Naissance de la RADIO LOCALE

publicité
CONTRIBUTION DE LA RADIO COMMUNAUTAIRE AUX QUESTIONS DE
DEVELOPPEMENT AU BURKINA FASO (Napon Arsene)

Bref rappel
Le Burkina Faso fait partie, des Etats pionniers en matière de Radio Rurale en
Afrique de l’ouest francophone. Créée en 1969 comme un des services au niveau de la
Radiodiffusion nationale, la Radio Rurale du Burkina a connu ses moments de noblesse
dans les années 1980, au temps où ; la coopération allemande lui apportait un appui
technique et financier. Sa mission principale était :
Accompagner les ministères de l’Agriculture, de l’Environnement et de l’Eduction
Nationale dans leurs missions de promotion du monde rural.
C’est l’une des raisons qui a amené l’Union des Radios et Télévisions Nationales
Africaines ; l’U.R.T.N.A. à créer le prestigieux Centre Interafricain d’étude en Radio rurale
de OUGADODUGOU. (CIERRO) au BURKINA. Cette grande
école qui a formé
d’éminents communicateurs de presque tous les pays de l’Afrique francophone de 1978 à
2006, date de sa fermeture.
Naissance de la RADIO LOCALE
Cette dynamique s’est poursuivie avec la création de la radio de proximité en 1984.
La plupart des cadres du Ministère de l’information de l’époque étaient sorties des grandes
écoles du Canada et ils avaient été séduits par les radios communautaires de ce pays.
La Radio locale traite des problèmes de son environnement immédiat. Elle donne
l'information de proximité. D’autre part, les populations n'ont plus besoin d'aller en ville
pour toucher les gens de leur localité pour les annonces et communiquées diverses.
La toute première radio locale a voir le jour en 1984 est celle de POURA que j’ai l’honneur
de gérer en ce moment
A ce jour il existe environ 50 radios communautaires au Burkina dont une dizaine créées
avec le concours de l’Organisation Intergouvernementale de la Francophonie (OIF)
connues sous le sobriquet de Radios (ACCT)
Les misions de la Radio locale communautaire.
La radio locale Communautaire de par son autonomie vis à vis des pouvoirs publics
lui donne la force pour dénoncer les maux de la société et critiquer l'action des décideurs
publics.
Loin de détruire ce pouvoir elle peut au contraire le consolider; aider à sauvegarder
l'équilibre de la société et lui fournir des indicateurs précieux.
Le canal de radio locale permet d'adapter les messages aux préoccupations du moment et
de l'endroit où la station est implantée.
Plus qu'aucun autre organe d'information, la radio locale participe à la sensibilisation et à
la mobilisation des communautés sur des activités relatives, à l'agriculture au
développement, à la santé, à l'éducation et à la culture
Une des misions assignées à la radio rurale est la collecte et la mise en valeur du
patrimoine culturel local dans son expression généralement ‘’orale’’. Cette mission illustre
la conception, selon laquelle les médias locaux doivent refléter la culture du milieu dans
lequel ils sont installés. Les différentes animations sur le terrain permettent de collecter et
de mettre en valeur la culture locale pour mieux la faire connaître. D'autre part c'est par la
radio que certains auditeurs ont accès à cette culture.
Atouts de la Radio locale
La radio locale est un outil important de communication accessible au monde rurale.
Quel que soit son pouvoir d'achat n'importe quel paysan peut se doter aujourd'hui d'un
poste récepteur vendu sur le marché pour moins de mille (1000) F CFA. Environs 2 Euros
La radio touche le plus grand nombre et le fait que les radios locales utilisent les
fréquences modulées rend leur écoute très confortable.
Si on prend la peine d'écouter le monde rural, on découvre une somme de savoir
étonnant. Les paysans ont une culture si vaste qu'eux-mêmes ne réalisent pas toujours,
parce que non mise en valeur.
Avec la radio on recrée l'atmosphère de l'arbre à palabre (c’est le lieu d'échange d'idées
dans les villages) pour un grand nombre de personnes à la fois. Il ne s'agit pas de donner
la parole aux ruraux mais de les écouter et de servir d'intermédiaire entre eux, d'une part
et entre eux et les experts d'autre part.
Enfin on constate que là où la radio est installée, beaucoup de choses ont ou évoluent
positivement. La radio contribue et améliore la campagne sanitaire, elle diminue l'exode
rural ; contribue à l'élimination des feux de brousse, favorise l'enracinement de la
démocratie. Elle fait prendre conscience que certaines pratiques traditionnelles sont
néfastes pour la santé.
La nécessité de se mettre en Réseau
Le RER/BURKINA est né en 2003 et regroupe aujourd’hui quatorze radios
communautaires. Pour donner plus de crédit au RER au regard des associations de
presse qui naissent chaque jour au gré des organisateurs d’un séminaires le RER/BF s’est
doté d’une charte a laquelle doit adhérer tout membre avant d’être admis
Six (06) radios attendent la prochaine AG pour examiner leurs demandes d’adhésions.

