GAME - CIRED CSTB - LIENS LRA- IAU - APUR METEO-FRANCE - AUAT CERFACS -ENM-CIRED GEODE - GRECAU IMT - ONERA DESCRIPTION DES SCENARIOS « GRANDES TENDANCES GLOBALES » DANS LE CADRE DES PROJETS ACCLIMAT & MUSCADE Atelier « scénarios » du 28 juin 2010 Date : 16/10/2010 Rédaction : Vincent Viguié Le projet MUSCADE a bénéficié d’une aide de l’Agence National de la Recherche portant la référence ANR-09-VILL-0003 Le projet ACCLIMAT a bénéficié d’une aide de la Fondation de Coopération Scientifique STAE Toulouse Page 1 GAME - CIRED CSTB - LIENS LRA- IAU - APUR METEO-FRANCE - AUAT CERFACS -ENM-CIRED GEODE - GRECAU IMT - ONERA Page 2 METEO-FRANCE - AUAT CERFACS -ENM-CIRED GEODE - GRECAU IMT - ONERA GAME - CIRED CSTB - LIENS LRA- IAU - APUR INTRODUCTION Il s’agit de scénarios décrivant l’évolution des prix de l’énergie dans le monde au cours du 21ème siècle, calculés à l’aide du modèle Imaclim du CIRED (cf annexe, pour une présentation du modèle). De nombreuses possibilités de scénarios existent, et nous avons cherché à établir des scénarios les plus contrastés possibles vis-à-vis de la description des transports. Deux des facteurs les plus notables pouvant affecter les transports au cours du prochain siècle sont d’une part les possibles politiques climatiques de stabilisation des émissions, et d’autre part les possibles impacts de l’épuisement des ressources fossiles. Nous avons ainsi établi 4 scénarios, que nous avons classés suivant ces deux critères : impact du peak oil (fort ou faible), et existence ou non d’une politique climatique de stabilisation des émissions. Un impact fort ou faible du peak oil n’est pas un paramètre en soi, il s’agit plutôt de la conjonction de plusieurs phénomènes : année plus ou moins tardive à laquelle se produit ce choc, facilité avec laquelle il est possible de passer d’une économie intensive en carbone à une économie qui utilise peu de ressources fossiles, taille de la population mondiale, qui entraîne une demande totale en énergie plus ou moins élevée, influence des pays producteurs de pétrole sur les prix etc. Ces paramètres influent dans un sens ou dans l’autre sur la vulnérabilité de l’économie mondiale au peak oil, et nous les avons tous regroupés en deux alternatives : l’une correspondant à un ensemble de paramètres rendant le monde vulnérable, et l’autre à un monde robuste. Voici une description détaillée des différents scénarios, et des évolutions calculées par le modèle Imaclim. Fort 2 4 1 3 Non Oui Impact du peak oil Faible Existence d’une politique climatique Figure 1 : Répartition des scenarios : par exemple, le scénario n°1 correspond à un monde où le peak oil a un impact faible et à une absence de politique climatique Scenario 1 : impact faible du peak oil, mais absence de politique climatique volontariste Page 3 GAME - CIRED CSTB - LIENS LRA- IAU - APUR METEO-FRANCE - AUAT CERFACS -ENM-CIRED GEODE - GRECAU IMT - ONERA Tout d’abord, nous supposons que la population mondiale croît continument, pour atteindre plus de 11 milliards d’habitants en 2100. Cette forte croissance provoque une demande totale d’énergie au niveau mondial très importante, hypothèse favorable à la demande et donc au financement de recherche et développement sur les énergies. Nous supposons également que le développement mondial et la demande en services énergétiques sont au final d’une part assez sobres en énergie, et que d’autre part cette énergie s’avère pouvoir être décarbonisée assez facilement. Pour aller dans le même sens, nous supposons que le montant des réserves ultimes de pétrole sont basses (3,1Tbaril), et qu’il y a des tensions sur les pétroles non conventionnels, qui peinent donc à se développer rapidement, ainsi que sur les autre ressources fossiles (gaz et charbon). Au