Les efforts d`ouverture et leurs implications pour l`équilibre

Ezgi Nesanir
Fiche de lecture
Paul Claval
La conquête de l'espace américain
du Mayflower au Disney world
Introduction :
Paul Claval est professeur à l'université de Paris Sorbonne et a enseigné
au Canada et aux Etats-Unis, et l'expérience qu'il y a acquise nourri et
enrichit
cet ouvrage. Il
commence tout d'abord par dire que l'Amérique est un pays qui étonne.
Il prend ensuite l'exemple d'un Européen qui débarque sur les rives de
l'Amérique et décrit ce que cet européen y découvre, ce qui le surprend, ce
qui
lui est familier ou o contraire différent.
Tout au long de son ouvrage, l'auteur décrit subtilement la civilisation
nord-américaine : souligne comment paysages, sociétés et mentalités se
combinent pour donner au Nouveau-Monde son originalité et son histoire.
Paul Claval reconstitue ainsi les grandes étapes de la formation des États
nord-américains et analyse leurs principes de base. Il montre que la source
de
leur dynamisme n'est pas que le gigantisme de l'espace américain comme on
le
croit très souvent mais l'individu qui agit au sein d'un petite communauté
démocratiquement gérée.
Chapitre 1
Un monde si proche et si lointain
I-Des milieux nouveaux
Pour la navigation d'autrefois, relier l'Europe à l'Amérique du Nord était
difficile.
La traversée d'est en ouest est demeurée un épreuve jusqu'à l'avènement de
la
vapeur et, même alors, elle est restée périlleuse en raison des brumes
fréquentes et des icebergs au voisinage de Terre-Neuve.
Le milieu naturel apparaissait d'abord aux colons familier par bien des
traits.
Il se révélait bien vite déroutante e difficile par la suite.
La forêt occupe toutes les régions de la façade atlantique. Les Européens y
reconnaissent des arbres familiers, des chênes, des hêtres, des bouleaux,
des
noyers, des sapins, des épicéas - mais avec une profusion de variétés qui
les
étonne et un grand nombre d'espèces sans équivalent en Europe. Il semble
que
les terres soient d'une épuisable fécondité en Amérique: impression quelque
peu
trompeuse.
Après leur premiers jours les colons commencent à percevoir les différences
et
les difficultés: la prolifération des insectes l'été, la chaleur lourde,
puis
la marche rapide de l'automne, les feuillages qui s'enflamment soudain de
tous
les ors et de tous les rouges, les premières gelées, les froids, les
premières
neiges, tout cela arrive trop vite ou se manifeste avec trop de force pour
des
gens originaires des pays de l'Europe atlantique et habitués à des
contrastes
saisonniers modérés.
Une forêt dont k'exubérance étonne et dont le défrichement est difficile,
un
climat excessif, trop chaud, trop humide l'été, trop froid l'hiver, sans
demi-saisons bien marquées, voilà ce que trouvent les nouveaux venus sur
toute
la façade orientale de l'Amérique du Nord, de l'estuaire du Saint-Laurent
aux
approches de la Floride et du golfe du Mexique.
La façade pacifique est celle qui offre les milieux les plus voisins, par
les
rythmes de leurs climats, de ceux de la vieille Europe.
II- Un pénétration longtemps malaisée
Aux difficultés de la mise en valeur agricole s'ajoute celles de la
pénétration.
La moitié de l'Amérique du Nord est fait de plaines, de plateaux monotones
et
de chaînes usées, assez basses, aux formes régulières.
Les larges estuaires de la côte Est donnèrent l'espoir d'un pénétration
facile
: il semblaient à la mesure de fleuves puissants? Il fallut très vite
déchanter; les pionniers découvrirent, en les remontant, des chutes au-delà
desquelles ils cessent d'être navigables : c'est que les Appalaches sont
proches. A partir de la côte Est, la pénétration ne peut donc se faire que
par
voie terrestre.
