3 La lutte contre le choléra en milieu ouvert

publicité
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
MSF Paris
Les activités EHA
dans le cadre de la prise en charge d’une
épidémie de choléra en milieu ouvert
DRAFT – DRAFT – DRAFT – DRAFT - DRAFT – DRAFT
Septembre 2006
VERSION PROVISOIRE
Jérôme Gaviot, Etienne Gignoux, Véronique Mulloni
Septembre 2006
Page 1
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
SOMMAIRE
1 ................................................................................................................................ Introduction
.................................................................................................................................................... 3
Quelques points importants concernant le choléra ..................................................................... 4
1.1
Qu’est-ce que le choléra et comment il se soigne ? ................................................... 4
1.2
Où se trouve le vibrion pendant l’épidémie ? ............................................................ 4
1.3
Les porteurs sains ....................................................................................................... 5
1.4
La transmission du vibrion ......................................................................................... 5
Doses infectantes .................................................................................................................... 6
2 ............................. Populations cibles, lieux et actions prioritaires pour lutter contre le choléra
.................................................................................................................................................... 7
2.1
Le concept de milieu ouvert / milieu fermé : ............................................................. 8
2.2
Caractéristiques des milieux ouverts .......................................................................... 9
3 ............................................................................... La lutte contre le choléra en milieu ouvert :
.................................................................................................................................................. 10
3.1
Stratégies d’intervention et étapes de la lutte ........................................................... 10
3.1.1
Le cordon sanitaire ........................................................................................... 10
3.1.2
La stratégie ....................................................................................................... 10
3.1.3
détail des étapes du point de vue de l’EHA : .................................................. 11
3.2
Les actions EHA à mener en urgence choléra (Etapes 3 et 4 de la stratégie MSF) 12
3.2.1
Approvisionnement en eau (quantité et qualité) .............................................. 12
3.2.2
Assainissement des latrines .............................................................................. 21
3.2.3
Distribution de savon ....................................................................................... 22
3.2.4
Distribution de récipients ................................................................................. 23
3.2.5
Visites à domicile, désinfection de la maison des malades .............................. 23
3.2.6
Drainage des eaux stagnantes / nettoyage des quartiers ................................... 23
3.2.7
Information du public et du personnel médical ................................................ 23
3.2.8
Amélioration de l’hygiène des lieux publics .................................................... 24
ANNEXES ............................................................................................................................... 26
Détection précoce et repérage des foyers de l’épidémie ...................................................... 27
Les principales sources d’eau potable et leur disponibilité .................................................. 28
Septembre 2006
Page 2
MSF France
1
EHA & choléra en milieu ouvert
Introduction
Au cours des vingt dernières années, Médecins Sans Frontières est intervenue dans
la lutte contre de nombreuses épidémies de choléra et a développé une expertise
incontestable. Cette expérience principalement acquise dans les camps de réfugiés
a été analysée et est présentée sous la forme de deux manuels pratiques « Cholera
guidelines » et « Prise en charge d’une épidémie de choléra » qui sont
principalement destinés à la formation du personnel de terrain. De même, un
condensé des méthodes et techniques utilisées dans un contexte d’urgence par les
spécialistes des questions EHA (Eau, Hygiène et Assainissement) a été édité au
début des années 1990 sous le nom de « Technicien sanitaire en situation
précaire ». Ces trois manuels constituent les références de travail des équipes du
terrain.
Dans un camp de réfugiés, les services médicaux et EHA concentrent leurs actions
sur une surface restreinte et l’objectif est de garantir des soins, de l’eau potable et
des systèmes d’assainissement pour tous. La lutte contre le choléra dans un tel
milieu reste concentrée dans les frontières du camp. La problématique du choléra en
milieu ouvert diffère principalement par la dimension de la zone affectées par la
maladie. Les efforts de lutte doivent alors être répartis sur de nombreux villages ou
quartiers de villes et sur plusieurs structures de prise en charge des malades. La
difficulté réside alors dans la manière de répartir ses efforts sans en diluer
complètement l’efficacité.
Le document présent est à vocation opérationnelle. Il présente les différentes actions
EHA à mener pendant l’épidémie et en montrant comment ces actions se
positionnent dans la stratégie générale de MSF pour lutter contre le choléra en milieu
ouvert.
Septembre 2006
Page 3
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
Quelques points importants concernant le choléra
1.1
Qu’est-ce que le choléra et comment il se soigne ?
Le choléra est une maladie à transmission féco-orale causée par une bactérie
appelée vibrion choléra ou plus techniquement « vibrio cholerae ». La bactérie
s’introduit par la bouche et se développe dans l’intestin de l’être humain. Les toxines
produites par les vibrions peuvent déclencher des diarrhées et des vomissements qui
entraînent la déshydratation sévère et la mort en quelques heures pour les cas les
plus graves. Le choléra est une diarrhée aiguë que le corps humain arrive à
surmonter de lui-même en quelques jours si la déshydratation est compensée par
l’absorption d’eau et de sels de réhydratation oraux (SRO ou ORS). Pour les cas
sévères avec vomissements pour lesquels la réhydratation orale est impossible, la
réhydratation se fait par perfusion intraveineuse de Ringer Lactate jusqu’à l’arrêt des
vomissements qui survient après quelques jours de traitement. Alors que la mortalité
des cas non traités s’élève à 50%, une prise en charge médicale rapide ramène ce
taux à moins de 1%.
1.2
Où se trouve le vibrion pendant l’épidémie ?
Le vibrion choléra le plus courant est actuellement le biotype El Tor du sérogroupe
01. Il se propage rapidement dans les zones à forte densité de population
caractérisées par un faible niveau d’hygiène et un manque d’eau potable. L’être
humain est le seul hôte du choléra mais le vibrion peut survivre pendant plusieurs
mois dans des réservoirs que sont pour lui le plancton, les algues et les coquillages.
Il résiste à la congélation qui ralentit seulement son métabolisme et sa reproduction.
Par contre, il est détruit par la dessiccation, les températures supérieures à 70
degrés et les milieux acides (PH inférieur à 4,5).
Les vibrions peuvent former des biofilms qui sont très utiles pour leur survie dans
l'environnement. Ce sont des petits amas de bactéries qui permettent de protéger
celles qui se trouvent au centre contre des agents agressifs, en particulier du chlore,
et aussi de créer une plus grande concentration locale de bactéries et donc
d'atteindre la dose infectieuse. Ces biofilms ne sont pas en suspension dans l’eau
mais sont généralement attachés à des surfaces1.
Le choléra peut survivre jusqu’à 15 jours sur certains aliments :
1
Source : Entretien informel avec Anne-Laure Page d’Epicentre, le 21 août 2006.
Septembre 2006
Page 4
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
Temps de survie du vibrion choléra (en jours)
Fruits
Céréales
Aliments cuits
Légumes frais
Poissons et fruits de
mer
Lait et produits laitiers
de 25 à 30 °C
1–3
1–3
2–5
1–7
2–5
De 5 à 10 °C
3–5
3–5
3–5
7 – 10
7 – 14
7 – 14
Plus de 14
Source : Rottier & Ince, 2003
1.3
Les porteurs sains
Alors que pour des épidémies provoquées par le biotype classique (en disparition),
on compte 1 malade pour environ 5 porteurs sains, le biotype El Tor ne provoque
qu’un seul cas symptomatique pour 30 à 50 porteurs sains1. Considérant qu’en
milieu ouvert et suivant la densité de population, le taux d’attaque est de 0,5% à 1%,
cela signifie qu’en cas d’épidémie due à El Tor, entre 15% et la moitié de la
population totale pourrait être contaminée ! Le vibrion est alors présent dans tous les
lieux fréquentés et les porteurs sains jouent un rôle important dans la transmission
de la maladie. Les porteurs sains restent contagieux pour une durée moyenne de
deux semaines. Les malades soignés continuent à porter et transmettre le vibrion
pendant quelques jours après leur guérison. Cela explique l’inefficacité des cordons
sanitaires qui, pour fonctionner, devraient inclure des tests de selles ou une période
de quarantaine.
