SUJET : EXTRAIT DU COMMUNIQUE FINAL DE LA CONFERENCE DE YALTA, 11 Février 1945 " Nous nous sommes mis d’accord sur la politique commune et les plans communs à adopter pour assurer l’exécution des termes de la capitulation allemande, après que la résistance de l'armée allemande aura été définitivement écrasée. Les plans adoptés prévoient que chacune des trois puissances occupera avec ses forces armées une zone séparée en Allemagne. Il a été en outre convenu que la France serait invitée par les trois puissances, si elle le désire, à occuper une zone et à faire partie de la commission de contrôle comme quatrième membre. Notre dessein inflexible est de détruire le militarisme allemand et le nazisme. Nous sommes décidés à désarmer et à dissoudre toutes les forces armées allemandes (…) à traduire en justice tous les criminels de guerre et à les châtier rapidement... Nous sommes résolus à créer avec nos alliés aussitôt que possible une organisation internationale générale pour la sauvegarde de la paix et de la sécurité. Nous croyons qu'une telle organisation est essentielle pour empêcher de nouvelles agressions et éliminer les causes politiques, économiques et sociales des guerres au moyen d'une collaboration étroite et permanente de tous les peuples pacifiques. Nous avons convenu de convoquer le 25 avril 1945, à San Francisco une conférence des Nations unies qui établira la charte de l'organisation. Nous avons rédigé et signé une déclaration commune sur l’Europe libérée. Elle a la teneur suivante : (…) Le rétablissement de l’ordre en Europe et la reconstruction de la vie économique nationale devront être réalisés par des méthodes qui permettront aux peuples libérés d’effacer les derniers vestiges du nazisme et du fascisme et de se donner les institutions démocratiques de leur propre choix, c'est-à-dire le droit de tous les peuples à choisir la forme du gouvernement sous lequel ils veulent vivre restauration des droits souverains et auto-gouvernement au profit des peuples qui en ont été privés par les puissances d'agression (…). La complète libération de la Pologne par l’Armée rouge a créé dans ce pays une situation nouvelle. Cette situation exige l’établissement d'un nouveau gouvernement Provisoire polonais (…) [On] y inclura des chefs démocrates choisis parmi les Polonais qui se trouvent en Pologne ou même à l’étranger. (…) Ce gouvernement provisoire Polonais d’unité nationale s’engagera à procéder à des élections libres et sans entraves aussitôt que possible, sur la base du suffrage universel et du scrutin secret. Tous les partis démocrates et anti-nazis auront le droit de participer à ces élections." QUESTIONS : 1. Présentez le document en précisant notamment le contexte de la guerre en février 1945. 4 points 2. Relevez les décisions prises à Yalta en les classant et en les expliquant.6 points 3. Yalta a-t-il été un partage du monde ? Justifiez votre réponse à l’aide du texte et de vos connaissances.4 points 4. Quels engagements pris ont été suivis d’effet ? 5 points CORRIGE Question 1 NATURE : un document diplomatique ; accord sur plusieurs points à la suite d’une conférence interalliée. OU : à Yalta en Crimée ( sud de l’Ukraine sur les bords de la mer Noire ). Staline est donc l’hôte de la conférence. QUI : Roosevelt président démocrate des Etats-Unis depuis 1933, a été réélu pour la troisième fois en novembre 1944. C’est lui qui va peu à peu sortir son pays d’une politique isolationniste et l’engagera progressivement dans la guerre. Après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor ( 7.déc.41 ), il dirige énergiquement l’effort de guerre américain, décide de la fabrication de la bombe atomique et préface l’après guerre en jouant le rôle essentiel aux conférences de Téhéran ( 1943 ) et de Yalta, où il arrivera malade après douze jours d’un trajet épuisant. Churchill, Premier ministre britannique depuis le 10 mai 1940, incarne durant toute la guerre la volonté de résistance britannique. Né dans une famille aristocrate, après une courte carrière militaire, il fera de la politique dans les rangs du parti conservateur et sera plusieurs fois ministre et député à partir de 1900. En août 1941, il signe la charte de l’Atlantique avec Roosevelt et joue pendant tout le conflit un rôle essentiel en participant aux grandes conférences interalliées. Staline dirige l'URSS depuis la mort de Lénine en 1924, après avoir progressivement éliminé tous ses adversaires. Il cumule tous les pouvoirs et mène une politique de totalitarisme : le stalinisme. Il signe le pacte germano-soviétique en août 1939 et conduit la guerre comme allié d’Hitler jusqu’à l’attaque allemande de juin 1941. Il s’associe alors à Churchill et Roosevelt dans la " grande alliance " et participe à toutes les conférences interalliées pour reconstruire le monde après guerre. C'est Staline qui accueille les membres de la Grande Alliance à Yalta, en Crimée. QUAND : en février 1945, la guerre n'est pas terminée mais semble gagnée à terme par les