BBonnin Régime de Vichy, collaboration, Résistance La France va connaître, après sa capitulation en Juin 1940, l’une des périodes les plus noires de son Histoire. Sous la conduite du Maréchal Philippe Pétain, le nouveau régime de l’Etat français va devenir un Etat autoritaire et collaborationniste. I- La France de Vichy Problématique : Quelles sont les caractéristiques du régime de Vichy ? En France, la défaite de Juin 1940 provoque l’effondrement de la IIIe république et l’instauration d’un régime autoritaire, l’Etat français, dont le gouvernement siège à Vichy. 1- L’Etat français A- Le Maréchal Pétain au pouvoir Après le déclenchement de l’offensive allemande en Mai 1940, le Président du Conseil, Paul Reynaud, fait entrer le Maréchal Pétain au gouvernement (17 Mai). Il pense trouver dans le héros de Verdun le meilleur rempart pour la défense du pays. Un mois après, la défaite de l’armée française est totale. Paris tombe aux mains des Allemands le 14 Juin et le gouvernement se réfugie à Bordeaux. Le 17 Juin, Pétain est nommé chef du gouvernement par le Président de la république Albert Lebrun, en remplacement de Reynaud démissionnaire. Il appelle le jour même à l’arrêt des hostilités et fait « don de sa personne à la France ». Le 22 Juin, l’armistice est signé à Rethondes et Adolf Hitler va imposer de sévères conditions à la France, notamment la division (hormis l’annexion de l’Alsace et de la Moselle au Grand Reich) de son territoire en deux zones séparées par une ligne de démarcation : une zone occupée au Nord et une zone « libre » au Sud ; mais aussi le versement à l’Allemagne de lourdes indemnités d’occupation. Le 10 Juillet, l’Assemblée nationale est convoquée à Vichy et vote à une large majorité les pleins pouvoirs à Pétain afin d’établir une nouvelle Constitution (qui ne sera jamais promulguée). Le lendemain, Pétain s’autoproclame « chef de l’Etat français » et s’arroge tous les pouvoirs. Il nomme aux emplois civils et militaires, dispose de la force armée, légifère par décret et rend la justice en dernier ressort. Il cumule ainsi les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. La démocratie disparaît. B- La « Révolution nationale » a- Un nouvel ordre moral Pétain souhaite régénérer le pays et fonder un ordre nouveau basé sur des valeurs traditionnelles poussées à l’extrême. Fondée sur la devise « Travail, famille, patrie », la politique dite de la « Révolution nationale » met l’accent sur le retour à une société traditionnelle, patriarcale et hiérarchisée où règne l’ordre moral. Elle prône des valeurs telles que la religion, le patriotisme, la famille, l’éducation, le travail de chacun. Ainsi, dans le monde du travail, les syndicats sont supprimés et transformés en corporations étroitement contrôlées, regroupant patrons et ouvriers (Charte du Travail). La famille est quant à elle protégée : le Code de la famille est renforcée, le divorce devient plus difficile à obtenir, l’avortement est sévèrement réprimé et les parents de familles nombreuses reçoivent des décorations nationales. Le culte de la patrie est enseigné à l’école et dans les mouvements de jeunes, comme les « Chantiers de Jeunesse ». La Légion Française des Combattants organise un véritable culte autour de la personne du Maréchal Pétain. 1 BBonnin b- Un régime d’exclusion Dès l’été 1940, la « Révolution nationale » va mener une politique d’exclusion de certaines catégories de personnes considérées comme « l’anti-France » : l’administration est épurée, les francs-maçons sont pourchassés et les hommes d’Etat de la IIIe république, tels que Léon Blum et Paul Reynaud, sont emprisonnés. Le régime annule les naturalisations et crée des camps d’internement pour les étrangers et tous ceux accusés d’activisme communiste. De sa propre initiative, l’Etat français mène une politique antisémite. Exclus de la fonction publique, puis de la plupart des professions libérales (Loi du 3 Octobre 1940), les Juifs sont contraints au recensement (Loi du 2 Juin 1941) et privés de leurs biens (Loi du 22 Juillet 1941). Le nouveau régime de Vichy prétend reconstruire la France sur un nouvel ordre moral, en excluant de nombreux Français et en collaborant avec les forces d’occupation allemande. 2- La France au service de l’Allemagne : la politique de collaboration Les hommes de Vichy souhaitent s’entendre avec l’occupant pour donner à la France une place de choix dans « l’Europe allemande » de l’après-guerre. Se déclarant « prêt à rechercher la collaboration dans tous les domaines », Pétain et Pierre Laval, vice-président du Conseil, rencontrent Hitler à Montoire, le 24 Octobre 1940. La collaboration d’Etat est engagée. Elle va revêtir plusieurs formes : administrative, politique, économique, raciale et militaire. Laval, convaincu de la victoire finale de l’Allemagne nazie, a le projet de conclure une alliance militaire avec cette dernière. Pétain, jaloux de son autorité, le renvoie du Conseil en Décembre et le remplace par l’Amiral François Darlan qui, le 28 Mai 1941, signe les Protocoles de Paris qui mettent à la disposition des Allemands les bases maritimes et les aéroports des colonies françaises. En Avril 1942, sous la pression des Allemands, Pétain rappelle Laval au gouvernement. Ce dernier négocie la « relève » avec l’occupant. Le régime vichyste va