
10,7 ‰ pour la population belge autochtone (Peeters & De Muynck, 1994). Les
données sur la mortalité périnatale sont importantes, car elles sont considérées comme
l’un des indicateurs les plus objectifs de la santé d’une population (Schulpen, 1996).
De plus, une étude effectuée aux Pays-Bas révèle que la mortalité chez les enfants
d’origine marocaine ou turque est deux fois plus élevée que chez les enfants
néerlandais (Van Steenbergen et al., 1996). En Allemagne, on a constaté en 1999 que,
sur 1000 enfants immigrés nés en bonne santé, 5,4 en moyenne décédaient au cours de
leur première année de vie. Ce chiffre était de 4,4 dans le groupe allemand témoin
(Bureau fédéral allemand des statistiques, 2000).
Pour les autres problèmes de santé, les données sont peu abondantes. Au Royaume-
Uni, il s’est avéré que le diabète de type 2 était deux fois plus fréquent chez les
personnes venues du sous-continent indien. Roderick et al. (1994) ont montré que le
risque que ces personnes présentent une insuffisance rénale au stade terminal
(nécessitant un traitement de substitution rénale ou une greffe de rein) était dix fois
supérieur à celui couru par les Britanniques. De plus, il y a lieu de penser que, dans
certains pays, des obstacles à l’accès à la transplantation nuiraient à son équité,
comme une étude l’a récemment montré en Australie à propos des Australiens
autochtones (Cass, Cunningham, Snelling et al., 2003).
Plus important encore, plusieurs études indiquent que les minorités ethniques
présenteraient un moins bon état sanitaire général. Les Pays-Bas sont l’un des rares
pays à organiser des études sanitaires dans différents groupes ethniques
. D’après
l’étude sanitaire réalisée chez les Turcs habitant aux Pays-Bas, toutes les données
recueillies montrent que l’état sanitaire ressenti (et dans une mesure limitée objectif)
de ces personnes est moins satisfaisant que celui des Néerlandais. Quelque 25 % des
Turcs décrivaient leur propre état de santé comme « pas très bon », contre 11 % des
Néerlandais. Plus de 33 % des Turcs souffraient d’au moins une maladie chronique
(25 % des Néerlandais). La prévalence de l’obésité (définie par un indice de Quételet
supérieur à 27) était de 33 % chez les Turcs, soit deux fois plus importante que chez
les Néerlandais (CBS, 1991).
B. Causes des variations ethniques de l’état sanitaire
Le débat sur les inégalités de classe (ou socio-économiques) en matière de santé a
éclairé l’analyse des variations ethniques de l’état sanitaire. Cette question a
commencé à retenir l’attention en 1980 avec la publication du rapport Black au
Royaume-Uni. Pour expliquer le rapport inverse observé entre classe sociale et
mortalité prématurée, le rapport Black proposait quatre théories possibles – biais dans
les méthodes de mesure, sélection sociale, causes culturelles et causes matérielles –,
en privilégiant la dernière (à savoir les effets directs ou indirects des conditions
environnementales et économiques défavorables). Andrews et Jewson (1993) et
Smaje (1996) ont développé ce cadre en vue d’examiner les variations ethniques en
matière de santé. Ils distinguent les catégories suivantes :
Facteurs biologiques/génétiques
. Plusieurs auteurs estiment que les études sanitaires générales se prêtent mal à la collecte de données
sur la santé des minorités ethniques (voir par exemple Bhrolchain, 1990).