1.4
La transmission du vibrion
La principale voie de transmission de la maladie est la contamination de la nourriture
ou de l’eau potable par les excrétas des personnes portant le vibrion. La
transmission de la maladie par l’eau potable apparaît moins commune avec le
biotype El Tor qu’avec le biotype classique. Le choléra est rarement transmis
directement de personne à personne. Les vibrions contaminent le système digestif
en s’introduisant dans la bouche, transportés par le futur malade sur des doigts sales
ou sur de la nourriture contaminée. Les personnes physiquement affaiblies par une
mauvaise alimentation – donc les plus démunies – sont particulièrement sensibles à
la maladie.
Le choléra rentre dans le corps seulement par la bouche !
Pour éviter l’infection, faites attention à ce que vous y mettez : doigts sales,
nourriture froide, eau malsaine sont peut-être contaminés !
1
Source : Rottier & Ince, “Controlling & preventing diseases”, WEDC, 2003, annexe I cholera, p.117
Septembre 2006
Page 5
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
Doses infectantes
La dose moyenne à ingérer pour être contaminé est de 1 million à 100 millions de
vibrions cholerae1. Certaines personnes peuvent être contaminées par une dose de
mille vibrions seulement. A titre indicatif, les excréments d’un malade contiennent de
10 à 1000 millions de vibrions par centimètre cube, ceux d’un porteur sain de 100 à
100 mille pour le même volume (Source : Rottier & Ince, 2003). La taille d’une
colonie de 1 million de bactéries développée sur une surface est de l’ordre de 3 à 4
mm de diamètre.
Le nombre de vibrions choléra en suspension dans l’eau est généralement faible,
c’est-à-dire moins de 50 unités viables2 de sérogroupe 01 (vibrions El Tor et
classique) par litre. Néanmoins, le vibrion peut se multiplier rapidement et se trouve
en grande quantité sur des algues, des crustacés et des copépodes (crustacés d’eau
douce dont la taille varie entre 0,3 et 2 mm) : Alors que le nombre de vibrions en
suspension dans l’eau est faible, un copépode vivant dans la même eau peut porter
sur lui 100 mille vibrions (Huq et al., 1983)3.
La fiche de l’OMS sur Vibrio cholérae annonce une dose infectante moyenne de 100 millions.
Exprimé en biologie par l’unité CFU : colony-forming unit.
3
Source : OMS, guidelines for drinking-water quality, chapitre Vibrio cholérae, p130. Le document est
consultable sur le site: http://www.who.int/entity/water_sanitation_health/dwq/admicrob6.pdf
1
2
Septembre 2006
Page 6
MSF France
2
EHA & choléra en milieu ouvert
Populations cibles, lieux et actions prioritaires pour lutter contre le choléra
Le choléra est donc une maladie qui touche principalement les zones d’habitat
précaire à forte densité humaine et sans hygiène et il affecte les personnes déjà
affaiblies par le manque de nourriture saine. Ce sont ces lieux et ces personnes qui
sont à considérer en priorité aussi bien pour des actions à court terme (extinction de
l’épidémie) que pour des actions de prévention basée sur le long terme (amélioration
de l’habitat et de l’hygiène familiale).
En cas d’épidémie ou pour la prévenir, la disponibilité d’eau propre en quantité est
très importante afin d’améliorer l’hygiène des mains ainsi que celle de la préparation
de la nourriture. Les aliments doivent être consommés chauds si possible 1. De
même, l’existence et l’utilisation de latrines bien construites2 pour éviter la voie de
transmission « selles  nourriture » est fondamentale. Nous résumerons ainsi :
Lutter contre le choléra  agir sur l’EHA : Eau, Hygiène et Assainissement
Les lieux où concentrer l’attention sont les zones où la densité de population est la
plus importante :
 Quartiers populaires sans assainissement
 Marchés
 Gares ferroviaires et routières
 Hôpitaux
 Restaurants et gargotes (autour des marchés et des gares)
 Points d’eau : puits ouverts et rivières
 Ecoles
 Lieux de culte
 Grandes manifestions populaires (pèlerinages, fêtes, rassemblements,
etc.)
1
Le vibrio ne résiste pas à la dessiccation, aux températures supérieures à 70 degrés et aux milieux acides (PH
inférieur à 4,5).
2
Les latrines ne doivent pas laisser circuler les mouches qui vont directement des excréments aux aliments et qui
constituent un vecteur mécanique (par contact) de la maladie.
Septembre 2006
Page 7
MSF France
2.1
EHA & choléra en milieu ouvert
Le concept de milieu ouvert / milieu fermé :
Un milieu est considéré fermé lorsque les entrées et sorties de personnes de ce milieu sont
très réduites ou nulles. Un Centre de Traitement du Choléra, un hôpital, une prison, un
camp de réfugiés sont considérés comme des milieux fermés. En fait, il y a toujours au
moins les allées et venues du personnel qui peuvent présenter un risque de contamination si
des mesures de contrôle sanitaire strictes ne sont pas prises. Pendant les épidémies, les
vibrions du choléra voyagent principalement dans l’intestin des porteurs sains (au moins
15% de la population en cas d’épidémie due à El Tor), aussi il est difficile d’avoir un milieu
totalement fermé et étanche au passage du choléra. On parle en fait de « milieu fermé » par
opposition au concept de « milieu ouvert ». Dans un milieu fermé tel un camp de réfugiés,
le nombre d’acteurs officiels est restreint, ce qui implique une certaine facilité à prendre des
décisions concernant la santé publique.
Un milieu ouvert est une zone où les entrées et sorties des personnes sont libres et
incontrôlées. Une campagne, avec une densité de population faible et répartie dans des
hameaux isolés mais dont les habitants se rencontrent au marché et voyagent dans les villes
alentours, est un milieu ouvert. De même, un quartier de ville, avec des marchés, des
stations de bus et de train, des points d’eau publics est un milieu ouvert offrant de
nombreux contacts avec des personnes et des aliments contaminés qui entrent et sortent de
la zone. Dans les villes, la densité de population est beaucoup plus importante et les entrées
et sorties plus nombreuses que dans une campagne. La probabilité de contamination est
aussi plus importante.
Remarque : Le taux d’attaque du choléra dans un milieu ouvert tel qu’un quartier populaire d’une
grande ville est comparable à celui d’un camp de réfugiés1. Cela signifie que pour préparer les actions
et évaluer les quantités, il vaut mieux considérer la densité de population dans la zone d’intervention
que d’utiliser les taux d’attaque standards définis selon le critère du milieu dit « ouvert » ou « fermé ».
1
Source : Dr Fabienne Dorlancourt, Epicentre, novembre 1997, n°42. (cf. bibliographie)
Septembre 2006
Page 8
MSF France
2.2
EHA & choléra en milieu ouvert
Caractéristiques des milieux ouverts
Les épidémies survenant en milieu ouvert présentent des caractéristiques particulières qui
les différencient des épidémies survenant en milieu fermé, notamment :
1. La création d’un centre d’isolement se fait le plus souvent au sein d’une structure de
santé préexistante qui est plus ou moins bien adaptable et adaptée. Le circuit habituel
permettant d’éviter le contact entre la zone neutre et le reste du camp est rarement respecté
et les cas difficilement isolés. Par ailleurs, il est souvent difficile d’obtenir qu’une seule
personne s’occupe du patient, comme c’est le cas dans un camp choléra classique (un seul
accompagnant par malade admis).
2. MSF n’est plus seule responsable de l’organisation et de la gestion du centre et
notamment du personnel de santé, ce qui limite l’efficacité des résultats obtenus.
3. Le contexte politique intervient tant en ce qui concerne la déclaration officielle et la
reconnaissance de l’épidémie que les moyens d’intervention.