niveau géopolitique, le Moyen Orient choisit de maximiser ses gains à court terme : tant que les économies sont captives des carburants liquides, il maintient des prix élevés du pétrole sur le court terme (80$ le baril). Ainsi il engrange des bénéfices en profitant de l’inertie des structures de production des pays importateurs, mais incite les autres pays à baisser leur dépendance au pétrole. En conséquence, le « peak oil » suite auquel la production de pétrole baisse assez rapidement, a lieu avant 2020, et le prix du baril croît très fortement après 2060. Ce prix qui était élevé dès les années 2000, à cause de la stratégie du Moyen-Orient a conduit cependant à une forte décarbonisation de l’économie, ce qui fait que le peak oil a un impact plutôt faible sur l’économie. Le prix des transports reste donc à peu près constant au cours du temps, les nouvelles technologies prenant le relais des technologies intensives en énergie d’origine fossile. Scenario 2 : choc pétrolier tardif entraînant des tensions énergétiques généralisées, climat hostile à l’investissement, mais absence de politique climatique volontariste Le Moyen Orient reproduit la politique des années 1982-1986 où il avait provoqué une baisse des prix dans l’espoir de maximiser ses gains à long terme, ceci pour s’assurer que les économies de l’OCDE resteront durablement dépendantes à la consommation de pétrole et pour retarder la pénétration des substituts possibles sur le marché. Le Moyen-Orient est capable de mener cette politique car il dispose de réserves de pétrole importantes : le montant des réserves ultimes mondiales est ici de 3,6Tbaril, et les investissements dans les capacités de productions sont soutenus au moment du « peak oil », de sorte qu’on a un « plateau » de production pétrolière pendant une petite dizaine d’années avant que la production ne décroisse. De plus, le déploiement des pétroles non conventionnels est facilité, de sorte qu’une partie de la déplétion du pétrole conventionnel est compensée par une rapide mise en production des non conventionnels. Les autres ressources fossiles sont également disponibles à prix relativement bas par rapport au scénario 1. On suppose également que la population mondiale croît jusqu'aux environs de 2050, puis décroit, pour atteindre moins de 6 milliards d’habitants en 2100. Le développement mondial et la demande en services énergétiques restent enfin très gourmands en énergie, énergie qui ne peut être décarbonisée que péniblement. Par conséquent, la conjonction d’un prix du pétrole bas pendant longtemps et d’une décarbonisation difficile conduit l’économie à rester très intensive en carbone jusqu’en 2040. La déplétion des ressources pétrolières est donc vécue comme un choc brutal qui provoque une montée brusque des prix pétroliers et du prix des transports en 2040, les prix ne revenant à des niveaux plus habituels qu’après la diffusion lente des technologies moins intensives en carbone. Scenario 3 : impact faible du peak oil, et politique climatique volontariste Page 4 GAME - CIRED CSTB - LIENS LRA- IAU - APUR METEO-FRANCE - AUAT CERFACS -ENM-CIRED GEODE - GRECAU IMT - ONERA Ce scénario est identique au scénario 1, sauf que les pays du monde entier adoptent une politique volontariste – non flexible – de réduction des émissions de CO2. On suppose que la coalition se met en place en 2011, avec pour but d’arriver à une concentration atmosphérique en CO2 de 450ppm en 2050. Pour cela une taxe mondiale est calculée tous les ans, de façon à faire coïncider les émissions avec une trajectoire qui atteint un maximum avant 2020 puis décroît et passe par un niveau de -20% en 2050 par rapport à 2001, puis -60% en 2100 par rapport à 2020. A cause des tensions sur les ressources fossiles