La SEP chez les patients âgés La SEP primaire progressive se déclare plus fréquemment chez les patients d’un âge avancé Un groupe non négligeable de personnes (10 à 20 % selon la littérature) développent la sclérose en plaques à un âge avancé. Dans ce groupe de patients âgés, la proportion d’hommes et de femmes a tendance à être plus équilibrée. La progression de la SEP est en moyenne plus rapide que chez les jeunes. Ce qui s’explique par le fait que ce groupe compte davantage de patients atteints d’une SEP primaire progressive (de 60 à 70 %). Ceux-ci ne connaissent pas de poussées et leur maladie évolue de mois en mois ou d’année en année. Si bien qu’après un certain temps, ces patients développent un trouble fonctionnel ou un handicap grave. À cela s’ajoute encore le fait qu’aucun médicament permettant de freiner l’évolution de la SEP primaire progressive n’est disponible sur le marché. Il s’agit donc d’un groupe qui, médicalement parlant, devrait bénéficier d’une attention plus soutenue. Heureusement, un nombre croissant d’études ont été lancées ces dernières années dans le but de mettre au point un traitement permettant de ralentir l’évolution de la SEP primaire progressive. Il va de soi que le traitement des symptômes revêt une importance tout aussi grande quand il s’agit de préserver la qualité de vie. Qu’en est-il de l’espérance de vie des patients atteints de SEP ? Le deuxième grand groupe est constitué de patients qui ont développé une SEP à un jeune âge et qui vieillissent. Il s’agit heureusement du groupe le plus important et il compte une majorité de personnes atteintes d’une forme relativement bénigne de la SEP, certainement les premières années. Il est communément admis qu’environ 20 % des SEP débutantes avec poussées et rémissions sont bénignes. Naturellement, les personnes atteintes de cette forme de SEP vivent presque aussi vieilles que les autres. Ensuite viennent les personnes (en nombre croissant) qui sont traitées depuis les débuts de la maladie afin d’en ralentir l’évolution. Ce traitement immunomodulateur (l’interféron bêta, l’acétate de glatiramère ou les récents traitements de deuxième ligne, plus invasifs) est disponible sur le marché depuis plus de 15 ans et fera petit à petit augmenter le nombre de patients âgés. Une étude indique que c’est bel et bien le cas, même si le changement n’est pas encore très flagrant. À quoi les patients de plus de 60 ans atteints de SEP doivent-ils avant tout prêter attention ? D’un point de vue strictement médical, ils doivent bénéficier des meilleurs soins pour leur SEP. Ce qui signifie que ce groupe ne peut absolument pas être négligé par le monde médical. Il semble pourtant que ce soit le cas. Ce groupe entre moins en ligne de compte pour les « traitements modulateurs » (plus chers) et n’intéresse que peu les chercheurs (ainsi que l’industrie pharmaceutique). Un grand nombre de personnes âgées atteintes de SEP se trouvent en phase secondaire progressive, dont l’évolution est souvent plus lente si bien qu’ils ont effectivement moins besoin de ces nouvelles thérapies. Par contre, ils requièrent une attention pleine et entière en ce qui concerne le traitement des symptômes, mais il ne faut pas pour autant négliger les soins visant au maintien d’un bon état général, l’exercice physique, la prévention des complications et le contact social. Il leur faudra plus fréquemment consulter un urologue ou un médecin rééducateur par exemple. Il importe également d’analyser à temps la situation sociale et psychologique de la personne âgée atteinte de sclérose en plaques. Un grand nombre de dispositifs sociaux peuvent encore être mis en œuvre avant la retraite et le 65e anniversaire alors qu’après ce cap, la législation sociale change, si bien que des personnes passent parfois à travers les mailles du filet. Penser à temps à adapter sa maison peut faire toute la différence pour la qualité de vie une fois les vieux jours arrivés. Un autre bon conseil consiste à soigner la relation avec la famille, les enfants et les amis, même si ce conseil n’est pas toujours écouté. Il peut pourtant avoir son importance quand la solitude s’installe. La littérature fait fréquemment état d’affections vasculaires comme l’infarctus du myocarde ou cérébral chez les patients SEP hospitalisés. Nous pouvons partir du principe qu’il en va de même chez les patients qui restent chez eux alors qu’ils vieillissent. Contrôler la tension et le cholestérol, suivre un programme pour arrêter de fumer et traiter l’arythmie cardiaque s’avère donc tout aussi crucial pour les patients atteints de sclérose en plaques. Il est probable que chez les patients SEP comme dans la population générale, le cancer et la démence augmentent avec l’âge. Je n’ai pourtant trouvé que très peu de données à ce sujet dans la littérature. Attention accrue pour les soins de santé des personnes âgées Un article paru récemment dans « The Lancet », une revue médicale de qualité, appelle à davantage d’attention pour les soins de santé des personnes âgées. Cet article est cosigné par un groupe de médecins de premier plan en Europe, en Inde, aux États-Unis et au Canada. Ils y écrivent que la médecine gériatrique doit sortir de la sphère d’une approche négative, caractérisée notamment par des questions sur l’accessibilité et le coût des soins de santé des personnes âgées. Ils demandent de ne plus considérer le fait de « vivre plus longtemps » comme un problème pour la médecine, mais bien comme un défi. Un défi qui consistera à penser le vieillissement autrement et à fixer des priorités politiques et stratégiques différentes afin de libérer davantage de moyens pour les personnes âgées, plus fragiles. Il en résultera que les personnes âgées de plus de soixante et septante ans resteront plus longtemps en bonne santé, contribueront davantage à la société et pourront mettre leur riche expérience à la disposition des plus jeunes. L’article en question parle des soins de santé en général, mais il s’applique tout à fait aux soins destinés aux patients âgés atteints de sclérose en plaques. Dr R. Medaer – Université de Hasselt – Centre de Neurologie – Hasselt. Source : Multiple Sclerosis in the Elderly Patient. Amer Awad and Olaf Stüve Drugs & Aging, 2010, Apr. 1, 27, pp. 283-294