d'investissement/dépense publique sur la variation de la
production.
Propension à consommer : part du revenu consacré à la consommation
Propension à épargner : part du revenu consacré à l'épargne
L'effet multiplicateur peut diminuer à cause de la propension à importer (la relance
keynésienne va profiter à nos pays voisins) et de la confiance (la relance keynésienne échoue si les
ménages préfèrent davantage épargner)
Les Trente Piteuses est la période qui suit les Trente Glorieuses dans les années 70 : Le
choc pétrolier de 1973 est un choc d’offre négatif avec du chômage, une faible croissance et de
l’inflation.
Attention : Elle est différente de celle de 1929 qui était un choc de demande négatif avec une faible
croissance, du chômage mais de la déflation.
Stagflation : conjonction entre la stagnation de l'économie, le chômage et l'inflation (années 70/81 en
France)
Cette crise est due aux chocs pétroliers qui ont augmenté le prix du pétrole, entraînant la
baisse des pouvoirs d’achat : le pétrole est peu élastique (non substituable), c’est pourquoi les
ménages continuent à consommer. Quant aux entreprises leurs coûts de production augmentent, et le
capital investi par les actionnaires est moins rentable.
La lutte contre l’inflation est réalisée par l’augmentation des taux d’intérêt par la Banque
Centrale par exemple. Entre 1981 et 1982, Mauroy et Mitterrand sont au pouvoir en France, ils tentent
une relance keynésienne qui est un échec mais qui profite beaucoup aux pays voisins. Finalement, on
met en place une politique de désinflation compétitive.
- On cherche à maîtriser l'inflation (donc on relève les taux d'intérêt), baisse de la masse monétaire.
- Il faut restaurer les coûts de production pour leur redonner de la compétitivité
- Avoir une monnaie forte pour que les importations coûtent moins cher
- Assouplir la règlementation pour donner une marge de manœuvre des entreprises : ex, moins
d'impôts (économie libérale)
Cette politique permet de restaurer la compétitivité des entreprises cependant elle peut
aussi baisser la demande globale (moins de revenus, donc moins de consommation) en contenant la
hausse des salaires (rupture du compromis fordiste). Elle peut également dissuader l'investissement
et baisser la rentabilité du capital.
Face à la récession de 2008, les pays de l'OCDE ont pris des mesures budgétaires tels que :
des allègements d'impôts, une augmentation des prestations sociales, subventions aux entreprises.
C'est une politique expansionniste (retour des idées de Keynes) avec deux objectifs : maintenir la
solvabilité pour pouvoir s'endetter et rester dans l'Euro (il faut avoir une politique monétaire commune).
Elle est efficace mais conduit au déficit public et à l'endettement qui s'accumule. Il faut donc suivre
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avec une politique restrictive ("stop and go") en espérant un multiplicateur qui permet de rembourser
la dette.
La Banque Centrale peut agir sur les fluctuations économiques en variant la quantité de
monnaie en circulation dans l'économie, grâce au taux directeur pour inciter les banques
commerciales à prêter davantage, mais aussi avec le niveau de réserve obligatoire (plus il est élevé,
moins les banques commerciales peuvent prêter), ou avec la politique d’open market (achats de titres
financiers pour refinancer les banques commerciales). La Banque Centrale européenne (BCE) mène
la politique monétaire de tous les pays de l'Euro dont la France.
Attention : Une politique expansionniste vise à soutenir l'activité économique tandis qu'une politique
restrictive cherche en priorité à contenir l'inflation.
La Banque Centrale, pour lutter contre le resserrement du crédit, a beaucoup prêté aux
banques commerciales (centaines de milliards) à des taux d'intérêt trop faibles. Les ménages n'étant
pas demandeurs, cet argent n'a pas servi dans l'économie : en effet les banques l'ont utilisé pour
faire des placements sur le marché financier/immobilier, ce qui a contribué à créer des bulles
spéculatives, et donc a alimenté la spéculation.
Les contraintes de l'Union économique et monétaire pour les politiques de relance sont :
- Le déficit ne doit pas dépasser 3% du PIB
- La dette ne doit pas dépasser 60% du PIB
Le pacte de stabilité de croissance a été créé en 1997, dans le but de faire converger les
économies pour qu'il puisse y avoir la même monnaie et politique monétaire dans tous les pays qui
adhèrent à l'Euro. En situation d'économie ouverte, on consomme beaucoup de produits importés. Si
les différents pays européens ne mènent pas la politique keynésienne, l'effet sera dilué et aggrave
même le commerce extérieur (augmentation des importations et dégradation de la balance
commerciale). Cette contrainte extérieure due à l'interdépendance entre les pays qui résulte de la
mondialisation.
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Les pays ne peuvent pas mener la politique qu'ils veulent. Pour qu'une politique de relance
soit efficace, il faut qu'elle soit coordonnée et simultanée entre les pays. Les politiques de relance
keynésienne sont donc de faible efficacité et peuvent perturber l’anticipation des agents
économiques. Et les contraintes de l’UEM rendent la gestion des fluctuations difficiles.
