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Cours de SOCIOLOGIE - Claude JAVEAU - 2003-2004
Introduction : Définitions
Il existe deux types de sociologies :
 la macro-sociologie: le système institutionnel
 la microsociologie : les relations entre personnes
Ex :
- Macro: La langue que je parle est une institution. On utilise les ressources de l'institution pour communiquer.
Etudier l'évolution de la langue…
- Micro:quel language utilisons-nous ?, j'écris, les SMS…
La sociologie est une science sociale, c'est un ensemble de savoirs plus ou moins scientifiques qui s'intéressent à la
manière dont les gens vivent ensemble. Elle fait partie des sciences de l'homme. C'est la science des gens. Elle
commence là où la psychologie s'arrête. Elle se pose la question des interdits (d'où viennent-ils ? Exemple: le porc
porcs musulmans).
La sociologie est un discours scientifique jeune, elle n'existe que depuis une centaine d'années. Elle a été tentée,
à son origine, par deux directions différentes :
 tentation scientiste : ceux qui ont inventé la sociologie ont appliqué au système collectif humain le même
raisonnement que les lois de la nature (lois qui dictent la manière dont on vit ensemble)
 tentation moraliste : se penser comme philosophie de rechange (éthique basée sur des phénomènes
concrets)
Qu'est-ce qu'une science ?
La science, telle qu'on l'entend chez nous, est un discours dont l'objet principal est de dire le vrai de phénomènes
objectivables. Un phénomène objectivable est un phénomène qui peut être présenté à tout le monde par
opposition au phénomène subjectivable.
Ex : L'amour n'est pas un phénomène objectivable, c'est la subjectivité qui entre en jeu.
La science ne peut résoudre tous les problèmes et s'occuper de tout ce qui se passe. Il y a une partie purement
personnelle qui échappe à la science.
Comment traite-t-on de la nature ?
Depuis les Grecs (lettrés), on a essayé de comprendre le monde par la raison. Ceux-ci ont appliqué 3 choses au
moins dans la dimension de l'attitude scientifique:
 le désenchantement du monde : la posture scientifique pense que ce qu'il se passe dans la nature est
naturel, le surnaturel n'existe pas. (trolls, fées…)
 les lois de la nature : les phénomènes sont liés entre eux par des relations universellement interposables.
(ex : 2H+1/2O2à H2O)
 prouver ce que l'on dit par la raison
Il existe des lois universelles, comme par exemple la loi de la gravitation de Newton. Une loi est une relation
constante entre les faits, c'est un invariant transituationnel (càd qui traverse les situations).
Ex : invariant sociologique : dans toute société on parle de la mort / invariant biologique : tous les hommes se
reproduisent qlq soit la race.
But des precurseurs: trouver au millieu du monde humain les meme invariants transituationnels: Montesquieu a
écrit « L'esprit des lois » : les lois qu'on se donnent ne sont que des lois parmi d'autres, parmi des lois de la
nature. Même si ce sont des lois différentes, il y a partout sur Terre des lois et des interdits. Les lois humaines
renvoient aux lois générales de la nature.
Une première direction de la sociologie est donc la recherche d'invariants.
Le sociologue étudie la société qui est formée par nos interactions sociales. La société est incorporée dans
nous, elle est une sorte de seconde nature, elle nous donne des réflexes dont nous avons oublié l'histoire, l'origine
(sont intériorisés). Cette partie de société qui est en nous constitue notre identité. La langue, l'ensemble des
traditions, nos valeurs familiales… constituent un bagage héréditaire, la culture.
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Rapport entre société et culture
Les sociologues appellent la culture : « l'ensemble des manières de voir, de penser, de sentir et d'agir, propres à
une collectivité donnée. » Cette définition remonte à une formulation de Tylor dans un de ses ouvrages : «
Primitive culture ». Tylor produit une révolution symbolique à l'époque en accolant les termes de culture et de
primitif. Ces deux termes étaient à l'époque contradictoires car il était impensable d'attribuer une culture aux
peuples primitifs. Pour Tylor, chaque société possède sa propre culture, aussi primitive soit elle.
La définition de culture suppose qu'il existe une pluralité de cultures et donc des cultures.
Du point de vue anthropologique : identification d'une grande variété d'aires culturelles mais existence d'invariants
Du point de vue sociologique : distinction d'un certain nombre de sous-groupes, de catégories sociales au sein
d'une même société.
Culture bourgeoise><populaire
Culture de l'élite >< culture de masse
Cultures><la culture
On peut raffiner à l'infini ce genre de distinction.
La diversité culturelle est donc attestée aussi bien du point de vue anthropologique que sociologique.
Les cultures s'opposent à LA culture.
La culture humaniste, classique est faite d'un corpus d'œuvres de l'esprit humain. Elle représente notre héritage
universel commun et le fait d'être cultivé est censé nous amené sur le chemin du progrès, du bonheur… Elle doit
nous rendre plus humains, plus civilisés et plus raisonnables.
Ce passage de la culture vers les cultures pose des problèmes à certains penseurs (philosophes, nouveaux
réactionnaires comme Luc Ferry…) car il représente la ruine de la culture, la disparition des hiérarchies culturelles.
Pour eux, il ne peut y avoir que la culture classique, la leur. Les sociologues sont accusés d'avoir dissout la culture
dans le tout culturel.
La sociologie est l'héritière des idéaux humanistes des Lumières (principe organisateur de l'économie, la vie
sociale…). Les sciences humaines voulaient poursuivre le progrès des Lumières. Elles reconnaissent aux cultures
différentes une égale dignité. La sociologie a conduit au dialogue des cultures plutôt qu'aux chocs des civilisations,
elle a conduit aussi à l'accueil des cultures.
La culture qu'on reconnaît comme sienne est une culture incomplète, ramifiée. Nous sommes multiples,
l'aboutissement de plusieurs histoires. La culture vécue contribue toujours à nous rendre singulier. Nous sommes
différents mais ce n'est pas une altérité radicale. Si nous sommes différents, ce n'est jamais complètement. Si nous
sommes égaux, ce n'est jamais complètement. Il faut se méfier du fait de bricoler une culture dans laquelle on
essaie de se fondre.
Rimbaud : « JE est un autre. »
Le projet des Lumières était d' appliquer la raison à soi et au monde . Il y a donc un processus de rationalisation du
monde qui a engendré la société moderne et qui lui a permis de se penser, de construire son identité. Le
rationalisme s'est déployé dans notre société au rythme auquel la bourgeoisie s'est installée dans la politique et a
trouvé sa légitimité dans le progrès.
Rapport entre raison et progrès :
 d'un côté : la méthode rationaliste permet l'accumulation de connaissances à progrès scientifique
 de l'autre : la maîtrise rationnelle permet d'envisager la perfectibilité morale de l'espèce humaine à progrès
moral.
Le savoir est toujours une forme d'action.
La modernité va se manifester politiquement entre autres par la révolution française et puis plus tard
économiquement par la révolution industrielle, ce qui sappe le respect des traditions agraires (on pratiquait une
certaine sagesse populaire basée sur le temps cyclique des saisons et sur la foi en Dieu).
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La sociologie est apparue à la fin du 19e siècle pour étudier notre société de manière rationnelle. Elle procède de la
modernité. Elle oppose à la fois un idéal (idée que la raison va conduire à l'émancipation de l'homme) à une
conviction (l'homme est perfectible et la société est réformable). L'ambition de la sociologie est d'essayer de
comprendre comment la société se produit elle-même, comment elle fonctionne… Les choses ne sont pas là
éternellement, ce sont le produit de l'homme. L'objectif est de faire comprendre aux hommes comment ils font
l'histoire.
« Les hommes ne savent pas l'histoire qu'ils font. »
Aujourd'hui, dans notre société, seul un corps d'experts est à même de déchiffrer le sens de l'histoire. (domaine de
l'expertise)
Le citoyen normal est de plus en plus désemparé face au monde.
La sociologie propose alors d'essayer de rapporter nos expériences personnelles à des enjeux collectifs (même
but que la religion sauf qu'elle le fait de manière rationnelle). Ce rapport entre notre expérience individuelle et les
rapports collectifs semble de plus en plus difficile à saisir car le citoyen est tiraillé dans la société par le libéralisme
(l'individu est seul responsable de son sort) et le collectivisme (le destin d'un individu est poussé par des forces
économiques et sociales; échec dû à des forces supérieures: irresponsabilité)
Ex : élèves en échec scolaire
Les citoyens vont commencer à culpabiliser car ils ne trouvent pas d'explication sur la plan personnel. Ils vont
déprimer, ne plus rien comprendre à ce qu'ils leurs arrivent. à forme d'irresponsabilité à destin social
Ils vont donner comme raison à cet échec la société. à sentiment d'impuissance face à la marche du monde. Ces
personnes vont tourner le dos à un avenir qui n'est plus aujourd'hui concevable. L'individu moderne se méfie de
cet avenir qui paraît menaçant et privilégie la nostalgie, la passé idéalisé et rassurant.
Dans les années 70, il y a eu une crise de la modernité qui a produit une rupture.
« Société post-industrielle »
La post-modernité : état de société et condition de savoir qui achèvent le projet de la modernité. La projet de la
modernité postule progrès moral de la société du monde.
Tout doit être accessible aujourd'hui (Internet…) à idéal d'émancipation de l'homme
Les post-modernes cultivent les particularités. (syndrome de la fin des croyances où les grands récits fondateurs de
notre histoire se sont effondrés, disparition du sujet historique : l'avant-garde et le futur de la société,. MAIS il y a
une retour du sujet individuel)
Thèse de la post-histoire : La monde d'aujourd'hui ne se représente plus sur le monde de la page blanche mais
sur le monde d'une bibliothèque avec le sentiment que tout a déjà été fait, dit, écrit. La réalité a été assassinée par
son double virtuel.
Cette vision du monde encourage la déresponsabilisation. Nous sommes impuissants car tout a déjà été fait.
Il est donc nécessaire de préserver toutes les traces du passé notre société érige le patrimoine: muséalisation du
monde (nouvel évangile qui conçoit le monde, cf. tourisme culturel).
Le patrimoine : cette notion a connu des dérives. Ce terme juridique renvoie à la propriété, aux biens familiaux
transmis sous forme d'héritage.
On en parle dans beaucoup de domaines : par exemple, en génétique : patrimoine génétique
Aujourd'hui cette notion recouvre tout ce que l'homme a produit depuis la nuit des temps jusqu'à notre patrimoine
naturel. Hantisse de ne pas se souvenir: il faut inventorier.
Le climat fait partie de notre patrimoine universel, comme le boudin de Liège, l'ADN…
Extension illimitée de ce qui peut être rendu au rang de patrimoine à PARADOXE dans la non limitation de l'éventail
d'activités et d'objets qui font partie de la patrimoinisation.
Projet de patrimoinisation du monde : on a inventorié le 19e siècle pour le livrer à la curiosité humaine. On
veut laisser des traces à l'égale des anciens. Le 19e siècle est le siècle du scientisme, positivisme mais aussi du
musée. L'obsession du 19e siècle est de laisser une trace dans le but de glorifier la notion.
Au 20e siècle : hantise de ne pas se souvenir. C'est qui incompréhensible dans le sens où c'est le siècle où il y a le
plus de documents.
Il faut muséaliser le monde.
Proverbe juif : « A la naissance nous héritons tous des racines et des ailes. » Les racines font référence au
passé, à l'histoire et les ailes portes la modernité.
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L'identité est un projet de vie, on n'en hérite pas, on la construit. L'histoire c'est un récit qui se construit à partir
des intérêts qui sont les nôtres. L'histoire est une reconstruction symbolique, imaginaire. Nous avons un fantasme
d'identité.
La prolifération des musées n'est peut-être pas tant la reconnaissance de la diversité culturelle comme on le
proclame, mais plutôt le triomphe de la rationalisation muséale du monde (devenir musée du monde). Cette
multiplicité s'apparente aussi à la diversification de l'offre, plus même que la découverte des cultures différentes.
Ce qu'on va voir au musée, c'est une trace de ce patrimoine universel qu'on s'est approprié.
Nous devenons aujourd'hui des touristes du monde mais aussi de notre propre culture, d'où notre regard
désengagé, distancié.
Les deux aspects de la sociologie
1er aspect : mettre en évidence des lois de l'humanité
Les lois permettent le fonctionnement de l'être humain et la vie en société. Il existe deux types de lois :
 loi de récurrence : chaque fois qu'il y a A, il y a B
 loi d'évolution : les êtres vivants ne sont pas stables dans le temps (évolution diachronique) à loi des
espèces : Darwin à révolution
L'évolution dit que les êtres vivants ne sont pas stables dans le temps mais passent par des étapes, du plus
simple au plus compliqué. D'autres espèces naissent et se développent.
La pensée du 19e siècle a été révolutionnaire. Darwin était athée : nous descendons du singe et nous ne sommes
peut-être pas le dernier stade de l'évolution possible. Cette pensée a dominé le 19e siècle. Darwin ne connaissait
encore rien à la biologie, d'où la mutation, il n'y pensait même pas.
Au 19e siècle, la femme est un être inachevé de l'homme. La pensée sociale pense que la société continue le
processus.
En 1880, quand on invente la théorie de l'évolution, l'Europe est à un stade de civilisation élevé.
Le sauvage est à un stade inférieur de l'évolution, c'est pour ça qu'on l'appelle primitif.
Le devoir de l'Europe, c'est d'apporter la civilisation à ces « sauvages ». La pensée évolutionnaire persiste.
Il existerait donc une évolution des sociétés et aussi une évolution au sein d'une même société à DARWINISME
SOCIAL ( les plus élevés : les bourgeois et le moins élevés : les ouvriers, les sauvages)
Au sein de la société, on va créer un système pour que les ouvriers puissent accéder au niveau le plus élevé du
point de vue social.
Nous allons avoir dans les lois de l'évolution, des lois pré et post-darwinistes.
Auguste LE COMTE : il a inventé le mot « sociologie » qu'il annonce comme une science ultime de toute science.
Il a énoncé une loi ultime : la loi des 3 états :
 l'état théologique : les hommes se représentent le monde comme étant dirigé par des forces surnaturelles.
Dans chaque rivière, montagne, il y a un dieu. Ils actionnent l'humanité.
 L'état métaphysique : c'est un stade intermédiaire. L'humanité n'est plus mû par des forces surnaturelles
mais par des forces abstraites (le progrès, la démocratie, la nation…)
 L'état positif :les êtres humaines se rendent compte que ce qui importe est le comment et non le pourquoi.
On ne croit plus mais on constate.
Le Comte avait créé une religion positiviste à paradoxe.
DURKHEIM : fondateur de la sociologie universitaire. Il fixe dans les "Règles de la méthode sociologique" les
bases épistémologiques de toute recherche sociologique. Il définit les faits sociaux:"manières d'agir, de penser et
de sentir, extérieur à l'individu, et qui sont donnés d'un pouvoir de coercision en vertu duquel il s'impose à lui". Et
il ajoute une première règle: les faits doivent être traités comme des choses.
Il y a aussi des lois de l'évolution. Pour lui, on passe d'une société simple (solidarité mécanique : peu de division du
travail) à une société complexe (solidarité organique).
On a longtemps cru que le 20e siècle était celui du progrès mais, pour lui, en réalité c'est le siècle du plus grand
massacre (dans beaucoup de société, la guerre s'arrêtait au premier tué).
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L'idée de progrès et de régression participent à l'évolution. Dans cette vision évolutionniste certains arguments
sont vérifiables de manière empirique (la biologie) et d'autres par la spéculation philosophique.
Lois de récurrence : elles sont peu nombreuses. Ce sont des lois statistiques à relation scientifique de la sociologie
(ex: relation entre le taux de suicide et la pratique religieuse, ou le milieu socio-culturel qui détermine le taux de
réussite à l'école établi par D., mais avec des exceptions).
2ème aspect : les sciences humaines fondement de la morale en occident.
A côté de la vocation scientiphique de la sociologie, il y a l'idée qu'elle doit servir de fondement pratique à nos vies,
c'est la morale. Pendant longtemps, celle-ci a eu une origine divine. Pour les chrétiens, la morale est tirée de
prescriptions divines: les 10 commandements. Si on se rend compte qu'il y a trop d'exceptions et donc trop de
sanctions, il faut remettre les lois chrétiennes en cause.
