La première et seule mention d’une découverte marquante contribuée par la Chine
arrive tardivement, en 2001, avec cet énoncé : Des fermiers chinois trouvent un
fossile du genre canard, couvert de plumes ! Mais la notice peut-être la plus
révélatrice, quant aux préjugés de la science moderne envers les savoirs traditionnels,
est celle-ci : 1720. Lady Mary Wortley Montagu -> Introduit une technique primitive
d’immunisation contre les maladies. En réalité, cette aristocrate britannique distinguée
introduisit (en Europe), des pratiques ottomanes traditionnelles (inconnues en Europe),
de vaccination contre la variole (probablement venues d’Inde ou de Chine, autour du
deuxième siècle avant J.C.), dont elle avait appris l’existence alors que son époux était
ambassadeur à Istanbul – un acte de transmission du savoir fort respectable, mais pas
vraiment un monument universel dans l’histoire de la science.
La Renaissance européenne (rinascimento en italien) se référait expressément à
l’antiquité gréco-romaine : réveil des beaux arts, résurgence des académies. La
période intermédiaire fut appelée ‘médiévale’, et devint perçue comme un ‘âge
sombre‘, interlude obscur entre deux brillantes phases de civilisation.
Dans le sillage de la Renaissance, s’instaura une série de divorces :
- divorce entre politique et religion (Machiavel), suite aux guerres de religion
entraînées par la Réforme ;
- divorce entre science et religion, après la condamnation de Galilée par le Vatican.
Une liste impressionnante de tels divorces apparaît dans une phrase célèbre de Robert
Hooke (1663), rédigée pour les statuts de la naissante académie britannique : The
business and design of the Royal Society is to improve the knowledge of natural
things, and all useful arts, manufactures, mechanick practices, engynes and inventions
by experiments (not meddling with divinity, metaphysics, moralls, politicks, grammar,
rhetorics or logick).
Ainsi émergèrent conjointement une revendication d’autonomie, et un accent mis sur
l’exclusivité :
- exclure charlatans et pseudo-sciences (astrologie, alchimie),
- mais aussi l’éthique, en raison des liens anciens entre moralité et religion,
- et une vaste part des savoirs traditionnels provenant d’observation et d’expérience
prolongées, plutôt que via des expérimentations décisives effectuées en laboratoires.