déjà présentes dans ce scénario, la réduction des émissions de CO2 jusqu’en 2050 ne coûte pas très cher : la perte maximale de PIB mondiale par rapport à la baseline (scénario 1) est de 0.7% en 2022 puis elle diminue jusqu’à devenir positive entre 2036 et 2041 : le PIB mondial est plus élevé dans le scénario avec politiques climatiques que dans la baseline, car la présence de la taxe carbone dès 2011 a permis d’augmenter les prix des fossiles et donc de diriger les investissements vers plus de décarbonisation. L’économie est donc légèrement moins intensive en carbone et souffre moins de la déplétion des ressources pétrolières. En revanche, la saturation des technologies bas carbone (à savoir nucléaire, énergies renouvelables et véhicules électriques) associée à l’augmentation de la population rend très coûteuse la poursuite des politiques climatiques : les pertes de PIB recommencent à augmenter dès 2057, pour atteindre 8% du PIB en 2100. Lorsqu’on instaure des politiques climatiques dans ce scénario, la taxe est obligée d’atteindre des niveaux gigantesques (5000$/t en 2100) pour dissuader l’économie d’utiliser des ressources fossiles. De tels niveaux de taxe, dans un monde de 11 milliards d’habitants expliquent les pertes de PIB mondial Scenario 4 : choc pétrolier tardif entraînant des tensions énergétiques généralisées, climat hostile à l’investissement mais politique climatique volontariste Ce scénario est identique au scénario 2, sauf que les pays du monde entier adoptent une politique volontariste – non flexible – de réduction des émissions de CO2. Comme dans le scénario 3, on suppose que la coalition se met en place en 2011, avec pour but d’arriver à une concentration atmosphérique en CO2 de 450ppm en 2050, par l’imposition d’une taxe carbone calculée tous les ans. Jusqu’en 2040, les pertes de PIB provoquées par les politiques climatiques (différence entre le PIB dans ce scénario et le PIB dans le scénario 2) sont supérieures aux pertes provoquées par les politiques climatiques dans le scénario 3 (différence entre le PIB dans le scénario 3 et le PIB dans le scénario 1). En effet, à cause de la forte disponibilité des ressources fossiles et de la faible disponibilité des technologies non carbonées, la politique environnementale modifie profondément l’économie. Les pertes de PIB restent ainsi positives sur toute cette période et atteignent un maximum de 2,6% en 2022. Après 2020, en revanche, ces pertes diminuent fortement, devenant inférieures aux pertes provoquées par les politiques climatiques dans le scénario 3. La perte de PIB devient même positive (c’est-à-dire que l’on observe un gain de PIB) pendant 20 ans entre 2040 et 2060. Ceci est dû au fait que les politiques climatiques ont favorisé la diffusion de technologies utilisant peu de ressources fossiles, et que l’économie ressent donc moins fortement le choc dû au peak oil. Les politiques environnementales du scénario 3 avaient eu le même effet, mais de manière beaucoup moins marquée, car le choc pétrolier y était moins violent. Après 2080, de manière similaire au scénario 3, les pertes recommencent et retrouvent un niveau proche de 2,5% du PIB en 2100. Page 5 GAME - CIRED CSTB - LIENS LRA- IAU - APUR METEO-FRANCE - AUAT CERFACS -ENM-CIRED GEODE - GRECAU IMT - ONERA Page 6 GAME - CIRED CSTB - LIENS LRA- IAU - APUR METEO-FRANCE - AUAT CERFACS -ENM-CIRED GEODE - GRECAU IMT - ONERA Page 7 GAME - CIRED CSTB - LIENS LRA- IAU - APUR METEO-FRANCE - AUAT CERFACS -ENM-CIRED GEODE - GRECAU IMT - ONERA Page 8 GAME - CIRED CSTB - LIENS LRA- IAU - APUR METEO-FRANCE - AUAT CERFACS -ENM-CIRED GEODE - GRECAU IMT - ONERA Page 9 GAME - CIRED CSTB - LIENS LRA- IAU - APUR METEO-FRANCE - AUAT CERFACS -ENM-CIRED GEODE - GRECAU IMT - ONERA Annexe 