LES APPLICATION DE L’IDEE D’ALLIANCE
et de la femme d’abord. Pour avoir été le premier peuple à
comprendre la noblesse de l’amour humain et l’avoir perçu
comme placé à la racine de l’idéal moral, le peuple d’Israël a pu
concevoir une Alliance entre Dieu et lui-même. Israël fiancée et
épouse de l’Éternel ! Telle une civilisation comprend la relation
de l’homme à la femme, telle elle comprend la relation de Dieu à
l’homme. Si la femme est pensée comme inférieure à l’homme,
voire comme esclave de l’homme, son dieu n’est alors qu’une
puissance hautaine, voire un despote souverain devant qui on se
prosterne ! Enfin troisième alliance : l’alliance entre Israël et sa
terre.
A ces réalités d’alliance est attachée l’exigence éthique qui
en procède. C’est parce que ce qui est esprit, conscience et
liberté existe en structure d’alliance qu’il y a exigence éthique
d’amour, d’un amour entièrement libéré d’une condition
d’amabilité préalable de l’être aimé, d’un amour donc capable,
dès son premier jaillissement, de fidélité sans faille et de pardon
sans relâche, si besoin.
Sur la base de ces trois premières formes d’alliances, œuvre
de Dieu dans la création, et intelligibilité que la conscience hu-
maine se donne en l’histoire, il est possible de reconnaître
d’autres formes d’alliances encore, qui sont également œuvre de
Dieu, mais qui transcendent toute expérimentalité humaine.
L’existentialité d’alliance, d’engagement révélateur et
d’engagement de foi, existentialité d’essence « fiduciale » donc,
est en même temps le principe d’intelligibilité et le principe
éthique de l’existence humaine, ainsi que le peuple d’Israël en a
fait, et fait l’expérience. Cette existentialité fiduciale d’alliance a
rendu possible et réelle en l’histoire humaine l’incarnation d’une
Personne du Dieu Éternel, qui lui-même subsiste selon une
structure d’alliance en lui-même. Toute cette existentialité
d’Israël a été et elle reste ainsi la condition première de
l’intelligibilité de cette incarnation et de l’intelligibilité de la
révélation transcendante que Dieu réalise en cette « incar-
nation ». Il est inutile de substituer au terme noble et interper-
sonnel d’alliance les termes de « médiation » ou « médiateur » ou
autres encore tirés d’une philosophie objectiviste ou chosiste ou
d’une religiosité sacrificielle. Dans sa réalité humaine et par la
conscience qu’il en a, au travers de son concept d’alliance, le
peuple juif garde vivant le principe d’intelligibilité de la
révélation de Dieu en Jésus, même s’il n’adhère pas à cette