Ezgi Nesanir Fiche de lecture Paul Claval La conquête de l'espace américain du Mayflower au Disney world Introduction : Paul Claval est professeur à l'université de Paris Sorbonne et a enseigné au Canada et aux Etats-Unis, et l'expérience qu'il y a acquise nourri et enrichit cet ouvrage. Il commence tout d'abord par dire que l'Amérique est un pays qui étonne. Il prend ensuite l'exemple d'un Européen qui débarque sur les rives de l'Amérique et décrit ce que cet européen y découvre, ce qui le surprend, ce qui lui est familier ou o contraire différent. Tout au long de son ouvrage, l'auteur décrit subtilement la civilisation nord-américaine : souligne comment paysages, sociétés et mentalités se combinent pour donner au Nouveau-Monde son originalité et son histoire. Paul Claval reconstitue ainsi les grandes étapes de la formation des États nord-américains et analyse leurs principes de base. Il montre que la source de leur dynamisme n'est pas que le gigantisme de l'espace américain comme on le croit très souvent mais l'individu qui agit au sein d'un petite communauté démocratiquement gérée. Chapitre 1 Un monde si proche et si lointain I-Des milieux nouveaux Pour la navigation d'autrefois, relier l'Europe à l'Amérique du Nord était difficile. La traversée d'est en ouest est demeurée un épreuve jusqu'à l'avènement de la vapeur et, même alors, elle est restée périlleuse en raison des brumes fréquentes et des icebergs au voisinage de Terre-Neuve. Le milieu naturel apparaissait d'abord aux colons familier par bien des traits. Il se révélait bien vite déroutante e difficile par la suite. La forêt occupe toutes les régions de la façade atlantique. Les Européens y reconnaissent des arbres familiers, des chênes, des hêtres, des bouleaux, des noyers, des sapins, des épicéas - mais avec une profusion de variétés qui les étonne et un grand nombre d'espèces sans équivalent en Europe. Il semble que les terres soient d'une épuisable fécondité en Amérique: impression quelque peu trompeuse. Après leur premiers jours les colons commencent à percevoir les différences et les difficultés: la prolifération des insectes l'été, la chaleur lourde, puis la marche rapide de l'automne, les feuillages qui s'enflamment soudain de tous les ors et de tous les rouges, les premières gelées, les froids, les premières neiges, tout cela arrive trop vite ou se manifeste avec trop de force pour des gens originaires des pays de l'Europe atlantique et habitués à des contrastes saisonniers modérés. Une forêt dont k'exubérance étonne et dont le défrichement est difficile, un climat excessif, trop chaud, trop humide l'été, trop froid l'hiver, sans demi-saisons bien marquées, voilà ce que trouvent les nouveaux venus sur toute la façade orientale de l'Amérique du Nord, de l'estuaire du Saint-Laurent aux approches de la Floride et du golfe du Mexique. La façade pacifique est celle qui offre les milieux les plus voisins, par les rythmes de leurs climats, de ceux de la vieille Europe. II- Un pénétration longtemps malaisée Aux difficultés de la mise en valeur agricole s'ajoute celles de la pénétration. La moitié de l'Amérique du Nord est fait de plaines, de plateaux monotones et de chaînes usées, assez basses, aux formes régulières. Les larges estuaires de la côte Est donnèrent l'espoir d'un pénétration facile : il semblaient à la mesure de fleuves puissants? Il fallut très vite déchanter; les pionniers découvrirent, en les remontant, des chutes au-delà desquelles ils cessent d'être navigables : c'est que les Appalaches sont proches. A partir de la côte Est, la pénétration ne peut donc se faire que par voie terrestre. L'avantage que la régularité du relief e la disposition des cours d'eau offraient à la pénétration ne s'est révélé que progressivement : il a permis, dans le courant du XIX°siècle, la mise en valeur rapide de tout ce qui va des Appalaches à la limite de la Prairie humide. Jusqu'alors, la colonisation était restée lente car elle imposait la mise en place d'un réseau de routes coûteux à établir dès que l'on s'éloignait de la plaine côtière. Dans l'Ouest, la voie d'eau n'a guère joué de rôle que dans les premières phases de l'aventure pionnière : la remontée du Missouri, puis l'utilisation de la rivière Snake et de la Colombia expliquent le passage aisé, à travers le large seuil de la South Pass etc. III-Les milieux exploitables : un bilan L'agriculture Pour les Européens, l'Amérique du Nord offrait des milieux exploitables voire assez proches de ceux dont ils venaient, mais pour les maîtriser, il fallait faire face à d'énormes difficultés de départ. Les colons devaient affronter des climats durs et beaucoup plus contrastés que ceux dont ils avaient l'habitude. Ils abordaient le continent par une façade où la pénétration s'avérait difficile et où la vigueur de la végétation forestière rendait la progression laborieuse - même si elle facilitait la construction des fermes et la lutte contre les terribles hivers. L'ensemble le plus favorable à l'agriculture, c'est celui que constituaient le grand bloc de forêt de feuillus de l'Est et ses annexes de la Prairie humide : sur les 19.3 millions de km2 de l'Amérique du Nord anglo-saxonne, cela en représente à peu près 4 - l'essentiel aux Etats-Unis, puisque le Canada ne compte pas plus de 100 000 km2 cultivables appartenant à cet ensemble, le long du Saint- Laurent et des Grands Lacs. A cela, il faux ajouter les espaces de la Prairie sèche, qui conviennent également à l'agriculture, grâce à des sols fertiles, mais avec des menaces liées à la faiblesse des précipitations, à leur irrégularité et à la violence de l'érosion. Les ressources du sous-sol Avec la modernisation de la société et de l'économie, d'autres besoins ont surgi. L'Amérique du Nord est constituée, dans ses deux tiers orientaux, d'un vaste socle continental dont les plissements on été depuis longtemps arasés. Vers l'ouest et le sud- ouest, l'Amérique contient d'immenses réserves de charbon. Celui-ci est partout présent sous le plateau appalachien, à l'ouest de la chaîne principale ; on le retrouve dans les Rocheuses, aux Etats-Unis aussi bien qu'au Canada, et dans les blocs anciens incorporés dans les cordillères. Le pétrole es présent partout où les couches sédimentaires se sont empilées : il y en a un peu dans les plaines au sud des Grands Lacs. Mais les réserves les plus importantes se situent dans les bassins profonds du littoral du golfe du Mexique, ou dans ceux qui se sont développés dans les cordillères, du Texas et à l'Alberta et à l'Arctique canadien ou alaskien. Les minerais sont divers et nombreux : fer dans les chaînons du socle, au Labrador et dans la Grands Lacs, plomb, cuivre et zinc dans le socle ou dans les cordillères. Les métaux précieux ont joué un rôle décisif dans la mise en valeur de l'Ouest, que ce soit en Californie, dans le Colorado, dans le Nevada ou en Alaska. IV- La perception des ressources Après les premiers enthousiasmes, le jugement porté sur l'Amérique du Nord est devenu bien plus critique. Les Européens commencent à sa demander s'il s'agit d'un milieu opulent. Ils estiment, en effet, que la nature américaine est appauvrie et que les espèces y sont épuisées. Au début du XIX° siècle, l'image du grand désert américain est celle qui s'impose à tous ceux qui décrivent les immensités de la Prairie et des surfaces nues de l'Ouest. C'est vers la deuxième moitié du XIX° siècle que le thème de l'Amérique comme terre d’abondance illimitée s'impose : c'est dire combien les images qu'on s'est faites du continent ont fluctué, et combien il a fallu attendre pour que s'imposent celles qui sont aujourd'hui familières d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique. V- L'articulation des milieux Quand on s'interroge sur ce qui rendait à la fois l'Amérique si proche et si différente aux premiers colons, c'est la dissymétrie climatique des continents qu'il faut d'abord invoquer : aux latitudes tempérées, les flux atmosphériques dominants sont d'ouest, ce qui crée des climats doux sur les façades occidentales et des climats contrastés et violents, très continentaux malgré la présence océanique, sur les façades orientales. Les sols dépendent largement de la pluviosité et du climat. Là où l'humidité est trop forte, dans l'Est, ils ont tendance à être lessivés, appauvris. Les axes qui facilitent la circulation dépendent de la structure, mais, dans les plaines, la glaciation a introduit des retouches importantes. La nature américaine est souvent dure. Les catastrophes y sont fréquentes. L'importance de l'enneigement multiplie les risque d'inondation dans toute la partie est. Sur le golfe du Mexique surchauffé en été et au début de l'automne se forment des cyclones tropicaux qui viennent les côtes depuis la frontière mexicaine jusqu'à Boston. Les tornades se multiplient également lorsque les contrastes entre masses d'air sont plus forts, au printemps et à l'automne, et font peser de lourdes menaces sur les cultures et habitations. Enfin, l'activité sismique est réduite dans 'Est, là où les vieux socle est proche. Chapitre 2 Les Amérindiens Les Amérindiens sont