EX : « Tu ne tueras point. » C'est paradoxal si on regarde l'existence de la peine de mort ou du meurtre légitime
(légitime défense)
EX : La masturbation : Avant, elle était considérée comme un crime abominable. Mais quand on a remarqué que
c'était très courant, on a changé d'avis. Les idées ont changé. En Psychologie Clinique, on voit que la masturbation
est utile pour le développement de l'esprit de reproduction. Or, la morale est le résultat de conventions et elle n'a
rien de scientiphique.
Une des fonctions des sciences humaines est de dénaturaliser nos comportements, de relativiser nos systèmes
moraux.
On a tendance à naturaliser des comportements qui ne sont pas naturels.
EX : Découverte de corps de Julie et Mélissa : panique morale, une immense émotion s'empare du pays. Ce n'est
pas cette histoire qui a vraiment fait trembler le pays, c'était le fait que c'était un sujet principal de l'actualité et
dans les conversations.
Nous ne sommes pas des choses, nous avons la capacité du libre arbitre.
Il serait faux de fonder la morale à partir de la psychologie. La morale est le résultat de conventions.
Il est peut-être salutaire de renverser la manière d'observer la sociologie. Au lieu de voir d'en haut, il faudrait voir
d'en bas et donc faire de la micro-sociologie.
EX : la langue que je parle est une institution. On est tenu par la construction et la phonétique de la langue. On a
des règles, on ne fait pas tout ce qu'on veut. àsocial objectivé
Ces institutions ne sont pas immuables dans le temps.
Le système institutionnel est un système de contraintes mais aussi de ressources. C'est à l'intérieur de ce
système que nous allons créé notre système personnel.
A la naissance, nous sommes tous expulsé dans notre monde dans lequel le monde institutionnel va s'emparer de
nous avec ses contraintes (macro-sociologie) et ses ressources (micro-sociologie). Les deux sont tout à fait
indissociables.
EX : Il faut prendre le train de 10h25 de Montpellier vers BXL mais ma montre est cassée. Je dois demander
l'heure. Mais ce n'est pas si simple même si la langue est la même. On repère qqn qui semble capable de donner
l'heure mais on ne demande pas n'importe comment (politesse). Ca met en œuvre un tas de choses : une
connaissance des compétences extérieures, une connaissance des formes d'introduction et de fermeture de la
conversation, une connaissance pour demander l'heure… On passe par la mobilisation d'un nombre considérable
de compétences.
Ces connaissances et ces ressources sont nécessaires pour fabriquer de la société et nous le faisons en bricolant.
Nous fabriquons notre existence avec les moyens du bord.
L'exemple de demander l'heure est tirée de cette capacité de bricoler l'existence, donc de définir une situation.
Nous nous trouvons EN situation et nous devons être capables d'en sortir. A tout moment nous sommes en
situation.
Une situation est un morceau d'espace et de temps où on se trouve à portée perceptible de l'autre. C'est l'unité
la plus petite de l'existence au sein de laquelle vont se développer des interactions dont le principe moteur est la
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réciprocité. Ces interactions constituent le maillage, le tissu social. Nous produisons constamment du social et nous
le reproduisons avec des ressources déjà disponibles, mais aussi en le reproduisant à nouveau. Nous n'accédons à
cette capacité de produire du social qu'au bout de qlq années d'existence.
La situation se définit à partir de 3 paramètres fondamentaux (Kaufman) :
 le temps
 le lieu
 le scénario
Une fois que nous connaissons les 3 paramètres, la situation peut aboutir.
EX : un cours : temps :la semaine entre 8h et 20h, lieu : auditoire, scénario : qqn qui parle et les autres qui
écoutent et prennent note, c'est un cours d'université
Parfois on connaît les 3 paramètres, mais on peut toujours douter, ça peut être du vrai ou du faux.
Le cadre primaire est le degré zéro de l'expérience ordinaire (où les choses se présentent comme naturelles).
La vie quotidienne s'inscrit en tant que continuité sur un fond de changement et changement sur un fond de
continuité.
Le monde ne change pas, ce sont les mêmes événements tous les jours, le même tram, la même rue… Notre vie
est continue, je suis toujours le même mais il y des changements dans le monde.
La vie quotidienne est entre 2 pôles :
 effervescence (Durkheim)
 longue durée : les choses changent très peu (lente respiration des civilisations, organisation familiale
toujours la même, l'unif a 900 ans)
La vie quotidienne est faite à la fois de permanences et de répétitions (ennui) mais aussi de changements.
Il y a des cadres qui sont transposés par rapport aux cadres primaires. Il est important de savoir dans quel
cadre on joue (ex: jouer à se battre, ou quand on se réveille, rêve ou réalité ¿).
Nous vivons avec les autres, nous avons été conçu par d'autres et ce que nous sommes résulte de nos rencontres
avec les autres. Notre biographie est liée à l'histoire avec un grand H (j'ai fréquenter la maison du peuple, je vis
donc dans un pays où le socialisme s'est développé), nous sommes un produit historique (le belge est un métisse
et être raciste en Belgique est une abberration).
La grande histoire se réintègre dans notre propre vie.
EX : une fille juive ne pourrait pas aller en Pologne car ça ferait de la peine à sa grand-mère (rescapée d'un camp
juif)
Nous articulons une biographie sur une histoire, nous sommes des hommes historiques portés par des milliers
d'autres hommes.
L'homme est un être d'idées càd des représentations qu'on peut verbaliser. Les animaux n'ont que des
représentations. 99% des interractions sont exprimées oralement
Le langage = base du bricolage du social. C'est une activité d'une complexité infinie. C'est une part de
subjectivité qui nous renvoie à notre biographie, à notre histoire.
EX : j'ai faim : cette phrase n'a pas la même signification pour qqn qui a toujours mangé à sa faim et qqn qui a
connu la guerre, la famine.
Le bricolage auquel nous devons nous livrer constamment passe par le langage (tatonnement dans nos
conversations).
Il y a un niveau de langage qui est lié au cadre. Choisir ses mots consiste à opérer une transaction soit dans le
cadre primaire, soit dans le cadre transposé.
La réalité pour l'être humain qui vit sa vie quotidienne, c'est lorsque le monde va de soi. La vie est une succession
de problèmes (petits ou grands) : aller à un endroit, donner un cours…
Quand je résous un problème, il faut que le reste du monde ne soit pas problématique. Si je dois résoudre le
monde, je ne peux résoudre de plus petits problèmes. Le monde doit aller de soi.
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Ce qui compte c'est le monde marche effectivement. La réalité est toujours soupçonnable:(quelqu'un dit qu'il
m'aime, est ce qu'il m'aime vraiment ¿)toute l'existence consiste à faire comme si, ce qui compte, c'est que sa
marche, quand ça ne fonctionne plus, moment fatidique: le monde s'écroule (perte de boulot, rupture).
Pour définir une situation, je faits appel à mes compétences cognitives (savoir) et normatives (rêves). Les
définitions partagées sont des illusions partagées.
Le moment fatidique c'est quand le monde s'écroule.
Le langage est toujours soupçonnable. Le savoir est accompagné de règles et d'obligations.
Nous avons un stock de connaissance qui se divise en 4 zones :
 zone de ce que nous sommes certains
 zone de ce que nous ne connaissons pas mais que nous pouvons connaître facilement
 zone de qu'on sait que ça existe mais qu'on ne sait pas comment connaître.
 Zone de ce que nous sommes incertains : choses qui existent mais que nous ne connaissons pas.
Ces 4 zones sont perméables. On oublie des choses. Ce stock de connaissances correspond à l'habitus (Pierre
Bourdieu, terme qu'il a pris de Thomas d'Aquin). Chacun de nous possède des dispositions qui sont structurées et
structurantes, parce que nous les utilisons pou améliorer nos relations avec les autres (quand je parle, je dois
respecter les règles de la langue: disposition structurées; mais en même temps, les mots que j'utilise vont
provoquer une réaction et donc être structurants pour la relation)
La structuration renvoie à l'appartenance de classe pour B. L'habitus est un habitus de classe. Nous avons aussi
un habitus personnel.
EX : par l'école, par mariage…
La situation amoureuse est nourrie par la situation amoureuse. On ne pense qu'à lui, on ne voit que lui…
Même dans la situation amoureuse qui a l'aire d'être un état purement personnel il y a une structuration par la
société et par l'histoire. Les mots pour le dire sont donnés par la société (manière différente de parler, ou de
s'aimer suivant qu'on est ouvrier ou aristocrate).
Ce stock de connaissances a été acquis lors d'un processus: la socialisation qui est l'ensemble des processus
dans lesquels les individus sont amenés à faire partie d'un groupe. C'est l'incorporation de l'individu dans la
société. On distingue
- la socialisation primaire: l'enfance (s'arrête quand l'agent sicialisateur n'est plus nécessaire)
- la socialisation secondaire: celles qui viennent après (besoins ponctuels d'agents socialisateurs).
Ce n'est pas un mécanisme car l'individu participe à la socialisation, à sa construction personnelle (données
génétiques et environnement).
EX : le bébé va constituer son monde réel (Lebenswelt) à partir des ressources, des règles que la société va lui
fournir. A travers la langue et le comportement, l'enfant va apprendre les visions du monde de sa société qui
seront plus ou moins teintés de religion. Tout au long de son existence, le bébé va traverser plusieurs sousmondes (la famille, l'école, la prison, la clinique…) dans lesquels il va devoir se socialiser grâce à des socialisateurs
(les commitards de baptême, ses voisins de chambre à l'hôpital…). Les socialisateurs sont soit officiels soit
officieux. 2 èmes espèce de sous-monde: les cercles au sein desquelles dominent un certain genre de relations
Il existe deux cercles de relations :
 Umwelt : monde des intimes
 Mitwelt : monde des contemporains.
L'Umwelt, c'est le monde des singularités càd le fait d'avoir une relation intime avec eux. On connaît leur
biographie. Cela détermine le fait que les coacteurs sont en congruence de flux de conscience.
Quand on vit avec qqn, on se comprend à demi-mot, il règne de l'indexicabilité, les autres ne comprennent pas
tout. Ce n'est pas pour autant que c'est le monde de l'affectivité positive. Il peut y avoir de l'intimité sans
nécessairement de l'affectivité.
L'Umwelt est le premier cercle que le bébé connaît.
Le monde contemporain, c'est un modèle que nous reconnaissons ou pas.
EX : je brûle un feu, un agent me siffle. Comme je reconnais le système, je respecte ce sifflement.
Il y a un modèle d'orientation.
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EX : le prof doit faire cours, il doit transmettre un savoir de telle manière à ce qu'il y ait un écho, que les gens
comprennent.
Il ne faut pas tenir compte des caractéristiques personnelles mais de la marche à suivre.
Les frontières entre Umwelt et Mitwelt ne sont pas tellement étanches. Il peut y avoir transfert d'un à l'autre.
EX : on va chez le dentiste (Mitwelt) et celui-ci dit « vous n'allez pas avoir mal »
EX : les étudiants ne parlent pas au recteur comme à un gardien de parking.
Le type est un invariant qui est lié à une culture particulière. On reconnaît le type et on met en œuvre : on typifie.
EX : chez la gynéco si on nous demande de nous déshabiller, on le fait mais pas chez le dentiste.
Le passage de l'un à l'autre se fait de manière progressive dans un sens comme dans l'autre : familiarisation, dé
familiarisation (on ne tient pas compte de la singularité de la postière et vise versa. La transaction ne peut avoir
lieu que s'il y a reconnaissance réciproque des types).
Le comportement amoureux se déroule normalement dans le Umwelt. Il relève de la catégorie : incandescence
émotionnelle. C'est le domaine de la passion. Quand on est amoureux, on brûle de passion l'un pour l'autre.
Les partenaires bricolent les mots et gestes de la passion grâce à ce que la société leur donne pour les réaliser.
La relation qui est dans l'Umwelt se fait remarquer dans le Mitwelt.
EX : gestes qui le prouvent : se donner la main, s'embrasser…
L'Umwelt va se diviser en fonction du degré de familiarité (très proche : petit ami - moins proche : copain)
Ce que l'on croit inventer soi-même n'est jamais qu'une expression indexicable d'un modèle typique encré dans
notre sociotope.
Un sociotope (transposition de biotope au niveau social) : ce sont des expressions localisées des habitus. Ils
fournissent des matériaux aux habitus (homogamie: on a tendance à choisie son partenaire dans son milieu
social).
La rencontre des habitus dont une partie est socialement déterminée passe concrètement par la mise en scène des
corps. Le façonnement du corps est socialement déterminé.
EX : un danseur place différemment son corps que qqn qui fait de l'art dramatique.
Dans la relation amoureuse, c'est la mise en scène érotique des corps. Qqn d'amoureux a un corps différent.
Toute interaction est menée en vue de la satisfaction d'un intérêt. « Je veux obtenir qqch de l'autre. »
La finalité constitue un apport plus ou moins positif pour celui qui a engagé la relation. On investit des ressources
associées à des compétences qui constituent mon capital humain. Ce capital humain je peux l'investir plus ou
moins bien, il est convertible en un apport positif.
L'enjeu fondamental de toute interaction c'est la face. Eviter de perdre la face et de la faire perdre aux
autres.
EX : l'étudiant quand il est recalé doit être convaincu que c'est juste sinon il perd la face (si le prof est ignoble, il
perd aussi la face au niveau de sa réputation).
L'autre enjeu d'une relation c'est l'enjeu du capital investi. « Il ne faut pas que je perde mon temps. »
On cherche un avantage dans la relation amoureuse.
Le pire c'est de connaître la déconfiture. Celle-ci peut mener à la rupture, le suicide…
Le besoin fondamental de l'être humain c'est la sécurité ontologique. « Il faut que je reste le même ».
La société est teintée de morale. La société ne fonctionne que si on a des responsabilités et qu'on les respecte.
Les modèles théoriques
Il existe un modèle canonique (auquel on se réfère le plus) en toute science. En sociologie c'est un modèle basé
sur l'ordre social.
Les sociologues ont en vue une société ordonnée, engendrée par la cohésion entre les individus à solidarité
organique.
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4.1. Le modèle de Durkheim.
Solidarité organique : Le crime est normal et fonctionnel. C'est parce qu'il y a crime, qu'il y a solidarité. S'il n'y
avait pas de crime, ce serait du chacun pour soi. Il existe un niveau acceptable de crimes qui engendre par
réaction une solidarité.
La cohésion sociale maintient l'ordre. L'ordre social (dans le sens « forces de l'ordre) repose sur l'adéquation
des conduites effectives et des représentations collectives. Il est bordé par des zones de désordre qu'il faut
contrôler dans le cadre d'un paradigme normatif.
Les membres d'une société ont des conduites. Ils accomplissent des actions courantes qui renvoient à des
représentations courantes.
EX : quand je mange, je me vois en train de manger.
Les actions se font dans des systèmes d'actions (=patterns) et dans des systèmes de représentations (=
système d'idéologie). Au sein de tout ça, il y a les mythes. Les mythes coordonnent l'ensemble de nos
fonctionnements. Les représentations collectives sont le lien entre tout ça. Ce sont des représentations qu'on
a de voir le monde de manière collective.
Action courante
désordre
Représentation courante
MYTHES
Système d’action
Pattern=patron
désordre
Système de représentation
= idéologie
ORDRE
Les mythes sont au centre de l'ordre. Les mythes les plus courants chez nous :
 le mythe du travail : l'homme ne vit que s'il travaille
 le mythe du bien : ce qui est bien ou mal à religions
De chaque côté il y a du désordre. Le désordre doit être résorbé. Le système social repose sur une articulation de
normes, règles, et de valeurs transmises par socialisation.
Les valeurs ou règles sont les attendus de nos actions.
EX : dans les sociétés démocratiques : on privilégie l'égalité et la liberté. Les normes d'égalité : je dois respecter,
par exemple, l'égalité des connaissance à l'université. Le règle : je traite les élèves de la même façon et je les cote
de la même façon.
Les valeurs engendrent des normes qui engendrent des règles.
Valeursnormesrègles
Ce système de valeurs n'est pas enseigné contrairement au système de règles et de normes.
