COMPTE RENDU DE LA REUNION PUBLIQUE du 2
JUIN 2012:
L'éthique contemporaine et l'évolution des moeurs
Présentation de l’Institut d’Ethique Contemporaine par Catherine Moreau :
La crise profonde que nous connaissons modifie notre vision de l’éthique. On ne compte plus
les ouvrages, les colloques qui lui sont consacrés actuellement. Certains sont très généraux,
d’autres très pointus et d’une grande hauteur philosophie.
Alors que dans les trente dernières années, cette question était loin d’être fondamentale.
Toutefois, il n’est pas rare de voir encore l’éthique se faire enfermer dans le rôle rebutant de
« père la morale », ce qu’elle ne doit pas être.
C’est pour lui substituer cette image inadaptée que les personnes ici présentes se sont réunies
pour réfléchir au concept de l’éthique afin de lui donner une réalité propre et adaptée à la
réalité contemporaine. Il s’agit de réfléchir à la manière de l’animer, pour nous permettre de
frémir, penser, agir, décider, et vivre avec.
Pour appréhender ce thème, elles sont d’autant mieux placées que leurs expériences les ont
mené partout et sur de nombreux métiers et univers. Leurs recherches se doublent de parcours
sociaux et d’expériences diversifiés.
Les réalités, les thèmes, les événements qu’elles vont aborder cette après-midi devant vous
vont faire vivre les sujets sur lesquels ils ont réfléchi et pour certains sur lesquels ils
travaillent.
Il ne s’agit pas pour les membres de notre association « de faire moderne », de « coller aux
événements », de se transformer en prophètes. Ils souhaitent donner un commencement de
réalité à l’éthique contemporaine, lui donner une réalité. Ils vont la mettre en perspective dans
notre quotidien avec vous.
Ils seront plein de certitudes mais aussi de doutes, ils feront le débat auquel vous avez accepté
de participer. Chacun de vous jugera leurs arguments, et se fera sa propre idée. L’essentiel, tel
est leur souhait, est non pas d’enfermer l’éthique, mais de la libérer avec les échanges que
nous allons avoir ensemble.
Je laisse la parole à Christian qui vous exposera les modalités des échanges entre nous, il
s’agit de réguler de manière satisfaisante la façon dont va se dérouler ce séminaire pour le
bien de tous.
Avant cela, laissez-moi vous présenter les membres de notre groupe :
Gérard : Fondateur et Président de l’Association – Psychologue-Psychothérapeute;
Alain : Trésorier de l’Association, cadre au ministère des finances, absent cet après-midi ;
Abdelhamid : doctorant au CNRS, il est l’un des intervenants de cet après-midi sur les
échanges avec Internet et notre façon de concevoir ce nouvel outil ;
Antigone : Psychologue ;
Sovan : Kinéstésiste, qui intervient sur le rôle du corps et de la santé dans les échanges ;
Bernard : Ingénieur en mécanique et électronique ;
Christian : Vétérinaire
Lounissi : Ingénieur
Hélène : Psycholoque-Psychothérapeute
Catherine Moreau : Responsable d’un cabinet de conseil.
Introduction du débat par Gérard Vignaux :
Aujourd'hui nous parlerons de l'éthique privée et plus précisément de l'évolution des moeurs.
L'expression « autres temps autres mœurs » souligne bien le principe évolutif remarqué à de
nombreuses occasions et utile au mieux-être du plus grand nombre.
La structure familiale de parents mariés monogames est une valeur de la civilisation judéo-
chrétienne qui est sur de nombreux points remise en cause.
L’évolution observée va dans le sens d’une recherche de libertés et d’une diminution des
contraintes, d’une part et d’autre part de la répression des violences.
Le grand mouvement de libéralisation des mœurs des années 1970 à savoir reconnaissance du
droit à l'avortement, utilisation d'une contraception efficace, multiplication des divorces,
augmentation du célibat, structuration familiale nouvelle avec les familles recomposées, et les
nouvelles parentalités dans les couples homosexuels.
La sexualité prend une part largement reconnu participant au bien être à la bonne santé
psychique et physique une logique pour permettre un métabolisme moins perturbé par le
stress, le manque de confiance en soi ou par les conflits intérieurs. Nous sortons d’une très
longue période où la sexualité était dénigrée dès qu’elle sortait des chemins restrictifs
autorisés.