aujourd'hui à peu près 2 millions en Amérique du Nord 500 000 au Canada et 1 500 000 aux Etats-Unis. Ces chiffres sont en rapide augmentation : en 1970 il y avait 791 000 Indiens aux Etats-Unis, le recensement de 1980 en compte 1 362 000. Leur natalité est supérieure à celle de la population blanche et le taux de croissance naturelle est élevé, mais ces chiffres traduisent surtout un changement de mentalité: beaucoup de métis qui se faisaient recenser comme Blancs, n'hésitent plus à se réclamer de leurs ancêtres amérindiens. Ces chiffres montrent à la fois la modestie du peuplement amérindienne dans l'Amérique anglo-saxonne( moins de 1% des effectifs totaux) et l'actualité du problème indien - la poussée démographique contemporaine le souligne, comme la conscience renouvelée d'une forte spécificité et le sentiment d'identité renforcé dont témoigne le souci croissant d'affirmer ses origines. La société américaine leur doit beaucoup : ils ont transmis aux premiers colons leur connaissance du milieu et des techniques, et leur influence sur les institutions et les mentalités de la société américaine a été considérable. I- Niveaux de développement et aires culturelles Les liaisons avec l'Asie n'étaient possibles que par la route détournée de l'Alaska, et la glaciation les a longuement interrompues. Les peuples américains dotés de techniques paléolithiques ont ainsi été isolés des foyers de civilisation qui se développaient et s'enrichissaient mutuellement dans l'Ancien Monde. Des foyers autochtones d'innovation se sont néanmoins formés et ont abouti à l'éclosion de civilisations supérieures dans les régions tropicales du Mexique, de l'Amérique centrale et des Andes. L'influence civilisatrice de l'Amérique centrale a inégalement affecté les peuples de l'Amérique du Nord en fonction de l'éloignement du foyer originel, mais surtout en raison des inégales longueur et pluviosité d l'été. II- Les contacts et leurs conséquences La question de savoir combien y avait-il d'Indiens au moment de la découverte n'a pa fini d'être controversée et les estimations varient énormément. Les recherches ont permis de mieux prendre la mesure de l'emprise humaine ancienne grâce aux fouilles et à l'analyse des photographies aériennes. La rencontre avec les Européens fut désastreuse, bien que les premiers contacts aient été en général pacifique : car habitués à l'échange, à une économie de dons et de contre-dons, les Indiens accueillirent les nouveaux venus avec des cadeaux. Mais le choc microbien provoqua une hécatombe quasi immédiate. Au choc microbien et viral s'ajoutèrent très vite d'autres raisons de décadence. Les Indiens acceptèrent facilement de laisser des terres aux nouveaux venus mais avec les pratiques de mise en valeur européennes, ce sont les bases mêmes de leurs genres de vie, où se combinent chasse et agriculture qui furent compromises. III- Les emprunts aux Amérindiens Les rapports des Américains et des colons sont plus complexes qu'on ne le pense généralement. Les nouveaux arrivants se trouvaient face à une nature qui rappelait peu celle de leurs pays d'origine mais l'ampleur des contrastes saisonniers leur posait des problèmes difficiles. Les variétés, par exemple, de plantes cultivées amenées d'Europe avaient des rendements médiocres? Seul l'élevage ne posait pa de problèmes. Il est intéressant ici de voir que sans l'aide et l'exemple des Indiens, l'adaptation aurait été plus longue, plus difficile et plus dangereuse. Les Européens reçurent de leurs nouveaux voisins des indications précieuses sur la configuration du pays et adoptèrent souvent leur toponymie : bien des noms de rivières, de sommets ou de lieux habités le rappelLent encore. Emprunts et collaboration sont donc constants au cours de l'apprentissage du Nouveau Monde par les Européens. IV- L'image des Amérindiens et la civilisation américaine Les Européens on été surpris par les mœurs des sauvages qu'ils rencontraient, ils étaient horrifiés par la brutalité de certaines pratiques, celle de scalper les ennemis pris au combat par exemple. La quasi-nudité et l'impudeur des femmes les choquaient et les attiraient à la fois. Très vite pourtant une image malgré tout flatteuse des Indiens s'est imposée. Il s'agissait de païens, d'hommes paresseux et durs, mais la vie libre qu'il menaient avait le mérite d'être respecté.Leurs institutions avaient des vertus évidentes : peu de conflits internes, un sens réel de la solidarité de tous et une grande liberté de comportement. Le bon sauvage devint vite à la mode en Europe. V- Le problème des terres indiennes L'attitude des Amérindiens en ce qui concerne l'appropriation du sol a été la source de problèmes difficiles à résoudre pour les pionniers. Ceux-ci avaient l'habitude d'un monde plein où toutes les terres appartenaient à quelqu'un : au roi, au seigneur, à la communauté ou à des particuliers. Chez les Indiens il aurait mieux valu parler d'usage que de propriété : pas de titres attachés irrévocablement à tel ou tel lopin ou territoire. De cette indétermination dans la signification et l'étendue des droits de propriété, les Européen sont bénéficié au début. Les Indiens n'hésitaient pas à aliéner une île de la taille de Manhattan pour un peu de pacotille. Mais, la réaction des Indiens changea lorsqu'ils s'aperçurent que les terres cédées étaient définitivement conquises par les Européens et leur étaient interdites. Il s se mirent donc à contester ou les donations ou les ventes qu'ils avaient faites imprudemment. La tâche de l'État dans la production de l'espace colonisable n'était pas aisée. Les Indiens ne refusaient pas de négocier ni d'abandonner les terres ils admettaient fort bien certaines formes de partage avec les nouveaux venus. Mais les accords reposaient sur un malentendu, puisque le chef indien ne cédait qu'un droit d'usage nécessairement précaire. Les colons, à leur tour, s'empressaient d'enclore leurs terres pour en interdire l'accès : les empiètements réels, ou jugés tels, se multipliaient, les conflits devenaient quotidiens. Sous la pression du pionner, l'État reprenait sa parole et imposait de nouvelles négociations, un nouveau partage. VI- Le renouveau indien contemporain La poussée démographique et les mouvements revendicatifs témoignent de la vitalité actuelle des Indiens et de la conscience aiguë qu'ils ont désormais de leurs droits et de leurs spécificités. La société indienne est accrochée à ses dernières réserves. Rares dans l'Est, où la transplantation a éliminé l'essentiel des effectifs, elles sont plus nombreuses et plus vastes dans l'Ouest. La société indienne tend à se mouler de plus en plus largement sur la société américaine. L'instruction progresse, l'urbanisation aussi ; au recensement de 1980 46% des Indiens résidaient en ville. L'intégration est cependant loin d'être réussie : la proportion de démunis et de chômeurs est exceptionnellement forte - les sans emploi sont particulièrement nombreux sur les réserves, mais la misère prend des formes plus insultantes en milieu urbain. Une certaine forme d'assimilation progresse néanmoins. Ce n'est pas dans le domaine social et économique que le problème amérindien est le plus difficile. Ce qui est nouveau, c'est le sens d'une profonde solidarité qui se développe chez tous les groupes : l'anglais leur offre le moyen de sortir de leur isolement. Chapitre 3 L'Amérique coloniale I-Les étapes de la pénétration La colonisation a mis longtemps à réussir en Amérique du Nord. A la fin du XVI siècle, l'Amérique du Nord ne compte encore aucun établissement permanent. Les conditions changent au début du XVII siècle : les concurrents se multiplient et leurs initiatives conduisent à une occupation de plus en plus étendue des régions côtières. Aux puissances en compétition depuis le début du XVI siècle, l 'Espagne, la France et l'Angleterre, s'ajoutent pour un temps la Hollande et la Suède. On peut alors se demander quelles sont les étapes de cette expansion? Les Espagnols se contentent , en Floride, de tenir quelques forts, a Saint-Augustine sur la côte Atlantique et le long du camino real qui en part vers l'ouest. Au Nouveau-Mexique, la première pénétration, jusqu'à Santa Fen, date du début du XVII siècle, mais l’œuvre est compromise, en 1680, par la révolte des Indiens Pueblos. Lorsque l'expansion reprend à partir de 1690 ou de 1700, elle se fait vers le nord jusqu'à Santa Fe, mais touche également le Texas au moins jusqu'à San Antonio. A la fin du XVIII siècle, lorsque l'histoire coloniale s'achève, le peuplement d'origine européenne est encore limité pour l'essentiel à la côte Est , mais l'intérieur est pénétré jusque très loin et souvent dominé. La carte politique s'est considérablement simplifiée : la Suède et les Pays-Bas ont été éliminés dès le XVII siècle. La France vient de l'être. L'Espagne contrôle encore la Floride, la Louisiane et les prolongements septentrionaux du Mexique. La prise qu'elle a sur ces immenses territoires est en fait bien fragile : elle ne résistera pas à l'ascension de la puissance américaine. II- Les motifs de la colonisation : la conversion -Faire de l'espace que