EX : on ne montre pas du doigt (règle)à on ne montre pas du doigt car on amène une mauvais œil et ce n'est pas
poli (valeur)
Les règles sont enseignées par socialisation càd par l'éducation (forme réglementée de la socialisation).
L'éducation se donne à l'école ou à la maison. L'éducation est formalisée.
EX : la langue que l'on apprend étant petit. A la maison, on nous corrige pour les grosses erreurs. A l'école, on
nous apprend la grammaire et la conjugaison.
Beaucoup de règles sont transgressées. Ce qui amène beaucoup de désordre. De plus, tout le monde n'est pas
égal devant la justice. Les normes sont couvent bafouées. Le désordre est résorbé par des dispositifs
institutionnels.
EX : force de l'ordre, justice, conseil de discipline à l'ULB…
Les systèmes d'injonctions : Ils nous donnent des règles de conduite.
EX : l'armée, l'école, les médias… il faut faire comme ceci, comme cela…
Selon Durkheim, il existe une conscience collective.
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Les systèmes d'injonction se trouvent dans la conscience collective.
La conscience collective est la matrice des consciences individuelles, elle se distribue en chacun de nous. C'est
un tout supérieur à la somme des parties. La somme des consciences individuelles ne donne pas la conscience
collective. La conscience collective comprend le système de normes, de valeurs, nos visions du monde (exemple :
« tu ne tueras point », seule exception, en temps de guerre : ce n’est pas vrai dans toutes les sociétés. Nous avons
une vision démocratique des choses). Ce parti pris holistique (1er modèle dominant en sociologie) (holisme:
doctrine soutenant qu'un énoncé scientifique dépend du domaine tout entier dans lequel il apparaît) ne tient pas la
route, même chez Durkheim cette conscience collective n'est pas présente entièrement chez tous les individus, il y
a une part qui fait partie de l'individu tout seul, et des individus ne respectent pas les règles: le social ne s'explique
pas uniquement pas le social, il y a une part qui échappe (une part qui fait partie de l’individu tout seul et des
individus ne respectent pas les règles : il y a des déviants, il y a soit des données purements organisque (tumeur
au cerveau), soit liée à l’enfance).
Les croyances partagées, les valeurs fondamentales… se retrouvent dans la conscience collective. On peut avoir
une partie de CC juive, l’autre protestante…
Le social ne s’explique donc pas entièrement par le social. Durkheim disait le contraire.
Le crime est une facteur de santé publique. S’il n’y avait pas de criminel, il n’y aurait pas de cohésion. Il faut du
contraire pour remarquer les bonnes choses. Il faut du vice pour remarquer la vertu. La vertu n’existe que parce
qu’il y a des vices, il faut des tricheurs, des fraudeurs. Tout le monde triche un peu.
Idée de fonction : le crime est fonctionnelle, il exerce une fonction d’équilibre social. Mais il n’en faut pas trop, il
faut que le sytème de contrôle du crime soit mis en place.
Le problème qui se pose à Durkheim c’est le changement. Pourquoi y’a-t-il des changements de contenu dans la
conscience collective ?
Le temps est une variable indépendante pour la plupart sociologues Les sociétés ne sont pas stables, elles
évoluent dans le temps. Cela pose des problèmes philosophiques : sommes-nous libres ? Nous le sommes mais
dans un contexte non libre (capital génétique, la mort, etc…), mais nous avons dans ces limites une plus ou moins
grande liberté, un libre arbitre (cf. Saint Augustin et Pellage ( ?) : il y a ceux qui disent qu’on ne peut être heureux
que dans les voies divines avec une idée de grâce. Pour Pellage, la liberté passe avant ; pour Augustin, la liberté
s’incrit dans la religion)
Pour DURKHEIM, les sociétés passent par différentes phases de développement. Un fait social est normal pour un
type social déterminé qui est considéré comme une phase déterminée de son développement (exemple: société
industrielle : dominance du secteur secondaire : fait social normal quand il se produit dans la moyenne des société
correspondantes (exemple : les grèves apparaissent dans les sociétés industrielles et c’est normal qu’elles
apparaissent dans des sociétés de ce type, autre ex. :jusqu’il y a peu, il était normal de battre sa femme ).
Il n’existe pas de lien causal entre les changements, les rapport causaux sont essentiellement chronologiques : il
est impossible de faire des prévisions (ex :mur de Berlin). Il n’existe pas de philosophie de l’histoire, ou très courte,
le thème du changement est mal abordé. Or, il y a des changements (internet, les homosexuels et le mariage,…),
ces changements sont provoqués par des modifications plus ou moins grandes au niveau sociale, c’est
modifications deviennent la norme
Le changement : passage de la marge à la norme (ou inversément).
Au bord de la société il y a le côté marginal. Soit les marginaux peuvent aller vers la déviance soit ils peuvent
devenir normaux. S’ils rencontrant une norme juridique, c’est de la délinquance.
EX : l’homosexualité est acceptée aujourd’hui Les homosexuels ne se cachent plus. Ils ont réussi à passer de la
marge à la norme (et encore, ils sont mieux accepté dans un milie artistique que chez les paras).
Dans la pratique sociologique ( ? ou sociale), on privélégie le modèle de l’homéostasie et du passage à
l’acte influencé par tel ou tel facteur (ex : jeune qui est issu de l’immigration et qui habite au parc
Josaphat à beaucoup de chance d’être ne décrochage scolaire, c’est une réalité statistique). Sous jacente à
cette vision du passage à l’acte, il y a une apologie de l’ordre social (c’est pas bien de voler) qui se justifie
moralement, mais qui n’a pas lieu d’être pour un sociologue (il n’a pas à prononcer de jugement moral,
même si à titre personnel, il ne trouve pas ça bien). Il va étudier le fonctionnement du phénomène. Il y a
une confusion entre problème social et problème sociologique (ça coûte chers le décrochage scolaire,
mais ce n’est pas un problème sociologique. La commande institutionnelle des études privilégient l’ordre
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social. Guy Berger ( ?) : les problèmes que traitent les sociologues ne sont parfois pas considérés comme
des problèmes. Les autres attendent souvent des sociologues une solution à des problèmes sociaux, alors
que, pour le sociologue, le crime, par exemple, n’est pas le problème, le problème c’est la justice. Le
crime est une qualification de la justice (le problème du divorce est celui du mariage ; le problème n’est
pas l’échec, mais l’université qui décide à un moment que la régurgitation de la matière est bonne, c’est le
système d’interaction sociale (il y a peu d’études sur les critères de sélection des profs. Confusion des
anthropologues entre problème social (décrochage scolairedélinquance) et problème sociologique.
Cette confusion tissure le problème du changement car privilégie l’ordre social). Le problème sociologique
c’est comprendre, en termes d’interactions, la société de manière générale (Evolution du droit pénal : l’adultère
n’est plus un crime dans notre pays, alors que dans d’autres pays ça l’est encore. Le problème n’est pas le crime
mais la justice (=le système qui décide ce qui est crime et ce qui ne l’est pas). Il y a donc un problème
d’interaction sociale).
Exclusion sociale : il existe des exclus et des excluants. Les exclus sont les produits des gens qui sont les
excluants (exemple : liste de surrendettés).
Le problème du divorce c’est le problème du mariage. S’il n’y a pas de mariage, il n’y aura pas de divorce. Il faut
étudier la conception du mariage aujourd’hui.
Il y a également confusion entre l’ordre social (qui est normatif) et l’ordre du social (l’esprit) sous-ordre
biologique, structurel ou symbolique (nous sommes des animaux qui parlons (symbolique) et nous sommes dans
un système de domination (chefs et sous-chef, classes sociales  structurel).
Les consciences individuelles ont pour matrice la conscience collective. Le modèle de Durkheim est aussi
appelé le modèle holistique, le modèle de l’ordre ou le modèle structuro-fonctionnaliste.
La sociologie a une vocation critique. La sociologie n’a pas pour fonction d’accompagner le monde dans sa marche,
l’ordre social n’est pas l’ordre de la sociologie, ce n’est pas de dire c’est bien ou ça ne l’est pas, c’est de dire
« regardez comment ça fontionne », quelles sont les interactions sociales.
Echouer à un examen est un produit social, c’est un problème culturel. Le problème sociologique est de
comprendre les interactions sociales (l’unif, traditionnellement, est un système de sélection des élites).
Le social et le psychologique sont des modèles autonomes par rapport à la nature.
EX : Avant, quand un élève ratait à l’école, il était considéré comme un paresseux.
La psychologie est la sociologie ont essayé d’enlever ces stéréotypes. Au départ les sciences humaines sont donc
critiques.
L’ordre du social est un champ, un espace dans lequel on se dispute l’obtention d’un bien rare en fonction des
dispositions qu’on possède. Il est occupé par des sociologues, des spécialistes installés sur des positions. On lutte
pour acquérir un bien socialement convoité. L’ordre du social est par exemple représenté par les docteurs en
sociologie. Les docteurs vont discuter de problématiques (le port du voile, la drogue)  confusion entre travail
social et savoir social.
Ce sont les sociologues qui déterminent les règles de la vérité, ce qui ne veut pas dire que ces vérités sont
relatives.
EX : les hommes sont mortels.
Que faut-il attendre de la sociologie ? Qu’elle déconstruise les évidence problématique, mais aussi épistémologique
(Est-ce que le problème est bien posé ? Par exemple est-ce que c’est l’immigration qui pose problème ou la division
internationale du travail qui fait qu’il y a immigration ?).
4.2. Le modèle de Weber
On part des individus et on essaie de voir comment les individus entre eux construisent du social. Le modèle est un
agent agissant sur le social et plus un agent agi par le social. Chaque fait social a pour cause un autre fait social.
EX : la cause principale des divorces est le mariage.
Le fait social est extérieur et contraignant.
La sociologie n’a plus pour but de mettre en évidence les causes des faits sociaux mais de comprendre ces causes.
Les sociologues considèrent que les acteurs construisent ensemble l’ordre du social. Mais c’est un jeu à
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l’aveuglette. Weber est opposé à Durkheim, pour lui, l’unité » épistémologique c’est le fait social et ce qui intéresse
Weber, c’est le fait social orienté vers autrui (exemple : comment les gens utilisent une langue pour communiquer
entre eux ?) Comment expliquer ce fait ? Chez Weber, ça se fait par empathie. Les sociologues aux paradigmes
atomistiques.
Marx : « Les hommes font l’histoire mais ne savent pas l’histoire qu’ils font. » (ex : le mur de Berlin, un matin un
homme a frappé ce mur et personne ne l’a punit. Tout le monde a fait pareil et le Mur est tombé. Tous les autres
pays qui étaient socialistes sont passés sous le même ordre que notre pays. Ils voulaient leur indépendance.)
Cela est dû au fait que les hommes ne savent pas prévoir le paradoxe des conséquences (la destruction du mur
était vue à l’époque (1989) vue comme une victoire de la démocratie, or elle a précipité les guerres en Yougoslavie
et a favoviser la mondialisation). Modèle Weberien : il se passe des choses entre les gens, ils mettent en communs
des intentions, des intérêts, des compétences, tout cela se fait à tâtons. Nous bricolons ensemble. Le bricolage
du social est permanent.
Au bricolage du social répond le bricolage du chercheur. La sociologie s’intéresse aux nombre et non à l’individu
isolé. Il est impossible pour le chercheur de s’arrêter sur chaque acteur particulier. Les individus c’est le social, le
social vu à travers les individus. L’individu n’est pas un épiphénomène du social
La langue que nous parlons est parlée par un grand nombre de locuteurs. La langue que je parle est le résultat
d’une fabrication historique.
EX : Louis XIV parlait français avec l’accent québécois. Avant on avait tous cet accent mais ça a évolué. Chacun de
nous, francophones, est tributaire de l’évolution de la langue. Des sons disparaissent et d’autres réapparaissent.
Tout ce qui est innovant, est bon.
Le social s’inscrit dans la temporalité. C’est la temporalité qui engendre le changement. Les changements
collectifs produisent des changements individuels et inversement.
Nous produisons et reproduisons constamment la société mais nous ne reproduisons jamais à l’identique puisqu’il y
a des choses qui changent.
Les individus entre eux produisent le social (social produit=multiplication de comportements individuels) et cela se
produit dans des cercles concentriques autour des individus. Ces cercles sont appelés des sociogrammes. Si on
relie les sociogrammes on obtient l’humanité.
Notre arbre généalogique touche l’arbre généalogique de plein d’autres gens. Tout le monde a une origine
commune avec un autre. Les cercles vont s’entrecouper. A l’intersection des cercles il y a un effet de composition.
Dans les petites sociétés, il n’y a pas beaucoup de cercles.
EX : En 1910, notre arrière grand-mère va à l’école et elle apprend le français. Le cercle autour d’elle inclut son
prof. Chez elle, elle parle le wallon. Elle va apprendre le français à sa mère. Le prof a donc un rapport indirect avec
la mère aussi.
Le social va conjuguer plusieurs effets fondamentaux :
- l’effet du chaos : qui traduit le fait qu’il n’existe pas pour chaque chose une causalité, un effet bien
déterminé. Tout est lié mais pas de manière causale, linéaire.
- L’effet papillon : une toute petite chose peut produire un très gros changement (fait partie de l’effet du
chaos).
- L’effet escargot : il y a des pesanteurs énormes qui ne changent pas, qui ne bougent pas. C’est une
armature inerte. On maintient des relations parce qu’elles doivent être maintenues (inertie des structures).
Ces effets sont des phénomènes dynamiques et non statiques. En amont, sur la flèche du temps, les actions
humaines sont figées, ça s’appelle l’histoire (eX : le 28 juin 1914 : Francois Ferdinand d’Autriche se trouve à
Sarajevo en bonne compagnie mais pas dans la même tranche de noblesse. Sa compagne n’est qu’une comtesse.
Ce matin-là, il y a eu un attentat, qqn tire sur Ferdinand et sa compagne et les tuent. L’auteur du délit est un
bosniaque qui travaille pour les Serbes. Les choses vont se précipiter. Vienne envoie un ultimatum aux Serbes
« Faites vos excuses ou c’est la guerre ». La guerre éclate et fait 8 millions de morts. Le 4 août les Allemands
entrent en Belgique et pendant 4 ans les militaires se retrouvent loin de leur famille.
Effet papillon : tout cela s’est passé parce que qqn a tiré sur Ferdinand.
Dès le 14 octobre, vont s’installer 2 rangées de tranchées et pendant 4 ans, on se tire dessus, 8 millions de morts.
Effet escargot : les hommes sont restés comme ça pendant 4 ans, face aux bombes, à la faim…
Les sociologues se demandent pourquoi ces hommes sont restés 4 ans comme cela. Pourquoi se sont-ils tus ?
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1. Parce qu’au bout d’un certain temps, le monde des tranchées devient un monde en soi, une culture se crée
(culture de guerre, ils sont content de retourner dans les tranché (pas de femmes, on peut pêter)).
2. Parce qu’il va se constituer dans les tranchées des éléments de très haute solidarité.
3. Parce que les hommes (homme ou femme) aiment la guerre, ils aiment tuer. Tous les terroristes ont du
plaisir à faire leurs attentats, ils aiment le sang (exemple : la Corse).
Ces 3 causes sont la vision sociologique.
Un des ponts sur lequel M. Javeau aimerait insister concernant Weber, c’est sur le caractère dynamique des
phénomènes sociaux (EX : les jeunes picolent plus que les vieux, le voile islamique n’était pas porté il y a 10 ans et
maintenant le port du voile devient un problème).
Nous fabriquons notre vie dans le temps. L’espace est subordonné au temps. Nous sommes projet et mémoire. Le
temps est le matériel de l’existence humaine. Nous sommes témoin.
Effet papillon : Quand un papillon bat des ailes à New York, ça provoque une tempête à Tokyo.
Effet escargot : Un escargot met des jours pour traverser un chemin.
Les peuples ont un rapport au temps qui est variable. Nous sommes soumis à des hasards et d’un autre côté nous
sommes portés par notre société (temporalités multiples).
La Belgique est une démocratie. On est libre et égaux en droit. Nous parlons le français. Nous appartenons à
l’Europe.
GURVITCH : a élaboré une typologie des temps sociaux. Il parlait de temps sociaux de longue durée qui nous
affectent.
