Congrès de l’AFS. Nantes, 2013. RT1 Savoirs, travail, professions Marc FOURDRIGNIER1 Les intervenants sociaux, un groupe dominé au sein de l’action sociale ? Résumé : Cette communication aborde la question de la domination à partir de l’analyse des rapports entre groupes professionnels au sein du champ de l’action sociale. Historiquement la professionnalisation de l’action sociale s’est faite par la construction successive d’un ensemble de professions, dite professions sociales, qui à un moment se sont regroupées sous l’appellation générique du travail social. Pour autant il est difficile de considérer qu’il s’agit d’un groupe professionnel unifié, compte tenu du fait qu’aujourd’hui cela regroupe quatorze professions, au sens de l’administration, allant du niveau V au niveau I. Ces professions ont détenu pendant longtemps une forme de monopole, réglementé - pour les assistants de service social notamment- ou non . Cet ensemble est légitimé par un adossement à l’administration de la cohésion sociale et à un système de formation spécifique, distinct de l’éducation nationale ( Fourdrignier, 2008). Depuis les années 80 le monopole a progressivement été remis en cause, ce qui s’est traduit par l’apparition de nouveaux métiers souvent regroupés sous la dénomination d’intervenants sociaux. Cela a donné lieu à des débats complexes (Chopart , 2000). Cette ouverture a été rendue possible par un investissement progressif de l’université française dans ces formations, notamment par le biais de l’apparition d’une dénomination nationale intervention sociale lors de la création d’un nouveau diplôme en 1999, la licence professionnelle. Pour autant cette dualité des formations (travail social versus intervention sociale) se traduit aujourd’hui par une forme de domination des intervenants sociaux par les travailleurs sociaux. Pour comprendre cette domination il nous paraît opportun de la mettre en lien avec les modalités du fonctionnement universitaire. Il s’agit donc d’apporter des éléments de réponse à la question suivante : en quoi le mode de professionnalisation à l’université contribue, ou non, à la domination des intervenants sociaux ? Plusieurs hypothèses peuvent alors être énoncées : le manque d’interactions avec les milieux professionnels, les compétences des enseignants universitaires, l’hétérogénéité de l’offre de formation qui freine la visibilité de des formations, le manque de légitimité de l’université dans le champ professionnel..... Cette communication prend appui sur une enquête réalisée auprès de plus de 200 personnes titulaires d’une licence professionnelle intervention sociale. Une partie de cette enquête porte sur la licence professionnelle et le champ social. Elle sera ici exploitée pour répondre à la question posée. 1 Maître de Conférences, Centre d'Etudes et de Recherche sur les Emplois et la Professionnalisation (CEREP), EA 4692, . Université de Reims Champagne-Ardenne. Mail : [email protected] Références : Fourdrignier M., Molina Y, Tschopp F (dir), (2013), Les transformations des professionnalisations du travail social, Genève, IES Editions (à paraitre) Fourdrignier M., (2009). Professionnaliser les métiers du sanitaire et du social à l’université : une mission impossible ? Formation emploi, n° 108, 67-81. Fourdrignier M., (2008). Universités et formations au social : une nouvelle donne en France ? Pensée Plurielle. Editions de boeck. n° 17, 2008-1. 101-112