L'avantage que la régularité du relief e la disposition des cours d'eau
offraient à la pénétration ne s'est révélé que progressivement : il a
permis,
dans le courant du XIX°siècle, la mise en valeur rapide de tout ce qui va
des
Appalaches à la limite de la Prairie humide. Jusqu'alors, la colonisation
était
restée lente car elle imposait la mise en place d'un réseau de routes
coûteux à
établir dès que l'on s'éloignait de la plaine côtière. Dans l'Ouest, la
voie
d'eau n'a guère joué de rôle que dans les premières phases de l'aventure
pionnière : la remontée du Missouri, puis l'utilisation de la rivière Snake
et
de la Colombia expliquent le passage aisé, à travers le large seuil de la
South
Pass etc.
III-Les milieux exploitables : un bilan
L'agriculture
Pour les Européens, l'Amérique du Nord offrait des milieux exploitables
voire
assez proches de ceux dont ils venaient, mais pour les maîtriser, il
fallait
faire face à d'énormes difficultés de départ. Les colons devaient affronter
des
climats durs et beaucoup plus contrastés que ceux dont ils avaient
l'habitude.
Ils abordaient le continent par une façade où la pénétration s'avérait
difficile et où la vigueur de la végétation forestière rendait la
progression
laborieuse - même si elle facilitait la construction des fermes et la lutte
contre les terribles hivers.
L'ensemble le plus favorable à l'agriculture, c'est celui que constituaient
le
grand bloc de forêt de feuillus de l'Est et ses annexes de la Prairie
humide :
sur les 19.3 millions de km2 de l'Amérique du Nord anglo-saxonne, cela en
représente à peu près 4 - l'essentiel aux Etats-Unis, puisque le Canada ne
compte pas plus de 100 000 km2 cultivables appartenant à cet ensemble, le
long
du Saint- Laurent et des Grands Lacs. A cela, il faux ajouter les espaces
de la
Prairie sèche, qui conviennent également à l'agriculture, grâce à des sols
fertiles, mais avec des menaces liées à la faiblesse des précipitations, à
leur
irrégularité et à la violence de l'érosion.
Les ressources du sous-sol
Avec la modernisation de la société et de l'économie, d'autres besoins ont
surgi.
L'Amérique du Nord est constituée, dans ses deux tiers orientaux, d'un
vaste
socle continental dont les plissements on été depuis longtemps arasés.
Vers l'ouest et le sud- ouest, l'Amérique contient d'immenses réserves de
charbon.
Celui-ci est partout présent sous le plateau appalachien, à l'ouest de la
chaîne principale ; on le retrouve dans les Rocheuses, aux Etats-Unis aussi
bien qu'au Canada, et dans les blocs anciens incorporés dans les
cordillères.
Le pétrole es présent partout où les couches sédimentaires se sont empilées
:
il y en a un peu dans les plaines au sud des Grands Lacs. Mais les réserves
les
plus importantes se situent dans les bassins profonds du littoral du golfe
du
Mexique, ou dans ceux qui se sont développés dans les cordillères, du Texas
et
à l'Alberta et à l'Arctique canadien ou alaskien.
Les minerais sont divers et nombreux : fer dans les chaînons du socle, au
Labrador et dans la Grands Lacs, plomb, cuivre et zinc dans le socle ou
dans
les cordillères.
Les métaux précieux ont joué un rôle décisif dans la mise en valeur de
l'Ouest,
que ce soit en Californie, dans le Colorado, dans le Nevada ou en Alaska.
IV- La perception des ressources
Après les premiers enthousiasmes, le jugement porté sur l'Amérique du Nord
est
devenu bien plus critique. Les Européens commencent à sa demander s'il
s'agit
d'un milieu opulent.
Ils estiment, en effet, que la nature américaine est appauvrie et que les
espèces y sont épuisées. Au début du XIX° siècle, l'image du grand désert
américain est celle qui s'impose à tous ceux qui décrivent les immensités
de la
Prairie et des surfaces nues de l'Ouest. C'est vers la deuxième moitié du
XIX°
siècle que le thème de l'Amérique comme terre d’abondance illimitée
s'impose :
c'est dire combien les images qu'on s'est faites du continent ont fluctué,
et
combien il a fallu attendre pour que s'imposent celles qui sont aujourd'hui
familières d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique.