4. La recherche active des cas devient difficile en raison de la superficie de la zone à couvrir
et des populations concernées, de la limitation en moyens de transport, de la sécurité ou
encore de la motivation du personnel.
5. L’accessibilité aux centres de soins est rendue difficile par les distances et le contexte
(guerre).
6. L’épidémie est moins facilement circonscrite puisque la population peut se déplacer
(extension selon les axes de communication).
7. Les programmes de sanitation sont difficiles en milieu urbain du fait des infrastructures
souvent déficientes et de l’étendue des quartiers concernés, mais ils sont encore plus
complexes en milieu rural (dispersion des habitats).
8. Les traditions culturelles sont plus difficiles à « combattre » que dans un camp de
réfugiés, que cela concerne le traitement des cadavres ou les habitudes hygiéniques.
9. Les données épidémiologiques permettant de cibler les interventions, de suivre
l’évolution de l’épidémie et d’apprécier la qualité de la prise en charge sont plus difficiles à
obtenir et moins fiables.
10. Les dénominateurs (des ratios) sont le plus souvent difficiles à évaluer en raison de
l’absence de recensement ou de la présence d’une population déplacée ou réfugiée parfois
mal quantifiée.
11. La stratégie d’intervention doit prendre en compte le fonctionnement du système de
soins et notamment la qualité de l’acheminement en périphérie des produits délivrés à un
niveau supérieur : en l’absence d’un système de distribution efficace, une politique
d’approvisionnement de la périphérie doit être envisagée.
Source : Dr Fabienne Dorlancourt, Epicentre, novembre 1997, n°42, page 23.
Septembre 2006
Page 9
MSF France
3
EHA & choléra en milieu ouvert
La lutte contre le choléra en milieu ouvert :
3.1
Stratégies d’intervention et étapes de la lutte
3.1.1 Le cordon sanitaire
Le cordon sanitaire est l’élément essentiel révélant une première stratégie qui part de
l’extérieur de la zone contaminée et se dirige vers son centre. C’est une réaction
basique et rassurante en cas d’épidémie : Elle consiste à transformer la zone
contaminée en un milieu fermé, en bouclant toutes les voies d’accès par un cordon
sanitaire. Cela demande beaucoup de moyens et ne peut être mis en œuvre que par
les autorités publiques. L’expérience prouve que cela ne marche pas pour le choléra
car il y a toujours des personnes contaminées qui franchissent le cordon. De plus,
les gouvernements évitent de faire ce genre d’opération qui attire l’attention des
médias et qui, par conséquent, nuit au commerce, au tourisme et à la réputation du
pays. Néanmoins la probabilité de diffusion diminue avec la mobilité de la population
et le bouclage de la zone présente un intérêt. La prise en charge médicale des cas à
l’intérieur du cordon sanitaire peut être faite correctement ou non suivant les
budgets, les compétences dans la zone et la volonté politique…
3.1.2 La stratégie
La stratégie qu’utilise MSF fonctionne avec ou sans cordon sanitaire. Elle part
du plus proche des cas pour, petit à petit, étendre son action à toute la zone
contaminée. Cette stratégie vise plus la diminution du nombre de cas et de la
mortalité que d’empêcher la diffusion de l’épidémie hors de la zone. Elle s’applique
aussi bien aux zones à forte densité humaines qu’aux zones rurales. La lutte
s’organise en cinq étapes :
L’épidémie est déclarée quand un nombre anormal de cas confirmés est reporté par
une structure de santé aux autorités sanitaires. Un centre d’isolation et de traitement
CTC1 doit alors être mise en place pour centraliser les cas. C’est à ce moment
qu’une équipe MSF intervient en support des activités de la structure de santé locale.
Etapes d’urgence
Etape 1
Mise en fonction
d’un CTC.
1
Etape 2
Détection des
foyers de
l’épidémie.
CTC : Centre de Traitement du Choléra
Septembre 2006
Etape 3
Actions médicales
et EHA sur tous les
foyers détectés.
Etape 4
Recherche et prise
en charge des cas
sur toute la zone.
Etape de posturgence
Etape 5
Actions EHA à
long terme sur
toute la zone.
Page 10
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
3.1.3 détail des étapes du point de vue de l’EHA :
ETAPE n°1 : Un premier CTC, aménagé généralement près de l’hôpital, commence à
prendre en charge les malades. L’équipe EHA de MSF se concentre au début sur la mise en
fonction du CTC. Il y a en pratique au moins autant de CTC que de villes qui reportent des
cas. ( Moyens EHA classiques : Kits Watsan, Documentation : CD EauSP et guidelines
« prise en charge d’une épidémie de 001 », « Technicien Sanitaire ESP », « Cholera
guidelines 2004 »)
ETAPE n°2 : Détermination des foyers de l’épidémie. Ce travail s’effectue en partant des
informations données par les fiches d’enregistrement des malades du CTC. Cette tâche est
expliquée dans le guidelines choléra de MSF page 20 et 21. Un exemple en Angola est
présenté en annexe.
ETAPE n°3 : Actions EHA systématiques sur les foyers détectés à l’étape précédente. Ces
actions portent sur les structures de santé décentralisées et en directions des populations
vivant dans les foyers d’épidémie. Cette étape demande beaucoup de travail et de moyens
car de nombreuses actions doivent être menées simultanément et le plus rapidement
possible afin de limiter la contagion. Les différentes actions possibles sont présentées dans
les pages suivantes.
ETAPE n°4 : Elargissement de l’activité curative à toute la zone par une recherche active et
la prise en charge des cas. La recherche active s’oriente à partir des informations
communiquées par la Direction Régionale de la Santé, des visites des centres de santé de la
zone, des témoignages ou des demandes d’assistance. Cette étape consiste à détecter le
plus rapidement possible de nouveaux foyers d’épidémie. Elle nécessite des véhicules et
du personnel pour couvrir la zone. Tout nouveau foyer est traité comme ceux de l’étape
précédente. Elle peut être conduite simultanément à l’étape 3 si les moyens logistiques et
humains le permettent. L’étape 4 nécessite souvent un travail de renforcement de la chaîne
de communication entre les petites structures de santé et l’hôpital de référence. Dans les
villes, une surveillance des cimetières et de leurs registres permet de détecter les quartiers
où des personnes meurent de diarrhées sans avoir été transportées à l’hôpital. Les actions
EHA sont en priorité orientées vers les petits centres de santé, les unités d’isolation UTC et
les points ORS (réhydratation orale) qui peuvent y avoir été installés.
ETAPE n°5 : Etape de post-urgence qui consiste à prévenir les prochaines épidémies en
améliorant les conditions sanitaires de la zone touchée. Cela englobe la fourniture d’eau
potable, la construction de latrines, le drainage des eaux usées, le traitement des déchets
ménagers et la promotion de l’hygiène. Il y a peu d’actions effectuées à ce niveau de posturgence par MSF France, sauf dans le cas où elles sont considérées utiles à la
préparation de la prochaine urgence. (Par exemple au Malawi, les actions MSF-F de
prévention du choléra dans les villages autour de Ntcheu ont duré plus de 4 ans à partir de 1988
jusqu’au départ des réfugiés mozambicains.)
Septembre 2006
Page 11
MSF France
3.2
EHA & choléra en milieu ouvert
Les actions EHA à mener en urgence choléra (Etapes 3 et 4 de la stratégie
MSF)
Comme pour lutter contre toutes les maladies à transmission féco-orale, les actions
consistent à établir des barrières pour interrompre les voies de transmission
qu’empreinte le vecteur de la maladie. Si tout est loin d’être connu sur le vibrion
choléra et sa survie dans l’environnement en dehors des épidémies, par contre les
voies par où il passe pour arriver jusqu’à la bouche de son nouvel hôte sont bien
définies. Bloquer la transmission consiste à mener les actions dans les domaines
suivants :
3.2.1 Approvisionnement en eau (quantité et qualité)
N’oublions pas qu’au niveau de la santé publique, il vaut mieux disposer de
beaucoup d’eau de qualité médiocre que de peu d’eau de bonne qualité. La priorité
en urgence sera donc donnée à la quantité, en s’efforçant tout de même à fournir de
l’eau qui ne contienne pas de pathogènes. Une épidémie en milieu ouvert menace
des quartiers de villes, des dizaines de villages et des milliers de hameaux dont
l’approvisionnement en eau ne peut être révisé dans l’urgence, même avec la
meilleure collaboration des autorités concernées. Le taux d’attaque étant
proportionnel à la densité de population, il faudra concentrer l’effort sur les quartiers
pauvres et surpeuplés qui sont les plus sensibles au choléra.
