Samuel Elikan - 2OS pp2 GAP – Novembre 2005
Philosophie : foi et raison. Travail écrit
Philo : foi et raison Page 4 17/04/2017
et parfois aussi à soi-même. Ceux qui adhèrent à cette perspective affirmeront peut-être que la raison
est limitée, mais ils ne diront pas que la foi est un refuge à l’ignorance, car on croit tout le temps.
- Est-il possible de fonder rationnellement l’existence d’un Etre suprême ?
Nombreux sont les philosophes qui ont tenté de prouver l’existence de Dieu par la raison. Mais si c’était
possible, ce serait une certitude objective non réfutable qui deviendrait alors scientifique.
Hegel, tente de concilier philosophie et théologie. Pour ce faire, il dit que reconnaître Dieu, c’est connaître Dieu
en vérité et que dès lors, le contenu absolu de la religion est identiquement le même que le contenu absolu de la
philosophie, et la tâche de la philosophie de la religion est de montrer que « le contenu de la religion et celui de
la philosophie ne peuvent différer, car il n’existe pas deux consciences de soi de l’Esprit absolu pouvant avoir un
contenu divers et opposé
». Alors, pour lui la différence entre foi et raison, n’est pas de contenu, mais de niveau
conceptuel : « la philosophie a pour tâche de mettre sous la forme du concept ce qui est dans la religion sous la
forme de la représentation et que le contenu est le même et doit l’être, c’est la vérité » (ibid.).
La conciliation d’Hegel de la philosophie et de la théologie résoudrait bien des problèmes entre foi et
philosophie, cependant, on peut lui reprocher, à lui aussi, de partir d’un à priori : l’existence de Dieu. En plus,
dans ce passage, il ne donne aucune preuve que Dieu existe.
Cette question de la possibilité de prouver l’existence de Dieu prend un intérêt d’autant plus certain à nos yeux.
Mais comme le dit Augustin : « Je crois parce que c'est absurde. ». Cela, pour définir la foi : nous n'avons nulle
preuve de l'existence de Dieu et donc, croire en Dieu (ou n'y pas croire) relève d'un choix d'existence, qui reste
néanmoins non fondable en raison. Donc, d’après Augustin, (et Pascal, qui dit : « le cœur a ses raisons, que la
raison ne comprend pas ») ça serait impossible, mais la question reste ouverte …
- La croyance est-elle hétérogène à la rationalité? Ya-t-il une compatibilité entre elles ?
Comme nous l’avons vu auparavant, la croyance, la foi est par définition différente et opposée à la
raison, moteur de la philosophie.
Néanmoins, la foi et la raison sont compatibles, comme nous l’avons vu précédemment chez Thomas
d’Aquin et on peut aussi retrouver cette idée dans le proverbe : « fides quaerens intellectum », la foi
cherche la compréhension. Ou comme le dit J. Hersch (L’étonnement philosophique, p.91-92) : « Cela
signifie qu’on ne saurait atteindre l’essentiel à l’aide de la seule raison. Pour que la raison atteigne ce
qu’elle vise, il faut que soit donné d’abord la nourriture de la foi ».
Pour conclure, je dirais que de toute façon, si on regarde du point de vue de la foi, la raison est
secondaire à celle-ci, pour des raisons citées.
Et si on regarde la chose de point de vue de la raison, on peut observer que la foi, les croyances sont
souvent présentes en nous, presque malgré nous, car avant d’être en âge de philosopher, nous avons
déjà été éduqués et une civilisation, une culture nous ont été inculquées. Il est dur de s’en débarrasser,
et donc notre vision du monde, ainsi que notre raison, sont influencés qu’on le veuille ou non de ces
croyances.
Vient s’ajouter à cela, le fait que tout savoir a une base (ex. axiomes en mathématiques, etc.)
Ou comme le dit Nietzsche :« […] où la science ira-t-elle chercher cette conviction absolue, cette foi
qui lui sert de base et qui dit que la vérité importe plus que toute autre chose, y compris toute autre
conviction ? Cette conviction de base ne peut pas se former si le vrai et le non-vrai se sont toujours - et
c’est le cas ! - affirmés utiles l’un et l’autre. Donc la foi dans la science, cette foi qui existe en fait
d’une façon incontestable, ne peut avoir son origine dans un calcul utilitaire ; elle a dû se former au
contraire malgré le danger et l’inutilité de la « vérité à tout prix », danger et inutilité que la vie
démontre sans cesse
».
Bref, tout cela pour dire que l’on est déterminé à croire et donc que la raison seule ne suffit pas. En
effet, presque toute chose qu’on peut fonder en raison a une base, bien souvent c’est une croyance, qui
est la base, telle la théologie, basée sur la doctrine sainte, ce qui prouve que la foi, n’implique pas une
démission de la raison.
Hegel, Leçons sur la philosophie de la religion, I, 245-246
F. Nietzsche, Le Gai savoir, §344