V- L'articulation des milieux
Quand on s'interroge sur ce qui rendait à la fois l'Amérique si proche et
si
différente aux premiers colons, c'est la dissymétrie climatique des
continents
qu'il faut d'abord invoquer : aux latitudes tempérées, les flux
atmosphériques
dominants sont d'ouest, ce qui crée des climats doux sur les façades
occidentales et des climats contrastés et violents, très continentaux
malgré la
présence océanique, sur les façades orientales.
Les sols dépendent largement de la pluviosité et du climat. Là où
l'humidité
est trop forte, dans l'Est, ils ont tendance à être lessivés, appauvris.
Les axes qui facilitent la circulation dépendent de la structure, mais,
dans
les plaines, la glaciation a introduit des retouches importantes.
La nature américaine est souvent dure. Les catastrophes y sont fréquentes.
L'importance de l'enneigement multiplie les risque d'inondation dans toute
la
partie est. Sur le golfe du Mexique surchauffé en été et au début de
l'automne
se forment des cyclones tropicaux qui viennent les côtes depuis la
frontière
mexicaine jusqu'à Boston. Les tornades se multiplient également lorsque les
contrastes entre masses d'air sont plus forts, au printemps et à l'automne,
et
font peser de lourdes menaces sur les cultures et habitations.
Enfin, l'activité sismique est réduite dans 'Est, là où les vieux socle est
proche.
Chapitre 2
Les Amérindiens
Les Amérindiens sont aujourd'hui à peu près 2 millions en Amérique du Nord
-
500 000 au Canada et 1 500 000 aux Etats-Unis. Ces chiffres sont en rapide
augmentation : en 1970 il y avait 791 000 Indiens aux Etats-Unis, le
recensement de 1980 en compte 1 362 000. Leur natalité est supérieure à
celle
de la population blanche et le taux de croissance naturelle est élevé, mais
ces
chiffres traduisent surtout un changement de mentalité: beaucoup de métis
qui
se faisaient recenser comme Blancs, n'hésitent plus à se réclamer de leurs
ancêtres amérindiens. Ces chiffres montrent à la fois la modestie du
peuplement
amérindienne dans l'Amérique anglo-saxonne( moins de 1% des effectifs
totaux)
et l'actualité du problème indien - la poussée démographique contemporaine
le
souligne, comme la conscience renouvelée d'une forte spécificité et le
sentiment d'identité renforcé dont témoigne le souci croissant d'affirmer
ses
origines.
La société américaine leur doit beaucoup : ils ont transmis aux premiers
colons
leur connaissance du milieu et des techniques, et leur influence sur les
institutions et les mentalités de la société américaine a été considérable.
I- Niveaux de développement et aires culturelles
Les liaisons avec l'Asie n'étaient possibles que par la route détournée de
l'Alaska, et la glaciation les a longuement interrompues. Les peuples
américains dotés de techniques paléolithiques ont ainsi été isolés des
foyers
de civilisation qui se développaient et s'enrichissaient mutuellement dans
l'Ancien Monde.
Des foyers autochtones d'innovation se sont néanmoins formés et ont abouti
à
l'éclosion de civilisations supérieures dans les régions tropicales du
Mexique,
de l'Amérique centrale et des Andes.
L'influence civilisatrice de l'Amérique centrale a inégalement affecté les
peuples de l'Amérique du Nord en fonction de l'éloignement du foyer
originel,
mais surtout en raison des inégales longueur et pluviosité d l'été.
II- Les contacts et leurs conséquences
La question de savoir combien y avait-il d'Indiens au moment de la
découverte
n'a pa fini d'être controversée et les estimations varient énormément. Les
recherches ont permis de mieux prendre la mesure de l'emprise humaine
ancienne
grâce aux fouilles et à l'analyse des photographies aériennes.
La rencontre avec les Européens fut désastreuse, bien que les premiers
contacts
aient été en général pacifique : car habitués à l'échange, à une économie
de
dons et de contre-dons, les Indiens accueillirent les nouveaux venus avec
des
cadeaux. Mais le choc microbien provoqua une hécatombe quasi immédiate.
Au choc microbien et viral s'ajoutèrent très vite d'autres raisons de
décadence. Les Indiens acceptèrent facilement de laisser des terres aux
nouveaux venus mais avec les pratiques de mise en valeur européennes, ce
sont
les bases mêmes de leurs genres de vie, où se combinent chasse et
agriculture
qui furent compromises.
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