création qui interviendra bien tard, à la veille de la Deuxième Guerre mondiale. De plus ce nouveau chef
des armées n’a pas d’état-major qui lui serait dévolu et n’a que des prérogatives limitées sur la Marine.
Le second conflit mondial voit, pour la première fois, les armées de terre, de l’air et les forces navales
réunies sous la seule et même autorité du ministre de la Défense : d’abord, de façon non aboutie (en
raison de réticences de certains corps d’armée) entre les mains du général Weygand, puis à Alger, dans
celles du général de Gaulle, qui prend la tête de toute la Défense nationale. Pour le seconder, un état-
major interarmées est créé, l’Etat-major général de la défense nationale (EMGDN), sur la base du
Secrétariat général de la défense nationale, dont le chef a autorité sur tous les hauts gradés. La IVe
République, elle, renonce à ce lien fort entre le chef de la défense et son état-major, pour lui préférer une
répartition en départements ministériels sous l’autorité relative du ministre de la Défense. L’EMGDN est
marginalisé au profit de l’État-major général des forces armées, sous la coupe unique du ministère. Ses
fonctions, comme son appellation, fluctuent au gré des changements de gouvernement, nombreux au
cours de cette période. Mais la nouveauté est qu’à partir de 1952, et ce jusqu’à nos jours, un chef d’État-
major général des forces armées sera en permanence au sommet de la hiérarchie militaire française.
Avec le retour de de Gaulle aux affaires, en 1958, un Etat-major général de la défense nationale revoit le
jour, aux mains du président du Conseil, et non du ministre de la Défense, comme ce fut le cas au moment
de la Libération. On voit donc deux états-majors coexister. Les trois secrétaires d’État aux forces armées
disparaissent. La Ve République voit l’autorité du ministre de la Défense diminuer au profit de celui du
Premier ministre. Dans les faits pourtant, c’est le président de la République qui s’arroge la direction des
forces armées et qui dialogue directement avec l’EMGDN. Le ministre des Armées voit donc ses
prérogatives s’amoindrir, jusqu’en 1961 où une série de décrets (le poste est alors détenu par Pierre
Messmer) donne à la fonction la latitude d’action qu’elle connaît aujourd’hui.
C’est à cette époque aussi qu’est créé le Secrétariat général pour l’administration, et que les directions
industrielles fusionnent pour former l’embryon de ce que sera la Direction générale de l’armement. Par
ailleurs, le « putsch des généraux » d’avril 1961 en Algérie inverse le rapport de force entre l’Etat-major
général de la défense et l’Etat-major interarmées : le second, moins suspect, résiste mieux à l’épisode et
s’arroge toutes les prérogatives d’ordre militaire. Il devient l’Etat-major des armées en 1962, nom qu’il
gardera jusqu’à nos jours.
Mission
La mission du ministère de la Défense et de son ministre, est décrite dans l’article L1142-1 du code de la
Défense (version en vigueur à compter du 7 août 2009) : « Le ministre de la défense est responsable de la
préparation et de la mise en œuvre de la politique de défense. Il est en particulier chargé de l'infrastructure
militaire comme de l'organisation, de la gestion, de la mise en condition d'emploi et de la mobilisation des
forces armées, sous réserve des dispositions de l'article L. 3225-1. Il a autorité sur les armées et leurs
services. Il veille à ce que les armées disposent des moyens nécessaires à leur entretien, leur équipement
et leur entraînement. Il est responsable de leur sécurité ».
Le ministre a également la charge de la prospective de la défense, du renseignement extérieur (via la
DGSE) et du renseignement militaire, de l’anticipation et de la gestion des crises sécuritaires, et de la
politique industrielle de défense. Il est aussi le garant du lien entre l’armée et la nation, et gère les
questions ayant trait aux anciens combattants et aux victimes de la guerre. En revanche, il ne décide pas
de l’emploi de la force, rôle dévolu au président de la République, chef des armées, sous la Ve
République.
Pour l’ensemble de ces tâches, le résident de l’hôtel de Brienne est directement assisté par le chef d’Etat-
major des armées (CEMA) pour ce qui est de la préparation des troupes et l’organisation des armées, par
le délégué général pour l’armement, en ce qui concerne les capacités matérielles des armées (recherche,
politique industrielle de défense, contrats avec l’étranger) et par le secrétaire général pour l’administration
pour tout ce qui touche aux questions d’administration générale, de budget, de patrimoine ou d’ordre
juridique.