l'on venait de découvrir un prolongement de l'Europe chrétienne, -Exploiter ces terres nouvelles dans un esprit mercantiliste pour enrichir la vieille Europe, -Reconstituer sur un espace plus vaste une société semblable à celle que l'on quittait ou -Bâtir un monde meilleur, le monde parfait de l'Utopie. On retrouve toujours peu ou prou ces quatre motifs, mais l'un domine dans chaque zone. Dan s tous les cas, la colonie ne se conçoit pas sans référence à l'Europe : elle est faite pour élargir l"espace de la foi, pour conforter l'économie de la métropole, pour offrir à une population trop nombreuse la possibilité de recréer des conditions de vie qui lui sont chères ou pour servir de modèle aux habitants du Vieux Monde. III- La motivation mercantiliste La volonté d'exploitation mercantiliste est aussi universelle que l'aspiration missionnaire, mais elle revêt des aspects variés selon les ressources des pays et leur accessibilité. Les métaux précieux La forme la plus simple de l'économie mercantiliste, c'est l'extraction de métaux précieux menée sans laisser de contrepartie dans le pays. Les espagnols construisent ainsi la mise en valeur du Pérou et celle du Mexique. La pêche Quelles richesses exploiter si les métaux manquent? Celles que fournit la mer. L"Europe de l'Ouest manque de poisson et dès la fin du XV siècle, on trouve sur les bancs de Terre-Neuve des marins anglais, espagnols ou français. Les prises s'accroissent vite. Elles nécessitent pas d'établissements permanents : il suffit de disposer à Terre-Neuve ou sur les rivages voisins d'une grève où faire sécher et fumer les poissons. La pêche n'implique donc pas intervention directe des États, appropriation officielle et colonisation. Elle est affaire privée. La richesse des bancs est telle que toutes les nations d'Europe participent à leur exploitation sans qu'ils donnent de signes d'épuisement. Les fourrures Quelles richesses tirer des étendues continentales? L'approvisionnement agricole de l'Europe pas bien assuré, mais les coûts de transport sont si élevés qu'il n'est pas question a début d'expédier les blés d'un bord à l'autre de l'Atlantique. Les produits d'élevage sont difficiles à conserver. La mise en culture des espaces de latitude moyenne n'offre que peu de possibilités à l'exploitation mercantiliste. La forêt fournit en revanche une ressource précieuse pour les Européens : les fourrures sont alors très convoitées. La pénétration des marchands de fourrures est affaire privée. La mise en place d'un réseau de traite coûte cher, mais elle rapporte gros. La concurrence est vite entre les Français et les Anglais, et les intérêts en jeu sont considérables : alors, les États s'en mêlent. La fourrure est donc le moteur essentiel de le colonisation au Canada et dans la région des Grands Lacs - d'une colonisation qui pénètre, mais ne peuple pas, celle où les Français excellent. Le bois Le bois est partout sur la côte atlantique, alors qu'il manque en Europe : les beaux fûts de sapin et d'épinette qui fournissent bois d’œuvre et bois de marine abondent dans les espaces qui n'ont jamais été cultivés, mais l'exportation n'est possible que si la matière première est valorisée. Les cultures de plantation Dans l'optique mercantiliste, l'agriculture devient rentable lorsqu'elle offre des produits de valeur et qui manquent en Europe : la grande ambition est de se procurer les denrées tropicales ou subtropicales dont la consommation augmente alors. En fait un seul produit se révéla rémunérateur au XVII siècle. Si le Canada n'intéresse alors la France que par ses fourrures, les colonies anglaises ne valent pas que que par le tabac de Virginie. Un peu plus tard le riz et le coton font la prospérité de Géorgie et des Carolines. Chapitre 4 L'Émergence des États I- L'indépendance américaine et la formation du Canada anglais Le traité de Paris (1763) consacre l'élimination de la France de la scène nord-américaine : l'Angleterre annexe le Canada, cependant que la Louisiane revient à l'Espagne, en compensation des pertes qu'elle avait éprouvées durant la guerre de Sept Ans. L'avenir paraît sans nuages pour les colons américains : devant eux s'ouvre un espace que nul ne leur dispute. La paix instaurée est propice à l'expansion vers l'ouest et au renforcement des régions occupées. Pour la majorité des Américains, le temps du développement paisible semble venu. Au moment où l'indépendance américaine se confirme, les colons loyalistes affluent au Canada : certains choisissent les Maritimes, Nouvelle-Écosse et Nouveau-Brunswick, que la déportation des Acadiens en 1755 a laissées vides. D'autres installent au Québec, dans les secteurs jusque-là inoccupés, les cantons de l'Est surtout. L'Angleterre prend acte de cette évolution. Elle divise le Québec : au Bas-Canada, de peuplement français, s'ajoutent le Haut-Canada, le Nouveau- Édouard. Il n'y a pas encore de Canada uni, mais un espace se dessine qui échappe à l'attraction sociale et politique des Etats-Unis. La guerre angloaméricaine de 1812-1814 interdit aux Canadiens l'expansion vers l'ouest. Chapitre 5 L'Amérique de Jefferson et celle de Hamilton L'Amérique anglo-saxonne a connu une longue période de gestation : le continent est presque vide au milieu du XVIII siècle. Le rythme change, la progression s'accélère à partir de 1760 et plus encore à partir de l'indépendance dans les années 1790. Cela tient à la masse croissante des colons mais le nombre ne suffit pas à l'expansion : la qualité des institutions politiques et celle de l'organisation sociale qui se met en place sont essentielles. Les orientations à leur donner font l'objet de débats passionnés. Ils opposent Thomas Jefferson, qui rêve d'une démocratie rurale étalée d'un océan à l'autre, à Alexander Hamilton, soucieux de donner à l'Amérique urbaine et industrielle les outils indispensables à son développement. Chacun des deux camps participe à la construction du système socio-économique américain, même si les jeffersoniens paraissent d'abord l'emporter. I- L'idéal jeffersonien de démocratie rurale et le système foncier américain Jefferson est un personnage au génie multiple. Avocat de formation, il est tour à tour homme d'affaires, gentil-homme fermier, architecte, député, homme d'État, ambassadeur et président des Etats-Unis. Le premier souci de Jefferson est d'ordre politique. Il se méfie des hommes et des institutions et cherche à prémunir la société américaine contre les maux qui peuvent venir des uns comme des autres. Pour Jefferson le meilleur moyen de créer une nation de citoyens responsables et libres, c'est de faire de chaque chef de famille un petit fermier propriétaire : pour beaucoup d'Américains de son temps comme pour les Whigs anglais qui les inspirent, le modèle de la Rome républicaine es toujours vivant : la liberté y a vécu tant que le peuple romain est resté fait d'agriculteurs qui travaillent leurs propres terres. Lebrec Pauline Chapitre 6 : L’organisation économique de l’espace : spécialisation et complexité Introduction Depuis le début du 19ème siècle aux Etats-Unis et au Canada, nombreux sont les facteurs qui ont encouragé la croissance de la production et des échanges: l’idéologie individualiste fondée sur l’initiative de l’entrepreneur et la recherche du bonheur, le droit à la réussite matérielle pour tous, notamment. Il faut ajouter à cela que le principe d’une économie libre-échangiste et concurrentielle fait l’unanimité parmi les Américains et leurs représentants, ces derniers prévenant la mise en place de tout « freins institutionnels » à la compétition. De plus, spéculation et capitalisation ont été favorisé par la décentralisation du système bancaire. Enfin, dernier facteur favorisant, les Etats-Unis cherchent à protéger leur industrie nationale, bien qu’attachés aux bénéfices du libre-échange. 