INTRODUCTION
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Ce livre était prêt pour une publication il y a près de vingt ans. Depuis lors, un certain
nombre d'États africains ont obtenu leur indépendance et des changements économiques et
politiques notables sont intervenus à travers tout le continent. Des contributions à la théorie de
l'évolution sociale et culturelle ont également vu le jour, ainsi que la publication d'un certain
nombre de monographies rédigées par des anthropologues, des spécialistes des sciences
politiques et des historiens africains, américains, anglais et européens traitant du
développement des institutions et d'un large éventail de problèmes propres au continent
africain. Malinowski en aurait certainement apprécié un grand nombre; il aurait sans doute
modifié ou développé ses idées pour tenir compte du matériel nouveau obtenu sur le terrain et
de l'évolution de l'opinion. C'était un penseur original qui a beaucoup influencé les théories
anthropologiques et les méthodes de travail sur le terrain ; il a formé un certain nombre
d'anthropologues qui, avec leurs propres élèves, ont publié des travaux sur l'évolution sociale
en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Océanie. Si bon nombre de ses idées ne sont plus
toujours de mise, elles ont, par leur force même et leur esprit très ouvert, contraint leurs
adversaires à préciser leur propre position. Comme pour toutes les professions,
l'anthropologie a ses détracteurs, et certains anthropologues, influencés par Freud, ont fait de
Malinowski un substitut paternel redoutable - un croisement de Moïse et de Chronos. Mais,
comme un grand nombre de ses anciens élèves l'ont souligné dans leurs essais (dans Man and
Culture : An Evaluation of the Work of Bronislaw Malinowski), c'était surtout un grand
professeur :
« Il avait le don de transformer ce qui avait été dit de façon a en faire ressortir la valeur comme
contribution à la discussion. Chaque membre du séminaire avait le sentiment, quelque maladroits et
déplacés que les mots aient été, que Malinowski avait perçu les idées et leur avait donné toute
l'importance (et même plus) qu'elles méritaient. Aussi sa façon de parler insàpirait-elle. Il imposait
rarement sa loi ; il parlait comme quelqu'un qui cherche aussi à savoir, comme un compagnon de travail
souhaitant la coopération de ses élèves pour une tâche commune. Il insistait aussi toujours sur la
nécessité de mettre à nu les racines du problème. Sa question constante était : où réside le vrai problème