Avec l’altérité, ma liberté s’étend au travers de celle des autres impliquant l’attention des
autres , le respect fondamental et l’ingérence dans les situations identifiées comme portant
atteinte aux droits fondamentaux des hommes d’être eux-mêmes et chacun différents.
Tolérance ou altérité :
Pour Philippe Grollet auteur d’Utopie et nécessité préfère le mot tolérance. Non pas que la
tolérance ne soit pas une valeur laïque fondamentale, mais parce que le mot est bien souvent
détourné de son sens jusqu’à servir de paravent à la pensée unique.
Pour beaucoup, la tolérance serait l’acceptation de toutes les idées et de leur contraire. Pour
ces « tolérants » là, « l’intolérant » est celui qui détonne, qui critique et évidemment qui
polémique. Et donc, un monde tolérant serait un monde où tout le monde penserait pareil ou
un monde, où ceux qui ont une pensée critique, divergente devraient se taire parce que
critiquer la pensée d’autrui serait manqué de tolérance.
Rappelons qu’en principe, la tolérance c’est le respect de la personne qui pense ou qui agit
« autrement ». C’est l’écoute de cette personne, c’est la rencontre de l’autre en ce qu’il est
différent. C’est la raison pour laquelle, le terme altérité semble mieux rendre compte de cette
valeur essentielle.
La tolérance ou l’altérité n’ont évidemment de sens et de portée que quand l’autre est différent
et que cette différence pose question. Tant que l’autre me ressemble, naturellement ou par
volonté de me ressembler, la tolérance est sans objet. C’est quand cet autre a un look qui n’est
pas le mien, a une manière de vivre différente de la mienne et a des convictions qui heurtent
les miennes que la tolérance ou altérité commence, à signifier quelque chose. C’est du choc
des personnalités, des cultures et des idées que naît le débat, entre acteurs épris de tolérance
ou d’altérité. Et c’est ce choc de personnalités, de cultures et d’idées qui peut déboucher sur
un progrès, sur un apport réciproque enrichissant pour tous les partenaires sans que l’un ou
l’autre ait pour autant perdu sa personnalité, son identité, ses racines, sa culture et pas même
nécessairement ses convictions, même si certaines d’entre elles peuvent se trouver assouplies,
modifiées, bouleversées, anéanties, ou au contraire affinées ou renforcées.
Respecter l’autre ne veut pas dire respecter ses idées. Les idées ne sont d’ailleurs pas faites
pour être respectées, mais débattues et parfois combattues ; on a que trop tendance à l’oublier.
Une société tolérante c’est une société pluraliste ou coexistent des hommes et des femmes de
cultures, de convictions et de conceptions de vie diverses. Une société tolérante, c’est une
société de débats permanents, de critiques, de controverses, d’échanges et aussi
d’affrontements intellectuels vigoureux.
Le paradoxe est que c’est souvent le discours dérangeant, le propos acide qui vient un peu
bousculer les certitudes admises qui est jugé « intolérant » comme si la tolérance c’était
éviter de critiquer et taire les contradictions c’est ainsi que l’anticléricalisme est très vite taxé
d’intolérance.
Conclusion
La tolérance est le respect des personnes en tant qu’individus porteurs d’idées, de croyances,
de convictions. Mais contrairement à un raccourci aussi répandu, la tolérance n’exige
aucunement le respect des idées d’autrui. Car la tolérance implique un devoir d’écoute
véritable et d’ouverture avant toute contestation, mais elle n’implique pas l’acceptation
systématique deus discours de qui que ce soit. La tolérance laïque est donc fondée sur le
respect de l’homme et non sur la résignation ou l’indifférence. Elle consiste à accepter la
personne de son contradicteur, même si l’on combat ses idées.
La tolérance n’impose pas à proprement parler le respect des opinions d’autrui : comment
respecter ce qui jugé faux, ce que l’on condamne, ce que l’on s’efforce de détruire ?
Elle est le respect de la personne de la liberté d’autrui. Elle consiste à affirmer ce que l’on
tient pour vérité, en même temps que l’on reconnaît, à d’autre, le droit d’affirmer leurs