Selon Boyer, le prix est donné par le marché en concurrence, alors qu’il existe une stratégie
de prix en monopole. Aglietta établit d’autre part un lien entre les forces de la concurrence et
l’inégalité des revenus.
Pour Lipietz, le fordisme périphérique constitue une nouvelle concurrence pour les pays
industrialisés (problématique de la mondialisation).
D. L’Etat
Il est à la fois l’instrument de la lutte des classes et un arbitre au-dessus de cette lutte. Il
possède un appareil idéologique qui s’exprime par l’école, les médias, les syndicats et les
églises et un appareil répressif qui contraint (armée, police, justice). L’école de la régulation
reprend l’idée de Poulantzas qui insiste sur le rôle organisationnel de l’Etat qui n’est pas
seulement répressif mais cherche un « équilibre instable » et un compromis entre les
différentes formes sociales. Il intervient aussi dans le jeu économique et social.
L’internationalisation provoque ainsi une crise de l’Etat et un bouleversement de la régulation
qu’il exerce. Quelle forme peut-il adopter pour satisfaire les nouveaux besoins de l’appareil
productif ? La même question se pose pour la monnaie, dont l’utilisation est aujourd’hui
différente de ce qu’elle a été dans le passé.
E. Les relations internationales
Le courant insiste sur la polarisation des échanges. La hiérarchisation des nations s’effectue
au profit des PDEM et des producteurs de biens d’équipement. La nation hégémonique, les
Etats-Unis, peut dicter ses normes. Un processus cumulatif en 4 étapes apparaît :
1) réalisation d’économies d’échelle, d’où une augmentation du taux d’investissement et
de la productivité (effet Kaldor – Aglietta)
2) les échanges de marchandises rétro-agissent sur la productivité grâce à la taille des
marchés (effet Smith – Beckerman)
3) la rentabilité des branches internationalisées augmente (effet Ricardo)
4) la maîtrise des biens d’équipement accélère la modernisation des autres secteurs (effet
Mistral)
Une certaine régulation s’exerce par les FMN à court terme ; à long terme, elle ne peut venir
que du SMI.
L’école propose une nouvelle formulation de la théorie économique qui s’éloigne de
l’équilibre général, rejetant un concept dichotomique de l’économique et du social (le marché
est le résultat d’une mise en forme de l’espace social), ce qui justifie son jugement de l’école
néoclassique, qui n’est pas indépendante de l’espace social dans lequel elle est apparue. La
régulation développe une vision historique des modes de pensée. Depuis quelques années,
cette vision est prolongée dans le cadre du capitalisme patrimonial dirigé par la finance : la
régulation est assurée non plus par l’Etat, mais par les marchés, notamment financiers. La
théorie reste contingente à la situation historique : l’émergence du concept de « fracture
sociale » illustre une nouvelle interprétation en termes non plus de classes, mais de groupes
sociaux.
Par son effort de synthèse entre Marx et Keynes et son souci d’expliquer les évolutions
historiques actuelles, l’école de la régulation est assez séduisante. Mais elle souffre d’une
insuffisance théorique et ne débouche pas sur des recommandations précises de politique
économique conjoncturelle, même si elle peut toutefois se traduire par des orientations en
matière de politique structurelle (quoique : elle ne donne pas les clés pour savoir ce que serait
une bonne régulation).