En se mettant en réseau les radios ont pu bénéficier des financements publics
accordés généralement à la presse privée

Signer plusieurs conventions de partenariat pour ces membres

Réaliser plusieurs coproductions,

Bénéficier des sessions de renforcement de capacité des membres en marketing
gestion et recherche financements organisés par les partenaires au développement
 Quels sont les acquis et de la radios locales aujourd’hui au BURKINA ?
1. Contribution de la RADIO communautaire a l’enracinement de la
Démocratie
Considérée pendant longtemps par les responsables politiques comme des organes
peu professionnels ; la radio communautaire ne participait aux activités politiques jusqu’en
1998 date à laquelle est née le Conseil Supérieur de la Communication, (CSC.) l’organe
de régulation de l’audio visuel au BURKINA
Depuis cette date les radios locales qu’elles soient privées et publiques ont été misent à
contribution pour accompagner le processus de démocratisation.
Pendant les périodes électorales le CSC alloue une subvention aux radios pour leur
permettre de donner gratuitement des temps d’antennes aux parties politiques, la CENI
et les Organisations de la Société Civile font également
recours aux radios locales ;
qu’elles soient privées ou publics pour sensibiliser et mobiliser les populations pendant
les campagnes électorales.
Les résultats à ce jour sont très encourageants et visibles car hormis les cas isolés et de
quelques radios qui ont tenté de tricher ; le Conseil n’a pas eu de remarques majeures à
l’encontre des organes de presse au niveau locale.
On a seulement remarqué que là ou sont installées les radios locales, Il a y a eu une
grande mobilisation pour les inscriptions sur les listes, une plus grande participation des
électeurs. C’est dans ces régions qu’il y au eu, moins de fraudes car la radio locale a
couvert le scrutin, assisté aux dépouillement et a procéder à la diffusion in situ des
résultats
2. A la bonne gouvernance.
Il n’est pas besoin d’image ou de caricature pour affirmer que là ou est installée une
radio, les choses sont mieux gérées à cause des émissions de débats et participatives. Ce
sont les émissions les plus animées et les plus prisées : Les auditeurs sont très alertes à
critiquer plutôt qu’a apporter des propositions alternatives.
Pour la mise en route de sa politique de communalisation intégrale, l’Etat a exigé des
Maires de toutes les communes rurales, de se mettre en relation avec les medias locaux
pour réussir cette étape de la bonne gouvernance. A ce jour plus de cent communes sur
les 350 que compte le BURKINA ont signé des contrats de partenariat et de prestation de
services pour mettre en œuvre leurs plans de communication
Les radios locales sont régulièrement sollicitées par les acteurs de la société civile pour
des partenariats de productions d’émissions d’éducations civiques. C’est le cas depuis
plusieurs années du CENTRE AFRICA OBOTA, du GERDESS, de l’Institut PANOS etc.
3. Aux objectifs du développement.
Depuis quelques années les Institutions œuvrant pour le développement du monde
rural ont compris que les meilleurs supports pour atteindre leurs cibles sont les medias
locaux. Au niveau de la santé nous citons généralement avec fierté de cas de la Radio
DIAPAGA et le district Sanitaire de cette région : Parce que ayant compris l’importance et
la force de la Radio de proximité le District sanitaire a signé un partenariat avec cette radio
et produit quotidiennement des émissions de sensibilisation dans le cadre d’un
programme Intégré. Depuis trois années consécutives ce Centre sanitaire a obtenu le Prix
du meilleur district sanitaire du BURKINA. Il couvre plus de 100% de son cible en matière
de campagnes de vaccination et a le meilleur taux de fréquentation. RADIO DIAPAGA qui
est située à 650 Km de la Capitale. Elle a eu cette année le GALIAN de meilleur
partenaire de développement.
L’UNICEF a signé des Conventions pour les campagnes de sensibilisation avec la plupart
des radios locales et les résultats sont si intéressants que l’UNICEF a décidé depuis 2006
d’élargir progressivement ce partenariat (PIC) a toutes les radios locales pour résoudre un
certain nombre de problèmes dans chaque région : (Droits de l’enfant ; Etablissement de
pièces d’état civil, Scolarisation, Santé maternelle et de la reproduction etc.
LES CONTRAINTES DES RADIOS COMMUNAUTAIRES AU BURKINA SONT DE
TROIS GRANDES ORDRES.
01 - La numérisation de nos stations et le renouvellement des équipements de
Diffusions et de productions.
Sur les 14 radios membres du ReR ; seulement 03 sont connectées à Internet et
produisent en numérique.
A cette première contrainte on peut greffer la contrainte ‘’source d’énergie‘’. Faire
fonctionner une radio sur groupe électrogène, sous entend un bon technicien pour la
maintenance du Groupe afin de fournir un courant fiable ; ce qui est rarement le cas.
Le renouvellement des équipements. L’évolution très rapide des TIC fait que les
équipements existants n’ont plus de pièces de rechanges. Il faut impérativement
renouveler les équipements de diffusion. Si l’on considère que les radios locales sont
implantées en milieu rural, donc dans des zones où il y a de faibles ressources ; on pose
du même coût la question de la viabilité de ces radios qui remplissent un important rôle
de développement mais ne font pas toujours du profit. A mon avis c’est la plus grande
difficulté que les partenaires de AMARC peuvent contribuer à résoudre
02 – Le renforcement des capacités des agents pour une production de qualité et en
quantité.
Aujourd’hui avec l’apparition des Radios satellitaires ; l’installation des radios privés on ne
peut plus donner aux auditeurs des produits médiocres. Les productions doivent être de
qualité et les thèmes maîtrisés d’où la nécessité de renforcer régulièrement les capacités
des animateurs et responsables des radios communautaires. Alors que très souvent
l’effectif des animateurs des radios est constitué essentiellement de personnes bénévoles
parfois instables. La solution immédiate que propose le RER/BF‘ est la coproduction ; la
création d’une banque de programme et les voyages d’études. Nous avons une bonne
expérience dans ce domaine que nous pouvons partager avec les autres.

Téléchargement