Parallèlement on assiste à l'augmentation de la répression des violences faites aux femmes,
viols, violences conjugales, ainsi qu’à l'augmentation de la répression des violences faites aux
enfants, la pédophilie n'a jamais été autant réprimée et dénoncée.
L'idéal écologique qui est sans doute la valeur montante la plus significative a ses applications
dans l'alimentation, dans le rapport au corps et dans les rapports humains (recherche du
naturel et dénonciation d’une certaine superficialité des échanges. SOVAN
La communication numérique par ses moyens d’une puissance gigantesque impacte toute la
vie de relation, facilité et légèreté sont les maitres mots. ABDEL
Impact des communications numériques sur les relations humaines (Abdel)
La révolution sexuelle de la fin des années 60 a détruit des tabous amenant à une liberté
sexuelle et une révolte qui a induit des changements substantiels dans les relations en général.
Ces transformations actuellement assumés prennent de nouvelles évolutions, notamment suite
à l’évolution des moyens de communications numériques qui a bouleversé nos habitudes.
L'arrivée du numérique a modifié les contacts humains et transformé largement sa vie privée.
Les contacts sont nombreux multipliant les possibilités de rencontres (les réseaux sociaux,
sites de rencontre, blogs) l’individu s’offre le confort de profiter de ce catalogue relationnel,
recherchant des affinités communes, des fantasmes communs. Ces points communs
recherchés peuvent couvrir des domaines divers comme les loisirs, la culture, la
politique...pour favoriser les rencontres et multiplier les liens.
Cette logique d’optimisation s’apparente aux méthodes industrielles de gestion de données
permet d'apporter facilement à un grand nombre de personne la haute technologie. Ainsi de
nombreuses personnes isolées géographiquement ou bien inhibées par les contacts directs
peuvent communiquer plus facilement. La création de cette interface virtuelle favorise un
aspect « shopping », dans la mesure où on estime qu’on a toujours le choix et qu’on peut
toujours trouver mieux.
Ces transformations sont le corollaire d’une recherche de liberté et d’un rejet de contraintes.
La disparition des contraintes de la morale traditionnelle permet largement plus de libertés
mais le zapping institutionnalisé n'offre pas toujours une sécurité affective. Certains
développant trop excessivement le virtuel se trouvent en réalité dans une grande solitude.
L’accessibilité des contacts renforce le potentiel d’établir des relations, mais est-ce qu’elle
assure sa pérennité ?
Les technologies de communication sont en fait tellement nouvelles que l'on connait encore
peu les conséquences sur les règles de vie. Quelles sont les limites de son utilisation sur « la
santé » des relations ?
Quelle sera l'évolution de l’éthique relationnelle actuellement numérico-assistée ?
L'éthique du corps, une forme d'éthique esthétique par Sovan
D'abord, nous revenons à des valeurs plus naturelles, en rapport à une conscience accrue par
notre engouement pour l'écologie. Respecter la nature, c'est aussi respecter notre corps de
façon interactive.
Notre corps pris en compte, par voie de conséquence se dirige vers une esthétique. Prendre
soin de sa santé, prendre soin de notre aspect, c'est se respecter et respecter autrui, cela
reviendrait à une forme de dignité et de politesse, dans un désir de séduction, d'être agréable.
De ce fait, sa relation à soi-même, et sa relation aux autres s'en trouvent améliorées. Nous
entrons par là même dans un schéma de relation non-violente.
L'axe esthétique, même s'il est visuel, donc à priori extérieur est indissociable de l'axe santé
(qui concerne notre intérieur), mais je vais cependant les développer séparément pour les
rejoindre ensuite.
L'axe de Santé:
Bien connaitre ses besoins: Notre état de santé nécessite une bonne écoute de nos besoins.
Rythme de la journée: un juste équilibre entre l'énergie donnée et l'énergie récupérée (cela
pourra être développé par les débats).
Les besoin alimentaires: notre corps cellulaire a besoin de manger de bons "aliments corps
cellulaires". Nous ne nourrissons pas notre estomac ou notre gourmandise, mais nos cellules.
