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Aujourd’hui certaines questions demeurent.
Le souci parfois dominant de “l’identité chrétienne” prend le pas sur l’audace de la
compréhension du monde au regard de la foi et de son trésor.
Les Pères conciliaires ont tenu à donner à l’Eglise une direction, un élan, un
insatiable goût du monde, car c’est le lieu où Dieu se tient.
Si la nécessité du dialogue est soulignée, qu’en est-il du débat au cœur de l’Eglise
elle-même ? Comment articuler cette liberté de conscience affirmée avec des
impératifs magistériels légitimes ? Comment situer la possible dissension, à tout le
moins les différences de sensibilité ?
L’éthique théologique demande à être fondée sur la parole échangée, écoutée et
prise en compte par l’autorité. En chaque baptisé une nouveauté de vie révèle
quelque chose du mystère du Christ, centre de l’éthique. Le disciple du seul maître
doit lui aussi éclairer son jugement, sa connaissance, grâce au travail du magistère.
Il est surtout essentiel de retrouver et de prolonger le dialogue et la solidarité avec le
monde. Pour que la morale soit humanisante, elle se doit d’être humanisée.
S’impose alors une relation à tout homme, quels que soient son chemin d’existence,
son style de vie, pour lui rendre compte avec douceur, qu’en Jésus, qui est
lʼhumanité de Dieu, il est toujours une espérance possible.
Trois questions pourraient traverser les interrogations contemporaines :
-se demander qui est lʼhomme,
-proposer un “art de l’existence”,
-ne pas renoncer à penser l’universel.
Il nous appartient de promouvoir et de prolonger non seulement la lettre, mais l’esprit
de Vatican II. Cet élan est une interprétation et une inspiration habitées par lʼEsprit,
dont Jésus a promis qu’il nous conduirait vers la plénitude de lʼhomme à travers la
patience du temps.
Quel avenir pour Vatican II ?
Il est urgent de proposer dans nos églises locales une image globale et précise de
l’œuvre conciliaire et d’en dégager une pédagogie de la conversion fondée sur :
-la lecture des Ecritures,
-le discernement des “signes des temps”,
-l’accès à l’intériorité et au “colloque entre Dieu et lʼhomme”.
Ces pratiques sont celles dʼhommes et de femmes. Or, notre Eglise donne une
image de plus en plus étrange : quelques hommes avec des “marques sacrées” sont
entourés de beaucoup de femmes, surtout bénévoles, laissant l’immense majorité
des hommes chrétiens ou sympathisants à la “porte”.
Le Concile a tenté de distinguer le “sacré” et le “saint” faisant de “l’appel de tous à la
sainteté” le cœur même d’un vivre en Eglise, enraciné dans le mystère de la sainteté
de Dieu.
Il est urgent de chercher et de trouver entre tous, femmes et hommes, un nouveau
mode de vie et de collaboration ouvert et libre. Construire des Communautés, dont
Vatican II dit que le Christ y est présent. Activer l’image d’une Eglise en devenir et en
genèse, réapprendre ce que signifie une humble présence auprès de nos
contemporains et une première annonce acceptant que tout le monde ne participe
pas régulièrement à l’Eucharistie.