
challenge de la prise en charge périopératoire de patients obèses [2]. Une compréhension de la
physiopathologie et des complications de ce groupe particulier de patients permet un
traitement plus efficace et sûr.
ÉPIDÉMIOLOGIE
Définitions
L'obésité correspond à une présence excessive de graisse dans l'organisme. Le terme est
dérivé du latin « obesus » qui veut dire engraissé. La distinction entre l'obésité et la normalité
est arbitraire, on peut considérer que, pour un individu donné, l'obésité correspond à une
augmentation de sa masse grasse suffisante pour affecter son état de santé physique et mental
et pour réduire son espérance de vie [3]. Dans les sociétés occidentales, la matière grasse
représente chez l'homme moyen 20 à 25 % du poids du corps et 20 à 30 % chez la femme.
Cette quantité de graisse n'est que de 10 à 12 % chez un footballeur professionnel et de 7 %
chez un marathonien. On considère fréquemment qu'il existe une obésité lorsque la matière
grasse dépasse 25 % chez l'homme et 30 % chez la femme [4]. La graisse corporelle peut être
estimée par la mesure du pli cutané tricipital, et plus précisément par impédancemétrie ou par
résonance magnétique. En fait, généralement, cette approximation est réalisée en rapportant le
poids à la taille et en le comparant à un poids dit idéal. La notion de poids idéal, introduite par
les sociétés d'assurance vie, correspond au poids associé au plus faible taux de mortalité pour
une taille et un sexe donné. Le calcul du poids idéal (en kg), grâce aux formules de Lorentz
plus ou moins simplifiées, est égal à la taille du patient en cm moins 100 chez l'homme, et
moins 105 chez la femme. De plus, en plus en clinique et en épidémiologie, l'obésité est
quantifiée par le calcul de l'indice de masse corporelle (IMC) ou indice de Quetelet. L'IMC
(ou BMI, body mass index chez les Anglo-Saxons) est un indice de poids simple, BMI = poids
en kg/taille au carré en mètre. Un BMI inférieur à 25 kg·m-2 est considéré comme normal ; un
BMI compris entre 25 et 30 kg·m-2 correspond à un excès de poids (pré-obésité) qui ne
s'accompagne pas de complications médicales graves, un BMI supérieur à 30 kg·m-2
correspond à une véritable obésité, enfin l'obésité morbide se définit comme un BMI > à 40,
la « super-morbidité » étant définie par un BMI > 55 kg·m-2 [5]. S'il existe une très étroite
corrélation entre BMI, morbidité et mortalité (pour les BMI > 30 kg·m-2), le BMI possède ses
limites : par exemple, un homme extrêmement musclé sera classé obèse. D'autres éléments
comme l'âge ou la répartition de la masse graisseuse sont aussi des éléments à prendre en
compte [3] [6]. Dans l'obésité de type androïde ou centrale, qui concerne surtout les hommes,
la graisse se concentre dans la partie supérieure du corps et au niveau des organes intra-
abdominaux. Dans l'obésité gynoïde ou périphérique, qui touche surtout les femmes, la masse
adipeuse est principalement localisée dans les hanches, les fesses et les cuisses [7]. L'adiposité
de type centrale, prédispose plus au risque de maladies métaboliques et d'ischémie
myocardique [6] [8].
Incidence
En 1997, une enquête internationale définissant l'obésité comme un BMI > 30 kg·m-2
retrouvait une prévalence de l'obésité en Europe de 15 à 20 %, avec de grandes variations en
fonction des régions [3]. En Grande-Bretagne, un adulte sur deux souffre actuellement de
surpoids et la prévalence de l'obésité a doublé entre 1980 et 1991, passant de 6 à 13 % chez
les hommes et de 8 à 15 % chez les femmes. La situation est approximativement la même en
France, elle est un peu plus favorable dans les pays scandinaves et aux Pays-Bas avec une
prévalence de 10 % et pire dans les pays d'Europe de l'Est avec une prévalence de près de 50