C. la synthèse :
Faire une synthèse sur un personnage aussi important est une gageure... A tout hasard, je vous proposerai les axes
de réflexion suivants:
LE FOSSOYEUR DE LA RESPUBLICA :
- la constitution républicaine traditionnelle a été fragilisée par diverses tentatives de ce qui allait devenir
le parti du peuple (les populares). César apparaît bien commun un héritier de Marius, dont il est d'ailleurs le
neveu, est d'ailleurs, lors des proscriptions antimarianistes de Sylla, César qui n'avait pas vingt ans de la sauver sa
vie que grâce à l'intervention d'amis influents auprès de Sylla. Néanmoins, César ira plus loin que son oncle
Marius parce qu'il eut une habileté politique que n'avait pas son oncle.
- le triumvirat de 60: lorsque César, Pompée et Crassus s'associent, ils n'ont pas de réel projet
politique : il s'agit simplement pour eux de partager le pouvoir, ou de gouverner par l'intermédiaire d'hommes de
paille à leur service. Mais il n'y a pas entre eux de projet construit et calculé de destruction de la république ; dans
le cas de Pompée, on pourrait même dire que l'intention serait même de la renforcer à son profit.
- le franchissement du Rubicon en 49 est le moment décisif de cette activité de sape du système
traditionnel : "Alea jacta est !" . pourtant, dans cette entreprise qui n'est rien d'autre qu'un coup d'état, César agit
essentiellement par nécessité : c'est l'échec des négociations avec Pompée qui provoque la crise et la transgression
du Rubicon.
- la dictature accordée ensuite à César pour dix ans, puis à vie, réduit à néant tout espoir de maintien
des institutions traditionnelles, qui ne sont plus que des jouets dans les mains d'un homme qui concentre sur sa
personne tous les pouvoirs, et ceci dans la plus grande illégalité.
LE MODELE MILITAIRE : César est ici encore tributaire de son modèle Marius qui, très populaire auprès
de ses troupes, les avait assez facilement habituées à combattre pour leur chef plutôt que pour les politiciens
intrigants de l'ordre sénatorial. Mais là encore, César a fait mieux :il a su développer sa propagande mais surtout il
s'est construit en Gaule une armée bien entraînée et qui lui était largement acquise. Dans l'art de se forger une
armée dévouée à sa personne, il fut plus efficace que Marius ou Pompée. Bien sûr, il avait des talents certains de
général, mais, comme Alexandre, il a gagné ses batailles en cultivant des relations personnelles avec la troupe,
relations ambiguës mélangeant autorité et affection, renforcées encore par le fait que qu'il a toujours mené ses
légions à la victoire, donc à l'enrichissement personnel du légionnaire.
UNE METHODE POLITIQUE INNOVANTE : L'ART DE LA PROPAGANDE : par ses écrits, par ses monnaies,
par les spectacles qu'il a offerts au peuple, par ses constructions... César a su diffuser une image de lui-même
largement enjolivée mais extrêmement séduisante. Plus que d'autres, et en particulier plus que Pompée et Crassus
(auquel il avait emprunté des millions de sesterces), César a su séduire la plèbe romaine : dès son édilité, il s'était
rendu populaire en donnant des jeux extrêmement coûteux mais fort appréciés du petit peuple. à l'autre bout de sa
carrière, dans son testament, il gratifia encore chaque citoyen d'une coquette somme laissée en héritage (800
sesterces par citoyen). Enfin, sa fameuse clémence paraît aussi un instrument politique de propagande, même si
visiblement, il préférait séduire plutôt qu'éliminer des opposants qui finirent d'ailleurs par l'assassiner.
LE MODELE MORAL : dans ce domaine aussi, bien qu'il sorte d'une vieille gens patricienne, César est un
homme nouveau dans les idées. Il est typiquement romain dans le fait de construire sur sa personne un système
politique que personne n'aurait imaginé, et dont Auguste reprendra largement le principe, mais il se singularise en
affirmant haut et fort qu'il est exceptionnel.
D'une manière qui fascinera plus tard les romantiques, César s'affirme comme étant au-dessus des lois politiques
mais aussi au-dessus des lois morales (sa réputation de séducteur parmi les femmes de la noblesse était bien loin
d'être de la simple propagande, mais en politique aussi, il préfère séduire plutôt que détruire l'adversaire, d'où
cette fameuse clémence qui lui coûta finalement la vie). Ce désir d'être en dehors des cadres traditionnels
s'affirme très visiblement un mois avant sa mort, au moment où Marc-Antoine lui présente lors d'une fête
publique un diadème royal qu'il repousse en disant : " Caesar sum, non Rex." (encore une scène de propagande,
mais qui montre bien comment César se situait face à l'idée monarchique). Une personnalité si marquée a
évidemment inspiré nombre de personnages de l'histoire de l'Europe, tels que Napoléon qui, lui aussi, aurait pu
dire de lui-même :"Je suis une force qui va." Cette même volonté d'être une exception se retrouve aussi chez un
personnage comme De Gaulle, dans une revendication qui semble combiner une certaine vérité intérieure et une
propagande savamment calculée.
CONCLUSION : Pour comprendre César, il faut le comparer à Auguste : bien qu'ils se ressemblassent dans
certaines pratiques et dans leur désir d'un pouvoir absolu, ils s'opposent et se complètent en ce que le
premier a détruit la République et que le second a bâti l'Empire.
http://pagesperso-orange.fr/grozouland/ .../CESARficheacompleter.doc