1. d’une cote à l’autre L’auteur distingue 2 grandes périodes de colonisation et de mise en valeur du territoire américain : la première s’étend du début du 19ème siècle aux années 1850 ou 1860, et couvre la conquête des terres jusqu’au Mississipi et légèrement au-delà ( jusqu’au 92° ou 95° méridiens) et la deuxième commence à partir de la guerre de Sécession et s’attaque à l’Ouest américain. Ce sont ces deux phases que Paul Claval se propose d’étudier successivement. a- la pénétration jusqu’à la guerre de sécession La première vague de colonisation utilise principalement les voies d’eau (fleuves et canaux), et couvre les grandes régions forestières qui s’étalent jusqu’au mississipi. La mise en valeur de ces espaces entraîne logiquement l’arrivée de migrants. Le problème est de satisfaire leurs besoins de biens de consommation et de biens industriels étant donnés le mauvais fonctionnement et le coût des transports ferrés. Le transport des produits industriels étant difficile, la mise en valeur des terres se double du développement de l’artisanat et de petites industries, destinés à satisfaire les besoins locaux. Au sud, économie et la société adoptent un visage différent : elle repose principalement sur la culture du coton, dont le poids dans l’économie n’a cessé de s’accroître depuis 1793 et l’invention de l’égreneuse. Il existe néanmoins des cultures alternatives mais dont l’importance décline : riz en Caroline, canne à sucre en Louisanne, tabac ne virginie. Le Sud est aussi caractérisé par le nombre conséquent de « petits cultivateurs indépendants » qui pratique une agriculture d’autosubsistance et touchent des revenus très faibles, ce qui a pour conséquence directe de limiter la taille du marché, et donc de ne pas attirer industries et commerce. Les villes du sud intérieur ne connaissent ainsi que très peu la prospérité, exception faite des ports. Sur le plan économique, le Nord-Est et l’Ouest ne connaissent pas de tensions majeures. En revanche l’esclavage les opposent fondamentalement, ce qui va conduire à la guerre de sécession. b- La conquête de l’ouest La prairie commence après le 92° ou 95° méridien. Si ces terres sont synonymes de fertilité, elles posent des difficultés en terme de quantité de bois disponibles pour les constructions ou le chauffage. Plus on avance vers l’ouest, le climat et les terres sont arides. C’est ainsi que l’ouest se faisait surnommer par les américains eux-mêmes de « great american desert » et évoquer obstacles et rudesse de la vie. Cependant, l’ouest revêt aussi des sonorités heroiques qui bientôt, prennent le pas sur les considérations matérielles : l’ouest attire les migrants. L’économie du grand ouest se caractérise par l’élevage extensif et l’exploitation des minerais précieux. L’élevage des bovins est appelé « ranching » : longtemps cantonné à l’ouest du Texas, il se diffuse ensuite jusqu’au Colorado ou au Wyoming., cette activité ne devient prospère qu’à partir du moment ou se construisent des chemins de fer, indispensables pour pouvoir vendre les bêtes. L’exploitation minière est indispensable pour comprendre l’histoire du peuplement puisque la promesse de découverte d’or attire de nombreux migrants dans « des zones périphériques au climat rude », comme l’explique l’auteur. L’arrivée des hommes entraîne le développement des autres secteurs économiques. La prospection permet n’émergence de grandes fortunes et l’accumulation du capital. Avec la mise en place du chemin de fer, économie de ces régions minières s’ouvre à l’extérieur et le commerce s’amplifie, en premier lieu celui des bovins. Pour conclure, l’auteur rappelle que « en deux décennies, le chemin de fer, le fil de fer barbelé et le balloun frame ont eu raison (…) du grand desert américain » Dans le reste de l’ouest, d’autres formes d’agriculture sont mises en place : irrigation dans le Piémond des rocheuses, vergers et vignobles en Californie, notamment. c- une société transformée Dans les années 1900, la frontière n’existe plus : le pari de Jefferson est donc tenu. L’amerique est désormais un pays rural et urbanisé. d- l’expansion canadienne la mise en valeur canadienne se fait sur un modèle analogue à celui des Etats-Unis mais la coupure entre Est et Ouest est plus longue à résorber du fait des conditions naturelles. La croissance se fonde sur l’agriculture mais aussi sur l’artisanat , quelques industries et le commerce de la fourrure. 2. le principe de base : compétition économique et mise ne valeur l’organisation géographique du continent s’est fait en fonction des besoins et des impératifs de l’économie de marché , c’est-à-dire en fonction de ce qui permet une transparence et une mobilité optimale des marchés des biens et services, mais aussi du marché des facteurs de production , et inclus dans ce dernier, du marché du travail, qui favorise l’évolution des rémunérations des travailleurs à la hausse. Seul le Sud est mal intégré au marché du travail national à cause de la pauvreté et des tensions raciales. Au Canada, le marché du travail est beaucoup moins homogène, et les provinces-maritimes demeurent isolées du marché national. La mise en valeur est d’abord fonction de la rentabilité des espaces, et non de la répartition des ressources, ce qui entraîne un fort gaspillage. 3. l’organisation de l’espace économique : les traits généraux la logique d’optimisation économique de l’espace donne lieu à la spécialisation de chaque région en Belt. Si toutes les régions sont spécialisées, elles ne participent pas toutes de la même façon à l’économie nationale, et certaines juxtaposent differentes spécialisations. On distingue la Dairy Belt ( lait dans le Nord-Est), Wheat Belt (blé dans le Centre-Nord), la Corn Belt ( mais ,soja et élevage pour la viande dans le Centre-Est), la Tobacco Belt (le Tabac dans le Sud-Est), la Cotton Belt ( le coton dans le Sud),le Ranching (élevage extensif dans le Centre-Sud-Ouest) ainsi que des zones de production maraîchère (façade atlantique) et de polyculture (Centre-Est) Les flux commerciaux se font essentiellement d’Est en Ouest ou inversement, ce qui correspond à la façon dont le continent américain a été mis en valeur : en suivant les parallèles, le long desquels s’organisent toutes les voies de communication . Ces voies desservent des grandes métropoles qui sont des nœuds de transports mais aussi des centres industriels et qui diversifient les activités de régions par ailleurs très spécialisées. Il existe une opposition entre l’Industrial Belt du Nord-Est, à économie très active et reposant en grande partie sur l’industrie, et le reste du continent. L’avantage du Nord-Est réside dans ses conditions climatiques, ses voies de circulations développées, des fortes densités humaines, une mise en valeur précoce et un territoire ouvert sur le reste du pays et sur l’extérieur. Une fois la puissance du Nord-Est acquise, celle ci se développe car la région devient alors attractive pour les entrepreneurs. L’Est du Canada n’est pas pourvu d’autant davantage que l’est l’Industriel Belt : la voie du SaintLaurent est d’utilisation difficile, l’énergie n’est pas diversifiée car elle ne provient que des cours d’eau. Les grandes villes du territoire constitue d’autres pôles de développement industriel autres que ceux du Nord-Est. 4. Espaces non productifs et espaces de consommation. Le tourisme. Les individus choisissent leur lieu d’habitation en fonction de l’organisation de la production, ce qui fait qu’ils vivent souvent dans des endroits peu agréables. L’envie de s’évader de son lieu de vie fait son apparition de manière précoce aux Etats-Unis, surtout dans le Nord-Est et le tourisme devient une activité économique importante. Les américains recherchent le contact avec la nature sauvage et les grands parcs sont très prisés. D’abord réservé à une élite, le tourisme se banalise ensuite progressivement et les régions se spécialisent selon leur attraction touristique dominante. 5. Les terres fédérales et la conservation de la nature Certains espaces encore inexploités du continent américain ont été acquis par le gouvernement fédéral et n’ont pas été soumis à la mise en lot à destination des colons, ce qui a été soutenus par des mouvements d’opinion. Le gouvernement est ainsi propriétaire d’un quart de la superficie des EtatsUnis, qui échappe à la logique économique. Au Canada, les terres appartenant au gouvernement sont aussi très nombreuses. Cela permet de conserver des ressources naturelles et de préserver la nature à l’état sauvage 6. l’organisation régionale dans le premier tiers du 20°siècles a- les Etats-Unis Le Nord-Est est le cœur économique du pays, puisqu’il englobe la Corn Belt, la Dairy Belt, des zones de production maraîchère et surtout de grands espaces industriels et des métropoles importantes (Boston, New-York, Philadelphie, Baltimore). Cette région est le plus souvent le point de convergence et le point de départ des flux qui structurent le territoire américain. Le reste du continent est moins peuplé et économie y est moins complexe mais l’exploitation de certaines nouvelles ressources stimule la vie économique. Le Sud est la région qui connaît les plus grandes difficultés et seules quelques métropoles constituent des îlots de prospérité. économie de l’Ouest repose sur l’agriculture et l’exploitation minière et n’est guère dynamique, excepté à Denver et Salt Lake City. La façade pacifique présente des spécialisations plus complexe, avec les vergers, les vignobles mais aussi le tourisme et le cinéma, et une urbanisation beaucoup plus dense b- La Canada L’organisation de l’espace canadien se structure selon le même modèle qu’au Etats-Unis : une région motrice et une périphérie spécialisée. Mais le Canada ne possède pas l’équivalent du Sud. Conclusion La géographie nord-américaine répond à une logique strictement économique dans la plupart des cas. Si la spécialisation des Belts est relativement claire, leur articulation d’ensemble est complexe. L’auteur rappelle les principaux facteurs d’organisation de l’espace : ressources, reseaux, mais aussi famille et communauté locale. chapitre 7 l’Amérique post-industrielle : nouvelle société et nouvelle géographie introduction l’auteur rappelle la chronologie de la colonisation du territoire américain : il a fallu un siècle et demi pour exploiter le littoral atlantique encore un siècle et demi pour conquérir le grand ouest. L’espace s’organise alors en spécialisations productives. L’arrivée de la grande crise va modifier cet équilibre. 