EX : les enfants conçus aujourd’hui seront adultes dans 25 ans (reproduire une société nous prend 25 ans).
La démographie est un travail de longue haleine. Pour reproduire une société ça prend du temps. Nous produisons
nos temporalités.
EX : quand on fait un enfant, on produit cette temporalité de s’occuper d’un enfant pendant 20 à 25 ans.
Nous vivons des temporalités mutliples. Nous produisons avec autrui nos temporalités. Nous produisons des
cadres temporels pour nos successeurs. Tout le monde ne construit pas de la même manière sa temporalité.
Certaines classes sociales s’en tirent que d’autre classes sociales pour utliser le temps que d’autres classes sociale
(Exemple de la bourgeoisie (droit privé, invention du contrat de travail ; autre exemple : la social démocratie et
l’état providence (banche de la bourgeoisie) a mieux gérer le temps que les autres branches de l’idéologie de
gauche). La temporalité n’a rien avoir avec la qualité de vie. On peut être heureux avec un temps qui ne bouge
pas. La temporalité change au cours de la vie. On a plus de temps à 18 ans qu’à 60 ans.
Cela peut varier avec les époques : au 13e siècle : naissance bourgeoise : ils basent leur existence sur
l’activité marchande. Ils prendront leur pouvoir lors de la révolution française ; en 2068 : nous serons
peut-être gouvernés par le petit fils d’Elisabeth. On fêtera le centenaire de Mai 68.
Idée de facticité des codes. Les codes (systèmes de comportement d’origine institutionnelle) que nous respectons
sont factices. Les codes ne sont pas respectés :
EX : personne ne respecte le code de la route. Une personne sur 2 ne met pas sa ceinture.
EX : Fumer est mauvais pour la santé, or, beaucoup de gens fument. Ils s’intoxiquent et intoxiquent les autres.
EX : un bon étudiant passerait 2h par jour à revoir ses cours mais personne ne le fait.
Idées entretenues part les juristes qui nous font confondre l’ordre social avec l’ordre du social, cette idée est
fausse, tout le monde triche un peu.
Bref, nous passons notre temps à nous tromper les uns les autres. On contourne les institutions (si Claire Chazale
était saoudienne, elle serait lapidée), on essaie de ne pas faire exactement ce qu’on attend de nous.
EX : il faut utiliser un préservatif pour éviter le sida mais beaucoup oublient.
EX : même les animaux font semblants, aucun animal n’est « fidèle ».
On nous fait croire que l’ordre social c’est l’ordre du social. La plupart des discours que nous tenons sur nousmêmes sont mensongers. Le mensonge est de l’ordre du social. Sous les apparences d’une société ordonnée, il y a
ce qu’on appelle une société souterraine.
EX : procès Cools : corruption, trafic d’influence derrière l’apparence de ministres qui sont sensés représenter
l’ordre publlic ; ou le procès Dutrou et des gamines qui entretiennent une correspondance d’amour avec lui et la
presse publie ?! On découvre de temps en temps cette société souterraine.
EX : la langue française s’est désincarnée, elle a fortement changé.
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Phénomène de résistance : Le monde institutionnel met en œuvre des stratégies pour diriger la société. Le
phénomène de résistance est de contourner de bifurquer ces stratégies. Tactiques résistancialistes contre les
stratégies ordonnatrices (exemple : on a décidé que pour accéder à une certaine classe sociale, il faut aller à
l’école. En réalité, il y a toute une série d’étudiants qui ne deviennent pas avocat, c’est une tactique ; on fait des
études de droit, on devient avocat et puis tout de suite, on fait autre chose).
Le plan rationnel de la société est une idée fausse, ce qu’on appelle la structuration n’est pas un processus
harmonieux. La société se produit et se reproduit par essais et par erreurs : 1) tatonnement, 2) le conflit. 
BRICOLAGE
La société c’est une multitude de tricheries, de bricolages qu’on fait avec les autres.
Les conflits sont le cœur même du développement des sociétés selon WEBER.
Idée de résistance.
EX : résistance à la modernité : au plus la société est moderne, au plus on la veut moderne mais nous avons aussi
des pratiques et des habitudes non modernes comme par exemple les horoscopes. Le fait de continuer à
s’intéresser aux horoscopes est une résistance à la modernité.
EX : quand on s’ennuie, qu’on a un trop plein de vie, on regarde la télé-réalité. C’est aussi une résistance.
EX : Collectionner est une résistance contre la routine, l’aliénation.
Le processus de restructuration signifie utiliser les ressources du social pour produire la société et la
reproduire. Ce processus s’inscrit dans le temps. On fait donc de l’histoire. L’histoire est un récit fait après coup à
partir de ce que les hommes racontent de ce qu’ils font et de ce que les autres font. L’histoire c’est de la mémoire
organisée et institutionnalisée.
Les récits sont de plus en plus des productions universitaires et sont des interprétations de choses. On raconte ce
qui nous semble important.
EX : la bataille de Waterloo : En réalité cette bataille devrait être appelée la bataille de Braine L’Alleud. On l’a
appelé de Waterloo parce que Napoléon avait son quartier général dans un patelin appelé Waterloo.
On fait donc le récit des choses mais ce récit est un condensé de milliers de biographies individuelles. L’histoire est
l’objet d’une révision perpétuelle (on l’interprète différemment).
MARX : « Les hommes font l’histoire mais ne savent pas l’histoire qu’ils font. »
L’histoire est l’objet de prévisions perpétuelles.
EX : Julie et Mélissa en 1996 : On découvre les corps, ce qui déclenche en Belgique, une panique sociale. Peut-être
que dans 30 ans, on verra cette histoire différemment.
Nous sommes mus par des images-actions (=idéologies qui se forment et se déforment au gré des circonstances
historiques). L’histoire des idées, ce n’est pas l’histoire des hommes.
EX : 1923 : Hitler a écrit « Mon combat » : il avait en lui un antisémitisme viscéral, c’était une obsessions. Il est
devenu un antisémite enragé. Il provoque un coup d’état avec son livre. Il sera condamné, pas à la prison mais à
la forteresse et sera libéré qlq mois après. Il recommence son coup d’état et cette fois ça marche. Hitler parle très
mal allemand. Il ne ressemble pas du tout à la race aryenne. En 1930, il devient chancelier. Son livre a été imposé
à tout le monde après. Ensuite il devient le chef de l’Allemagne. Ce n’est pas grâce à ses idées car « Mort aux
Juifs » n’est pas une idée. Le nazisme a obtenu 42% des voix et donc pas la majorité. L’antisémitisme est une
maladie et non une opinion.
L’histoire des idées n’est pas l’histoire des hommes et vice versa.
La rationalité individuelle n’est qu’apparente. Le Logos est dépassé par le Pathos. Les institutions, le discours
sont dépassés par les passions. Nous sommes tous différents les uns des autres, mais nous avons la même
histoire. La sociologie s’occupe des groupes et non des êtres singuliers. Mais l’homme est un être singulier et
désirant (ex : il n’est pas mort deux million de juifs à Auswitch, mais 2 millions de fois 1 juif).
Nous sommes mus par l’irrationnelle appétitive. (faire de l’argent).
La première chose que nous désirons c’est vivre. Pourquoi se suicide-t-on ? Car on se demande si demain ne sera
pas un peu plus mourant qu’aujourd’hui. Nous avons une petite portion de liberté. Les fins de l’homme ne sont pas
donnés. Nous avons encore la liberté de les choisir. (suicide)
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Le Désir est opposé à la Raison raisonnable. L’homme est mû par le désir et la passion. Désir et passion sont
les deux moteurs de l’homme. Le désir n’est pas uniquement biologique. La passion signe la différence de
l’homme par rapport à la nature. La passion renvoie à l’action. Nous ne sommes pas mus par des processus
physico-chimiques ou par l’instinct.
L’homme devient un acteur mû par des passions. L’expression d’un désir n’est pas la transgression d’un interdit.
Chaque homme parcourt sa trajectoire dans le temps et est mû par ses passions. L’homme rencontre d’autres
trajectoires, mais pendant un certain temps, on emprunte des trajectoires communes. L’histoire se déploie d’une
certaine manière à travers les actions des grands hommes. Nous essayons de contrôler en donnant des injonctions,
en ayant un garde fou, qui nous surveille (certain ou voulu voir une philosophie de l’histoire, cf. Hegel). Notre
action en tant que citoyen est de pouvoir au maximum jouir de la liberté que nous avons reçu.
Les tourbillons de passions qui vont toucher l’ordre, vont recréer de l’ordre. Le Logos l’emporte sur le Pathos.
Chaque homme parcourt sa vie sur une ligne du temps.
Le moteur des individus de cette société est le plaisir, le désir. Les désirs se croisent et se recroisent et constituent
une sorte de désordre permanent.
Corps explosif = moment dans l’histoire où ça explose tout d’un coup (ex : mai 68) mais aussi d’autres moments
où il ne se passe rien.
EX : Mai 68 : 2 mois avant, un journaliste avait publié en 1ère page : « Les Français s’ennuient ». Puis, un mois
après, il y a eu des petits problèmes (des filles n’ont pas pu entrer dans le campus). Il ne vaut pas faire de Mai 68
une révolution, mais une évolution culturelle (pagaille, réaction de la bourgeoisie, échappée de De Gaule en
Allemagne et son départ un an après). D’abord un moment explosif et puis ça retombe, ça prend du temps. Les
choses ne sont pas immuables. EX : église catholique : Notre pays est devenu chrétien, mais n’a pas subi l’impact
du protestantisme au 16e siècle. La Belgique est restée longtemps catholique entre 1884 et 1914, les catholiques
gouvernaient. Tout le monde était baptisé, on n’imaginait pas vivre si on était pas baptisé. Jusqu’au début des
années 50, la majorité de la population de Belgique était catholique. Une toute petite minorité était protestante ou
juive. Certains étaient des athées (autour de l’ULB notamment). Les enfants allaient dans des écoles catholiques.
En 2004, plus ou moins 10% des gens vont à la messe régulièrement. Moins de la moitié des enfants sont
baptisés. Le Pape essaie de reconquérir tout ça. Le Concile de Vatican 2 a mené le processus de sécularisation
(action de faire passer du domaine ecclésiastique au domaine laïc). Ca fait longtemps que la messe n’est plus
donnée en Latin. Tout évolue. L’université elle-même a fortement changé (EX : les filles ne sont quasi plus en
jupe).
Les désirs humains se croisent et se recroisent dans des structures qui ne sont pas immuables, mais qui en même
temps restent et les gens jouent avec les structures, les modifient.
La modernité est une association entre le mouvement et l’incertitude.
La société est toujours menacée. L’ordre social est approximatif et toujours menacé par des contingences
naturelles (ex : inondations dans le sud de la France), humaines (ex : évolution, guerre, migration…) et
individuelles (ex : fous…). Nous vivons dans un monde de risques perpétuels (ex : vieux en France).
Au niveau macrosociologique, il y a aussi un déterminisme. Il y a ce qui est déterminé et ce qui ne l’est pas. Le
social n’est pas un ordre unifié, c’est une construction d’apparences et de représentations. Le social est en grande
partie factice (ex: en apparence on croit que le pouvoir est là alors qu’il n’est pas là). Il s’agit d’un ordre global
factice qui correspond à une anticipation construite par de l’imaginaire collectif. Les gens imaginent que la société
est comme ça. L’ordre immuable ne tient pas, le social veut s’unifier, mais l’horizon du social est toujours déplacé
(cf . histoire).
Cet ordre approximatif est le produit d’ordre et de désordre. Le social n’est pas donc pas un ensemble unifié, ce
n’est pas un ordre global qui est déjà là. Le social est factice, c’est une construction sociale d’apparence et de
représentation.
EX : la Belgique se désunifie. On passe de 9 provinces à 11. Maintenant elle est fédérale. La Belgique se
revendiquait être une nation et voulait des libertés de plus en plus importantes. C’est un processus continu.
Maintenant les flamands veulent leur indépendance. Le processus n’est pas achevé.
EX : Avant l’ULB était mélangée avec les flamands. En 69, ils ont été s’établir ailleurs et il n’y a actuellement quasi
plus de contacts.
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Au niveau microsociologique : la vie quotidienne nous oblige à modifier notre rapport au monde.
(EX : tomber enceinte modifie le rapport au monde. A un moment on ne cours plus après le tram ou après les
filles).
Les rapports sociaux nécessitent de fréquents réajustements.  Empirisme mouvant et bricoleur. Les
habitudes et les certitudes ne tiennent pas devant le parcours de vie.
Pourquoi les hommes et les femmes souhaitent-ils mettre de l’ordre ?
La routine nous protège, car on suit un certain ordre.  routinisation et ritualisation : mise en place de modes
de comportements dont la principale fonction est de freiner le temps.
L’empirisme mouvant et bricoleur met ça en danger, il faut reconstruire le bricolage social. Il y a un bricolage à
tous les niveaux entre l’ordre et le désordre.
Les individus vivent dans un système de sécurité ontologique ( continuité de l’ordre dans les événements). Il
y a chez tout individu humain, une pulsion fondamentale appelée aussi pulsion ontologique : la Pulsion de Mort.
Cette pulsion de mort apporte la sécurité, l’ordre. La Pulsion de Vie apporte le désordre. Nous essayons que les
évènements s’enchaînent de manière continue et ordonnée, nous ne pouvons pas vivre sans un minimum de
sécurité onthologique. Avec la rationnalisation, on essaie d’expliquer pourquoi on fait les choses, de trouver une
raison, un logos.
Le domaine de sécurité vient de l’anxiété = état de crainte qui n’est pas organisé constamment, qui n’a pas
d’objet précis. Niveau pathologique de l’anxiété = angoisse. La sécurité vient de la nécessité de dépasser l’anxiété.
L’anxiété est universelle. Elle est associée à la liberté humaine qui dérive de l’acquisition d’une compréhension
ontologique de la réalité externe. La liberté nait de la séparation, de la coupure. relative désaliénation
EX : le bébé se rend compte qu’il est un JE et que la réalité externe peut être un petit peu modifiée. La liberté
s’installe.
L’altérité : le monde et moi ce n’est pas la même chose. On peut négocier avec l’autre (personne ou objet). La
liberté vient de l’autre, de l’altérité.
Le rapport personnel au monde est apaisé, non problématique, par la routine. Les parents doivent faire accepter le
monde extérieur, de faire qu’on ne le remette pas en cause (gros drame pour l’enfants quand les parents se
séparent). En revanche, si l’enfant est trop sécurisé, cela va faire qu’il ne pourra pas réagir quand il y a
changement. Si l’acceptation émotionnelle n’est pas complète (ce sont des répétitions de la rupture avec la mère
originelle qui mène à l’autonomie), l’anxiété sera beaucoup plus grande.
EX : parents divorcé, maison mise en feu par ses parents…
La compréhension ontologique n’est jamais entière. Aucune routine n’est assurée de permanence. La rupture est
toujours possible. Même un animal domestique (sa mort) supprime les routines.
D’où la volonté de mettre de l’ordre dans le social. Toute une série de choses sont gouvernées par le droit, la
coutume, la tradition. Tout ça nous ramène à l’hétéronomie. La tradition permet de ne pas se poser de
questions, quand on n’est pas dans la tradition, on peut ne pas comprendre et se poser des questions. La tradition
est qqch de difficilement cernable. Lorsqu’un phénomène (une rupture) est perçu par un très grand nombre on
parle de rupture collective.
Le manque que nous ressentons tous (le désordre) peut être comblé par la relation amoureuse, un extase
artistique, la découverte artistique…, mais la liberté implique qu’il faut assumer le désordre et si le manque se
comble de temps en temps, cela ne peut pas continuer tout le temps (exemple : la fusion amoureuse ne peut être
maintenue tout le temps, sinon on tue l’amour). L’anxiété se ressent à l’égard du manque, mais aussi dans la
manière de le combler (le fou est quelqu’un qui a trouvé une solution au manque, ou alors on est résigné, on ne
s’aime pas trop et on aime pas trop ses enfants).
La violence est plus perceptible dans certains moments fatidiques où nous sortons des routines et où il faut faire
des choix quand les « systèmes experts » qui entourent l’individu le lachent. EX : mon mari me quitte, comment
diuvorcer ; je suis licencié, comment pointer ?
