Journées Sectorielles Education 13/12/2012
INSERTION SOCIOPROFESSIONNELLE
Luc DEMEESTER
L’insertion professionnelle effective des lauréats du sous-secteur de l’Enseignement des Métiers, de la
Formation professionnelle et de l’Alphabétisation constitue un défi majeur pour les jeunes artisans et
pour le développement économique du Burundi. L’insertion réelle apparaît comme l’objectif principal
qui devrait être poursuivi par l’EFTP.
Or les filières proposées (couture par exemple) sont souvent en profond décalage avec la réalité et les
perspectives de développement économique. La réforme de tout le sous- secteur actuellement à
l’œuvre, grâce à l’appui des projets AEP-AFPT notamment, tente de positionner l’offre de formation en
phase avec les besoins de l’économie du Burundi d’aujourd’hui et de demain. Or, les analyses
montrent que le secteur de l’artisanat informel est riche de perspectives de développement
actuellement inexploitées. Reste à rendre ces possibilités réalisables et à implémenter les appuis
indispensables.
Les 3 projets successivement mis en œuvre par la CTB de 2005 à 2017 nourrissent cette même
ambition : appuyer le sous-secteur de la Formation Professionnelle et Technique de manière telle à
améliorer l’insertion des lauréats et leur capacité à se positionner comme acteurs de leur propre
autocréation d’emploi.
En effet, alors que l’économie nationale reste très largement confinée à l’agriculture et au secteur
informel de l’artisanat et des services, il apparaît que l’ensemble des indicateurs économiques du
Burundi restent désespérément dans le rouge tandis que le pays s’ouvre progressivement au marché
régional (EAC). Celui-ci s’avère d’ailleurs constituer davantage une menace qu’une opportunité tant la
productivité et la qualité se situent en deçà de ce qui se pratique dans les pays voisins. La
concurrence des fripes et vêtements d’occasion, par exemple, frappe violemment la filière coupe et
couture qui reste profondément engoncée dans un mode de fonctionnement traditionnel, très peu
rémunérateur et profondément atomisé.
Pourtant les marchés locaux sont solvables, par exemple dans le domaine de la transformation agro-
alimentaire, quasiment totalement absente de l’économie nationale. Quand les boîtes de concentré de
tomates italiennes importées ont envahi depuis des années l’alimentation des ménages burundais, il
apparaît que 3 récoltes annuelles font de ce fruit un des produits phares de l’agriculture burundaise
pas du tout valorisé ou transformé même de façon artisanale.
Les exigences d’amélioration de la professionnalisation et de l’organisation de ces professions, de la
qualité des productions et du renforcement des compétences des lauréats, en phase avec ce qui se
réalise chez les voisins, constituent le fil rouge de la démarche d’appui à l’insertion que les projets
AEP-AFPT ont entamé.
En effet, les filières de l’artisanat éprouvent les plus vives difficultés à se développer au-delà de la
précarité et du sous-emploi et ce pour plusieurs raisons : faible propension à l’association, à la
mutualisation de l’investissement, innovation largement absente et positionnement sur des marchés
locaux très peu solvables, accès à l’investissement à des taux bancaires usuriers, etc.
La qualité ressentie souvent très basique des productions proposées limite fortement les possibilités
de développement.
Dépasser les représentations culturelles conservatistes et les logiques de réplication, privilégier
l’innovation et la différentiation, améliorer les conditions du doing business par des appuis concentrés,
stimuler l’esprit de coopération entre les lauréats, les artisans déjà établis, les unités de production
mises en place dans les établissements scolaires sont des actions indispensables pour que le
système évolue favorablement.
La capitalisation des résultats structurants obtenus dans le cadre des projets AESTP-AEP doit
permettre au projet AFTP de concentrer ses efforts sur la dynamique d’appui à l’insertion
professionnelle. Les bons résultats obtenus en matière de formalisation (manuels de procédures), de
référentiels métiers et de profils de fonction, de modalisation de la gestion des centres appuyés et
d’une progression globale significative de la qualité de la gestion autorisent aujourd’hui la possibilité
de traduire concrètement des stratégies facilitant l’insertion des lauréats.
Journées Sectorielles Education 13/12/2012
Les cellules d’insertion sont en place, bénéficient d’appuis directs, renforcent leurs capacités et
commencent à accompagner réellement les lauréats dans leur insertion professionnelle. Ce dispositif
implanté dans chacun des centres est essentiel ; il doit poursuivre et intensifier sa professionnalisation
et sa montée en puissance progressive en se fixant un plan d’action et se dotant des outils
permettant de parvenir à des résultats mesurables et structurants en matière dinsertion. Ces cellules
sont dotées du nécessaire pour travailler même si des difficultés rédhibitoires subsistent en matière de
gestion des ressources humaines afférentes. Elles doivent constituer, avec les unités de production,
le fer de lance et le point d’appui terrain de toutes les stratégies d’insertion qui seront implémentées
par le projet AFPT.
Les possibilités d’actions orientées résultats ne manquent pas : entreprises d’insertion, coopératives,
appuis à l’investissement via fonds de garantie, leasing et location-achat, renforcement des capacités
pour design, innovation, couveuses d’entreprises, coopératives d’activité ; un ensemble de solutions
non exhaustives, adaptées à chaque réalité locale pour potentialiser les initiatives locales et assurer
leur pérennisation économique et humaine.
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