également appuyer la politique d’extermination des Juifs décidée par les nazis. L’opération « Vent printanier » va permettre, par exemple, de rafler 12 884 hommes, femmes et enfants dans la nuit du 16 au 17 Juillet 1942 (rafle du Vel d’Hiv) et de les envoyer à Auschwitz. En tout, quelques 76 000 Juifs seront déportés durant l’Occupation. Après l’invasion de la zone « libre » par les Allemands et les Italiens, le 11 Novembre 1942, suite au débarquement allié en Afrique du Nord, Vichy n’est plus qu’un Etat soumis à l’occupant. En Janvier 1943, Laval crée la Milice française pour lutter contre la Résistance et aider les Allemands dans la traque des Juifs. Le 16 Février, il instaure le STO (Service du Travail Obligatoire) qui conduit 650 000 Français en déportation de travail vers l’Allemagne. En 1944, Pétain tolère l’entrée dans son gouvernement des ultra collaborationnistes Marcel Déat, Philippe Henriot et Joseph Darnand. Loin d’avoir protégé les Français, le régime de Vichy s’est transformé en auxiliaire de l’Allemagne hitlérienne. Cette période va meurtrir durablement le pays. II- La France libre et la Résistance Problématique : Comment s’organise et se développe la Résistance française ? Le 18 Juin 1940, depuis Londres, le Général Charles de Gaulle lance un appel à poursuivre le combat. C’est l’acte de naissance de la Résistance et de la France libre. 1- Le temps difficile des initiatives individuelles Après la capitulation, le Général de Gaulle ne rassemble autour de lui à Londres, que 7 000 volontaires regroupés au sein des Forces Françaises Libres (FFL). Une petite partie de l’empire colonial se rallie également à lui. 2 BBonnin La Résistance intérieure, sur le territoire national, naît dès les premiers temps de l’Occupation, mais les résistants seront très peu nombreux avant 1943. La majorité des Français, démoralisée, surtout préoccupée par le coût de la vie et les problèmes de ravitaillement, est alors favorable à Pétain. Cependant, certains ne se résignent pas : le 11 Novembre 1940, bravant l’occupant et la police de Vichy, des lycéens et étudiants fleurissent la tombe du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe à Paris. Les premiers actes de résistance sont ainsi spontanés et isolés. Mais bientôt, des mouvements et des réseaux se constituent : Libération, Combat, Franc-Tireur… Ils sont composés d’hommes et de femmes issus de milieux sociaux, culturels et politiques divers. Des étrangers se joignent au combat : antifascistes italiens, antinazis allemands et républicains espagnols réfugiés en France, immigrés polonais et arméniens, Juifs apatrides. 2- « L’armée des ombres » En 1940, les résistants actifs représentent une faible minorité de Français. Mais leurs effectifs se renforcent au fil du temps et les actions se diversifient. La Résistance va revêtir des formes multiples qui vont de l'attentisme prudent ou l'écoute de la BBC, jusqu'à l'action directe (attentats, sabotages) ou la lutte armée dans les maquis, en passant par les manifestations patriotiques, le renseignement, la diffusion de la presse clandestine, la participation à des réseaux d'évasion, le refus du STO. Cette « armée des ombres » va ainsi intensifier ses actions mais reste profondément divisée sur les plans idéologique et stratégique. En 1943, tous les mouvements de résistance acceptent de s’unifier sous l’autorité du Général de Gaulle : il est relayé en France par l’ancien Préfet Jean Moulin qui fonde le Conseil National de la Résistance (CNR), dont la première réunion se tient le 27 Mai 1943. Le CNR est chargé de préparer la libération du pays et l’établissement d’une véritable démocratie politique, économique et sociale. L’ensemble des résistants sont alors regroupés dans les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). 3- 1944 : une action militaire et politique Les FFL et les FFI vont participer militairement à la Libération de la France. Dans les armées alliées, les FFL prennent une part active aux combats. Ainsi, le 15 Août 1944, la 1ère Armée française du Général de Lattre de Tassigny débarque en Provence, puis remonte jusqu’en Alsace. Le 25 Août, la 2e DB du Général Leclerc libère Paris. Le soutien qu’apportent les FFI aux débarquements alliés est salué par le Général Eisenhower, commandant en chef des forces armées alliées. Dès son retour en France, le 25 Août, le Général de Gaulle met en place un gouvernement provisoire composé de résistants (Gouvernement Provisoire de la République Française, GPRF). En imposant ses représentants sur le territoire libéré, il restaure l’Etat et la république. Il canalise l’épuration des collaborateurs, d’abord spontanée et violente, en créant des cours de justice. Laval est condamné à mort mais Pétain est gracié en raison de son âge. La Résistance, par ses valeurs et son programme, marque durablement la France de l’après-guerre. Depuis Londres et les colonies, ainsi qu’en France dans la clandestinité, les actions de la Résistance ont participé à la marche des Alliés vers la victoire. Pendant quatre années, la France va vivre sous le joug de l’occupant nazi aidé, dans une étroite collaboration, par le régime de Vichy. Des Français, conduits par l’idée d’une France libre, vont résister envers et contre tout, au péril de leur vie, pour permettre la Libération de leur pays. 3