Les principales sources d’eau potable et leur disponibilité sont résumées dans un
tableau placé dans les dernières pages de ce document. Il existe de très nombreux
ouvrages détaillant les techniques pour rechercher et produire de l’eau potable.
Parmi ces ouvrages, citons le CDROM de MSF « EauSP 2006 » qui constitue une
référence technique car il contient énormément d’informations sur la production
d’eau dans l’urgence.
3.2.1.1 Fournir de l’eau gratuite en quantité
La quantité minimum standard de 20 litres d’eau par jour et par personne n’est pas
disponible dans tous les foyers et ce sont justement ceux qui manquent d’eau qui
sont les plus vulnérables au choléra. Ce sont tout particulièrement les habitants des
quartiers très peuplés qui n’ont pas assez d’eau car il faut la payer à des porteurs ou
aux bornes fontaines. Aussi, la gratuité de l’eau permet d’augmenter la
consommation dans les quartiers pauvres.
Dans les zones rurales où la population est dispersée, la quantité d’eau pour l’usage
domestique est souvent limitée par le temps et la distance de transport depuis les
Septembre 2006
Page 12
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
points d’eau. C’est un problème qu’il n’est matériellement pas possible de résoudre
dans l’urgence ; donc, lors d’une épidémie de choléra en zone rurale dispersée, il
vaudra mieux s’attacher à améliorer la qualité bactériologique de l’eau de
consommation domestique par un traitement thermique (ébullition) ou chimique
(chloration) appliqué par les gens eux-mêmes, chez eux.
Voici un inventaire non exhaustif de solutions à mettre en oeuvre pour augmenter la
fourniture et la consommation d’eau potable dans les zones prioritaires, en particulier
dans les quartiers pauvres et peuplés. Ces solutions sont des moyens de répondre à
l’urgence et fonctionnent presque toutes grâce à un apport financier ou matériel
temporaire. Elle n’offrent donc aucun critère de durabilité.
Attention : dans tous les cas, on veillera à ce que l’eau soit chlorée, autant
pour la désinfecter que, par la présence de chlore résiduel, pouvoir diminuer
les risques de post-contamination.
Si l’eau est distribuée par canalisations ou porteurs :




Passer un contrat avec la société locale des eaux afin que l’accès aux bornes
fontaines soit gratuit : mise en œuvre simple et peu de supervision. Il peut être
intéressant de négocier un appui technique pour augmenter la production
d’eau pour mieux répondre aux besoins (réparations, fourniture de matériel,
de carburant, etc.)
Passer un contrat avec les camions citernes qui alimentent normalement le
quartier pour organiser des distributions d’eau gratuite. Cette solution est
simple, efficace, mais chère. De plus, elle nécessite une supervision des
quantités distribuées.
Passer un contrat avec les porteurs d’eau du quartier en les subventionnant
afin d’abaisser leur prix de vente de l’eau : simple, mais problème de contrôle
des quantités. Mieux vaut alors installer un réservoir et des rampes de
distribution et payer les porteurs pour le remplissage : Cela nécessite du
matériel et un gardiennage.
Installer des réservoirs pour récupérer le débit de nuit des robinets. Cela
augmente le volume quotidien disponible et permet aussi de traiter l’eau.
Si l’eau vient de puits répartis dans les quartiers :

Réparation des pompes manuelles et fermeture des couvercles après
désinfection du puits et entretien des drainages. La confection d’une barrière
qui délimite un périmètre de protection autour du puits est utile si les
utilisateurs sont prêts à le respecter : dans cette zone la plus large possible,
on ne permettra pas la douche, la lessive, les eaux usées, les animaux et tout
ce qui pourrait détériorer la qualité de l’eau du puits.
Septembre 2006
Page 13
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
Attention : Les gens qui puisent au seau à plusieurs en même temps extraient du
puits des milliers de litres à l’heure. La fermeture de la trappe et l’utilisation d’une
pompe à main limite le débit à environ 1000 litres / heure. Cela risque de créer une
file d’attente au puits qui décourage la consommation d’eau et va donc à l’encontre
de notre objectif ! Dans ce cas, mieux vaut utiliser les solutions suivantes :


Lorsque le puits est ouvert : installation d’une moto-pompe qui alimente un
réservoir et des rampes de distribution. Le puits pourra alors être couvert pour
protéger l’eau des pollutions extérieures. Cette solution temporaire nécessite
du matériel et un gardiennage.
Installation d’une seconde pompe à main si le débit du puits le permet : Cette
solution est plus durable mais elle nécessite du temps pour l’achat du matériel
et pour faire les travaux. L’idéal est le cumul des deux solutions : la seconde
pompe dès que possible et le réservoir pendant le temps de l’urgence.
Si l’eau vient d’un cours d’eau ou d’une mare :

Ces eaux superficielles sont potentiellement contaminées. Dans une zone
d’habitat dense, il mieux vaut procéder comme pour alimenter un camp :
pomper l’eau, la traiter (floculation, sédimentation, chloration) et la stocker
pour alimenter des rampes de distribution. Cette solution est évidemment
onéreuse.
Si l’eau vient d’une source :


Il faut essayer de repérer les points faibles du captage et y remédier. Dans
tous les cas, la zone où la nappe est proche de la surface du sol est sensible
aux pollutions. La fermeture complète de cette zone en amont du captage est
nécessaire : Ce périmètre doit être entouré par une clôture qui empêchera
l’accès aux humains et aux animaux domestiques. La défécation des porteurs
sains dans cette zone est une cause évidente de contamination de la source.
Les eaux de pluies doivent aussi être drainées pour ne pas pénétrer dans la
zone de protection car elles sont contaminées par les excréments qui peuvent
joncher les alentours. Si ce périmètre de sécurité n’est pas garanti, la source
doit être déclarée dangereuse et suivie de très près lorsqu’elle continue à être
utilisée (ce qui est souvent le cas quand c’est le seul point d’eau).
Lorsque le débit est insuffisant, il peut être utile d’installer un réservoir pour
récupérer l’eau qui coule la nuit. Cela permet aussi de traiter l’eau.
Septembre 2006
Page 14
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
Remarques :
 Fournir de l’eau gratuitement va directement contre les intérêts des porteurs d’eau
de quartier. Pour ne pas s’en faire des ennemis qui chercheraient à nuire aux
activités, il vaut mieux négocier avec eux. MSF peut par exemple remplir
gratuitement leur citerne avec de l’eau propre qu’ils pourront continuer à vendre,
mais moins cher, à ceux qui souhaitent se faire livrer à domicile.
 Qui dit augmentation de l’utilisation de l’eau dit aussi augmentation du volume des
eaux usées ! 1 litre d’eau utilisée produit presque un litre d’eau usée (moins
l’évaporation) d’où un risque d’eaux stagnantes et prolifération du vibrion et de
vecteurs d’autres maladies. Par exemple, un point d’eau public aménagé sans
drainage devient vite une pataugeoire !
