ans en Inde et en divers pays d’Asie, il a voulu en prélever la
substance et en énoncer clairement les principes.
N’étant tenu par aucune tradition particulière, mais s’inspirant
de toutes, il porte un regard critique sur certaines étroitesses du
traditionalisme, utilisant notamment les données de l’étude
philologique moderne.
Partant des dimensions fondatrices de la doctrine, il a cherché
à éclairer celles-ci à l’aide des diverses traditions plus tardives, mais
sans se limiter à aucune d’elles. Ce refus du sectarisme et cet esprit
d’ouverture, prenant chaque fois comme critère ultime les paroles
mêmes du Bouddha, donnent à l’enseignement du Triratna une
richesse, une cohérence et une solidité inégalées — compte tenu, bien
évidemment aussi, des dons exceptionnels du fondateur,
Sangharakshita, qui a passé toutes son existence à étudier et mettre
en pratique la Voie du Bouddha.
Le retour aux dimensions fondatrices.
Toute tradition bouddhiste reconnaît dans l’expérience de
l’éveil — la
bodhi
, en sanscrit — l’événement principiel de la doctrine
(le nom Bouddha signifie “l’éveillé”). Or cet éveil, avant d’être
quelqu’expérience mystique ou fusionnelle, béatifique et indicible, est
simplement le fait de réveiller l’esprit de sa torpeur ordinaire et voir la
réalité telle qu’elle est, dans sa “talité”, son “ainsité” (
tathâta
). Le
Bouddha est, de ce fait, également nommé le “Tathagâta”: celui qui
voit les choses telles qu’elles sont.
Et la "talité" des choses, aperçue par le Bouddha lors de
l’éveil, est — très schématiquement dit — le fait que tout est régi par
ce que l’on nomme la “production conditionnée” (
pratitya samutpada
).
Cela signifie en gros qu’il n’y a pas de réalité en soi des choses, pas
de réalité substantielle première à la base des choses et de nous-
mêmes, qui en feraient des entités autonomes. Non. Tout est relié.
Tout est produit par d’autres choses dans un tissu de conditions
réciproques. Tout est dans un réseau d’interrelations où chaque
occurrence est dépendante d’une série d’autres et à son tour va en
influencer de nouvelles séries — non pas de manière linéaire, mais en
une constellation de plus en plus large. Cela vaut pour les choses.
Mais cela vaut aussi pour nous, les humains. Nous ne sommes pas
simplement, chacun, une âme isolée, permanente, qui aurait, selon
son bon vouloir des rapports avec ses semblables: nous sommes
d’emblée des êtres relationnels. Ce que nous sommes dépend de
notre rapport interactif avec les autres. Et chaque acte que nous