1. l’Amérique à la croisée des chemins la discordance de l’économique et du social Cette discordance repose sur la contradiction entre un idéal social de vie en petites communautés et la naissance des grandes firmes qui la distance n’est plus une embûche et dont le domaine d’action est le continent américain dans son entier. Alors que les Etats-Unis sont dans les années 20 la première puissance agricole, énergétique et industrielle du monde, la vie sociale « reste curieusement provinciale » pour reprendre la formulation de Paul Claval , et renfermée sur ses valeurs et ses coutumes. La société américaine est extrêmement mobile : initiative individuelle des entrepreneurs, auxquels on laisse une grande liberté d’action, et adaptation constante de la main d’œuvre. Néanmoins, les échecs du libéralisme sont aussi nombreux : épuisement des ressources, villes désertées (les « villes fantômes »), les bidonvilles ouvriers dans les grandes villes. Inquiétudes et tensions L’épuisement des ressources et l’appauvrissement des ressources sont les principales préoccupations des américains, qui craignent que cela n’entraîne un déclin irréversible de la prospérité que connaît le pays. Du fait e l’industrialisation et l’urbanisation, la concentration des masses ouvrières a augmenté, ce qui favorise tensions et mouvement de contestations même si les salaires demeurent plus élevés qu’en europe. Le dernier facteur potentiel de tensions sociales est la division de la société américaine en classe avant la grande crise. Les communautés américaines face à de nouveaux défis Malgré ces transformations sociales, la communauté locale reste le fondement du lien social et s‘adapte au gigantisme du territoire américain. C’est le cas de la communauté des élites et des hommes d’affaires, qui s’organise en réseau sur l’ensemble du territoire à partir des grandes métropoles. Cette communauté d’affaires est d’ailleurs responsable d’un dynamisme social. De plus, le sens de la communauté permet de mettre ne place des politiques sociales coûteuses, notamment celle du New Deal. 2. les mutations techniques et leur signification Dans les années 1900, la production énergétique, qui repose principalement sur le charbon est importante mais mal repartie : Sud-est atlantique, sud-ouest et cote pacifique constituent des zones défavorisées. L’arrivée de nouvelles énergies comme le pétrole, le gaz naturel ou l’hyro-electricité permettent d’atténuer ces inégalités, d’autant plus qu’elles sont bon marché. Néanmoins ces ressources abondantes n’arrivent plus à compenser aujourd’hui la consommation énergétique américaine Les transports L’efficacité est la performance des transports ont augmenté depuis le début du siècle : si le rail n’a pas connu d’améliorations conséquentes, la révolution provient des transports par route ou par avion, vers lesquels se sont détournés ma majorité des voyageurs. Concernant les voies d’eau, seuls quelques grands axes ont fait l’objet d’une volonté d’amélioration ( grands lacs, Ohio et Mississipi). En revanche, le transport maritime connaît une véritable explosion, favorisant ainsi l’attraction des littoraux. La voiture bouleverse la géographie de l’espace américain, notamment les zones urbaines. L’avion constitue le moyen de transport le plus pratique pour se déplacer à l’échelle du continent sur des longues distances. Ainsi, les distances se sont écoutées en l’espace d’une génération pour toute une frange supérieure de la population qui peut profiter de ces nouveaux moyens de transport. Les communications Le télégraphe (à partir des années 1840) puis le téléphone ont permis de consolider le lien social en rapprochant virtuellement les gens. Cependant, le courrier reste la voie de communication la plus empruntée pour les affaires jusqu’à la seconde guerre mondiale. Il est ensuite remplacé par le « téléphone et autres formes de communication interactive ». Il faut aussi noter l’essor des communications de masse (télévision, cinéma, radio), avec pour conséquence l’uniformisation des modes de consommation. L’informatisation L’informatisation a permis l’éclatement géographique de la firme, toutes les informations circulant desormains librement et sans difficultés entre les differentes composantes d’une même firme. Cela entraîne une modification de la géographie industrielle. 3. une nouvelle économie On a assisté à un déversement continu de la main d’œuvre entre les secteurs depuis le début du siècle du fait des incessants progrès de la productivité. En 1900, l’agriculture est encore le secteur qui emploie le plus d’actifs. Ensuite, et ce jusqu’à a seconde guerre mondiale, l’industrie est de plus en plus demandeuse de main d’œuvre. Apres 1945, le nombre de travailleurs dans ce secteur décline et un transfert s’opère vers le secteur tertiaire. Il faut aussi mentionner le glissement de la main d’œuvre vers les secteurs de la communication qui emploient aujourd’hui près de 60% de la main d’œuvre. Le poids des organisations On peut tout d’abord constaté le déclin des entreprises familiales dans l’agriculture au profit des grandes firmes : avec la mécanisation et la crise de sur-production le nombre de fermiers diminue. Dans le secteur tertiaire, la boutique familiale laisse place aux supermarchés et les professions libérales se rattachent à des grandes firmes. Les entreprises sont dirigées et organisées de manière rationnelle : les sièges de direction sont installés dans les grandes villes, les centres de recherche dans des lieux au cadre de vie agréable et les unités de production dans les implantations traditionnelles du nord-est. La firme n’est pas synonyme de dynamisme : la gestion s’enlise dans la bureaucratie et le gigantisme. C’est pour cela que la petite entreprise a toujours un rôle moteur dans l’économie américaine : celui d’innover et faire évoluer les structures, malgré leur durée de vie souvent courte. La flexibilité et l’adaptation sont les clés de la réussite de la nouvelle économie américaine, qui repose sur un marché des capitaux « aussi parfait que possible », à l’origine de l’internationalisation des firmes. Le rôle de l’Etat Depuis la seconde guerre mondiale, le rôle de Etat s’est considérablement accru : Etat soutient l’investissement dans le domaine de la recherche et du développement et favorise certaines régions par les localisations de ces investissements, notamment ceux concernant l’armement. Les progrès dans l’économie domestique Deux facteurs ont œuvré pour la hausse du temps de loisirs : les gains de productivité et la réduction du temps de travail, et les progrès dans les équipements électroménagers qui diminuent le temps évolue à l’entretien de la maison. Cela bouleverse à la fois les habitudes de consommation des ménages et la structure de la famille avec le changement du statut de la femme. 4. une nouvelle société la société de consommation Avec la hausse des revenus depuis les années 1945, la société américaine est entrée dans l’ère de la consommation de masse . L’american way of life est devenu “un idéal de vie facile et confortable”, fondée sur la réussite matérielle. Cette aspiration est en fait une réinterpretation moderne du droit fondamental des citoyens qu’est la recherche du bonheur. La communauté rénovée Les américains ne remettent pas en cause la communauté traditionnelle des Pilgrim Fathers qui reste un idéal à atteindre mais le modèle ancien de la famille apparaît dépassé et à l’écart des réalité de la vie. Certaines minorités sont à l’origine de mouvements de contestation, comme le mouvement hippie qui cherche à réinventer les structures de la société par de multiples expériences sociales, qui étrangement sont tolérées par la société américaine Les hippies rejettent les dérives de la consommation de masse et les mœurs puritaines. Ces questions soulèvent de vrais débats de société qui passionnent les américains, surtout les jeunes. Jamais la vie politique américaine n’a été aussi active, avec le renouveau des thèses marxistes. Avec la révoltes des minorités noires et l’enlisement au Vietnam, la contestation prend un tour plus violent. La crise de 1973 et le scandale du Watergate font craindre un effondrement du système politique mais les institutions résistent et s’adaptent, tout comme les unité productives au contact du modèle japonais. Diversité, novation et continuité La nouvelle société américaine, ou société post-industrielle, est une société d’enrichissement mutuel par la diversité des différents groupes qui la composent (WASP, juifs, latinos…). 