PARROT Céline ECE1
Fiche de lecture :
Livre 2 : Thème imposé
Jean-Marc JANCOVICI et Alain GRANDJEAN, Le plein s’il vous plaît !, Points, Paris,
2006, 185 pages.
Jean-Marc JANCOVICI est un ingénieur-conseil français et Alain GRANDJEAN est un
économiste français .Cet ouvrage écrit en 2005, est un essai mêlant science et économie dans
lequel ils dénoncent le caractère irresponsable de la consommation actuelle d’énergie fossile
sur la planète et proposent comme solution d’augmenter la taxation de ces énergies de façon à
ce que le prix augmente et la consommation diminue. Tous les scientifiques l’ont montré, le
changement climatique va bouleverser le mode de vie des hommes sur la terre voire menace
directement leur espèce. Le changement climatique résulte de l’effet de serre causé par
l’émission trop importante de CO2 des énergies fossiles. Parce qu’à la vitesse à laquelle nous
consommons ces énergies il nous reste seulement 30 ans de réserve et que nous modifions
dangereusement le climat, les auteurs appellent à une réduction dès que possible de notre
consommation. La taxe est le seul moyen efficace selon eux, car la technique se heurte au
mode de consommation et aux prix des énergies, le prix du pétrole étant encore trop faible
pour inciter à une déconsommation. Il faudrait agir maintenant avant que la situation n’empire
car dans tous les cas, la décroissance de la production de pétrole et par la suite une
décroissance économique longue sont inévitables. C’est à nous de choisir si l’on veut la subir
ou bien en limiter l’impact.
Tout d’abord, les auteurs font un état des lieux de la consommation de pétrole.
Ils l’assimilent à une drogue car une sensation d’euphorie a été crée lors de la révolution
industrielle avec la hausse de la productivité et des niveaux de vie, mais aussi une dépendance
est née avec la condition humaine qui se définit par la consommation d’énergie. Les énergies
fossiles sont devenues des esclaves mais virtuels : un litre d’essence contient 10 kWh
d’énergie, soit l’équivalent du travail de 10 paires de jambes pendant une journée, sachant
qu’un litre d’essence coute 1 € soit 10 centimes le kWh cela est considérablement moins cher
que de payer des hommes. C’est ce qui a permis aux hommes en un temps record d’augmenter
leur puissance matérielle, mais si celle-ci s’est rapidement construite dans l’histoire depuis un
peu plus de deux siècles, elle risque de disparaître aussi vite. Après avoir augmenté les
niveaux de vie, les hydrocarbures pourraient avoir l’effet inverse dans quelques décennies
lorsqu’ils manqueront en quantité. Seulement 20 % des énergies consommées ne portent pas
atteinte au climat, celles-ci sont le bois (dans la mesure la quantité brulée est inférieure à
celle qui a poussé) l’hydro-électricité et le nucléaire. Mais au niveau mondial les énergies
reines sont les énergies fossiles dont la consommation n’a cessé de croitre depuis leur
utilisation, et aujourd’hui le pétrole représente 34 % de l’énergie consommée, le charbon 24 et
le gaz 21. Du côté économique, depuis que la croissance existe, elle s’est toujours
accompagnée d’une hausse des émissions de dioxyde de carbone. Or les émissions de Co²
dans l’atmosphère sont irréversibles il faut donc agir au plus vite si l’on veut limiter les
dégâts.
Ensuite les auteurs énoncent quelques conséquences du changement climatique, une
hausse importante de la température moyenne de la planète sur un siècle est à prévoir (environ
2 à 3 degrés) alors que les dernières variations se faisaient sur des milliers d’années, on peut
donc se demander quel sera l’avenir de l’espèce humaine avec 2 degrés de plus en 100
ans.Puisque les énergies sont fossiles (c’est-à-dire non renouvelables), il existe un stock qui
possède une fin, de ce fait la consommation devrait alors atteindre un maximum avant de
diminuer, peu importe les décisions qui sont prises. Les découvertes de pétrole sont en baisse
depuis 1960, et les proportions des 3 types de réserves de pétrole : extrait et consommé ;
réserves prouvées ; et additionnelles se sont inversées depuis 1970. Aujourd’hui la majorité
du pétrole ne se trouve plus dans les réserves additionnelles mais dans les réserves prouvées et
consommées ce qui signifie que les stocks s’amenuisent. On ne peut non plus établir
précisément le moment la production va commencer à décliner car l’évaluation exacte des
réserves de pétrole restantes et l’évolution de la consommation mondiale est difficile,
cependant selon toutes les expertises cela ne devrait excéder 30 ans. L’utilisation des autres
énergies fossiles qui possèdent des réserves plus importantes ne serait qu’une solution de
court-terme puisqu’elles sont aussi des énergies finies, d’autant plus qu’elles émettent aussi
du Co² et renforceraient l’effet de serre. La décroissance de la consommation d’énergies
fossiles est inévitable, reste à savoir si nous voulons la contrôler ou la subir entièrement,
sachant que plus l’on attend et plus cela sera dur. Cette crise risque d’être inégalitaire car une
répartition égalitaire au niveau mondial signifie la mort de tous étant donné que la ressource
est insuffisante pour tous, ou alors il sera nécessaire que certains meurent pour éviter à tout le
monde de mourir.
