PE 231.890 2/6 PA\382936FR.doc
rien n'empêche que, dans la Charte, un chapitre soit réservé à la citoyenneté et aux seuls citoyens de
l'Union ; mais dans ce chapitre, il serait seulement question du droit de vote, du droit de circulation
dans l'Union, du droit à un passe port et au bénéfice de la protection diplomatique et de quelques
droits de même nature. Mais les droits vraiment fondamentaux doivent bénéficier à tous, citoyens et
non-citoyens.
2. Quelle doit être la valeur et la force de la Charte ?
Certains semblent souhaiter que la Charte soit une pure et simple déclaration politique ayant un
caractère hautement symbolique, mais sans force juridique.
Par contre, MM. Duff et Voggenhuber, rapporteurs au fond, ont clairement indiqué leur préférence
en faveur d'une Charte ayant une portée juridique incontestable. La Commission des Affaires
étrangères soutient ce point de vue. Compte tenu des textes qui existent déjà en Europe (notamment
la convention européenne des droits de l'homme du Conseil de l'Europe) et compte tenu du fait que
l'Union européenne veut être la région du monde la plus exigeante en matière de droits de l'homme,
il serait inconcevable qu'elle puisse se contenter d'un texte déclaratoire qui non seulement n'ajouterait
rien à ce qui existe mais qui constituerait une régression.
Cette question amène naturellement à en poser une autre : le lien entre la Charte et les Traités. A
notre avis, le Parlement européen devrait se prononcer fermement pour l'incorporation de la Charte
dans les Traités. A tout le moins, il faudrait clairement poser les principes de la Charte dans les
Traités, quitte à mettre en annexe les développements les plus détaillés.
3. Sur le contenu même de la Charte, la Commission des Affaires étrangères insiste sur la
nécessité de ne pas construire une Charte qui entrerait en concurrence, voire en contradiction avec les
instruments juridiques qui existent déjà et lient les États membres : par exemple la convention
européenne des droits de l'homme et la Charte sociale européenne du Conseil de l'Europe. Il serait
très mauvais que la Charte de l'Union ait une force inférieure à celle des instruments déjà existants; il
y va de la crédibilité de l'Union, notamment à l'extérieur de ses frontières. Il faut également écarter le
risque d'introduire des contradictions entre les différents textes ; outre les difficultés internes que de
telles contradictions pourraient susciter, il est évident que le message de l'Europe en matière de droits
de l'homme en serait affaibli.
En conséquence, la Commission des Affaires étrangères souhaite que l'on examine à nouveau la
possibilité pour l'Union européenne d'adhérer à la convention européenne des droits de l'homme, ce
qui favoriserait l'unité des règles et la cohérence de la jurisprudence. Dès lors, pour les droits
couverts par la Convention, la Charte se bornerait à renvoyer à cette Convention.
4. En ce qui concerne les catégories de droits à inclure dans la Charte, notre Commission a
examiné le problème des droits des minorités ou, plus exactement, des personnes appartenant à des
minorités. Le rapporteur considère que, notamment dans les pays candidats, cette question revêt une
telle importance que l'on comprendrait mal qu'elle soit exclue de la Charte. Toutefois, les avis des
membres de la Commission sont partagés sur ce point ; certains estiment que la Charte ne doit pas
aborder cette question très controversée.
5. Enfin, la future Charte, qu'elle prenne ou non la forme d'un engagement juridique
contraignant, fera partie de l'acquis de l'Union européenne. C'est pourquoi les pays candidats doivent