5. une nouvelle géographie la poussée vers l’ouest et vers le sud l’auteur parle du « glissement vers l’ouest du centre de gravité du pays » qui s’accélère après 1940, avec une croissance démographique vigoureuse qui profite essentiellement à l’ouest et au sud. Le nord-est est confronté à un déclin ou à une stagnation démographique en pourcentage, surtout dans le nord central agricole. Le nombre d’habitants dans l’ouest augmente considérablement, ainsi que sur la façade atlantique Sud et dans les états du taxas, Louisane, Arkansas et Oklahoma. Néanmoins tout le sud n’est pas gagnant puisque la Cotton Belt se désertifie progressivement. Les états qui connaissent l’accroissement démographique le plus important sont les 5 états du cœur de la Sun Belt (Californie, Arizona, Nouveau-Mexique, Texas et Floride) Suburbanisation, rurbanisation et metropolisation La géographie urbaine s’est transformée : les grandes villes du nord-est connaissent une désaffection, contrairement aux villes de la Sunbelt qui accapare la totalité de la croissance de l’urbanisation aux Etats-Unis L’espace s’organise autour des aires urbaines et la suburbanisation et la rurbanisation de développent depuis la fin des années 1950 avec l’augmentation importante de la périphérie des villes. Un autre phénomène en pleine croissance est le développement des mégalopoles (Megalopolis du nord-est, et celles en formation dans la Sun Belt), grâce et pour les besoins de la communication. Une nouvelle géographie industrielle L’organisation des espaces industriels américains se complexifient avec la mutations des spécialisations des différentes Belt et la reconversion du nord-est. Il faut désormais compter avec la littoralisation des activités. Le nouveau climat psychologique et ses retombées géographiques L’ensemble du territoire américain est désormais maîtrisé avec la révolution des transports, des télécommunications et de l’informatisation. La population peut donc être maintenant parfaitement mobile et beaucoup d’américains choisissent de partir s’installer au soleil, au bord de la mer ou à la montagne. Ainsi, la composition des habitants d’une région se modifie : Nouvelle-Angleterre et nordest sont des régions plus intellectuelles et cultivées, les états du centre-ouest sont marqués par le respect des formes traditionnelles de vie en communauté, la Californie est un état d’innovation et de modernité sociale tandis que le sud-ouest et le Texas reste marqué par l’esprit pionner. Difficultés, dysfonctionnement et mouvements radicaux Le crime et l’insécurité représentent un problème majeur dans la société américaine, surtout dans les régions de traditions de violences populaires ou les régions à fortes diversité ethniques. Un autre problème est la persistance de la pauvreté, et non celui des inégalités, généralement bien accepté par la société, qui repose sur la destructuration de la famille et de la communautés et un cercle vicieux d’enfoncement dans la misère. Les nouveaux visages des régions L’Industrial Belt connaît une crise de reconversion : les friches industrielles se sont multipliées mais le nord-est opère une restructuration de ses activités et le déclin n’est pas si frappant. L’ouest reste une région dynamiques grâce à la diversification de ses activités industrielles et le Sud est marqué à la fois par des paysages de déprise mais aussi par l’augmentation de la taille des métropoles avec la suburbanisation. Dans l’ouest et dans le Sud-ouest, le contraste entre espaces vides et grandes villes est encore plus criant. 5- spécificités canadiennes Les flux, facilités par la langue commune, sont intenses entre les Etats-Unis et la Canada. La société canadienne présente donc des similitudes avec la société américaine Pourtant, la Canada possède ses spécificités : l’individualisme est plus grand, la société y est plus traditionnelle et les problèmes économiques occupent une place importante. Sur le plan de l’organisation du territoire, les spécialisations sont moins claires. L’économie canadienne est fortement dépendante des Etats-Unis. La nation est pluri-etnique et il n’existe pas de projets social commun mais l’état est interventionniste et les politiques sociales ambitieuses. Chapitre 8 Les bases économiques des nations nord-américaines et l’évolution du monde contemporain. Introduction Les Etats-Unis sont aujourd’hui la première puissance mondiale, ce qui est d’autant plus remarquable qu’au 18° siècle ce pays était sous la domination des puissances étrangères. Apres une période de prospérité sans précédent tout au long Du 20° siècle , les Etats-Unis sont confrontés au début des années 90 à l’émergence de nouveaux concurrents . 1. la formation des économies nationales nord-américaines Depuis la première moitié du 19°siècle, il y a une dichotomie majeur, aux Etats-Unis et au Canada entre le nord, dont l’économie est tournée vers le marché nationale et fait pression pour des mesures protectionnistes, et le Sud, ouvert au commerce avec l’extérieur. Apres la guerre de Sécession, le Nord impose ses vues au Sud en matière économique. La machine économique américaine, ou du take-off à la croissance continue L’essor de l'économie américaine repose sur trois facteurs principaux : des matières premières et une énergie abondante, un marché intérieur important , des industries protégées. Le Middle-West fournit les produits agricoles de base, et les autres régions des produits nécéssitant un climat plus chaud. Le marché intérieur est soutenu par l’accroissement naturels et l’arrivée des immigrants. L’abondance est telle que les Etats-Unis n’ont pas besoin d’importer et peuvent exporter des denrées de base, produites massivement. Les firmes apprennent à faire la promotion et à commercialiser efficacement leurs produits, recherchant d’abord et avant tout le profit par la quantité vendue. Apres la première guerre mondiale, les produits américains se répandent sur le marché mondial, les Etats-Unis profitant de leur position de domination incontestée sur le plan économique Dans les années 50, les Etats-Unis sont un géant économique Seul le secteur de l'énergie soulève des inquiétudes auprès des experts : les ressources s’épuisent vite et la consommation des énergies engendre des pollutions massives. Les européens imitent ce système d’organisation économique, qui a néanmoins ces faiblesse comme l’a montré le krach de 29. L’économie canadienne Celle-ci bénéficie de facteurs moins favorisant pour son développement : les distances sont démesurées et le coût des transports est donc très élevé ce qui pose des problèmes pour le commerce des marchandises ; la taille du marché est reduite car le Canada est un pays peu peuplé ; le climat est difficile avec les hivers tres froids qui ne sont pas propices aux cultures agricoles. Quelques entorses au protectionnisme permettent au Canada de commercer avec les Etats-Unis, notamment dans le secteur du bois. 2. la seconde guerre mondiale et les données nouvelles de l’équilibre économique nord-américain apogée et premiers reculs après-guerre, la santé économique des état est toujours vigoureuse avec la hausses des exportations vers les nations ruinées d’europe. Mais les industries du 19°siècle (textile, sidérurgie, grosse mécanique) connaissent leurs premières crises avec le déclin de la production et les industries de biens de consommations se révèlent fragiles. Est-ce un recul de l'économie américaine ? l’agriculture américaine aujourd’hui ce secteur connaît de véritables révolutions après guerre d’une part dans le domaine plantations avec l’arrivée des pesticides, des nouveaux engrais, des nouvelles variétés hybrides, et d’autre part dans l’élevage avec l’insémination artificielle, le soja pour nourrir les bêtes. Les cultures subtropicales permettent un renouveau du secteur dans le Sud, et pallient au lent déclin du coton et autres cultures traditionnelles. Les zones arides cultivent aussi des produits subtropicaux grâce à l’irrigation . Le développement de ces cultures s’accompagne du développement de l’agrobusiness. Cette nouvelle agriculture modernisé est d’abord à destination du marché intérieur mais le niveau de la production est tel que les Etats-Unis deviennent une puissance exportatrice de produits alimentaires et de matières premières d’origine végétale. L’industrie américaine aujourd’hui Avant la guerre, l’industrie produit essentiellement des biens de consommation courante et des biens durables. Apres la guerre, de nouvelles activités émergent : les progrès de la chimie permettent de créer des produits nouveaux, les constructions aéronautiques se développent, ainsi que le secteur du nucléaire, la guerre froide stimule le secteur des armements, les premiers ordinateurs apparaissent ouvrant la voie aux industries informatiques et dernièrement le bio-technologies sont en passe de révolutionner de nombreux domaines. Les entreprises Bien que l'Etat a un rôle important dans le financement du progrès, l’entreprise américaine a fait preuve de formidable capacité d’innovation et d’adaptation. Leur objectif principal est de faire du profit et pour cela elles ne doivent pas être dépendante de l’intervention publique. L’entreprise a connu de forte évolutions dans ses structures, qui ont du s’adapter à des marchés étendus, dans ses techniques de gestion avec l’apparition du management et de la réflexion stratégique mais aussi de l’informatique qui permet une centralisation des processus de décision. L’auteur récapitule ensuite les deux avantages des entreprises américaines : les nouvelles technologies et les nouveaux produits, et une meilleure efficacité. La nouvelle machine économique américaine Les localisations de la nouvelle économie sont différentes des précédentes . les secteurs les plus performants se localisent désormais en fonction de la capacité à être relier aux réseaux mondiaux de communication et de relations, afin être intégrer le plus facilement possible au marché mondial. L’accession au réseau éclairé l’opposition Nord/ Sud : le declin de l’Industrial Belt tient à la diminution des activités qui reposaient sur la proximité avec les ressources, et non avec les réseaux, tandis que le Sud est en constante liaison avec le marché mondial, notamment grace à ses métropoles actives. La crise du dollar Jusqu’aux années 1950, le dollar est relativement stable, grâce principalement au solde extérieur positif. Apres 1950 , la situation se dégrade lentement et l’excédent de la balance commerciale diminue pour 3 raisons : 1- les Etats-Unis sont dans une situation de dépendance énergétique car ils sont les premiers consommateurs énergie du monde et préfèrent importer plutôt que d’exploiter leurs propre ressources énergétiques en raison des faibles prix des produits énergétiques sur le marché mondial. 