A partir du premier trimestre 1994 le Japon connaît une situation de déflation et décide de
mener une politique dite Abenomics (Shinzo Abe, 1er ministre japonais) : une politique monétaire
extrêmement expansionniste. Shinzo Abe a injecté par l'intermédiaire de la Banque Centrale
japonaise une quantité de monnaie très importante pour acheter la dette publique. Les conséquences
négatives de la déflation sur l'activité économique :
- anticipation des ménages qui reportent leurs achats en attendant la baisse des prix : ce
phénomène d'attentisme mène à la baisse de la demande globale adressée aux entreprises, qui
doivent ralentir leur production (et embaucher moins du coup). Elles distribuent aussi moins de
revenus dans la mesure où elles ont moins de débouchés
- augmentation du poids de la dette en valeur relative : elle représente une part plus importante
pour les agents économiques car les salaires/revenus/profits diminuent. Ces derniers épargnent
donc pour pouvoir rembourser la dette. Ils cherchent à se désendetter pour vendre leurs actifs mais ils
font encore plus baisser les prix des actifs : déflation par la dette d'Irving Fisher
- la politique monétaire est paralysée : celle-ci a une limite (on ne peut pas avoir un taux d'intérêt
négatif !) : moins de marge de manœuvre car on a un taux d'intérêt réel (taux nominal affiché par les
banques moins les inflations) qui augmentent quand l'inflation diminue. Les ménages ont encore plus
de mal à rembourser leurs dettes.
La déflation s'accompagne en général aussi d'un resserrement du crédit car les banques doutent de
la solvabilité des emprunteurs et de la rentabilité de leurs investissements.
La déflation est donc un mécanisme d'attentisme qui repousse la croissance des ménages
due à la baisse des prix. Elle a pour conséquence une diminution des débouchés des entreprises,
le chômage et la baisse des revenus, ce qui va augmenter la déflation (cercle vicieux). Celle-ci peut
toucher d’autres pays si elle est salariale : en effet elle peut inciter les entreprises d'autres pays à se
délocaliser (moins de richesses pour les autres pays). De plus si les prix sont plus bas, les autres
pays vont devoir réduire aussi leur prix pour être aussi compétitif.
Une crise économique peut se traduire par une déflation s’il y a un choc de demande négatif
(phénomène d’attentisme), une crise de confiance (pas de consommation), le resserrement du crédit
(baisse des investissements et de la consommation), une politique monétaire qui n’a plus de marge de
manœuvre ou encore une politique restrictive (d’austérité).
 Synthèse
Pour les économistes libéraux, les crises sont des mécanismes autorégulateurs du marché.
Elles sont donc nécessaires au système capitaliste et l’Etat ne devrait pas intervenir pour tenter de
les réguler. Cependant depuis la crise de 1929, l’Etat s’est progressivement imposé comme un acteur
économique majeur.
Pour lutter contre les effets des fluctuations économiques, il peut mener des politiques
conjoncturelles, visant à rapprocher la croissance effective de la croissance potentielle, et à réaliser
les objectifs du carré magique de Kaldor (*1) (stabilité des prix, croissance, faible chômage, excédent
extérieur, ces objectifs pouvant cependant être contradictoires). La politique conjoncturelle combine
une action de politique budgétaire et de politique monétaire. En cas de récession, l’Etat peut
mener une politique de relance budgétaire (qui s’appuie sur l’effet multiplicateur de Keynes: un euro
supplémentaire de dépenses publiques provoque une augmentation du PIB supérieure à cet effort
initial), ainsi qu’une politique monétaire expansionniste, qui vise à faciliter le crédit aux agents
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économiques. La Banque Centrale peut baisser son taux d’intérêt directeur, ou élargir sa politique
d’achat de créances. Inversement, la puissance publique peut mener une politique de rigueur
budgétaire et monétaire en cas de tensions inflationnistes.
L’efficacité de la régulation a été contestée : une part importante des revenus
supplémentaires peut être épargnée ou financer l’achat de produits importés (contrainte extérieure).
Les années 1970 ont ainsi vu la coexistence du chômage et de l’inflation (stagflation). Depuis les
années 1980, les pays développés ont mis en œuvre des politiques de désinflation compétitive
d’inspiration monétariste. (*2)
Les politiques budgétaires et monétaires des pays de la zone euro ont aujourd’hui de faibles
marges de manœuvre. La politique budgétaire est encadrée par le Pacte de Stabilité et de
Croissance qui limite les déficits publics à 3 % du PIB et la dette publique à 60 % du PIB. Le budget
européen reste quant à lui trop faible pour envisager une politique budgétaire supranationale. La
politique monétaire est contrainte par la priorité à la lutte contre l’inflation et par la difficulté à
mener une politique commune pour des pays connaissant des situations différentes.
La zone euro est aujourd’hui menacée de déflation, car les politiques d’austérité ont aggravé
la récession. Si celle-ci peut permettre une baisse des coûts de production, elle risque de générer un
cercle vicieux déflationniste.
A plus long terme, l’Etat peut mener des politiques structurelles, qui cherchent à augmenter la
croissance potentielle.
*1
*2 (Les monétaristes pensent que l’augmentation de la masse monétaire ne doit pas se faire sans
contrepartie : toute hausse artificielle de la masse monétaire débouche sur l’inflation et est nuisible.
Cependant ils acceptent l’idée que l’intervention de la Banque Centrale est nécessaire bien qu’elle ne
doit pas être durable)
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