Il est dur d’agir pour réduire la consommation d’énergie car l’efficacité des arguments est
limitée puisqu’ils portent sur des conséquences que personne n’a vues. « Il nous faut avoir
peur d’une chose qui ne s’est jamais produite ».Economiquement, se passer de pétrole va
relever du défi étant donné que l’appareil productif y est très lié, depuis 1979 une hausse du
prix du pétrole entraine une baisse de la croissance l’année d’après et une hausse du chômage
3 ans après. Si la société n’est pas préparée à une baisse de l’approvisionnement en pétrole il
y a un risque de récession, or la dernière fois que le P.I.B. mondial a connu une récession se
fut en 1929 qui fut l’une des causes de la 2nde guerre mondiale. Les réels changements à
craindre sont l’installation de régimes politiques dictatoriaux, des guerres et un déséquilibre
de la faune avec des espèces qui disparaissent au profit d’autres, mettant en danger
l’agriculture et la vie de l’homme !
Tout l’enjeu de la consommation d’énergie réside dans le nombre de consommateurs sur
la terre, qui rend l’évolution des comportements plus difficile. Les énergies renouvelables ne
pourront jamais remplacer les énergies fossiles, car elles ne peuvent être utilisées à grande
échelle. Le problème n’est pas la faible part des énergies renouvelables mais plutôt l’énorme
consommation des énergies fossiles ; pour être efficaces les énergies renouvelables doivent
s’ajouter à une consommation d’énergies fossiles constante or ce n’est pas le cas. Le nucléaire
n’est pas une mauvaise solution mais il faudrait énormément multiplier le nombre de centrales
dans le monde et pour cela l’opinion publique doit y être favorable. De plus le nucléaire
suppose l’utilisation de l’électricité à la place des énergies fossiles or cela est difficile pour
l’automobile à une échelle mondiale. La difficulté pour les automobiles se trouve dans le
nombre, on ne peut changer tous les véhicules du jour au lendemain. Contrairement à ce que
l’on pourrait penser, le progrès technique n’a pas vraiment permis de faire des économies, car
tant que le prix du pétrole baissait par rapport au pouvoir d’achat, la population ne réduisait
pas sa consommation. Elle peut posséder des équipements qui consomment moins
qu’auparavant grâce à l’innovation, mais si elle en possède plus la consommation ne diminue
pas. Le ferroutage peut être amélioré mais il ne sera jamais une solution à grand échelle pour
réduire le trafic automobile, car il est limité par la construction de gares, quant aux transports
en communs ils se cantonnent aux grandes agglomérations. Toute modification de la manière
de consommer dépend du consommateur or tant que le prix du pétrole diminuera ou stagnera
par rapport au pouvoir d’achat, il ne faut rien attendre de l’innovation car les comportements
ne changeront pas.
Les hommes politiques sont souvent critiqués pour leur inactivité face au changement
climatique mais il n’est pas évident que ceux-ci en savent beaucoup plus que nous sur le
problème. Ils sont le plus souvent pas plus informés que les média et la population, quand
bien même un conseiller a plus approfondit le sujet que les autres, il n’aura aucun poids tout
seul face aux contraintes économiques (croissance) et politiques (réélection).Les élus ne sont
ni plus ni moins que les représentants de la population et rien ne stipule qu’ils doivent en
savoir plus qu’elle. Si la population change d’avis sur le comportement à adopter quant au
changement climatique, alors les élus suivront mais celle-ci est encore loin de vouloir une
hausse de la fiscalité sur le pétrole. La population serait-elle mal informée quant aux risques
qu’elle encours ? Des millions de citoyens sont renseignés par la T.V., la radio et les journaux
alors que d’autres moyens plus sérieux et approfondis pour se renseigner comme internet ou
les conférences et les livres ne touchent que des élites. Si l’info circule mal c’est à cause du tri
que font les média, le manque de temps d’antenne les pousse à traiter en superficialité le sujet
ce qui altère sa qualité voire sa validité, d’autant plus qu’ils sont souvent cantonnés dans des
rubriques, rarement liées entre elles, ce qui empêche que l’on traite tous les aspects du
problème. De plus, les journalistes ne peuvent fâcher les annonceurs en incitant à
consommer par exemple car c’est de la publicité que dépendent leur salaire et les lecteurs
n’apprécient guère les mauvaises nouvelles ce qui pousse les journalistes à traiter de sujets
anodins, loin des réalités du changement climatique. Or en démocratie, la contrainte
volontaire ne touche jamais plus de 1 à 2 % de la population, l’effort est d’autant plus difficile
que l’on est tout seul à le faire. Pour être efficace sur la consommation, il faudrait augmenter
la fiscalité sur le pétrole pour que son prix augmente plus vite que le pouvoir d’achat.