2- Les débouchés pour les produits agricoles sont de plus en plus limités, et la concurrence de l’agriculture européenne subventionnée est de plus en plus rude. 3- Les firmes, qui délocalisent à l’étranger avec des filiales-relais ou des filiales-ateliers, accroissent le dépendance des Etats-Unis vis-à-vis de l’étranger. L’internationalisation de la production est particulièrement forte dans le domaine de l’électronique et de l’industrie automobile. Le système mise en place à Bretton Woods dérape dans les années 1970 : la balance commerciale devient déficiétaire et Nixon suspend en 1071 la convertibilité-or du dollar, et dévalue ensuite plusieurs fois le dollar. Le déficit commercial augmente et la politique de Reagan, si elle rétablit la confiance, ne réussit pas entièrement à rétablir la situation : la hausse de taux de change nuit à la compétitivité du pays. Il faut ajouter à cela des facteurs structurels qui aggravent les finances américaines. économie américaine et la compétition internationale économie a été affecté par de grandes transformations : augmentation des prix de l'énergie ; couts de production élevés du fait des hauts salaires qui ne peuvent lutter contre la concurrence à bas prix des produits asiatiques. Malgré cela, le point fort des américains reste l’innovation. Le principal changement réside dans le fait que les Etats-Unis ne peuvent désormais plus ignorer le reste du monde à cause de leur situation commerciale. Cela soulève un débat de société car les américains restent fortement attachés à l’isolationniste et ne se sont jamais réellement préoccupés des affaires du monde extérieur et beaucoup se demandent si le pays doit ou non s’intégrer pleinement dans la compétition internationale, d’autant plus que la concurrence des firmes japonaises grignote la prépondérance des entreprises américaines. 3. les problèmes de l'économie canadienne les bases du système économique canadien depuis les accords d’Ottawa, économie canadienne repose sur l’importation de produits bruts ou peu élaborés, ce qui lui permet dans un second temps de développer un secteur manufacturier pour satisfaire les besoins du marché intérieur Le pays est donc dans une situation délicate ou il doit à la fois trouver des débouchés internationaux pour ses produits de base et complexifier son économie interne. L’exportation des denrées de base est indispensable pour payer les importations des produits tropicaux, des matières premières dont le pays ne dispose pas et des biens d’équipement. C’est pour cela que le Canada a énormément investi pour la modernisation du secteur des produits de base. Les rigidités La concurrence concernant les productions de base est souvent très rude, les cours des céréales souvent peu élevés, ce qui témoigne de la fragilité de l'économie canadienne, alors que dépendent d’elle les industries de transformation qui se concentrent dans l’ouest canadien. L’espace canadien s’organise autour d’un centre qui répond aux besoins du marché nationale et de régions périphériques qui fournissent des ressources qui permettent de payer les importations. économie canadienne est par ailleurs handicapées par l’étroitesse du marché nationale et la cherté de la main d’œuvre. Les efforts d’ouverture et leurs implications pour l’équilibre national canadien Le Canada s’est ouvert à l’est et exporte sur les marchés japonais et extrême-orientaux. La contrepartie est la pénétration des produits asiatiques sur le marché canadien, ce qui inspire beaucoup moins de crainte aux industriels de l’ouest que de l’est. En effet l’ouest est plus prospère, ce qui engendre d’ailleurs des tensions Est/Ouest. Une des solutions pour renforcer économie canadienne réside être dans l’accord de libre-échange conclut avec les Etats-Unis, et il ne faut pas oublier sue les villes canadiennes demeurent attractives pour certains secteurs même si le Canada souffre de ne posséder aucune firmes internationales de premier plan. Chapitre 9 Campagnes et villes d’amertume du nord Introduction L’enracinement a été bien moins fort dans les sociétés nord-américaines qu’il ne l’a été en europe. Le sentiment national domine aux Etats-Unis et ce, au détriment des identités locales ou régionales. Cela peut expliquer les similitudes que l’on observe parmi les paysages américains, ce qui ne doit toutefois pas gommer leur diversité. 1. les campagnes américaines L’absence de vraies campagnes Il n’existe pas de vraies campagne en Amérique du Nord. Touts les vestiges de la campagne ont disparu avec la modernisation, et seuls quelques secteurs n’ont pas connu cette évolution. Au Canada, les Provinces-Maritimes ont eu des mutations moins brutales jusqu’à ces dernières années car elles sont demeurées longtemps isolées. La campagne américaine est marquée par la prégnance des mœurs protestantes, qui correspondent à un mode vie austère et simple : les exploitations ne sont pas des demeures luxueuses. Cela est différent au Canada ou un goût britannique pour les bâtiments soignés s’est imposé. Les zones d’agriculture prospère Dans ces zones, la ferme est le centre de la vie agricole. Il s’agit souvent d’une grande maison en style vernaculaire, bâtie en retrait des routes et aujourd’hui couplé à des bâtiments de facture plus moderne, séparée des bâtiments d’exploitation, fréquemment très imposants dans la Corn Belt ou la Dairy Belt Dans le Middle-West, qui constitue le cœur agricole du pays, l’agriculture demeure encore parfois la source principale des revenus de la localité. L’uniformité des structures agraires est assuré par le grid pattern, et les aménagements agraires qui rompent avec cette monotonie répondent dans bien des cas des nécessités d’irrigation. Mais cette uniformité n’est qu’apparente et les fermes sont très diverses. Les paysages de déprise Ces paysages présentent des caractéristiques differents selon les régions : dans l’Est, ils retournent rapidement à la foret ; dans le Sud, ils sont reconvertis en zone de sylviculture ; dans les deux cas les traces des anciennes fermes disparaissent vite ; à l’ouest du mississipi, en revanche, ces traces sont plus vivaces et les terres redeviennent de la prairie. Les zones de déprise sont parfois interrompues par des espaces ou la culture se maintient, grâce en partie aux progrès de la mécanisation. L’agribusiness L’agribusiness regroupe les grandes fermes d’exploitation, qui emploient peu de main d’œuvre dans les Grandes Plaines, des ouvriers saisonniers ailleurs. La formation des ces exploitations est une tendance actuelle, qui peut être observable ne Californie avec la formation de vastes vignobles. La suburbanisation Ce phénomène a démarré des les années 20 quand les grandes villes d’agrandissaient en suivant les principaux axes de communication. L’extension des banlieues se fait soit par blocs de lotissements collectifs ou alors par des installations individuelles plus discrètes. Le tourisme a favorisé la suburbanisation, avec la construction de nombreux chalets qui permettent aux américains de se rapprocher de la nature sauvage. Ces résidences secondaires sont particulièrement nombreuses du littoral atlantique au Wisconsin. Cela encourage le maintien d’une ville sociale active dans les campagnes. Les européens ont tendance à penser que la campagne américaine est uniforme mais c’est nier des nuances importantes. 