Les règles et les ressources utilisées par les acteurs sont utilisées en fonction des ressources individuelles. On va
chercher des réponses individuelles qui ne sont pas nécessairement rationnelles (le siècle passé on avait des
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réponses collectives, exemple : c’est la faute aux juifs). Soit on va chercher des réponses irrationnelles, soit on va
chercher le système expert.
Qu’est-ce qu’un système social ?
Le système est un ensemble d’opérations ou d’objets liés entre eux susceptibles d’être opérationnaliser.
EX : l’université est un système dont les parties sont reliées les unes aux autres.
L’analyse de système = modèle systémique.
Dans un système il y a des entrants (input) et des extrants (output). Entre les deux, il se passent des choses. Une
partie des sortants (extrants) retournent dans le système  feed-back. Une autre partie va dans un autre système.
EX : écoles : élèves-profs : les élèves peuvent retourner à l’école en tant que profs alors que d’autres n’y
reviendront jamais.
Le système ne se maintiennent pas en équilibre, mais en stabilité. Dans les systèmes, il y a des sous-systèmes.
Tous les systèmes mis ensemble forment le système social. Ce système social n’est pas un système fermé. Le
système social se reproduit à partir de ces sous-systèmes à partir d’acteurs qui utilisent les instruments dans le
système : boucle de rétroaction. Les acteurs veillent à maintenir la stabilité. Le système social connaît une
immense boucle de rétroaction. Il bouge dans le temps. Parfois les acteurs cherchent l’instabilité (EX : Mai 68 : un
morceau du système universitaire était considéré comme dépassé et est pris d’assaut par des jeunes issus du
baby-boom d’après-guerre. Il y a déjà une poussée démographique en France pendant la guerre. Ces enfants vont
se trouver dans un moment de prospérité économique. Le système leur paraît démodé, ils veulent un système
moins contraignant, qui donne accès à des emplois. Tout cela va déclencher la révolution de mai 68. La libération
des femmes va aussi participer à cette révolution).
Le système a été mis en cause par un de ses sous-systèmes qui va faire craquer le système tout entier.
1. Les rites et rituels
Deux versants sont à distinguer dans le social :
- Au niveau macro, le social objectif : les institutions (langue, famille…) : c’est-à-dire les faits sociaux qui
bénéficient d’une relative pérennité dans le temps.
- Au niveau micro, sociétal intersubjectif : interactions entre les individus.
Les institutions donnent les outils nécessaires aux interactions.
Phénomène de la structuration: il permet de réunir de social et le sociétale. C’est un phénomène permanent
qui unifie les sources de compétences et nos actions telles qu’elles se produisent dans le champ de l’humanité (cf.
Giddens ( ?).
La détermination : situations déterminés ou non. Nous devons bricoler avec ce que nous possédons comme
outils (boite à outils).
EX : Procès Dutroux : actions très déterminées (chercher Dutroux à la prison) et beaucoup de bricolage (jugement
de 4 accusés). Les jurys vont devoir beaucoup bricoler.
Le problème du bricolage est de ne pas sombrer dans une espèce de désespoir mais d’assurer des balises (sécurité
ontologique), des repères, il ne faut pas que le monde change sans cesse.
Dimension temporelle : les actions des hommes sont prises dans le tourbillon de la temporalité, il faut penser la
société comme un système dynamique, dans le temps, qui n’est pas stable, il n’est pas équilibré, il est stable par
paliers successifs, mais entre deux palier, il est instable (exemple de l’évolution du contexte socio-économique
depuis les années 70’, ou de la capture de Sadam Hussein qui a fait monter les cours de la bourse).
Métaphore : On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. C’est le même fleuve mais, ce n’est pas la
même eau. La modernité se caractérise donc par le mouvement et par l’incertitude. Au niveau de l’action ( ?), la
propension est le projet ; l’intention, c’est la traduction ; l’attention, c’est la surveillance du bon déroulement de
l’action ( ?). Mais il peut y avoir des effets paradoxaux à nos actions, des effets pervers. Weber a parlé de
paradoxe des conséquences (exemple de la démocratisation de l’enseignement à l’université qui a entraîné une
baisse de qualité au niveau de l’encadrement des élèves suite à l’augmentation du nombre croisant d’étudiant qui
fait qu’on ne peut pas évaluer les élèves sur leur volonté, leur motivation ou leur intelligence, mais on peut
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uniquement évaluer s’ils savent ou ne savent pas (il y a des université aux EU où il y a beaucoup d’assistants, ici
on ne sait pas faire ça), c’est injuste, mais on ne peut pas faire autrement, c’est un paradoxe de conséquences.
Dans le déroulement de l’action où il se passe des choses qui n’étaient pas toujours prévues, le bricolage est
inévitable (ceux qui peuvent dire « j’ai une voie toute tracée, je ferai ça, puis ça » sont des menteurs, il y a
toujours des choses auxquelles ont ne s’attend pas qui peuvent survenir.
Tout le problème est comment est-ce que je maîtrise le temps ? Problème de programme, de plans d’action. Il y a
structuration du temp par la ritualisation ou le rituel.
Rituels ou rites : actes formels qui ont une forme plus ou moins stable et qui ont pour objet de maîtriser le
temps (garde-fous contre l’usure du temps, contre la perte de signification. Exemple du caranaval, on peut faire
tout ce qu’on veut, mais c’est ritualisé et après les choses sérieuses reprennent).
Durkheim nous parle des rites positifs, des rites négatifs, des rites d’interdits, ou des rites de cultes ; il y a certains
objets qui sont admis chez les uns et interdits chez les autres, cela à un rapport avec le sacré.
Le sacré : se définit de manière négative, le sacré c’est ce qui peut être transgressé. La différence entre le profane
et le sacré est que le profane est de l’ordre de la banalité ordinaire. Au sein de ce profane il y a des objets, des
comportement, des mots, des attitudes que l’on appellera sacré parce qu’elle sont portée par des représentants et
par un interdit ( ?). Si vous enfreignez l’interdit, vous risquez d’être punis (exemple : blasphème dans l’Antiquité, le
Ramadan.
Un rituel est donc une manière soit de rendre hommage à un événement, soit de tenir compte d’un interdit
(exemple : enlever ses chaussure dans une mosquée, ou le chapeau dans une synagogue).
Il faut distinguer un rituel d’un acte purement codifié (si, lorsque le feu devient rouge, j’arrête ma voiture, ce n’est
pas un rituel, c’est un acte codifié ; mais si chaque fois que le feu devient rouge je pousse un juron, c’est un rituel
que je fait pour marquer l’offence personnelle qui m’est faite de m’obliger à m’arrêter. J’ai donc blasphémé exprès,
parce qu’on m’a atteind dans ma sacralité personnelle).
Dans la vie quotidienne il y a des microrituels qui ponctuent cet espèce de culte que le vivre ensemble rend à luimême. Le vivre ensemble, c’est le social, c’est la société (il a appelé ça dans certain texte « un mécanisme court
apolégitique ( ?) du quotidien » qui introduit de petits gestes qui sont considérés comme juge d’acteur dans le
domaine du sens. (exemple de ritualisations: dire bonjour, c’est s’embrasser, c’est se taper dans le dos, c’est
allumer la cigarette d’un autre et le faire d’une certaine manière, c’est mettre le pull de la ou du bien aimé, etc…,
tout cela sont des façons de micro-ritualiser l’existence et de maîtriser le temps).
Dans la midweld, le rituel est une acte de confirmation de l’appartenance commune à une institution (serrer la
main de nos camarades confirme l’appartenance des gens qui sont de la même institution, nous sommes tous à
l’université, cela a une fonction de maintien de l’institution, de rattachement. Si un jour on ne sert plus la main
c’est qu’on est fâché pas nécessairement contre la personne, mais contre l’institution).
Dans l’umwelt, le serrage de main est une comédie qui peut éventuellement être accentué de manière tonique, un
micro-rituel d’alliance singulière, comme la baiser amoureux qui se fait sur la bouche (le statut de petit ami est
supérieur au statut de grand ami, mon petit ami est devenu mon grand ami ; le petit ami avait droit aux lèvres, le
grand ami à droit à la joue, c’est fini, c’est plus toi, c’est un autre). Il y a un jeu dans les échangers microritualisés, un jeu au sens physique et un jeu au sens mécanique, c’est-à-dire qu’il y a un ajustement imparfait, des
petites maladresses (d’abord serrer la main, ne pas serrer la main, …)
Ces alliances singulières protègent contre l’inévitable usure du temps, mais sont inévitablement soumises à cette
usure, il y a donc renouvellement de l’alliance (en fêtant les aniverssaires, en faisant des petites fêtes, etc…).
Si le monde était débarrassé de ces rituels, il ne tiendrait pas. On a besoin de manifester par la ritualisation ce
souci absolu de sécurité ontologique (existencielle), d’où les sociétes organisent elle-même des grands rituels de
fraternité, de rassemblement (ex : le 14 juillet en France ; le 20 novembre à l’université, après la fête c’est fini, les
étudiants se mettent à étudier (enfin c’est ce qu’on raconte).Il y a ça à tous les niveau de l’umwelt, du tout petit
groupe au groupe ou à la société tout entière, il y a des cérémonies.
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Nous sommes donc les comédiens de la sociabilité par laquelle nous manifestons notre volonté de vivre ensemble,
en prenant plaisir à le faire. Mais comme toute comédie, il ne faut pas entièrement tomber dans le jeu que nous
jouons, il faut que se mette en place une distance au rôle, laquelle précisément est protégée par le rituel.
La représentation sociale
C’est parce qu’on peut s’effacer derrière la ritualisation, que nous ne nous découvrons jamais entièrement. Je
montre aux autres un moi qui leur est destiné, suivant la cathégorie d’autres, qui peut être séparé du moi profond
grâce à la distance au rôle. Dans toute représentation sociale, il y a une part de duplicité, nous sommes tous des
tricheurs, tous des menteurs, tous des hypocrites (quand un policier nous arrête en voiture, on ne va pas lui dire
« va de faire foutre gros con » ou, durant un examen, on dit « bonjour Monsieur le professeur » alors qu’on pense
peut être « crève vieux salaux»).
Il n’y a rien de plus faux de prêcher l’authenticité des relations sociales, nous mentons continuellement. Dans
l’espace de jeux interractionnel, il n’y a pas d’authenticité, ni d’hypocrisie complète. On est pas tout-à-fait menteur,
car, quand on est menteur, on se prend à son propre mensonge. Le Moi projeté et le Moi réel ne coïncident jamais,
sauf peut être dans des moments très rares (les gens qui sont à l’article de la mort par exemple).
Diderot : « L’acteur est celui qui pense à autre chose, il n’est pas dans son rôle, c’est pour ça qu’il peut le jouer des
tas de fois ».
La société ne fonctionne donc qu’avec une dose minimale d’hypocrisie collective qui est formée précisément par le
jeu des rituels. La cohésion sociale dans l’umweld et dans la midweld est maintenue par ça et protège notre moi
profond des incurssions des autres.
Détour par la sociologie de la religion (Durkheim ?).
Le terme religion a deux origines possibles : religere, relier ou religare, se souvenir.
La religion est une croyance partagée dont la fonction est de légitimer l’ordre social. Cette croyance partagée
n’est pas une vérité évidente, c’est une adhésion à des états de faits qui ne sont pas de l’ordre de l’empirique.
Légitimer c’est donner une justification de 2d rang. C’est donner du sens au sens.
Il existe 4 niveaux de légitimation (du plus proche au plus éloigné):
- le langage : légitime lui-même ce qu’on dit (ex : enfant qui dit « papa », c’est son papa ; c’est dit, c’est
comme ça, c’est vrai parce que je l’ai dit).
- Propositions théoriques rudimentaires : les proverbes par exemples sont des légitimations, ainsi que les
stéréotypes et les superstitions (en avril …, on ne prête qu’aux riches, etc=légitimation).
- Les théories explicites de légitimation : ensembles ordonnés de propositions comme le code du savoir
vivre, la grammaire…
- Les univers symboliques de légitimation : croyances, religion… Ces univers légitiment tout le reste. C’est
une détermination non pragmatique, non rationnelle. EX : ne pas manger de porc dans certaines religions.
Les interdits portent sur des choses faisables. Toute religion a ses interdits. Ses interdits n’ont de sens que
si on croit que le livre est sacré, que si on croit qu’ils ont un sens.
Toute religion est un univers symbolique de légitimation qui repose sur des croyances.
RMQ : Distinction entre croyance et foi. La croyance est qqch de collectif alors que la foi est personnelle.
Toute religion repose sur deux sortes de rites : les rites de culte et les rites d’interdit.
Le sacré est ce qui est transgressable mais si on transgresse alors il y a punition.
Tout objet fait objet de ces deux rites.
EX : pain : symbolise le corps du Christ. C’est un objet ne pouvant être manipulé n’importe comment. C’est un
objet de culte, un objet consacré, alors que rationnellement ce n’est qu’un morceau de pain.
EX : drapeau : rationnellement, c’est une loque alors que symboliquement il représente un pays, partout on peu
être puni si on le brûle, partout on peu lui rendre hommage.
Si un objet n’est pas transgressable alors il n’est pas sacré.
EX : on peut rentrer dans une synagogue sans chapeau sur la tête mais si on le fait, on profane.
Une des particularités du culte est la vénération.
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Les rites ont des attitudes qui renvoient au sacré. Les rituels sont des éléments essentiels dans le monde
institutionnel en particulier sous la forme de micro-rituels (de tous les jours). Ils sont essentiels dans un monde
d’interactions.
Les grands rituels ou rites font partie du monde institutionnel.
EX : la fête du mouton chez les musulmans c’est un rite, un grand rituel.
Il existe des rituels profanes.
EX : rentrée solennelle : le Recteur prononce la 1ère leçon de l’année dans les universités catholiques.
Détour par GOFFMAN : c’est un sociologue canadien qui propose comme modèle principal l’ « analyse
dramaturgique ». Il considère que la vie des gens est assimilable à un théâtre. Nous sommes comédiens et
metteurs en scène dans notre vie. Le monde est un théâtre.
Goffman va étudier comment nous nous débrouillons pour mener à bien les diverses situations dans lesquelles
nous nous trouvons, les divers environnements dans lesquels nous sommes tous à portée perceptive les uns des
autres.
La 1ère obligation d’un individu face à une situation est de la définir au moyen de 3 paramètres : le temps, le
lieu et le scénario. Les individus assistant à une situation doivent avoir tous la même définition sinon la situation
n’aboutit pas (théorème de Thomas).
Goffman a défini le monde comme une scène de théâtre sur laquelle nous mettons en scène la vie quotidienne.
Nous sommes en représentations (to be on). On n’est jamais ou presque OFF. Quand nous dormons nous sommes
OFF. On ne décide pas des rêves qu’on fait. Les gens autour ne peuvent interagir avec nous quand nous dormons.
Quand on est dans le comma aussi on est OFF.
La plupart du temps nous sommes plus ou moins ON et plus ou moins OFF.
Nous pouvons diviser le « stage » (scène) en 2 parties : les coulisses et la scène. Dans les coulisses nous
sommes OFF, sur la scène nous sommes ON. Plus on va vers la scène plus nous sommes ON.
La frontière entre coulisse en scène varie. On peut être transporté d’une partie à l’autre sans que le décor ne
change.
EX : pièce de théâtre : les comédiens sont ON sur scène alors que dans les coulisses les gens sont ON/OFF.
EX : avant il existait dans les maisons réservées aux femmes ou aux hommes, c’étaient des coulisses.
Pour Goffman, l’action se déroule en fonction de scénarios. L’action entre scène et coulisse est très importante.
Dans toute situation, l’enjeu est que personne ne perde la face. La situation aboutit quand l’enjeu est nul. Le but
de Goffman est de montrer comment dans notre société on peut respecter des données élémentaires des autres.
L’autre est sacré, l’individu est sacré.  sacralisation
Dans une démocratie, tout le monde est sacralisé (en réalité nous sommes tous égaux dans nos sociétés, sauf
ceux qu’on veut désacraliser comme les vieux, les immigrés par exemple. Le tutoiement est révélateur à cet égard
et prouve que nous ne sommes pas tous égaux).