alliés, la situation de l’Allemagne étant désespérée ( les alliés ont atteint à l’ouest le Rhin et à l’est l’Oder ). Le rapport de force est militairement très favorable pour Staline, car il s’apprête à entamer la bataille de Berlin alors que les anglo-américains sont enlisés dans la boue des Ardennes. De plus, les occidentaux pensent qu’ils ont une dette morale envers l’armée rouge, qui a retenu les trois quarts des forces allemandes, a facilité le débarquement de Normandie et eut des millions de tués. La réunion se déroule dans une atmosphère cordiale mais les discussions sont vives entre Churchill et Staline. Roosevelt malade joue les arbitres. Question 2 Dans le premier paragraphe, e texte décide du sort de l’Allemagne : on attend d’elle une capitulation sans condition, le pays sera divisé en quatre zones d'occupation par les trois Grands plus la France et il y a aussi la volonté de démilitarisation. D’autre part, Yalta prévoit la mise en accusation des criminels de guerre avec la volonté d’anéantir le nazisme ( supprimer le parti nazi, les lois nazi, les institutions nazi, etc. ). Puis, dans le second paragraphe, le texte envisage la création d'une organisation internationale de sécurité collective. Il s’agit là d’une vieille idée démocrate américaine, de regrouper les nations pour réorganiser le monde dévasté par cinq années de guerre, mais qui a échoué dans l’Entre-deux-guerres avec la SDN. Roosevelt reprend cette idée avec la charte de l’Atlantique (août 1941). Cette conférence des Nations-Unies devra s’ouvrir à San-Francisco le 25 avril 1945. Puis, vient au troisième paragraphe, la déclaration sur l'Europe libérée : la réorganisation de l'Europe doit se faire selon les principes définis dans la charte de l'Atlantique ( droit des peuples à se doter des institutions de leur choix ). La référence démocratique est clairement affirmée ; si les droits souverains des Etats sont rappelés, les tracés des frontières ne sont pas précisés. Le problème sera débattu à la conférence de Potsdam (juillet-août 1945). Mais l'URSS va annexer 800 000 km² en Europe orientale ; de plus l’armée rouge soutient les partis communistes locaux dans les territoires qu’elle a libérés. Cette conférence marque la volonté soviétique de faire payer très cher à l’Allemagne son agression, et la volonté de Churchill de protéger l'Europe de la domination soviétique. Roosevelt obtient la création de l'ONU. Dans le dernier paragraphe, nous voyons que le cas de la Pologne pose problème ; tout juste libérée par l’armée rouge, Staline doit accepter la présence au nouveau gouvernement polonais de libéraux issus du gouvernement d’avant guerre en exil à Londres, aux cotés des communistes. Question 3 Rien dans le texte n'accrédite l'idée d'un partage du monde. Certes, un accord sous forme de pourcentages est signé entre le Royaume-Uni et l'URSS en novembre 1944 ; il délimite des zones d'influence, notamment dans les Balkans (prépondérance britannique en Grèce, influence soviétique dominante en Roumanie et en Bulgarie) et correspond de fait à un partage d'influence. Mais il existe toujours une bonne entente entre les trois, car la guerre n’est pas terminée et le but final pas encore atteint. Une unité de vue existe, celle de mettre en place une direction collégiale de la planète à cinq ou six grands Etats. Ce seront les divergences qui naîtront après guerre qui partageront l’Europe selon la situation militaire de 1945 ( l’armée rouge ayant libérée toute l’Europe orientale et étant donc présente sur son sol ). Question 4 - A Potsdam, le partage de l'Allemagne et de l'Autriche en quatre zones d'occupation est décidé et mis en place Le procès de Nuremberg réuni de novembre 1945 à octobre 1946 ; c’est le début de la dénazification. l’URSS entre en guerre contre le Japon le 8 août 1945. La conférence de San Francisco, le 25 avril 1945, réunit 51 pays qui fondent l'ONU. Mais le désaccord est total sur la mise en place par les peuples libérés d'institutions démocratiques de leur propre choix. " Cette guerre ne ressemble pas à celle du passé : quiconque occupe un territoire y impose son propre système social. Tout le monde impose son système aussi loin qu'il peut avancer. Il ne saurait en être autrement " écrit Staline à Tito en avril 1945. ( Tito chef de la résistance communiste yougoslave). Staline de tiendra d’ailleurs pas ses engagements. SUJET 2 L’EUROPE E N 1945 Carte de l’Europe aux lendemains de la Seconde guerre mondiale Question 1 : Que signifie pour l'Allemagne vaincue en 1945 le retour à ses frontières de 1937 ? Où se trouvent les territoires qu’elle a perdu et pourquoi ? Question 2 : À quoi correspondent les acquisitions territoriales de l'Union soviétique en 1945 ? Pourquoi les Alliés occidentaux ne s'y sont-ils pas opposés ? Question 3 : Que se passe t-il pour les territoires allemands et autrichiens ? Question 4 : La carte montre t-elle exactement les effets des accords de Yalta ? Question 5 : Quelles sont les limites de cette carte ?