Septembre 2006
Page 15
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
3.2.1.2 Fournir de l’eau de qualité biologique acceptable
Les rivières, les mares, les puits ouverts, mais aussi la réserve d’eau familiale sont
facilement contaminés. Il faut en principe éviter absolument le contact direct et
indirect (excréments) des utilisateurs avec la ressource en eau mais, en période
d’épidémie, le vibrion est potentiellement présent dans toutes les eaux superficielles
non traitées. La désinfection de l’eau par ébullition est une méthode simple en
apparence mais elle demande du carburant de chauffage, ce qui n’est pas à la
portée de tous. En raison de sa faible toxicité pour l’homme, de son pouvoir de
rémanence et de sa commodité d’emploi, le chlore est le produit le plus utilisé pour
désinfecter l’eau. En cas d’épidémie de choléra, il est préférable que toutes les eaux
de consommation humaine contiennent environ 0,5 mg de chlore résiduel libre.
Depuis des années, MSF utilise largement le chlore sous forme de poudre HTH pour
le traitement de l’eau des camps et des structures de santé et son utilisation est bien
maîtrisée.
La fiabilité du traitement par le chlore
Le vibrion existe en très faible concentration dans l’eau : moins de 50 unités viables
en moyenne par litre d’eau. Par contre, il vit aggloméré en biofilms attachés sur les
plantes aquatiques et les crustacés. Si les opérations de floculation / sédimentation
permettent de clarifier l’eau, on peut par contre constater dans tous les réservoirs de
sédimentation que les petits crustacés de toute sorte (pas les langoustes) s’y
multiplient ! Il faut donc espérer que le chlore parvienne à oxyder les biofilms de
choléra accrochés sur leur carapace… Sans opération de filtration qui éliminerait
micro-algues et crustacés, on ne peut donc affirmer qu’aucun vibrion ne pénètre
dans le réservoir d’eau destiné à la distribution !
Contrairement à certains protozoaires enkystées et à certains virus qui sont abrités
du chlore dans les particules d’argile en suspension dans l’eau, le vibrion choléra ne
semble pas s’abriter dans l’argile. Il peut cependant être fixé sur l’argile mais est
alors exposé au désinfectant : le biofilm qui le protège est petit à petit oxydé par le
chlore mais certaines bactéries peuvent survivre. La chloration n’est pas efficace à
100% dans des eaux troubles et c’est pourquoi la limite de turbidité avant traitement
est fixée à 5 NTU par l’OMS. Néanmoins, le vibrion est très sensible aux procédés de
désinfection1 et la chloration des eaux turbides permet potentiellement de détruire la
majeure partie d’entre eux. Il faudrait bien sûr faire des tests pour le prouver.
N’oublions pas non plus qu’il faut absorber plus de 1 million de vibrions pour risquer
être contaminé.
1
cf. OMS WHO, Guidelines for drinking-water quality incorporating 1st addendum. Vol. 1 Recommendations,
3rd ed 2006, page 245. Version électronique : gdwq0506.pdf
Septembre 2006
Page 16
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
De nombreuses personnes à travers le monde puisent encore de l’eau à la rivière ou
dans une mare et ce n’est pas l’information du public pendant les épidémies qui
changeront cette habitude. Certains puits ouverts aux parois brutes fournissent aussi
une eau turbide et potentiellement contaminée. La chloration au seau telle que nous
l’organisons ne va pas produire une eau de boisson aux normes OMS mais aura au
moins l’avantage de détruire une grande partie des bactéries et donc des vibrions qui
s’y trouvent. Dans ce genre d’opération en zone rurale où il n’est matériellement
pas possible de fournir de l’eau potable à toute la population, l’objectif de
l’action de chloration sera surtout de limiter la contagion en détruisant les
vibrions choléra contenus dans l’eau que les gens consomment
habituellement.
La chloration des points d’eau
L’introduction du chlore dans les circuits d’eau et les réservoirs est une technique
couramment utilisée et bien maîtrisée par MSF. Elle demande seulement une
surveillance du chlore résiduel libre.
Les puits protégés et les forages munis de pompe sont plus difficiles à chlorer car
la quantité d’eau traitée s’épuise rapidement, remplacée par de l’eau qui vient de la
nappe. Il existe des systèmes de « pot chlorateur » à placer dans le puits ou sur la
pompe mais cela reste d’un usage marginal. En urgence, il apparaît plus simple
d’organiser une chloration au seau (voir plus loin).
Les puits ouverts sont difficiles à chlorer correctement car l’eau contient des débris
et poussières qui augmentent la demande en chlore. L’utilisation d’un « pot
chlorateur » montre que la dose est toujours trop forte ou trop faible. La chloration au
seau est plus fiable car la dose injectée est bien plus précise.
En cas d’épidémie, la surveillance et la désinfection de tous les puits ouverts est
importante car ils sont susceptibles de contamination et peuvent devenir des foyers
de la maladie. N’oublions pas que dans ces périodes, environ une personne sur trois
qui viennent au puits est statistiquement porteuse saine et contagieuse. (D’où encore
l’intérêt d’une bonne hygiène des mains de ceux qui manipulent cordes et seaux, et
donc d’une bonne information du public). Pour tous les puits ouverts, seule la
chloration au seau permet de garantir aux utilisateurs l’absence de vibrions dans leur
eau (après un temps de contact de 30mn bien sûr).
Il est difficile matériellement d’organiser le pompage, curage et brossage de tous les
puits d’une région d’autant plus qu’il y aura des personnes contaminées (30% ?) qui
descendront dans les puits pour faire ce travail. Ce sont les puits les plus utilisés qui
Septembre 2006
Page 17
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
auront la priorité pour un entretien mais l’opération devra être bien supervisée
(solution de brossage des parois dosée à 200 PPM1 et désinfection finale à 10 PPM).
Pour les puits non busés aux parois brutes et les autres puits ouverts qui n’ont
pas été entretenus et brossés, il est possible de faire un « traitement flash » : Il s’agit
de verser 1 litre de solution à 1% par m3 d’eau que contient le puits (10 PPM). Ce
traitement ne rend pas l’eau potable et il a seulement pour but de détruire les
vibrions qui pourraient être présents dans l’eau du puits. Au cours des heures qui
suivent, l’eau puisée contiendra de moins en moins de chlore actif et le puits sera
finalement de nouveau ouvert à une nouvelle pollution par les vibrions venant des
utilisateurs. La dose initiale de chlore est forte et l’eau a mauvais goût aussi, il faut
que ce soit les utilisateurs qui le demandent. Rappelons qu’il n’y a pas de risque
d’intoxication au chlore car le goût devient infecte et l’eau imbuvable bien avant que
la dose de Cl dans l’eau ne présente un réel danger. Dans les quartiers où il y a de
nombreux malades, l’opération de désinfection peut être renouvelée
quotidiennement si le voisinage le demande. Pour obtenir une eau constamment
potable, il faut mieux organiser une chloration au seau.
La chambre de captage des sources pourra aussi être désinfectée régulièrement
par un traitement flash si les utilisateurs le demandent. Le débit étant régulier, il est
possible d’installer un goutte à goutte de solution à 1% de Chlore dans la chambre :
le matériel de perfusion permet de faire facilement un tel système qui est ajustable
par la molette au débit de la source (20 gouttes = 1 cc = 1 ml). Le système nécessite
une surveillance très régulière car le goutte à goutte peut se boucher et le niveau du
réservoir de solution concentrée doit être vérifié. Pour les sources aussi, la chloration
au seau est plus sûre et plus rapide à mettre en œuvre.
Pour les points de collecte d’eau en rivière, la solution pompage - sédimentation et
traitement avant distribution au robinet est la plus sûre mais aussi la plus chère. Elle
n’est envisageable que pour un endroit très peuplé et demande du matériel et du
personnel. La solution la plus simple et rapide est encore la chloration au seau. Pour
les habitats dispersés le long d’un cours d’eau, l’utilisation de pastilles pour chlorer à
domicile, celle de l’eau de Javel2 ou de solution chlorée produite localement à partir
de HTH semblent être de bonnes solutions, moyennant quelques précautions
(formation des utilisateurs et stockage du HTH).