Le but de Goffman est d’honorer le petit homme ordinaire dans la société (but moral) où il s’agit de garder la face.
Un moyen de garder la face est de ritualiser les situations. Dans ces rituels, nous pouvons respecter la loyauté
dramaturgique, la discipline dramaturgique et la circonspection dramaturgique (exemple : ne pas parler trop fort
quand on est en groupe dans un train).
Goffman a proposé dans les interactions 2 sortes de rituels qui vont correspondre aux rites d’interdit et de culte
de Durkheim :
- rituels de présentation (rites de cultes)
- rituels d’évitement (rites d’interdits)
Les rituels de présentation sont toutes les manières de montrer à l’autre comment il va être traité pendant une
action.
EX : Dire bonjour ou salut traduit une relative bonne humeur.
EX : Bien s’habiller pour un examen oral traduit un respect de cet examen et du prof.
RMQ : la politesse est le lubrifiant des relations sociales.
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Les rituels d’évitement consistent à ne pas pénétrer sans autorisation dans la sphère intime de qqn.
EX : quand on discute à 2 et que qqn rentre dans la pièce, on baisse la voix pour ne pas déranger.
EX : frapper à la porte est un acte de propitiation (action de rendre une divinité propice).
RMQ : il existe 3 types d’actes : de confirmation (tout les matin, il donnait une bise à sa secrétaire), de réparation
(quand il oubliait d’embrasser sa secrétaire, il devait lui offrir un ballotin de praline), de propitiation (c’est rendre
propice : sa secrétaire devait frapper à la porte avant d’entrer dans son bureau).
Le rituel de présentation s’adresse à l’identité sociale de l’individu. Le rituel d’évitement s’adresse à 1 personne en
particulier, sauf qd on ne la considère pas comme une personne
EX : les bébés ou les vieux gateux sont considérés comme des non-personnes, on ne leur adresse donc pas de
rituels (alors pp, on pisse toujours ?).
EX : les esclaves : pas d’utilisation de rituels avec eux.
Ces 2 micro-rituels ponctuent toute notre existence, sinon la société serait violente. Ils servent à maîtriser le
temps. Quand ils ne sont pas là, il y a des problèmes, c’est le chaos (on en cru en mai 68 qu’on pourrait se passer
de rituel; c’est faux, il y a des règles de séparation du sacré et du profane et des rituels dans toutes les sociétés).
A nouveau notion de mensonge nécessaire : on ne peut pas dire tout ce qu’on pense tout le temps, sinon plus
personne ne nous parlerait. Il y a une dose normale d’hypochrisie pour que la société fonctionne.
EX : dans le Misanthrope de Molière
Gauffman assimile donc les relations de face à face à ce que font les comédiens sur une scène de théâtre, sauf que
nous ne sommes pas tenus à interpréter un texte et que nous sommes nos propres metteur en scène. Nous
constituons des représentations par rapport aux autres. Lorsque nous abordons une situation, il faut l’aborder et il
faut que les autres l’interprètent de la même manière. Nous avons un répertoire de situatiuon , on en reprend les
paramètres de temps, de lieux et de scénario, on se trompe peu. On peut évidemment aborder des situations
nouvelles (ex : on entre en prison, ou on va pour la première fois à l’hôpital).
Définir une situation, c’est mettre sur pied la démarche à faire et il faut que les autres l’anticipent de la même
manière. Quand la situation définitive est en place, on a affaire à une action dramatique, il ne faut pas perdre la
face.
Nous sommes d’abord un corp, car c’est à partir de celui-ci que se défini notre relation au monde avec un élément
capital qui est notre visage (thématique très importante, un très grand nombre de relations se construisent à partir
de là)
A partir de ce souci de la face, une dimension morale va s’engrener
La MORALE : elle vient de mœurs, elle est inscrite dans toute relation sociale.
EX : prof/élèves : le prof pose des actes moraux (il essaie de nous communiquer un cours dont les informations
sont correctes), et les élèves viennent accomplir leur droit d’état.
Dimension morale : l’interaction est une somme nulle (sauf si on veut volontairement faire perdre la face à qqn)
Quand on est dans ce genre d’interaction, le devoir moral le plus impérieux est de maîtriser les impressions à
travers les contraintes dramaturgiques. Les contraintes dépendent du langage utilisé.
EX : dans une famille on utilise un langage familier.
EX : les SMS : langage simplifié utilisé avec des gens familiers.
Il existe des contraintes techniques : langage utilisé, présentation (cravate)…
Il faut maîtriser les impressions et respecter 3 contraintes techniques :
- la loyauté dramaturgique : être loyal envers les autres, respecter le scénario, ne pas tricher (on peut le
faire, mais il faut en accepter les conséquences. Exemple :allumeuse)
- la discipline dramaturgique : ne pas se souvenir, devoir improviser et risquer d’improviser mal (n’a pas
compris la situation)
- la circonspection dramaturgique : à l’égard des non-spectateurs à qui on ne doit pas vendre la mèche (ils
ne doivent pas savoir que c’est d’ordre privé, ne pas arrêter une conversation quand arrive un tiers par
exemple).
EX : le gsm a introduit un comportement de non-circonspection : on parle de sa vie tout haut.
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Une partie des relations est ritualisée :
- rituels de présentation : s’adresse à l’identité sociale
- rituels d’évitement : s’adressent à l’identité personnelle
RMQ : il y a modulation des 2 rituels (exemple : on va vouvoyer un docteur en publique et le tutoyer en privé, ce
sont deux type de rituels avec des variantes).
Ces 2 types de rituels sont nécessaires pour maintenir une dimension fictive dans les relations sociales. La fiction
est liée à la nécessité indispensable du mensonge. La civilité, la courtoisie, la politesse sont des formes
d’hypocrisie.
Rappel :
Paradoxe du comédien de Diderot : A et B discutent avec C qui soutient qu’un bon comédien est un acteur qui
s’identifie à son rôle. Diderot n’est pas d’accord. Pour lui, on bon comédien est qqn qui pense à autre chose, qui
garde une certaine distance.
Par rapport au rôle que nous devons tenir, il y a une distance plus ou moins grande.
La politesse est une hypocrisie positive, nécessaire dans les relations sociales (lubrifiant social).
Distinction entre Moi profond et Moi projeté sur les autres (destiné à répondre aux attentes des autres)
L’Umwelt c’est le Moi dont beaucoup d’éléments sont des transparents familiers.
Le Mitwelt c’est le Moi typifié.
Le statut implique un rôle, lequel doit correspondre aux attentes de la société.
EX : statut de ministre : statut peu important car pour être ministre il faut avoir 18 ans et être fils de ministre.
Le statut est différent du rôle.
EX : être jeune est un statut. Etre étudiant est un statut à l’intérieur du statut de jeune. Le statut d’étudiant est
supérieure à celui d’apprentis (le jeune des Arts et Métiers protestent quand ils doivent mettre un bleu de travail,
alors que les étudiants à l’ULB sont tout fiers quand ils peuvent mettre une blouse blanche).
Le statut se marque dans l’apparence.
RMQ : le voile n’est pas une marque de statut.
L’identité sociale est virtuelle, elle correspond à la somme des attentes.
EX : juge, magistrat : on attend d’eux qu’ils soient sérieux, qu’ils fassent respecter la justice…
L’identité sociale réelle est celle que l’on découvre quand il y a dérogation du système d’attentes (exemple : on
découvre qu’un écrivain célèbre se sert de « nègres ». Si l’identité virtuelle est entâchée, nous attendons qu’un
« somité » soit honnête).
Processus de stigmatisation : consiste à reconnaître, déceler chez d’autres un stigmate c’est-à-dire un élément
de l’identité personnelle qui vient perturber l’identité sociale, dans un sens péjoratif. Cet élément est donc visible et
vient diminuer l’identité sociale, en la ramenant de virtuelle à réelle. S’ensuit une modification des relations avec la
personne (exemple : le séropositif est comme ça parce que pas attetif).
EX : les sourds, les aveugles sont stigmatisés
D’autres comportements ne sont pas stigmatisants ou stigmatisés.
Il existe des stigmates visibles et invisibles (physique ou mental).
Les stigmates sont plus ou moins accentués suivant le milieu, la société et l’époque (exemple : les femmes fortes
dans certaines sociétés représentent un signe de prospérité).
Si les stigmates sont physiques, ils sont interprétés par des règles de surface (exemple : singe à lunettes et en plus
premier de classe=deux stigmates). Les stigmates peuvent être d’ordre moral (collaborateur pendant la guerre).
Le stigmatisé peut réagir de différentes manière : il peut nier le stigmate (exemple le sourd qui crie qu’il n’est pas
sourd), ou l’accentuer (carresser ma bosse=bonheur), ou dire se n’est pas un stigmate (homosexuel qui se marie)
ou encore dire « il y a plus stigmatiser que moi ». Le stigmatisé à le devoir de sauver la face, de faire en sorte que
le stigmate n’intervienne pas dans la relation ( ?).
Le stigmate peut porter sur un individu mais peut porter aussi sur l’environnement de l’individu (fils de Hitler). Il
peut porter sur un groupe de personnes (racisme).
Le stigmate est donc un premier perturbateur des relations sociales. Face à une personne stigmatisée, notre
premier devoir est de pas lui faire perdre la face.
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Selon Goffman, il y a 2 éléments qui modifient les relations sociales :
- le stigmate, mais aussi
- le cadre : cadre primaire ou transposé
Il existe des cadres qui prennent le cadre primaire comme référence et font l’objet d’une transposition.
Le théâtre classique est un cadre transposé : on imite la réalité, c’est une représentation fictive mais qui peut être
très proche de la réalité.
Le problème est quand on ne sait pas si c’est du théâtre ou non.
Le comique de quiproquo : les gens qui se trompent et qui ne savent pas que c’est un cadre transposé.
Il faut savoir si dans la situation dans laquelle on se trouve, c’est un cadre transposé ou non.
EX : une répétition n’est pas la vraie exécution.
Parfois les indices manquent.
Goffman nous renvoie à des problèmes fondamentaux de socialisation. Les comportements de face à face sont
acquis, appris.
Processus de socialisation : un sous-venant devient un membre actif de la société.
Les premiers socialisateurs doivent introduire le sous-venant dans les sous-mondes successifs qui comportent leur
propre socialisation.
EX : apprentissage du langage.
Le langage est un mode de communication, c’est un mode de socialisation du monde. Plus le niveau de langage
est élevé, plus notre capacité d’apprentissage sera élevé. Il est donc important d’apprendre d’autres langues.
Distinction entre code restreint et code élaboré : le code restreint est familier alors que le code élaboré permet
la réflexivité, la lecture à haut niveau.
Conservatisme des classes inférieures = conservatisme de langage (simplification du monde)
Le devoir de premier socialisateur est d’amener l’enfant à maîtriser le langage. Lorsque cette socialisation
primaire est achevée (il faut qu’elle soit suffisante, le language conditionne la qualité de définition de la situation.
Elle s’achève quand le socialisateur n’est plus nécessaire), on peut commencer la socialisation secondaire (des
gardiens de barrière vont indiquer comment ça fonctionne (exemple : à l’unif). La socialisation s’arrête à la mort (il
faut aussi apprendre à mourir avant de mourir (mourir sans déranger le service : socialisation de la mort)). La
socialisation n’est jamais terminée. Elle commence avant de naître. C’est un processus permanent et interactif. Le
socialisateur est socialisé par ceux qu’il socialise. On se socialise les uns les autres.
2 composants dans la socialisation :
- socialisant
- socialisé
Quelle est la base du lien social ? L’espèce humaine est grégaire et l’homme un animal social. Le petit de l’homme
doit être entouré d’une 30ène de personnes pour qu’il ne meurt pas. Pourquoi ne le laisse-t-on pas mourir ? Dans
le processus de socialisation comprenant les socialisants et les socialisés, on peut faire l’hypothèse qu’il y a un
vouloir vivre en tant qu’être humain ; donc si le bébé rencontre des opportunités satisfaisantes, il mettra très vite
en œuvre toutes ses capacités : autodétermination d’un vouloir vivre chez le bébé (idem chez le mongolien). Ce
vouloir vivre va nous accompagner toute notre vie.
Camus : « Le seul problème philosophique est le suicide. »
Pourquoi est-ce qu’on ne se suicide pas ? Parce qu’il y a un vouloir vivre qui nous fait éviter soit d’y penser soit de
la faire. La société a inventé une série de systèmes pour éviter le suicide (la religion, etc…). Mais le suicide est un
acte de liberté absolu. Une certaine liberté nous est donnée. Nous avons le choix de partir. C’est à partir de la
négation de l’existence qu’on peut montrer le vouloir vivre.
2. La liberté
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Nous sommes des subjectivités confrontées à une société objectivée, confrontés à des institutions plus ou moins
rigides qui nous donnent des outils pour bricoler nos existences. Une des instituions est la langue avec ses
contraintes de syntaxe, de grammaire, la contrainte de devoir être compris par l’autre.
Pour le grand sociologue français George Borich ( ?), la sociologie est l’étude de la liberté humaine. Même
Durkheim estime qu’il existe toujours un petit espace de liberté ne fusse que mental (exemple : un homme qui suit
une araigné du regard au moment d’être fusillé).
Définitions de la liberté
Concept du temps libre : le temps libre est une cathégorie sociologique, c’est le temps libéré des contraintes du
travail (après les obligations professionnels, mais aussi domestiques), c’est aussi un temps illusoire, car l’industrie
culturelle s’en est emparée (à partir d’un certain âge, la majorité des gens regardent la télévision durant ce temp
libre ; en vacance, on va au club med et on doit faire tout ce que veut le GO. Nous occupons généralement le
temps libre par le divertissement, d’où l’importance de l’humour) : Berlusconisation, le temps libre est une
idéologie produite par l’industrie culturelle. Ce temps, on l’a souvent confondu avec le loisir (< licere : licencier,
libérer). Le mot loisir veut dire liberté (Qqn de licencieux parle librement de choses dont il est interdit de parler).
-
liberté de s’alliéner (choix de regarder ou de ne pas regarder la télévision ; ne pas la regarder devient
presque un acte de courage ou de résistance).
JJ Rousseau: « ceux qui ne veulent pas être libres, on les obligera d’être libres. »  vision totalitaire.
-
-
Volonté d’être aliéné (« je faits ça parce que dieu le dit »), c’est du domaine des libertés fondamentales.
Liberté de faire certains choix, de faire ou de ne pas faire certaines choses (idée coût/bénéfice selon
laquelle tout ce que nous faisons résulterait d’un calcul (homo économicus, exemple : je suis étudiant en
psycho, je veux gagner ma vie, je vai étudier la psychologie du travail). Ces anticipations rationnelles (en
terme sociologiques) sont contredites par l’expérience, nous faisons tous des choses qui ne nous rapporte
rien (ex :faire l’amour, les gens qui meurt pour une idée, qui sont altruistes, etc… Ils ne sont pas
rationnels, leur liberté de choix est de ne pas choisir)
La liberté ontologique : liberté fondamentale de l’être.
MEYER fait une distinction entre liberté constituée et liberté constituant.
La liberté constituée est l’ensemble des réponses possibles compatibles avec celles qui nous surdéterminent. Nous
sommes déterminés par toute une série de données fondamentales. Nous sommes des êtres finis dans un monde
fini. La liberté constituée est la liberté qui se rapporte aux réponses possibles (fait qu’on peut choisir entre
plusieurs réponses possibles). Ex : choisir son orientation sexuelle entre hétéro ou homo est un choix admis en
Belgique, mais pas dans tous les pays (en Belgique, le choix de l’homosexualité n’est pas facile dans toutes les
classes sociales, mais dans d’autre c’est même une position confortable, voir valorisée exemple : milieu artistique).
Nous avons donc en Belgique une liberté de choix sexuel reconnue par la loi. Le fait d’aller en voiture, en train ou à
pied est aussi une forme de liberté constituée. Elle est constituée par les espaces de liberté données, par les
espaces dans lesquels on se trouve. C’est tenir compte de ce à quoi on ne peut pas échapper
La liberté constituante est la capacité que nous avons de questionner le monde, de le problématiser. Cette capacité
de poser des questions est apprise à l’école, on nous apprend à avoir un esprit critique. Quand on fait des études
universitaires, on nous parle de « libre examen » : c’est ne rien prendre pour argent comptant, ne pas se laisser
avoir. Le libre examen est une attitude que tout le monde peut avoir.
