Les techniques d`exploration des faits de langue

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LES TECHNIQUES D’EXPLORATION DES FAITS DE LANGUE
LE CLASSEMENT de différentes graphies, de différents mots, de différentes phrases et
même de différents textes est une opération qui permet
- d’identifier des fonctionnements identiques.
Par exemple, en grammaire, le relevé puis le classement des différentes expansions du nom
(adjectif épithète, complément du nom, proposition subordonnée relative) permet de faire
apparaître qu‘elles ont toutes la même fonction sémantique par rapport au nom : elles le
précisent.
-
de dégager des critères de fonctionnement de ces différentes unités.
Par exemple, en orthographe, dans un texte, le relevé puis le classement de mots contenant les
différents graphèmes transcrivant le phonème [s] permet de faire apparaître les lois de position
de ces graphèmes.
LES MANIPULATIONS SYNTAXIQUES
Ces manipulations qui sont des auxiliaires d’analyse peuvent poser de grandes difficultés aux
élèves. Elles doivent donc être guidées par le maître et aboutir à la découverte de critères
syntaxiques de fonctionnement des unités de la langue observées.
Elles permettent d’identifier et de délimiter des groupes syntaxiques. Trois propriétés simples
permettent de décider si une séquence de mots est ou n’est pas un groupe syntaxique : la
possibilité de lui substituer un seul mot, de l’effacer globalement ou de la déplacer en bloc.
LE DEPLACEMENT est une manipulation qui permet de tester la cohésion d’un groupe et son
degré d’autonomie : le caractère fixe ou mobile de ce groupe. Il est souvent utilisé pour
distinguer les différents types de compléments.
Par exemple, il permet d’identifier un complément essentiel du verbe versus un complément
facultatif de phrase.
Il a donné sa pomme. => Sa pomme, il l’a donné.
Le déplacement en tête de phrase du complément essentiel direct du verbe « donner » entraîne
une reprise pronominale dans la phrase ce qui marque que ce complément, parce qu’il
appartient au groupe verbal, n’est pas autonome. Sa place dans le GV, laissée temporairement
vide par son déplacement, doit être occupée par un pronom.
Il promène son chien tous les matins. => Tous les matins, il promène son chien.
Le déplacement en tête de phrase du complément « tous les matins » n’entraîne aucune reprise
pronominale dans la phrase ce qui marque son degré d’autonomie : ce complément est
facultatif, il ne dépend pas du GV mais de la phrase dans laquelle il peut donc occuper
différentes places sans entraîner de modifications dans la phrase.
L’EFFACEMENT est une manipulation corollaire du déplacement qui permet de montrer le
caractère facultatif d’un groupe syntaxique ou d’un mot quand il n’entraîne ni agrammaticalité ni
modification dans la phrase.
Groupe de réflexion ORL – IUFM de Bourgogne – 2004-2006
LA SUBSTITUTION est une manipulation qui permet
-
de délimiter la séquence de mots qui forme un groupe.
Par exemple, elle permet de délimiter la séquence de mots qui forme un GN.
La petite fille de mon voisin qui habite la maison bleue s’appelle Marianne.
La petite fille s’appelle Marianne.
La fille s’appelle Marianne.
Elle s’appelle Marianne.
La substitution s’accompagne donc souvent d’une réduction.
-
de faire apparaître des classes de mots et de fonder une classe d’équivalence.
Par exemple, elle permet d’identifier si « des » appartient à la classe des déterminants définis ou
indéfinis.
La fille des voisins est blonde. => la fille de mes voisins est blonde.
La substitution de « des » par « de mes » permet d’analyser « des » comme un déterminant
défini, un article défini. Cette substitution fait apparaître la préposition « de » et le déterminant
défini possessif « mes » ce qui permet de poser que « des » ici est un déterminant défini mais
sous la forme contractée, c’est-à-dire constituée de la préposition « de » et de l’article défini
« les ».
Elle mange des pommes. => Elle mange ces pommes.
La substitution de « des » par « ces » permet d’analyser « des » comme un déterminant indéfini,
un article indéfini. La substitution ne fait apparaître aucune préposition.
LA TRANSFORMATION est une manipulation qui consiste à transformer la structure syntaxique
de la phrase pour identifier
- une fonction grammaticale.
Par exemple, la transformation au passif d’une phrase à l’actif permet d’identifier dans la phrase
à l’actif l’unité qui occupe la fonction grammaticale de sujet du verbe.
Le chat mange la souris. => la souris est mangé par le chat.
-
une catégorie grammaticale.
Par exemple, la transformation d’une phrase de la forme affirmative à la forme négative permet
d’identifier l’élément encadré par la négation comme le verbe dans la phrase.
Je vais à la plage tous les matins. => Je ne vais pas à la plage tous les matins.1
LA TRANSPOSITION est une manipulation qui consiste à modifier localement un aspect de la
phrase sans transformer sa structure syntaxique pour identifier une catégorie grammaticale.
Par exemple, la modification du temps de la phrase permet d’identifier le verbe car il est le seul
élément qui varie.
Je pars à la campagne => Je partais à la campagne.
Dans le cas du verbe à la forme composée, c’est l’auxiliaire qui est encadré par la négation : Je ne suis pas allé à la
plage tous les matins.
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Groupe de réflexion ORL – IUFM de Bourgogne – 2004-2006
L’EXPANSION / LA REDUCTION sont des manipulations complémentaires.
- L’expansion permet de faire apparaître les différentes expansions possibles dans un
groupe syntaxique.
- La réduction permet, en enlevant toutes les expansions dans un groupe syntaxique, de
retrouver l’élément noyau/tête du groupe.
Par exemple,
La fille joue dans la cour <=> La petite fille blonde qui a une jupe joue dans la cour de la
maison de la grand-mère de Julie.
Groupe de réflexion ORL – IUFM de Bourgogne – 2004-2006
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