1
cf. Technicien sanitaire en SP, page I.27. (1 PPM = 1 mg/l )
L’eau de Javel doit être de l’hypochlorite de sodium pure, sans produits blanchissants qui peuvent être
toxiques. Les pastilles d'eau de Javel commercialisées en France sont en fait des pastilles de NaDCC (voir plus
loin).
2
Septembre 2006
Page 18
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
Méthode de chloration au seau :
C’est une méthode1 qui consiste à confier une solution mère (1% de chlore) à une ou
plusieurs personnes chargées de traiter les récipients des gens qui viennent collecter
de l’eau. A l’aide d’une seringue ou d’une petite cuillère, le « chloreur » verse la dose
de solution dans l’eau de ceux qui lui présentent leur récipient (environ 3 ml pour 20
litres). Cette dose dépend de la demande en chlore de l’eau et devra être vérifiée et
ajustée pour chaque point d’eau (Kit chloration). Le chloreur peut aussi détenir la
poudre HTH et préparer lui-même la solution mère après une petite formation. La
chloration au seau est une méthode qui a fait ses preuves et qui est facile et rapide à
mettre en œuvre. Même s’il existe toujours des gens qui refusent que leur eau soit
chlorée, la demande pendant les épidémies est importante.
Méthodes de traitement domestique pour désinfecter l’eau :
On est toujours surpris de la demande de « médicaments pour traiter l’eau » qu’il
peut y avoir en cas d’épidémie ou à la saison des diarrhées. La chloration à domicile
présente un grand intérêt car de nombreuses personnes n’ont pas accès à un point
d’eau traité et souhaitent une solution de désinfection utilisable à la maison.
La chloration à domicile a déjà été expérimenté avec succès au Malawi en 1990
dans tous les villages de la frontière Ouest qui s’étend entre entre Ntcheu et
Tsangano. Pour cette opération de prévention du choléra qui a duré plusieurs
années, 1 pot de HTH a été confié dans chaque village (après une formation) à une
ou plusieurs personnes chargées de préparer la solution mère à 1%. Les femmes
intéressées par la chloration à domicile passaient tous les trois jours chercher
quelques centimètres cube de solution mère et chloraient leur eau à raison de 2 à 4
cuillères à café par seau de 20 litres. L’inconvénient de la solution à 1% est qu’elle
ne se conserve que quelques jours et doit donc être renouvelée souvent. Il faut dire
aussi que la mise en place du dispositif a pris plusieurs mois pour couvrir la région et
que cette opération de prévention disposait d’un temps que l’on n’a pas dans
l’urgence d’une épidémie.
Dans une étude2 sur le choléra faite par MSF Belgique en 1992, Françoise
Wuillaume déclare : « La chloration de l’eau à domicile reste la mesure la plus
efficace dans les situations difficiles où le transport et la conservation à domicile ne
garantissent pas l’absence de re-contamination. La chloramine, facilement
manipulable, a souvent été utilisée ».
1
Voir aussi le MSF Cholera guidelines 2004 pages 58 et 156.
Cf. le rapport de Françoise Wuillaume, Synthèse des activités de lutte contre le choléra développées par MSF
Belgique 1989 – 1991, MSF Belgique, Janvier 1992, page 17.
2
Septembre 2006
Page 19
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
Les pastilles à base de dichloro isocyanurate de sodium (NaDCC) semblent
convaincre de plus en plus de monde et le produit est maintenant agrée par
l’UNICEF, le PNUD et les principaux pays de l’Union Européenne pour une utilisation
en cas d’urgence. Il se trouve aussi dans le catalogue MSF mais n’est utilisé qu’en
petite quantité pour des activités médicales. Le NaDCC est plus efficace que le HTH
et présente l’avantage de diminuer légèrement le PH de l’eau, contrairement au HTH
qui l’augmente. De plus la péremption d’une pastille est beaucoup moins rapide que
celle d’une solution mère. D’après Joos Van Den Noortgate, le chargé de recherche
et développement de MSF Belgique, la cellule EHA de la section belge étudie
sérieusement l’idée de remplacer le HTH par le NaDCC.
Des pastilles effervescentes (Aquatabs par exemple) sont à base de NaDCC et sont
disponibles en comprimés permettant de traiter 1, 5, 10 ou 20 litres d’eau. Je pense
que pendant une épidémie de choléra en milieu ouvert, il est intéressant de distribuer
des pastilles pour traiter 20 litres, à partir des centres de santé et des points ORS
situés dans les zones endémiques où le traitement des points d’eau n’est pas
possible. Il est conseillé de pas consommer de NaDCC quotidiennement pendant
plus de 3 mois et cela correspond environ à la durée d’une urgence choléra. Joss
insiste sur la nécessité d’un suivi constant de l’utilisation des comprimés et sur le fait
qu’il faut conseiller les gens sur la dose à utiliser car la demande en chlore varie du
simple au double d’un point d’eau à un autre.
Les comprimés de 67mg permettent de traiter 20 litres d’eau. Dosés à 60% de
chlore, ils contiennent 40 mg de Cl et introduisent donc dans l’eau une dose de 2
mg/l. Il faudrait prévoir une quantité basée sur le calcul d’1 comprimé / jour /
personne, mais le prix des comprimés poussera à réduire cette quantité à 1 / jour /
famille. La distribution de pastilles désinfectantes ne concerne pratiquement que les
zones rurales dont la population est dispersée le long d’un cours d’eau ou d’un lac
contaminé.
Attention ! les pastilles de NaDCC ne sont pas un produit miracle qui permettrait de
résoudre facilement le problème d’accès à l’eau potable. Il y a des inconvénients à
considérer :


Le NaDCC présente un risque de toxicité qui limite son usage à 3 mois. Même
s’il est agréée par des organisations internationales et par l’UE pour des
opérations d’urgence, il ne l’est pas encore par l’OMS. Il est donc possible et
normal que les autorités sanitaires d’un pays refusent l’utilisation en masse de
ces comprimés.
Toute chloration demande un dosage qui varie en fonction de la qualité de
l’eau. Par souci de sécurité, les comprimés conduisent à un surdosage. Par
contre pour certaines eaux chargées en matières organiques, la dose est
Septembre 2006
Page 20
MSF France


EHA & choléra en milieu ouvert
inefficace et l’eau n’est finalement pas désinfectée. Il faut donc organiser un
conseil au public et une supervision.
La diffusion massive de ce genre de produit actif présente des dangers
d’empoisonnement : Pendant l’épidémie de choléra à Goma - RDC en 1994,
plusieurs personnes auraient directement avalé les petits comprimés de 3,5
mg destinés à traiter 1 litre. Les comprimés de 67mg sont beaucoup plus gros
et donc dissuasifs.
Le prix auquel sont vendus les pastilles pré-dosées et emballées en fait pour
l’instant un produit de luxe qui ne peut être utilisé qu’en cas de crise aiguë.
Le budget chloration / durée de l’épidémie
La durée d’une épidémie et le taux d’attaque dépendent de la densité de population1.
L’épidémie peut durer de 1 à 3 mois en zone urbaine ou dans un camp, mais
persiste jusqu’à 6 mois en zone rurale. Il vaut mieux prévoir les quantités pour 3 mois
et faire une deuxième commande internationale plus tard si nécessaire. De plus, on
trouve maintenant du HTH dans presque tous les pays.
Il faut compter :
 20 kg de HTH / mois pour 10.000 personnes (basé sur : 3mg de HTH/litre et
20 litres/jour/pers). Coût : Environ 30 Euros par mois de HTH.
 300 mille comprimés de 67mg NaDCC / mois pour 10.000 personnes. Les
personnes dont l’eau est traitée au HTH n’ont pas besoin de comprimés de
NaDCC. Le coût : Environ 32 mille Euros par mois (149 €HT / boite de 1400
pastilles), soit mille fois plus cher que le HTH !
Cette différence de budget explique pourquoi nous donnerons la priorité à l’utilisation
du HTH par l’emploi de solution mère à 1%.