La liberté constituée et la liberté constituante sont liées, elles forment un couple. C’est à partir de ce qui est
constitué que je peux questionner et anticiper les conséquences de mes choix.
L’homme, dans la liberté constituant, prend conscience de la liberté constituée.
Réflexivité : c’est la capacité de revenir sur ce que nous avons fait et ce que nous allons faire. La société est basée
sur la réflexivité.
Ex : je suis libre de manger tous les jours de la choucroute (liberté constituée). Mais je vais réfléchir parce que ce
n’est pas toujours bon pour ma santé. Donc je vais voir ce que je peux manger d’autre. Je vais me constituer un
espace de liberté (liberté constituante). Dans ce nouvel espace, je peux faire autre chose que manger de la
choucroute. On peut donc créer un espace de liberté constituée en utilisant notre liberté constituant. Notre stock
de connaissance sera mieux alimenté
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Phénomène général de structuration :
Les hommes produisent la société qui les produit en retour. Nous sommes des produits sociaux. Mais, attention, ce
n’est pas un mécanisme impératif. Il existe des failles dues à la temporalité. Cette temporalité nous permet
d’inventer (découvrir) et de créer (faire du neuf). C’est parce que nous avons des espaces de liberté constituée que
nous pouvons inventer et créer.
Le phénomène de structuration est générateur des espaces de liberté. Nous ne sommes jamais que des agents
fonctionnant avec le temps. Nous sommes des consommateurs et des producteurs de temps. Ce temps est notre
substance fondamentale.
Le thème de la liberté embête les sociologues et ils nous renvoient à deux attitudes fondamentales à l’égard des
objets sociaux qui privilégie pour l’une l’expliquation et pour l’autre la compréhension :
- attitude romantique : prendre un cas singulier  liberté constituante
- attitude statistiques : prendre la population totale  liberté constituée
BOURDIEU (théorie de l’habitus) : il semblait dire avec sa théorie de l’habitus que tout ce que nous faisons est
déterminer par la classe sociale dont nous sommes issus (exemple : l’écrivain écrit 1 livre destiné à être vendu, son
livre est exposé pendant plus ou moins 6 mois, puis il est retiré, ou bien il est réédité ou encore ils sort en livre de
poche. Il faut la clef pour entrer dans le champ littéraire, il faut avoir des relations etc… : c’est un espace de liberté
constituée).
P. MERTENS a émis une critique vis-à-vis de Bourdieu en disant que celui-ci avait oublié le génie individuel dans sa
théorie (des individus d’exception qui s’élèveraient socialement en entrant dans le champ littéraire, par exemple,
alors que ce champ social n’était pas du tout le leur au départ). Or, Bourdieu n’a jamais nié l’habitus personnel. Le
sociologue davant la production littéraire, va examiner le champ littéraire dans l’instituion littéraire et voir comment
ça marche : c’est l’attitude classique.
Ou bien le sociologue va faire l’inverse et demander à un écrivain qui a réussi pourquoi il a réussi ; c’est l’attitude
romantique. Mais le parcours de cet écrivain ne sera pas représentatif de tous les parcours d’écrivain.
Quand on étudie la liberté, on est entre les deux attitudes : soit on s’intéresse à la liberté constituée (comment
devient-on un acteur ou un Depardieu), soit on s’interesse à la liberté constituante (comment vous, Pierre Mertens
êtes-vous devenu Pierre Mertens ?).
On sait statistiquement, que pour réussir en première candidature, le profil type est celui d’une jeune fille de – de
19 ans, pas bourssière, sortant d’une école bruxelloise bien ciblée, etc… L’université est faite pour des gens qui
sortent de Catho, pas pour les bourssier turc, c’est statistique, même s’il y a des exceptions (on va alors
s’intéresser à des cas particuliers qui sont passionnants, mais qui ne sont pas généralisables). On a donc la liberté
constituée d’un côté (quelqu’un qui a les bonnes compétences), mais constituante de ceux qui innovent à partir de
ce qu’ils sont, avec leur motivation.
Concept de liberté dans la société
Le mot liberté comporte plusieurs sens :
L’un d’entre eux est le refus de toute liaison sociale (l’ermite, certains voyageur ou des sdf) : c’est un sens très
restreind.
Un autre sens est un mode particulier de relation avec l’entourage, la liberté au sens positif, il faut qu’il y ai des
autres. De cette vision découlent des conséquences qui affectent les fondement de la société. Tout Etat, ou famille
emprissone, exige et aliène. Toute liaison engendre une perte de liberté (dans les tranchées il y avait pas bobonne
qui dit « mets ton bonnet »). Quand on vit en couple, une partie de la liberté disparaît et encore plus quand
l’enfant arrive
Cette vision a deux conséquences : la liberté n’est pas un état donné d’avance, c’est un processus, et, toute liaison
engendre une perte de liberté.
La liberté consiste à se libérer. Ex : dans les camps de concentration, la seule liberté c’était la mort.
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Le processus permanent de libération engendre au sein des groupes un processus de conflit. Le conflit est le
substrat des relations interpersonnelles. Il s’agit d’un conflit entre liberté constituant et liberté constituée. Dans ce
conflit, la liberté constituée empiète sur la liberté constituante et vive versa. Il n’y a pas de droit dans ce conflit.
RMQ : droit ≠ morale ≠ justice
Il faut reconstituer la liberté en risquant des conflits.
La société est un processus dans lequel peut se manifester un conflit entre le macrosocial (constituant/constitué)
et le microsocial (liberté positive et liberté négative).
La liberté positive contient les droits que nous avons. Ex : le droit d’aller à l’école après 18 ans (et je touche les
allocations familiales pour ça). L’organisation de ce droit est positive. Ex : nous avons le droit de faire grève. Ce
sont les droits que nous avons de faire respecter nos droits.
La liberté négative fait référence à l’autonomie. BERLIN parle de cette liberté en tant qu’espaces dans lesquels je
suis sûr qu’on ne va pas venir m’embêter. Ex : droit de boire une bouteille de whisky chez moi, droit de ne pas
faire son lit, droit de se lever tard le dimanche. La puissance publique ne peut intervenir dans ces droits.
Ex : conflit du port du voile : conflit entre liberté positive et négative. La liberté positive : l’école est un milieu de
neutralité politique et idéologique ; porter le voile serait donc contraire à cette idée, il faut l’interdire. Liberté
négative : l’état n’a pas à s’occuper de la façon dont on s’habille.
La société démocratique vit de compromis. On négocie les conflits. Il n’y a pas de consensus.
Il existe deux espèces de liberté négative. L’une d’entre elles est la liberté libératoire. Je me libère des contraintes
que dois respecter en public (exemple boire au goulot dans un restaurant).
Thème de la résistance :
Les micro-rituels protègent les espaces de liberté négative. Le rituel : je ne peux pas venir empiéter sur la liberté
de l’autre (je me cache derrière ces micro-rituels pour garder ma liberté, exemple : obliger à frapper à la porte)
Thème de l’aliénation :
L’aliénation est un obstacle à la liberté, c’est se voir contraindre de revendiquer des libertés. Aliéner signifie être
autre.
-
-
Il existe deux types d’aliénations :
la quotidienneté : métro-boulot-dodo : le fait de répéter tous les jours la même chose nous fait sombrer
dans l’insignifiance, dans l’aliénation  perte de sens  aliénation du quotidien (pas bcp de possibilité de
faire autre chose que ce qui nous est imposé, tout ce qu’on fait nous paraît insignifiant, on le fait, mais ça
na pas beaucoup de sens). L’aliénation est le fait d’être étranger à soi-même, c’est un processus par lequel
la liberté est fortement restreinte, on va vivre une vie entièrement dominée par les autres (patron, femme
ou mari).
Ex : tomber amoureux c’est s’aliéner à qqn d’autre
On va essayer de ruser contre l’aliénation du quotidien en mettant en place des résistances (distance par
rapport au rôle): aller aux toilettes toutes les 30 min, manger du chocolat alors que ce n’est pas bon, aller
boire un verre après le travail avant de rentrer à la maison, mal parler alors qu’il y a une bonne manière de
parler, pas surveiller ce qu’on mange ou devenir anorexique …. On peut aussi tenir la distance au rôle (en
rêvant éveillé ce qui est une manière d’éviter l’aliénation, par de petites résitances quotidiennes comme
l’horoscope ou de petites superstitions).
le travail aliéné (Karl MARX) : le travail dont l’exécution et le produit sont confisqués au travailleur.
Anthropologiquement, la condition de l’homme est de transformer la nature à ses propres fins, c’est de la
culture. Condition générique de l’homme : le travail, mais le travail qui est effectué pour lui-même dont on
récolte le résultat final et dont on possède les moyens de production. Si l’homme travaille librement, il
répond à sa nature profonde, mais dans les sociétés étudiées par Marx, l’homme n’est pas libre et
l’exécution et le produit lui sont retirés et font l’objet d’une marchandisation.
Théorie marxiste : société de classes, dévelopement.
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Théorie du travail aliéné de MARX :
Marx est un philosophe de la bourgeoisie juive qui a mis en place un processus historique à partir d’une réflexion
sur la condition faite sur une nouvelle catégorie sociale : le prolétariat.
19e s : phénomène capitale de cette époque : la révolution industrielle (qui a débuté au Royaume-Uni avec
l’invention de la machine à vapeur et la création de grands ensembles de production).
Autre phénomène : création d’une nouvelle catégorie sociale : les capitalistes (qui vont apporter de l’argent) 
création de grosses usines.
 mise en présence de gens qui ont de l’argent pour investir et de gens ouvriers, prolétaires qui n’ont que leur
force de travail.  rencontre dans un système de liberté contractée (principe d’égalité entre les deux partie qui
sont toutes les deux libre, même si le rapport de force n’est pas le même).
Un rapport juridique a été mis en place en Grande-Bretagne, elle a permis la mise en place de grands
rassemblements de machines et de personnes.
 exode rural (ouvriers venant des campagnes)
Le prolétariat à un niveau de reproduction plus élevé que les autres classes  plus de main d’œuvre
La population se déplace des zones pauvres vers les zones riches.
La médecine progresse, moins de gens meurent.
MARX constate deux choses :
- Point de vue documentaire : les prolétaires vivent dans des conditions déplorables. Quand on compare
avec les conditions dans lequel vit la bourgeoise, on peut conclure à un scandale moral. Les nouveaux
systèmes politiques ont proclamé l’égalité et la liberté de tous. Or c’est scandaleux parce qu’il existe
toujours des riches et des pauvres. Selon MARX, il y a trop de différences entre les classes sociales. Les
riches ont de belles maisons, confisquent le pouvoir. Les pauvres vivent dans des taudis et sont soumis
- Point de vue sociologique : l’ouvrier doit travailler tous les jours de la semaine même le dimanche.
L’ouvrier fournit donc un travail et le patron ne paie pas la totalité de ce qui revient à l’ouvrier, il prélève
une partie et la garde pour lui  surtravail et plus-value, cela va générer le profi. (Pour Marx, la valeur de
qqch est le temps passé à faire cette chose.)  bénéfices pour le patron avec lesquelles il va rémunérer le
capital (remplacement des machines et approvisionnement) et lui-même. Marx dit « c’est trop ! ». Il
devrait y avoir une appropriation collective des moyens de production. Marx voit une double aliénation :
aliénation de la rémunération et aliénation de ce que les ouvriers fabriquent et dont ils ne peuvent
disposer. De plus en plus, les ouvriers ne voient rien du produit fini, ils fabriquent des pièces. RMQ :
l’argent est un médiateur, il a une valeur d’échange. La valeur d’échange n’est pas à confondre avec la
valeur d’usage : habituellement la valeur de l’objet était sa valeur d’usage, maintenant on passe à la
valeur d’échange (si vous détenez le marché, c’est vous qui déterminer le prix).
De là va sortir toute la théorie marxiste qui s’inscrit philosophiquement dans un cadre historique, le cadre général
de l’émancipation.
Déjà au 18e s il y avait eu les philisophes des Lumières : ce sont gens issus de la bourgeoisie, de la noblesse
(Voltaire, Rousseau, d’Alembert…) : ils se sont proposés un but historique : l’émancipation : s’émanciper de la
tyrannie, du despotisme et s’émanciper de l’ignorance (les églises catholiques) il faut donner à tous les mêmes
droits, le droit au savoir et au pouvoir (contrat social), on ajoute la protection économique et on arrive à la social
démocratie.
Pour Marx, la société repose sur un système de classes. Mais ces classes ne sont pas de simples catégories. Il ne
faut pas confondre classification (technique : homme/femme) et classement (résultat d’un conflit pour se classer).
Dans l’idée de classes sociales, il y a celle de conflit. Marx n’a pas fait de réelle théorie des classes. Il a plusieurs
visions :
Dans son livre « Capital » : il distingue 3 classes fondamentales :
- l’ancienne aristocratie (la noblesse) : le revenu est constitué par la rente agricole
- la bourgeoisie : le capitalisme : revenus assurés par le profit
- le prolétariat : c’est la classe majoritaire : revenus assurés par le salaire (classe aussi appelé le
salariat) RMQ : le salaire est une rémunération qui résulte d’un contrat.
Le salariat, du temps de Marx, le salaire n’est pas du tout réglementé. La théorie qui prévaut à l’époque : « le
salaire est là uniquement pour permettre la reproduction de la force de travail ». Double sens de reproduction :
se nourrir, se loger et se reproduire.
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Le salaire est lié à la pénurie ou à l’abondance de main d’œuvre. S’il y a pénurie, la salaire augmente. S’il y a
abondance, le salaire diminue.
Pour Marx, il y a un conflit inévitable autour du salaire. Ce conflit, il l’appelle « la lutte des classes ». La classe
ouvrière vaut plus de salaire, mais la bourgeoisie veut plus de profit et donc moins de salaire pour les ouvriers
(le patron dit que c’est un capital à risque).
Des syndicats et des mutuelles pour ouvriers vont donc se créer. (RMQ : 1700 : Loi le Chapelier : interdiction de
former des coalitions ouvrières)
Cette lutte va s’exacerber et durer pendant plus ou moins 150 ans (la plupart d’entre nous sommes à l’université
grâce à ces luttes).
Pour Marx, un phénomène va jouer : « la diminution du taux de profit » : l’évolution technique va faire que par
unité investie, le rapport sera de plus en plus petit  résistance des patrons à l’augmentation de salaire car ils
ont de moins en moins de moyens (Marx s’est trompé sur ce point, car il n’a pas tenu compte des gains de
productivité qui souvent peuvent augmenter suite à l’apport de nouvelle technologie).
Pour Marx, il doit nécessairement y avoir une révolution par exacerbation du conflit. Or ça ne se passera pas
comme ça. Le socialisme juridique va faire paniquer la bourgeoisie. Le communisme et le fascisme apparaissent
à ce moment.
Marx va raffiner son systèmes de classes : 5 classes : bourgeoisie (industrielle, commerciale et financière),
prolétariat, petite bourgeoisie, paysannerie, aristocratie.
Aristocratie : elle a disparu en tant que telle, elle a fusionné avec la haute bourgeoisie
Hyperbourgeoisie : qui ne rend de compte à personne (exemple : ceux qui sortent de Solvay)
Bourgeoisie : industrielle (qui a les moyens de production, qui vend les produits et les finance), commerciale,
financière, de compétence (technostructure)
Prolétariat : minoritaire : classe la plus dominée
Petite bourgeoisie : majorité (c’est nous. Historiquement, ce sera le vivier des mouvements réactionnaires, car la
petite bourgeoisie a peur de se prolétariser, peut être encore plus que la grande bourgeoisie) : classe dominante
Paysannerie : classe qui s’exploite elle-même (moins de 2% de la population)
+ 2 non-classes intermédiaires :
Sous-prolétariat : pas de situation stable. Ex : SDF
Intellectuels : gens issus de la classe dominante, mais qui se mettent au service des classes dominées (ex :Marx)
A tout cela sont mêlés des fonctionnaires nommés à vie et qui sont en quelques sorte des rentiers qui peuvent
investir dans des actions.