Selon le Club de Rome en 1972 la fin de la croissance matérielle qui augmente depuis la
révolution industrielle de façon exponentielle, sera pour le XXIe siècle.On assiste à une
inversion des pénuries car avant on avait trop de ressources naturelles et pas assez de facteur
travail alors qu’aujourd’hui c’est l’inverse (chômage).Tous les services que nous rend la
planète, puisqu’ils sont gratuits, ne sont pas pris en compte dans le P.I.B. alors que sans eux
l’économie ne pourrait pas fonctionner. De plus, les dommages causés à la planète s’ils ne
s’observent pas dans l’économie ne sont pas non plus comptés dans le P.I.B., donc rien
n’empêche que cela continue. Il est même possible que les atteintes à l’environnement soient
facteurs de croissance, la seule limite se présente lorsque nous ne sommes plus capables de
réparer les dégâts par nos propres moyens. Après avoir été favorable à la croissance
économique sur le court-terme, le changement climatique pourrait lui être très défavorable sur
le long terme. « Combien de points de P.I.B. accepterons-nous de perdre aujourd’hui pour ne
pas tout perdre plus tard ? »
Le cours du pétrole est très peu élastique, car l’offre et la demande varient très peu avec le
prix ainsi avec un prix qui a beaucoup varié ces dernières décennies, la consommation n’a
jamais cessé d’augmenter. Le marché a du mal à anticiper donc si on laisse seulement le
marché s’occuper du prix du pétrole il faut s’attendre à des variations imprévisibles qui
pourront fragiliser nos économies comme cela s’est déjà produit.
L’avantage d’une taxe, c’est que celle-ci s’impose à tout le monde, volontaire ou non.
Mais surtout elle prend de court une hausse involontaire du prix des énergies et l’amortit.
Ainsi, la population pourra s’y préparer car on contrôlera mieux le prix que si l’on laisse faire
uniquement le marché. Bien sûr la mise en place d’une taxe sur les énergies fossiles créera des
situations difficiles pour de nombreuses personnes qui vivaient avec ces énergies, mais
préservera la démocratie et la paix. Et enfin, la taxe remplit les caisses de l’Etat qui pourra
ensuite redistribuer cet argent ; en aidant les secteurs mis en difficulté ou en mettant en place
une éducation en faveur de la préservation de l’environnement. Cependant il faudra aussi
supprimer les subventions accordées aux pêcheurs et autres professions qui fonctionnent grâce
au pétrole. La compétitivité des entreprises pourra être gèrement fragilisée sur le court-
terme mais sur le long terme elles y gagneront car elles auront pris de l’avance sur leurs
concurrentes.Un changement volontaire de la part des entreprises n’est pas possible donc il est
nécessaire que l’Etat intervienne et même s’il y aura des perdants, il y en aura toujours moins
que s’il l’on attend une régulation involontaire. Si la taxe est préférable aux subventions pour
les énergies renouvelables c’est parce que rien ne garantie que la consommation d’énergies
fossiles soit réduite dans le cas des subentions. Quant au permis négociable, il ne s’applique
qu’aux industriels alors que les consommateurs ont une part de responsabilité aussi
importante dans la consommation d’énergies fossiles.
Les lois de la physique le montrent, il est nécessaire d’agir car notre espèce est
directement menacée par le changement climatique qu’a produit l’homme. Puisque l’effet de
serre provient de la consommation d’énergies fossiles, il nous faut en limiter l’utilisation
d’autant plus que ces énergies non-renouvelables vont manquer dans moins de trente ans si
notre consommation continue sa lancée. Selon les auteurs, l’unique solution efficace est une
augmentation de la taxe sur le prix des énergies fossiles afin de réduire de manière « forcée »
leur consommation.
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