Les filtres à eau pour usage domestique
Il existe de nombreux modèles de filtres et la technique est performante. Le
problème principal de leur utilisation est l’hygiène lors de l’entretien et du
remplissage. Même dans certaines maisons MSF, l’hygiène des filtres est douteuse
et il vaut mieux alors chlorer l’eau filtrée ! Le second problème est le prix et, pour
l’instant, c’est l’obstacle majeur. Dernier inconvénient : le débit du filtre est faible.
3.2.2
Assainissement des latrines
Le nettoyage et la pulvérisation au chlore à 0,2% des toilettes publiques et privées
ne peut que réduire les risques de contamination. Ce genre d’opération présente
1
Voir le tableau du cholera guidelines 2004, page 24.
Septembre 2006
Page 21
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
surtout l’occasion d’échanges d’informations sur le choléra : les personnes chargées
de la pulvérisation doivent rester à l’écoute des problèmes du quartier et informer les
gens des modes de contamination et de la conduite à tenir en cas de diarrhée
soudaine. Ils doivent aussi savoir passer le message de prévention : « Eau bouillie
ou chlorée – hygiène des mains – nourriture chaude ».
Il est important de savoir que les tentatives de désinfection de fosses avec du HTH
ou un autre désinfectant sont inutiles et polluantes : le prochain porteur sain qui
visitera les toilettes rapportera une dose de vibrions ! Mieux vaut donc promouvoir le
lavage des mains en sortant des toilettes et le couvercle de fosse : Même si les
mouches ne sont pas un vecteur principal de transmission, elles circulent depuis les
fosses infectées jusqu’à la nourriture et aux lèvres de la population environnante. Ce
n’est pas toujours aisé de fermer hermétiquement le trou de la dalle de défécation
mais le fait d’informer les utilisateurs des latrines ne peut qu’améliorer la situation.
Le vidanges des fosses, lorsqu’elle est possible, permet de remettre en fonction
rapidement des latrines qui ne sont plus utilisées. L’opération est généralement
sous-traitée, mais il est possible d’acquérir le matériel de pompage bien qu’il n’y ait
pas encore de standard MSF. Attention au rejet des effluents des fosses qui sont des
sources potentielles de contamination !
3.2.3 Distribution de savon
L’hygiène des mains est fondamentale pour barrer la transmission des vibrions ;
mais une distribution générale de savon en milieu ouvert est une opération
coûteuse ; attention, ce n’est pas parce qu’on a du savon qu’on se lave les mains
plus régulièrement. La distribution de savon peut se faire dans le foyer et chez les
voisins d’un malade lors de la visite de son domicile. C’est une opération de
promotion de l’hygiène car les échanges oraux qui seront faits lors de la distribution
sont tout aussi importants que le savon lui-même.
Il peut être intéressant de cibler les gares de transport et de distribuer aux voyageurs
des petits savons (symboliques) accompagnés d’une notice expliquant l’importance
de l’hygiène des mains et les gestes élémentaires pour éviter la transmission de la
maladie. (voir aussi l’action numéro 6, &3.2.6)
Septembre 2006
Page 22
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
3.2.4 Distribution de récipients
Pour des quartiers denses et spécialement affectés par la maladie, nous pouvons
envisager des distributions de matériel afin d’améliorer le transport et le stockage de
l’eau, ainsi que celui de la nourriture. En effet, dans de nombreuses familles pauvres,
la nourriture restante du soir est consommée froide le matin après avoir été exposée
pendant la nuit à différents vecteurs de maladies (insectes et rongeurs). Ces
pratiques sont dues au manque de matériel de conservation et d’énergie de chauffe.
Elles sont à l’origine des diarrhées qui provoquent la malnutrition et donc, diminuent
les capacités de résistance du corps humain au vibrion choléra. Si nos budgets ne
permettent pas de distribuer réfrigérateurs, micro-ondes et générateurs à tous, nous
pouvons au moins fournir :


des jerrycans ou des containers fermés avec robinet pour l’eau domestique
(par exemple : seau 12 litre type Oxfam),
des boites plastiques étanches pour la conservation de la nourriture.
3.2.5 Visites à domicile, désinfection de la maison des malades
La désinfection générale au chlore du domicile des malades se fait mais je ne crois
pas à son efficacité étant donné le nombre de porteurs sains qui peuvent fréquenter
les lieux. Le lavage des couvertures du malade, la désinfection du matériel de
cuisine et la pulvérisation des murs et du sol des toilettes sont par contre
nécessaires. La visite de la maison et de la cuisine est un bon moment pour donner
des conseils d’hygiène à des gens qui sont sensibilisés et frappés par la maladie de
leur proche. Mais attention : l’approche doit être amicale car certaines personnes
sont si choquées par la situation qu’elles ne sont pas réceptives.
3.2.6 Drainage des eaux stagnantes / nettoyage des quartiers
Les eaux stagnantes sont un réservoir potentiel pour le vibrion et l’épidémie peut être
une bonne occasion pour les drainer et enlever les ordures du quartier. La motivation
des autorités locale, du comité de quartier et de la population facilite ce genre de
projet qui peut être soutenu par un prêt d’outils et une aide matérielle pour le
transport.
3.2.7 Information du public et du personnel médical
L’information du public sur les moyens d’éviter le choléra est normalement faite par
le ministère de la santé mais ses moyens sont souvent limités. Son action se limite à
Septembre 2006
Page 23
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
mettre quelques affiches et à produire des messages souvent mal conçus pour les
radios et TV. Les informations diffusées peuvent porter des idées fausses : En
Angola, en 2005, les images télévisées du personnel de santé avec masques et
tenues de cosmonautes laissaient penser que le choléra saute au visage et peut
entrer par le nez ! Autre exemple : En chine, les affiches et films étaient en mandarin,
langue presque inconnue des Ouighours ruraux du Xinjiang, etc.
Il existe une vidéo Prescription for health, une vidéo1 produite au Canada par le
CRDI – IRDC et que nous utilisions déjà au Malawi en 1990 ! elle a été utilisée pour
la prévention des maladies diarrhéiques en Indonésie et en Chine. Partout, on a
constaté que les séquences animées montrant le cheminement des bactéries étaient
immédiatement comprises, même par des personnes qui n’avaient jamais vu une
télévision auparavant. Le film est sur le CDROM Hygiene promotion de MSF
Belgique depuis 2000.
Pendant les épidémies, ces images peuvent être diffusées dans les gares de bus et
de train, sur les marchés, dans les hôpitaux et les centres de santé, et même à la
télévision. Que ce soit avec un vidéoprojecteur, une télé ou un écran d’ordinateur, la
diffusion d’images est de plus en plus facile et bon marché. Seule la connaissance
de la maladie permet de dissoudre les peurs et d’éviter les comportements à risque.
Même les représentants des autorités sanitaires ont peur du choléra : le médecin
d’un l’hôpital en Angola refusait d’entrer dans la tente d’isolation ! Ce genre de
comportement du personnel hospitalier est dû à la méconnaissance de la maladie et
explique le taux de mortalité élevé constaté à cet endroit (CFR = 11,6% !).
L’information peut servir également à la formation du personnel des CTC.
3.2.8 Amélioration de l’hygiène des lieux publics
Il est possible d’améliorer l’hygiène des restaurants (gargotes des marchés et des
gares en particulier) en conseillant les commerçants et en leur fournissant des
solutions chlorées qui serviront pour la désinfection du matériel (planches à
découper et plans de travail), le lavage des mains des cuisiniers et des serveurs, etc.
Ces actions se font de manière préférable en collaboration avec les services
d’inspection sanitaire de la municipalité qui ont autorité sur ces commerces.
Dans le même domaine, nous pouvons envisager d’appuyer les services d’inspection
sanitaire et la municipalité pour améliorer l’hygiène des marchés : enfouissement et
incinération des ordures, drainage des points d’eau, etc. Ne pas oublier les écoles, et
autres lieux publiques de rencontre et d’échanges de produits contaminés !