Une classe se définit par son rapport au système de production.
Ceux qui possèdent les moyens : aristo et bourg
Système de production
Ceux qui possèdent la force de travail : prolet et pte bourg
Le rapport au système de production engendre un rapport au système social.
Est-ce que ces classes ont disparu ?
Par rapport à Marx, les systèmes de production ont fortement évolué et donc les systèmes de classes aussi.
Actuellement, le vrai prolétariat est minoritaire ; il reste des positions subalternes, mais les ouvirers sont des
techniciens (travaillent souvent à distance), il sont qualifié et généralement bien payés.
RMQ : Selon JAVEAU, la société est toujours divisée en classes. La bourgeoisie est devenue une bourgeoisie de
compétence. La vieille bourgeoisie possédant les moyens de production est rare, aujourd’hui ce sont les
actionnaires qui ont les moyens de production (principaux acteurs du développement économique, ce sont les
actionnaires).
La bourse est un jeu de l’offre et de la demande, de l’achat et de la vente (quand il y a des licenciements dans une
entreprise, cette entreprise est mieux cotée en boursse).
Le professeur d’université fait partie de la classe dominée au sein de la classe dominante, il produit le discours de
légitimation de la classe dominante.
Technostructure : gens qui dirigent en fonction de leurs compétences : il y a une importance de plus en plus
grande de la qualification et un traitement de plus en plus poussé de la GRH (effectué par des psychologues pour
convaincre les travailleurs qu’ils sont bien).
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Privatisation des entreprises publiques ; délocalisation : la production s’est mondialisée.
Ce qui domine en Belgique, c’est le travail de bureau  secteur tertiaire.
On a inventé, remplacé ( ?) le sous-prolétariat par l’underclass et la bourgeoisie par l’hyper bourgeoisie.
Selon BOURDIEUX, l’appartenance de classe détermine l’habitus (ensemble des dispositions structurées et
structurantes que nous possédons dont le but principal est de définir les situations dans lesquelles nous nous
trouvons. Pour ce faire, je vai chercher dans mes socialisations successives qui dépendent précisément de la classe
d’origine).
L’habitus est donc structuré et structurant et dépend de la classe de départ. Par exemple, quand on est issu de la
petite bourgeoise, on aura toutes sa vie des habitus de la petite bourgeoisie (exemple : le bien parlé, souci du bien
faire, ne pas se faire remarquer ; alors que la grande bourgeoisie s’en fout, puisqu’elle possède tout, elle est
désinvolte et que chez les ouvriers, il sera plus important de bien manger, par exemple).
Il y a aussi un habitus personnel >< habitus de classe. L’habitus personnel est formé par les rencontres que nous
avons faites et les canaux de socialisation que nous avons emprunté.
Ex : les immigrés : classes prolétaires en arrivant ici  combinaison d’un habitus d’origine et d’un habitus de
classe.
EMQ : c’est le système scolaire qui permet de changer un habitus pour un autre, tout en gardant son habitus
d’origine. Même si on développe un habitus personnel relativement sophistiqué, distingué, il y a beaucoup de
chances qu’on garde son habitus d’origine quelque part.
Le système de classes sociales a pu être complété par WEBER : « dans toute société, ce qui domine, c’est un
système de position sociale qui va raffiner les classes ». On rajoute une dimension culturelle : le prestige,
l’honneur.
Ex : position de classe basse mais classe haute parce que beaucoup de prestige
Ex : magistrats importants : issus de la haute bourgeoisie mais ne gagnent pas des millions, néanmoins, ils ont un
prestige considérable, beaucoup plus qu’un boucher millionnaire.
WEBER : il combine appartenance de classe et prestige social.
Dans un système de classe, on est non seulement assigné à une classe mais aussi on est conscient de cette
appartenance. Le sous-prolétariat (lumpen prolétariat) n’a pas de conscience de classe tout comme le prolétariat
du temps de Marx (il aura fallu la création des syndicats pour qu’elle apparaisse).
Rappel important : le système de classe n’est pas un système de classification et Marx n’a pas écrit lui-même un
système de classes social dans ses livres.
Importance du temps
Rappel : La liberté s’introduit en tant que capacité humaine à deux niveaux : au niveau objectif et au niveau
intersubjectif.
Au niveau macro : social objectivé, ce sont les institutions.
Au niveau micro : sociétal au niveau intersubjectif
Ces 2 niveaux coexistent, chez l’individu ; ils interviennent dans le processus de structuration (cf. Giddens).
Processus qui se déroule dans le temps. Le niveau institutionnel fournit des règles, des ressources : des
compétences au niveau intersubjectif (exemple de la langue, par rapport aux ressources, nous avons le choix de
venir ou de ne pas venir au cours, mais nous devons nous présenter à l’examen pour réussir). Il y a donc un
déterminisme de par la structuration elle-même
Ca remonte ensuite au niveau objectif (cf. Bourdieu : habitus structurant et structuré) : le déterminisme nous agit
à travers l’habitus, mais pas de manière complète. A travers l’histoire, nous négocions plus ou moins. Le libre choix
est limité, mais il existe.
Alain : « penser c’est dire non ».
Il existe entre les institutions des interstives qui font que les codes ne sont pas tout-à-fait respectés. Partout où il y
a des interstices dans les institutions, nous en profitons. Nous avons aussi la possibilité de résister (exemple :
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contre-culture, marche blanche, mai 68). Nous avons aussi la capacité de ruser (on triche, on s’arrange, on
bidouille). On a la capacité de créer et d’innover, que ce soit au niveau le plus élevé de la culture (pianiste) ou
simplement dans la vie quotidienne (l’invention du camembert est due au hazard).
L’homme est un singe habillé qui est le produit d’une production à laquelle il participe (nous participons parfois à
de petites innovations). La liberté est dans les interstices, l’homme s’auto-produit et pour ça, il a besoin des autres,
il est un produit à la fois social et socialisant qui n’est pas irrévocable dans le temps. C’est un produit, parce que
c’est la société qui va déterminer dans quelle cathégorie il est (exemple de l’adolescence, avant elle commençait à
la première éjaculation pour le garçon et aux premières règles pour la fille et se terminait à la fin du service
militaire (…), maintenant, sociologiquement, elle durée de 10 à 30 ans, car l’adolescence se termine quand nous
accédons à la société de consommation. L’adolescence est une définition sociale, même chose pour les vieillards, si
on est joueuse de tennis, on est vieille à 30 ans, autre exemple, on ne devient pas prof d’unif avant 40 ans). Nous
sommes socialisés et socialisants : si on dit que je suis un senior, je me comporterai comme un senior et je
socialise les autres en tant que senior. Ce produit socialisé et socialisant répond à une définition sociale modifiable
dans le temps.
Le processus de structuration s’analyse à différents niveaux qui renvoient au temps.
- le niveau d’analyse est l’expérience quotidienne de la vie qui comporte des routines et répétitions mais
aussi une capacité d’innovation (moment 2 : Durkheim)
- la longue durée (moment 1 : Durkheim)
Entre les deux, se situe la tranche de vie des individus ou dividus car nous sommes divisés, nous avons des rôles
différents.
Le temps est une succession de moments (qui n’a aucune durée). Le temps est inventé, naît en même temps que
l’espace.
Dans la vie sociale, il y a 3 paliers temporaux :
- ce qui se mesure en heures, minutes (effervescence) : horizon immédiat, limité
- ce qui se mesure en années : nous y contribuons mais nous ne sommes pas nécessairement des acteurs
actifs
- ce qui se mesure en siècle : lente respiration des civilisations : elle nous échappe mais nous sommes
dedans ; il y a des choses qui ont très peu changé.
Le lieu de production a un coté longue durée et un côté courte durée.
La longue durée apporte les codes qui sont mis en oeuvre, effectués par la courte durée.
Le code est la substance des compétences de l’homme mis en œuvre pour l’homme pour garantir la continuité de
son existence. Il faut bien connaître les codes ou en tout cas négocier avec eux, sinon on se marginalise et il faut
les trasmettre aux jeunes générations, sinon elles seront associales.
L’acteur est dans le temps et le temps est dans l’acteur (mémoire).
La mémoire est sélective et en partie socialisée. La mémoire est aussi la capacité d’anticipation. Nous avons le
temps en nous. La conscience déploie et constitue le temps mais les consciences humaines ne sont pas isolées (la
société consiste en la réunion de consciences dans le temps cosmique, c'est-à-dire que nos consciences et la
sienne (celle de Javeau) fonctionnent dans la même temporalité).
Umwelt/Mitwelt
Umwelt : quand on est avec quelqu’un qui est notre intime, les flux de conscience sont en convergence, ils
fusionnent. On ne doit pas s’interroger sur ce qu’on fait, on se comprend sans passer par M1 car on a inventé des
codes à nous (mot de passe, allusions à des évènements qu’on est les seuls à connaître, etc…).
Mitwelt : tous les agents n’ont pas le même statut, certains ne font que passer. C’est un partage basé sur des
intermittences temporelles. Nous avons des épiphanies (rencontre des gens extraordinaires qui ont été
déterminants dans nos vies).
La conscience constitue le temps. Le temps n’est pas uniforme, ni rectiligne, c’est notre matériau essentiel. Dans
toute vie, il y a un avant, un pendant et un après.
Nous avons donc d’un côté la très longue durée, pour le sociologue, tout événement à une valeur distinctive, une
épaisseur historique. Dans la longue durée, les cadres historiques varient énormément (Ex : la Belgique apparaît
en 1830 : création politiquement artificiel du point de vue institutionnel. L’émergence d’un espace politique belge
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est récente. Les cadres historiques varient quand on passe les frontières (en Belgique, c’est un espace peu
structuré. La création d’un espace politique belge = M1. Lorsque nous rencontrons un français, il fait lui référence
à un espace ancien, la France est une nation ; tandis que la Belgique n’est pas une nation, car il s’agit d’un espace
récent).
Dans l’exploration du temps, qui est donc une création sociale, en fonction de nos consciences se déploient :
-
le cadre temporel
le milieu temporel
la culture temporel
Cadre temporel : espace d’enfermement du temps. Le temps appartient à un espace de référence conventionnel
(exemple : les horaires sont plus ou moins contraignants). Le temps enfermé et le temps individuel suscitent de la
soummission ou de l’opposition. Les cadres temporels sont naturels ou construits (exemples : horaire des marées
ou usine qui ne tient pas compte du jour et de la nuit).
Chaque type d’espace à son type d’enfermement avec lequel nous négocions plus ou moins bien (société
homnibulée par le temps et la perte de temps).
Milieu temporel : mélange de plusieurs temps, le biologique, le physico-social et le psychologique. Nous vivons
pour la plupart d’entre-nous dans un de ces temps (exemple : biologique, on a faim ; physico social, nous sommes
physiquement au cours suivaant un horaire socialement déterminé; psychologique, on trouve le temps long)
Culture temporelle : ?
Le sens de la vie est donné par l’existence de la mort. On ne peut faire de projet que dans la précarité. Tout
discours de société s’incrit dans une perspective de limitations du temps. Pendant ce temps, nous allons nous
frotter les uns aux autres, les uns sur les autres : processus de socialisation.
Le système social nous apporte des règles et des ressources constituées de données cognitives. Ce système de
règles et de ressources est sous-tendu par des normes et des valeurs : processus de structuration.
Les normes, c’est tout ce qui renvoit aux règlements, et les valeurs, ce sont les attendus auxquels la société a
souscrit (exemple : quand on a un règlement genre « les cours commencent à telle heure », derrière la norme, il y
a une valeur et être étudiant, c’est participer à un système de valeur dans lequel le savoir est prédominant : savoir
c’est mieux que ne pas savoir, car le savoir donne le pouvoir).
Les structures sont relativements invariables dans le temps, elles sont normatives. Nous sommes confrontés à des
règles (exemple : quand je parle une langue, je respecte des règles, je respecte la norme, en même temps, je
respecte la valeur qui est l’honnêteté de parler dans une langue qu’on comprend).
On ne peut pas séparer ce qui est normatif de ce qui est cognitif (le normatif précède le cognitif, on dit d’abord à
l’enfant comment il doit dire les choses et ensuite on lui enseigne la grammaire). Le savoir vivre est un ensemble
de règles normatives nous renvoyant à des contenus cognitifs qui souvent nous échappent (exemple : la
bourgeoisie a comme valeur principale la distinction).
Nous sommes des individus plus ou moins compétents avec une certaine capacité à résoudre des problèmes. La
qualification est l’aspect institutionnel de la compétence (exemple : pour devenir adolescent, il faut être un enfant
qualifié et l’ado qualifié devient un jeune adulte, puis un viellard, puis le vieillard perd sa qualification d’être humain
(régression)).
Les connaissances dans le cadre de l’habitus, obtenues soit dans le cadre de la socialisation, soit (…) font de nous
des êtres compétents non seulement dans la société, mais aussi dans des sous-ensembles (les praxis se divisent
en sous ensembles qui impliquent des qualifications secondaires (journées portes ouvertes à l’unif, baptêmes,
vieux routiers en prison, etc…).
La socialisation c’est l’intériorisation du social objectivé (réussir sa vie n’est pas la même chose que réussir dans la
vie, mais en tout cas pour réussir dans la vie, mieux vaut réussir à l’université, et donc il faut en avoir les codes (le
language)).
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Il y a des socialisateurs institutionnels ou non (exemple : apprendre à son copain une nouvelle danse en boîte).
Les déroulements des existences humaines consistent à confronter des subjectivités dans le social objectivé.
Dans la société actuelle (post-moderne), ce qui domine, c’est l’incertitude. L’acteur est caractérisé par un moi sans
repères stables, il vit des situations multiples et changeantes (avant quand on avait fini l’université, on avait un
boulot, ce n’est plus nécessairement vrai actuellement ; le nombre de divorces augmente ; tout est culture, si on
ne connaît pas l’anglais et l’informatique, on est analphabête, etc…) d’où chez nos contemporains un repaire
narcissique basé sur le renforcement du « moi je » qui donne l’illusion d’être séparé des autres, alors qu’en fait
c’est le « nous je » qui est dominant (culture gnangnan (de masse ?), culture d’identification (exemples : procès
Dutrou qui occulte tout, alors qu’il y a d’autres phénomènes importants qui se déroulent au même moment, place
royale, etc…). Nous pensons que nous nous auto-déterminons (religions à la carte, horoscope, astrologie), alors
qu’en fait nous sommes dans une grande période d’incertitude. L’individu est tiraillé entre les différentes formes
d’auto-déterminations.
SYNTHESE (dernier cours donné)
La sociologie étudie avant tout des comportements (science empirique). La psychologie s’oriente plutôt vers
l’intérieur, la sociologie et l’anthropologie s’orientent vers l’extérieur.
Pour observer des comportements, on va traiter des moments :
-
macro
micro
Le moment macro est celui des institutions, le moment micro est celui du sociétal objectivé (facile à comprendre
celui-ci dans la situation où je demande l’heure, cela répond à des règle). On ne peut séparer les deux moments
l’un de l’autre (trop souvent les sociologues n’étudient que l’un ou l’autre).
C’est au sociologue à reconstituer l’horizon historique en faisant appel notamment au droit qui fait partie de
l’histoire (exemple : quand on est hospitalisé, on entre dans un système qui est ancien, celui de l’institution
hospitalière et dans tout le système de la médecine qui elle seule décide s’il s’agit d’une pathologie ou pas,
exemple : l’obésité).
L’articulation des deux moments est essentielle et omniprésente sans quoi c’est du journalisme quye je fait ou de
la philosophie et pas de la sociologie (exemple : si j’étudie l’école, il faut tenir compte des deux moments, du
système institutionnel (obligation scolaire, orientations différentes suivant le type d’apprentissage, les différents
réseau ; mais aussi voir ce qui se passe au niveau de la classe et ce qui s’y passe n’est pas la même chose à Catho
ou aux Arts et Métiers).
Le moment macro est un moment analytique et est le lieu où je puise mes ressources et mes règles. Le moment
micro, où je les met en application (le gens qui maîtrisent bien le français, dominent ceux qui ne le maîtrisent pas
bien). Comment les règles et les ressources se forment dans l’histoire (moment institutionnel) et comment elles
s’appliquent (moment interactionnel).
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