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B. Comment explique-t-on les fluctuations économiques (documents 7 à 18)
Les fluctuations économiques ont différentes explications : en effet on oppose les crises modernes
et les crises d'Ancien-Régime (avant les révolutions industrielles).
Crises d'Ancien-Régime : extérieures à l'économie (épidémies, catastrophes naturelles,
guerres). L'homme ne domine pas suffisamment la nature, il est donc à la merci des aléas
climatiques, des mauvaises récoltes et des maladies. Les crises sont
essentiellement agricoles qui se traduisent par une baisse brutale de la production et une
augmentation brutale des prix. C'est donc une insuffisance de la production par rapport aux
besoins de la population.
Crises modernes : si au début du capitalisme, les premiers économistes pensaient que les
crises n'étaient plus possibles car l'offre créait sa propre demande (loi des débouchés, Jean
Baptiste Say, suivi de Ricardo), ces crises sont dûes pourtant à un excès de production par
rapport aux besoins de la population : l'offre n'arrive pas à s'écouler faute de débouchés
solvables, il y a une demande insuffisante (surproduction traduite par la baisse des prix).
La crise de 1929 : on s'aperçoit brutalement qu'il ne suffit pas d'une offre abondante mais qu'il faut en
face une demande capable d'absorber tous ces débouchés d'où le renversement de perspective : les
crises reposent sur la demande effective (Keynes).
Aux Etats-Unis, l'économie se caractérise dans les années 1920 par le taylorisme (OST,
division et spécialisation du travail avec une main d'oeuvre pour la plupart sans qualification) et le
début du fordisme, le tout alimenté par le recours au crédit massif qui permet au plus grand nombre
d'avoir accès à la consommation de masse.
Avec le système des call loans qui consiste à pouvoir acheter avec des fonds très faibles, de
nombreux américains achètent des actions sans savoir comment fonctionne la bourse. Il y a donc
un phénomène de mimétisme qui consiste à se fonder sur les leaders d'opinion (grands traders et
investisseurs) en prenant les mêmes décisions qu'eux et achètent tous les mêmes actions. On parle
d'asymétrie d'information (la connaissance d'un individu est supérieure à celle des autres, ce qui incite
ces derniers à prendre les mêmes décisions que lui, au même moment). La valeur de la bourse
augmente et se forme alors une bulle spéculative (la valeur de la bourse ne correspond plus du tout
à la valeur réelle de l'entreprise).
En 1929, la banque d'Angleterre décide de relever ses taux pour attirer les placements. Les
investisseurs anglais retirent alors leurs capitaux de Wall Street pour les placer en Angleterre. Ce
retrait fait baisser le prix des actions et par le phénomène de mimétisme, tout le monde vend ses
actions en même temps qui se traduit alors par la baisse massive du prix des actions.
Ce krach boursier a de nombreuses conséquences sur l'économie américaine : il y a
un mécanisme de déflation dû à la baisse des prix, de la production et des revenus. La demande
globale baisse, c'est un choc de demande négatif.
L’exemple de la crise de 1929 est intéressant car il superpose plusieurs explications : bulle
spéculative (rôle des asymétries d’information), théorie des cycles, chocs économiques, déflation, et
donne naissance aux politiques interventionnistes (Keynes « à long terme nous sommes tous morts »),
en montrant que l’économie ne se régule pas forcément spontanément, contrairement à ce que
pensaient les classiques (Loi des débouchés de JB Say).
L'explication par les cycles a beaucoup intéressé les économistes au 19e et 20e siècle. Ils observent
des périodes de récession et d'expansion à intervalles réguliers. Pour Schumpeter, trois cycles se
superposent : il unifie ces différentes théories dans un livre : Business Cycles en 1939. Ils seraient liés
entre eux. Schumpeter est arrivé à la conclusion que les crises les plus graves se produisent lorsque
les points de retournements des cycles correspondent pour les trois cycles (1929).
Le cycle de Kitchin (UK, 1923) : cycle court 4/5 ans, lié aux variations de stock
Le cycle de Juglar (FR, 1862) : cycle moyen 8/9 ans, lié à l'investissement
Le cycle de Kondratiev (URSS, 1926) : cycle long 40/60 ans, lié à l'innovation
1. Le cycle de Kitchin