__________________
1
Prescription for health, Canada, IDCR, 1983, support video, 22mn. cf. www.idrc.ca
Septembre 2006
Page 24
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
Références bibliographiques
CAIRCROSS Sandy, FEACHEM Richard G., Environmental Health Engineering in
the tropics : An Introduction Text, UK, Ed. John Wiley & Sons, 1983, 283p.
Cholera guidelines, Paris, MSF Guidelines, 2004, 158p.
CHOOPUN Nipa, COLWELL Rita R., HUQ Anwar, LOUIS Valérie, Simple Procedure
for Rapid Identification of Vibrio cholerae from the Aquatic Environment, Publication
scientifique dans la revue “Applied And Environmental Microbiology”, USA, American
Society for Microbiology, Fev 2002, P.995-998.
Doc web : http://aem.asm.org/cgi/reprint/68/2/995.pdf
DAVIS Jan, LAMBERT Robert, Engineering in emergency : a practical guide for relief
workers, UK, Ed. ITDG, seconde édition 2005, version CDROM, 736p.
DORLANCOURT Fabienne, Prise en charge par MSF des épidémies de choléra en
milieu ouvert : Revue des 7 dernières années, Paris, Epicentre, nov. 1997, n°42, 57
p.
EauSP : CDROM de la formation Eau en Situation Précaire 2006, Paris, MSF, 2006.
Guidance Manual on water supply & sanitation programs, DFID, 1998
HOUSE & REED, Emergency water sources, UK, Ed WEDC, 1997, 253p.
ROTTIER Erik, INCE Margaret, Controlling & preventing diseases: The role of water
and environmental sanitation interventions, UK, Ed.WEDC, 2003, 292p.
PAQUET Christophe, 10 measures to decrease mortality during dysentery outbreaks,
Paris, Epicentre, 1995, 13p.
Prise en charge d’une épidémie de choléra, Paris, MSF Guidelines, 111p.
Vibrio cholérae in Microbiological agents in drinking water, Addendum de la seconde
édition du Guidelines for drinking-water quality, OMS WHO, p.119 à 142. Le
document
est
téléchargeable :
www.who.int/entity/water_sanitation_health/dwq/admicrob6.pdf
WUILLAUME Françoise, Synthèse des activités de lutte contre le choléra
développées par MSF Belgique 1989 – 1991, Bruxelles, MSF Belgique, Janvier
1992, 21p.
Vidéo d’éducation sur la transmission des maladies féco-orales :
Prescription for health, Canada, IDCR, 1983, support video, 22mn.
Septembre 2006
Page 25
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
ANNEXES

Détection précoce et repérage des foyers de l’épidémie

Les principales sources d’eau potable et leur disponibilité
Septembre 2006
Page 26
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
Détection précoce et repérage des foyers de l’épidémie
Une flambée diarrhéique peut s’avérer être du choléra ; aussi, une réaction rapide
aux apparitions de diarrhée permet d’enrayer - ou du moins limiter - la propagation
de la maladie. Dans une zone sensible au choléra, c’est-à-dire à forte concentration
humaine avec des conditions sanitaires précaires, l’enregistrement des cas de
diarrhée au niveau des structures de santé permet la construction d’un graphique
très représentatif de la situation sanitaire. Le graphique facilite la détection des
brusques augmentations du nombre de cas et permet donc de concentrer les efforts
sur la zone touchée, en commençant par la chloration de tous les points d’eau.
Exemple de détection du (des) foyer(s) de l’épidémie :
Pendant une épidémie, les informations recueillies à l’hôpital ou au CTC au moment
de l’inscription des entrées permettent immédiatement d’identifier les zones où le
choléra est le plus actif. Exemple :
Origine des malades (relevé du 16 mai 2006, en cours de semaine W20) pour 85 cas
recensés dans 16 quartiers de l’agglomération de Balombo, Province de Benguela –
Angola :
Quartier
Hojenda
Furtin
Angola Cuba
Amical Cabral
Libata
Valodia
Candieou
Cangala
Nb de
cas
25
16
14
6
5
4
4
2
Quartier
Cavissoleo
Caala
Huambo
Chissequele
Hungal
Cuando Cubando
Chicongo
Elongo
Nb de
cas
2
1
1
1
1
1
1
1
Ce sont donc les 3 quartiers de Hojenda, Furtin et Angola Cuba (à l’origine de 65%
des cas) qui ont été visités en premier par notre équipe : La chloration de tous les
points d’eau - principalement des puits ouverts non busés - a été alors mise en place
et répétée pendant les semaines suivantes jusqu’à la fin de l’épidémie. Le nombre
des admissions au CTC a baissé brusquement dès le début de la chloration des
puits mais rien ne prouve que cette baisse soit réellement liée à notre action.
Septembre 2006
Page 27
MSF France
EHA & choléra en milieu ouvert
Les principales sources d’eau potable et leur disponibilité
Source
d’eau
Facilité
de mise
en
oeuvre
Temps de mise
en oeuvre
Coût
Durabilité de la
fourniture d’eau
Avantages
/inconvénients
Nécessite la
disponibilité d’un
camion. Idéal
pour une action
ponctuelle
Idéal pour
alimenter la
population d’un
quartier urbain
Rapide
Elevé si l’action
se répète
régulièrement
Limitée au budget
Facile
Rapide à moyen (si
travaux de
réparation)
Faible à moyen
(peu
d’investissement
matériel)
Limitée à la durée
du contrat
Moyen :
dépend du
matériel
de
pompage
et de la
nécessité
de
traitement
Facile
Moyen : Temps
d’approvisionnement
et d’installation du
matériel
Moyen / élevé si
traitement
important
Limité par la durée
de vie du matériel
et à
l’approvisionnement
en produits de
traitement
Permet de
fournir des
volumes d’eau
importants
Moyen : Temps
d’approvisionnement
et d’installation du
matériel
La disponibilité de
l’eau est liée à la
maintenance du
système d’exhaure
Puits piqué /
augé /
forage au jet
Facile
Captage de
source
Facile
Rapide à moyen :
Temps
d’approvisionnement
de l’outillage mais
les travaux et
l’installation sont
rapides
Moyen : temps de
construction
Moyen (matériel
de pompage et
tubes). Coût de
traitement
généralement
faible
Moyen à élevé :
prix de
l’outillage
spécialisé
Durable car peu de
maintenance et pas
de mécanique
Fonçage de
puits busé
ou maçonné
Facile à
moyen en
fonction
de la
profondeur
de la
nappe à
atteindre
Difficile
Faible (à élevé
si construction
d’un réseau de
distribution
gravitaire)
Moyen à élevé :
prix de
l’outillage +
proportionnel à
la profondeur
Qualité meilleure
que l’eau de
surface. Volume
d’eau limité au
potentiel de la
nappe
Eaux
superficielles
généralement
contaminées
mais technique
adaptée à
l’urgence
Qualité de l’eau
généralement
bonne
Durable mais
dépend de la
simplicité du
système d’exhaure
(seau ou pompe)
La qualité de
l’eau dépend du
système
d’exhaure (seau
ou pompe)
Très élevé car
location ou
achat de
matériel coûteux
Durable mais la
disponibilité de
l’eau est liée à la
maintenance du
système d’exhaure
Peu adapté aux
situations
d’urgence car
techniquement
complexe
Camionnage Facile
depuis une
station
Contrat de
fourniture
passé avec
une station
d’eau
Pompage
d’une eau
de surface
(rivière,
mare)
Pompage
d’un puits ou
forage
existant
Forage
mécanique
Moyen à long :
disponibilité de
l’outillage + temps
de construction
Long car
mobilisation de
matériel lourd et
volumineux
Septembre 2006
La disponibilité de
l’eau est liée à la
maintenance du
système d’exhaure
et à la qualité de la
crépine
Page 28
Téléchargement