1 : Technologies automobiles Le modèle Imaclim décompose la flotte de voitures en cinq types de véhicules, définis chacun par une consommation de carburant ou d’électricité. Pour l’Europe, voici la décomposition utilisée : Véhicules hybrides et normaux STD_STD 9.58 sTD_EFF HYB_STD 7.20 4.79 en l/100km HYB_EFF 2.53 Véhicules électriques ELEC 17.91 kwh/100km Voici la décomposition calculée pour chacun des quatre scénarios grande tendances (tous les chiffres sont en nombre de véhicules) : Page 10 GAME - CIRED CSTB - LIENS LRA- IAU - APUR METEO-FRANCE - AUAT CERFACS -ENM-CIRED GEODE - GRECAU IMT - ONERA Page 11 GAME - CIRED CSTB - LIENS LRA- IAU - APUR METEO-FRANCE - AUAT CERFACS -ENM-CIRED GEODE - GRECAU IMT - ONERA Annexe 2 : architecture d’Imaclim-R Monde1 La prospective de long terme et l’évaluation des politiques de développement durable exigent des modèles capables d’intégrer le savoir des économistes, des ingénieurs, des climatologues, des biologistes et d’autres acteurs (politiques, industriels, associations…). Pour répondre à ce défi scientifique à l’interface des questions de développement et d’environnement, en particulier pour l’évaluation des politiques climatiques et énergétiques, le CIRED développe l’architecture de modélisation « IMACLIM ». Celle-ci repose sur une modélisation « hybride » qui intègre une approche macro-économique et des visions « d’ingénieur » au niveau sectoriel. Face aux limites des modèles d’équilibre intertemporels, qui décrivent une trajectoire économique stabilisée, avec une allocation optimale des investissements, l’ambition du modèle Imaclim est en effet de représenter à la fois le moteur de la croissance à long terme et les frictions pouvant survenir à court terme (anticipations imparfaites, utilisation incomplète des facteurs de production, inerties à différents niveaux – équipements, techniques, préférences, flux commerciaux ou flux de capitaux) au travers d’une architecture récursive. La croissance économique est ainsi décrite comme une succession d’équilibres statiques : chaque équilibre statique est un cliché de l’économie à une date ou sur période donnée ; la dynamique de l’économie est représentée à travers l’évolution des variables sur une succession d’équilibres. Plus précisément, l’architecture du modèle est conçue sur deux principes : chaque équilibre statique représente un bilan économique annuel (production, consommation, échanges internationaux) à travers un équilibre walrasien de l’économie internationale ; entre deux équilibres statiques successifs, des modules dynamiques représentent l’évolution des techniques et des stocks de facteurs de production (capital, travail, ressources naturelles), alimentant ainsi une croissance progressive entre chaque équilibre statique. Figure 2 : Schéma descriptif d’Imaclim-R Chaque équilibre statique ne décrit pas l’optimum collectif de production compte tenu des techniques disponibles. Au contraire, l’équilibre est contraint à une situation sous-optimale par : 1 Pour plus d’informations : http://www.imaclim.centre-cired.fr Page 12 GAME - CIRED CSTB - LIENS LRA- IAU - APUR METEO-FRANCE - AUAT CERFACS -ENM-CIRED GEODE - GRECAU IMT - ONERA l’inertie des équipements et l’allocation imparfaite des investissements entre secteurs, entraînant par exemple des surcapacités de production dans certains secteurs et des sous capacité dans d’autres et créant ainsi des tensions sur les prix et les quantités l’absence de plein emploi en raison des les rigidités du marché du travail l’absence d’une profitabilité marginale de l’investissement égale à travers le monde les distorsions crées par les taxes préexistantes peuvent créer des distorsions la prise en compte dans les équations des routines de comportement Page 13