La notion de plaisir est cependant importante, car de bonnes émotions amènent de bons états
physique et favorise l'assimilation. Prendre soin de ce que nous donnons à notre corps c'est
prendre en compte un capital de base qui nous est donné, et en faire son capital de vie. C'est
se prendre en compte, se respecter, vieillir en bonne santé. Donner n'importe quoi n'importe
quand à son corps c'est se dissocier de lui, et les conséquences sont multiples: attendre que
d'autres le fassent à votre place? Devenir trop maigre ou trop gros, abîmer son capital
articulaire. Si vous maigrissez trop vous asséchez toute votre structure osseuse et organique,
sans compter que le cerveau a aussi besoin d'énergie. Si vous êtes trop faible c'est dangereux
pour le cœur. Trop grossir, et vous accélérez le processus de vieillissement de vos
articulations (arthroses, hernies...) et votre cœur est plus fragile. Pour simplifier demandez à
une voiture qui peut tracter 100 kg, d'en tracter le double? Le moteur explose. Conséquences
possible? Dépression grave, dépendances médicales, ou humaines, mort.
L'Axe esthétique:
Un corps bien nourri, un corps entendu, et bien entretenu par une activité physique adapté
(pour certains le yoga, pour d'autres la natation etc), cela s'en ressent sur l'état de santé
générale: plus d'immunité, meilleure circulation sanguine, une plus belle peau, un meilleur
sommeil et le système nerveux amélioré. Par voie de conséquence, une meilleure estime de
soi, une amélioration de la posture et de son apparence.
Les points abordés pendant le débat :
1 - Une remarque est faite à propos de la dernière intervention pour souligner le fait que les
conditions sociales interviennent dans la façon dont chacun se perçoit lui-même, par exemple
une personne en perte d’emploi se percevra différemment de la façon dont se percevra une
personne qui est stable dans son emploi.
2 - Une autre participante signale l’existence d’un ouvrage intitulé « Comment j’ai arrêté de
con---sommer »
3 - Sovan précise « on est émotion » mais le monde du travail nous coupe de nos émotions. Et
alors on attend d’être malade pour s’en rendre compte.
4 - Il ne faut pas renier ses émotions mais il faut les reconnaitre pour se déterminer par rapport
à elles.
5 - Le respect des autres passe aussi par son apparence personnelle. Aujourd’hui les choses
sont moins pérennes mais est-ce important ? C’est le sens qui doit être au cœur des
préoccupations.
6 - Les gens sont de moins en moins réceptifs.
- Une enquête montre qu’actuellement dans les grandes villes les hommes ressentent pas mal
de peur vis à vis des femmes, une large majorité des hommes craignent de ne pas satisfaire
l'attente des femmes. Des femmes présentent regrettent que les hommes n’osent plus les
aborder directement.
7 - De nos jours les enfants ont plus de liberté mais ils font l’objet de plus en plus de
récupération marchande.
8 Gérard rappelle les trois aspects de l’éthique contemporaine : respect, réduction des
contraintes, légèreté des positionnements.
9 - Abdel rappelle qu’avec internet nos recherches de relations ne sont plus dans le « savoir ce
que l’on veut » mais dans le « profiter de ce que l’on trouve ». Nos relations sont soumises à
une logique d’optimisation et donc à des remises en cause plus faciles et plus fréquentes
10 Un participant s’insurge alors « ce n’est pas possible de vouloir changer (ses relations et en
particulier au sein d’un couple) au moindre probme ». Cette façon de faire ne peut pas nous
apporter le bonheur.
11 - Gérard précise alors que le numérique facilite un accès plus facile à des rencontres mais
ne donne pas de recettes pour construire des relations de couple.
12 - Une participante (qui précise qu’elle est enseignante) fait le constat que la chose qui est
présente chez les élèves en échec scolaire aujourd’hui c’est l’intolérance à la frustration.
13 - Peut-on se construire sans modèle ? Aujourd’hui nous avons la liberté de choisir mais
pour être libre il faut savoir (avoir des connaissances). Aujourd’hui il y a perte de repères
certes mais les choses se construisent quand même sur des modèles.
14 Il faut se dire « qu’est-ce que je veux dans ma vie ? », se donner des objectifs et les
affronter pour se construire (référence à l’existentialisme)
15 - Une participante (enseignante) constate un développement de l’individualisme. L’école
est le lieu de la collectivité que l’on n’a pas choisi. L’on doit y promouvoir le vivre ensemble.
Mais par ailleurs l’école est le reflet de la société et les enseignants ne sont dès lors pas
toujours exempts d’individualisme.
16 - Gérard précise alors que l’éthique contemporaine va dans le sens d'avoir des références
multiples qui peuvent créer de la confusion mais que c’est une caractéristique positive dans le
sens où il y a une possibilité de choix et que l'on se retrouve moins dans un système de pensée
unique: « des références oui, une référence non ». Ces références multiples superposées sont
de plus en plus présentes dans la vie contemporaine.
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