2. Les villes américaines Les plans de ville La ville américaine s’organise selon le principe du carroyage régulier, c’est-à-dire celui de la grille géométrique dans un espace neutre et ignore les aspects fonctionnels. Ce quadrillage constitue des blocs rectangulaires d’environ 100 mètres sur 200. Aujourd’hui, les parcelles en banlieue sont plus diversifiées et les nouveaux quartiers d’habitation ne s’ordonne plus selon des grilles rigides. Le tracé des voies de circulations Au 19°siècle, le quadrillage ne posait pas de problème mais rapidement les difficultés sont apparues avec le tramways et la circulation des voitures. Pour les résoudre, des tops sont installés à chaque croisement. Des investissements ont de plus été réalisées pour permettre une fluidité optimale du trafic, même aux heures de pointe. Pour cela, les voies ont été hiérarchisées et de nombreux parkings ont été crées. L’automobile est devenue reine en ville, ce qui a modifié l’organisation des aires urbaines qui ont éclaté en plusieurs foyers. Les places Elles revêtent une grande importance dans la vie en ville car elles sont les supports des rassemblements et autres manifestations. Néanmoins, l’espace consacré à ces places libres a diminué, comme le montre l’exemple de New York. Les parcs Les premiers parcs apparaissent au 18°siècle et subsistent jusqu’à nos jours, puis tombent en désuétude. Environ un demi-siècle plus tard, les villes américaines commencent à étouffer et à partir de 1850, les urbanistes recommencent à dessiner des parcs. Les parcs sont fréquentés par des gens de toutes origines, mais surtout par l’élite fortunée. L’architecte Olmsted développe l’idée d’un système de parcs, vite adopté par les villes du middle West, puis reprise avec la saturation des voies par les automobiles mais le problème de l’incompatibilité des voies urbaines et aires de loisirs reste non posé, puis est résolu par le pavillon de banlieue individuel. Hauteur des constructions et lignes d’horizons Les villes sont structurées par l’opposition entre le horizons plats des quartiers périphériques composés de petites maisons individuelles et les lignes d’horizons bouchées par les gratte-ciel. Les hauteurs de ces immenses buildings sont permises par l’invention de l’ascenseur, les charpentes en acier de plus en plus légères. Le centre se soumet entièrement à la logique des affaires et non à celle de l’habitation : les quartiers d’habitations, ou vit la majorité de la population, sont séparés des zones d’activité et une même ville ne présente pas le même visage le jour et le nuit du fait des migrations pendulaires. Le principe de la ville américaine Les quartiers d’affaires se sont bâtis grâce aux innovations techniques mais la coupure entre ce derniers et aires résidentielles résultes de choix politiques. L’urbanisation, qui commence dès le début du 19°siècle, ne revêt pas de valeur positive aux yeux des américains : la ville est seulement le lieu ou on travaille et gagne de l’argent, ce qui accélère la transformation du quartier central en quartier d’affaire. 3. les quartiers à fonctions centrales Ces quartiers sont récents : les bâtiments ne sont jamais antérieurs à 1880. Depuis 1880, differents styles de bâtiments se sont succédés : les premiers immeubles étaient des édifices de bureaux fonctionnels ; ensuite, après 1893, le mouvement City Beautiful apparaît et les constructions deviennent plus originales ; enfin, les années 20 voient s’éteindre cette phase de créativité. Les gratte-ciel modernes A partir des années 30, le style des édifices change : leur architecture est plus sobre, plus fonctionnnelle, avec l’influence des architectes du Bauhaus, et donne à ces immenses parallépipèdes l’air d’etre inachevés. Ces buildings d’affaires se ressemblent tous et uniformisent les quartiers centraux. L’évolution fonctionnelle des quartiers centraux De nombreuses fonctions rattachées aux quartiers centraux se sont déplacées vers la périphérie, à cause entre autre de la saturation de ces quartiers par l’automobile. C’est le cas du commerce, qui s’il n’a pas été totalement éliminé du centre-ville, s’est converti en boutiques de luxe. Les fonctions de bureaux, c’est-à-dire les sièges sociaux des grandes entreprises se sont aussi excentrées, sauf ceux liés aux marchés financiers. Ce phénomène est surtout visible dans les grandes villes, plus que dans les villes moyennes. 4. les espaces résidentiels les quartiers résidentiels anciens Les maisons antérieures à 1880 sont généralement des bâtisses jointives à deux ou trois niveaux construites dans des styles variés fonctions du revenu des propriétaires. Au Canada, ces espaces résidentiels s’inspirent des maisons anglaises. Les développements résidentiels à l’age de l’étalement Avec la multiplication des voies de communication, le tissu urbain devient plus lâche au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre. C’est ce que l’auteur appelle « la banlieue à faible densité ». Celle-ci est le domaine de la maison individuelle avec un jardin privatif que rien ne sépare de celui des voisins. Dans les années 20, les modèles et les formes de ces édifices commencent à changer avec le dynamisme des mouvements architecturaux modernisateurs. Depuis les années 60, styles et matériaux se diversifient encore plus, mais cela ne doit pas faire publier l’uniformité initiale de tous les plans de construction. L’expansion de la banlieue y amène une vie sociale plus active. La composition sociale des zones résidentiels Trois composantes permettent d’analyser la structure sociales de ces espaces : 1- la composante radiale, qui est « liée à l’histoire des expansions urbaines et à la structure des images mentales des citadins » 2- la composante zonale annulaire est liée à la taille du ménage et à l’age de son chef : plus le ménage est grand ou est susceptible de le devenir, plus ce dernier est à la recherche d’espace et s’éloigne du centre. Parallèlement à cela, certaines classes aisées se redirigent vers le centre, notamment les jeunes célibataires ou les jeunes ménages à hauts revenus. 3- L’articulation de noyaux juxtaposés, ce qui constitue la traduction géographique de la structuration de la société en communauté . La répartition de ces communautés dans l’espace urbains répond à trois critères : les revenus, l’éthnie, qui commence à jouer un rôle important au 19°siècle, et les styles de vie. Les problèmes de pauvreté Les fonctions d’acculturation des jeunes et de protection du lien social que remplissaient les communautés au 19° et dans la première moitié du 20°siècle tendent à s’affaiblir et la hausse de l’insécurité s’accélère, d’abord dans certains quartiers ou elle était un phénomène quotidien, puis elle se diffuse dans l’ensemble de la société urbaine. La pauvreté ne permet pas de se structurer en communauté or celle-ci est la noyau indispensable pour s’intégrer à la vie américaine. Les problèmes de pauvreté sont particulièrement criants dans ce que les auteurs américains qualifient de zone de dégradation ou zone grise, juste au sortir des quartiers centraux. Les ghettos noirs Cette questions devient problématique avec l’urbanisation des Noirs dans le Sud. Ils ont un héritage et une culture propre et seule la religion constitue une base structurante pour cette communauté. Plus pauvres que la moyenne nationale et confrontés à un chômage élevé, les Noirs ne sont pas accepter dans les quartiers Blancs car perçus comme un danger. Ils forment donc des regroupements, d’abord volontaires, qui se transforment en ghetto. Cette ségrégation a été accentuée par certaines mesures administratives mais est depuis combattue avec des programme comme le busing. La ville canadienne Les minorités posent moins de problème car elles sont beaucoup moins importantes. Les tour d’habitations sont nombreuses et l’originalité des centre-villes repose sur leur double culture, à la fois française et anglophone, surtout à Montréal. Conclusion Paul Claval considère l’Amérique comme « un pays de fluidité et de flexibilité ». Les mutations sont incessantes et la population, très mobile, ne s’enracine jamais en un endroit particulier, ce qui donne aux lieux le sentiment d’être toujours inachevés. Conclusion générale 1. L’Amérique constitue pour les Européens un monde différent et souvent difficile à comprendre. La mise en valeur du territoire s’est fait d’Est en Ouest, au fur et à mesure que les états américains évoluaient des situations coloniales à l’indépendance. La conquête du territoire par les américains s’est ensuite poursuivie à l’échelle mondiale avec la globalisation , synonyme de nouveaux défis à relever pour le continent. Ces succès s’expliquent par le poids de la petite communauté dans la société , responsable des initiatives individuelles, et non pas seulement que par la performance des grandes organisations. 2. Mais ces communautés sont confrontées aux changements sociaux qui remettent son rôle en cause, bien que l’américain type semble surtout s’intéresser aux évènements qui se déroulent au niveau local. Les immigrés doivent se construire leurs propres communautés, ce qui inclut la menace des ghettos, mais ont souvent des difficultés pour s’intégrer dans la société Néanmoins, les esprits sont entrain de changer. 3. D’autres dangers peuvent nuire au modèle de réussite sociale à l’americaine. Bien que Dieu tienne encore une place très importante dans la société, la crise matérialiste n’a pas épargné le continent. Mais la société américaine s’est entièrement bâtie sur l’utopie. Même en période de crise, les populations n’ont jamais renoncé à leur idéal, malgré parfois des périodes de repli. L’auteur reste confiant dans la capacité de cette société à s’adapter et à se réinventer.