Diagnostic territorial stratégique Aquitaine Territoires ruraux et périurbains 31/10/2012 I. Enjeux identifiés par les diagnostics territoriaux passés Face à des territoires ruraux attractifs en pleine mutation mais avec des dynamiques infrarégionales inégales, l’enjeu central pour la période 2007/2013 était de : soutenir l’attractivité des territoires infrarégionaux tant en termes de développement économique et d’emplois qu’en termes d’accompagnement économique et social (logement, services, environnement) ; diffuser cette attractivité incontestable que la région exerce au profit de l’ensemble de ses territoires en favorisant leur consolidation autour de pôles de développement qui allient urbain et rural et contribuent à réduire les déséquilibres démographiques et économiques. Objectifs poursuivis : relever le défi économique pour conserver les activités diversifiées sur tout le territoire en articulation avec le FEADER et favoriser la diversification des activités économiques et des services et la relance de l’emploi dans les territoires en mutation en particulier les zones rurales les plus fragiles. II. Enjeux pour l’Aquitaine sur la période 2014-20201 L’espace aquitain est occupé à 80 % par la forêt et l’agriculture ; il présente une faible densité de 78 h/km² contre 115 h/km² pour la France métropolitaine, en raison de l’importance des superficies boisées qui occupent à elles seules 43 % du territoire. Plus du quart (27 %) des Aquitains vivent en milieu rural, défini par l’Insee comme les communes sans zone de bâti continu d’au moins 2 000 habitants. Mais l’Aquitaine est aussi maillée par un réseau de petites villes centres de proximité : Thiviers (24), Pauillac (33), Morcenx (40), Casteljaloux (47), Navarrenx (64) en sont des exemples. Ainsi les territoires ruraux sont-ils considérés au sens des « campagnes » que leur a donné la Datar en 20122: les communes qui n’appartiennent pas à une unité urbaine regroupant plus de 10 000 emplois. Les petites unités urbaines y sont intégrées de même que les couronnes périurbaines autour des grands pôles urbains qui entretiennent des relations quotidiennes avec eux tout en restant relativement peu denses. Ainsi définis, les territoires ruraux et périurbains abritent 46 % de la population régionale et 34 % des emplois sur 90 % du territoire régional. Leur densité moyenne s’élève à 40 habitants au km² 3. Ces territoires bénéficient d’une excellente image construite à partir des aménités traditionnelles (diversités paysagères, culturelles et patrimoniales, activités nautiques et de montagne…). Ils disposent de nombreux atouts, en particulier d’une croissance démographique soutenue et une économie diversifiée, mais avec de fortes disparités. La croissance démographique place l’Aquitaine au 4e rang des régions françaises et la hausse de population résulte essentiellement d’un solde migratoire positif. Ces nouveaux habitants ne s’installent pas seulement sur le littoral et dans les pôles urbains mais aussi en milieu rural et périurbain, notamment à l’est de la région. Malgré ce dynamisme, la population est plus âgée que la moyenne nationale, un quart des aquitains ayant plus de 60 ans. Elle devrait vieillir plus rapidement. L’économie diversifiée de ces territoires offre des emplois dans les domaines touristiques, agricoles et agroalimentaires, mais également dans certaines activités à haute valeur ajoutée telles que l’aéronautique (Marmande, Oloron-Sainte-Marie…) ou le luxe (Nontron). Les activités présentielles –commerces de détail, artisanat, services à la personne, banques, administrations…- dédiées à la population résidente ou de passage, dominent leurs économies et assurent des emplois non délocalisables et en progression. L’agriculture et la forêt occupent une place majeure dans l’économie des territoires ruraux. En matière agricole, la production est très diversifiée avec de nombreux signes de qualité. Le développement du bio et des circuits courts, en lien ou non avec l’agritourisme, permet d’accroitre la valeur ajoutée des productions et de répondre aux attentes sociétales. Les industries agroalimentaires, éloignées des centres urbains, contribuent fortement à l’aménagement du territoire. Agriculture et IAA représentent un gisement d’emplois relativement peu Insee – « 15 zones d’emplois plus ou moins armées face aux mutations économiques » juin 2012 Datar : « La nouvelle typologie des campagnes françaises, des littoraux et de la montagne » in « Territoires en mouvement n°7 » février 2012 3 Insee : Recensement 2009 – Traitement Conseil régional d’Aquitaine 1 2 1/5 Diagnostic territorial stratégique Aquitaine Territoires ruraux et périurbains 31/10/2012 sensible aux aléas conjoncturels et leurs offres ne sont pas toujours satisfaites (cf. leur demande de travailleurs saisonniers). On assiste cependant à un recul du foncier agricole, en lien avec la crise du secteur et notamment de la viticulture : la perte annuelle moyenne s’élève depuis 10 ans à 96 200 ha, en particulier dans les zones périurbaines, et contribue à l’étalement urbain. Mitage de l’espace et conflits d’usages entre néo ruraux et agriculteurs nécessitent la mise en place d’outils au service d’une politique foncière volontariste. De même le massif forestier (1er massif cultivé et certifié PEFC d’Europe) est à l’origine d’une filière sylvicole et industrielle importante (32 000 salariés en Aquitaine en 2008), dont les entreprises sont souvent situées en milieu rural. Elle représente aussi un fort potentiel de développement de la filière bois-énergie. Pour autant les projets d’investissement des forestiers sont affaiblis par les conséquences des tempêtes de 1999 et de 2009 ainsi que de la crise sanitaire. Ce qui, ajouté à l’extrême émiettement de la propriété forestière, fait craindre une concurrence du photovoltaïque, en développement au détriment de l’espace forestier. De fortes disparités territoriales subsistent face aux mutations économiques et technologiques plus ou moins rapides et tous les territoires n’ont pas les mêmes potentialités, spécificités ou fragilités. En effet des déséquilibres infrarégionaux se creusent entre une zone littorale dynamique et attractive et un arc de pauvreté et de chômage de la pointe du Médoc jusqu’au Villeneuvois, en passant par le Libournais et l’Agenais, recoupant quatre zones d’emplois vulnérables, et englobant des secteurs ruraux et d’autres plus fortement urbanisés. Les territoires ruraux aquitains sont donc d’une très grande diversité. A partir de la typologie des campagnes françaises de la DATAR, ils peuvent être regroupés selon les 3 groupes suivants : - le littoral aquitain, élément majeur de l’attractivité régionale, à forte croissance résidentielle et à forte économie présentielle et dont les activités sont diversifiées (glisse sur la côte, matériaux composites dans le Médoc…) ; - les territoires agricoles, sylvicoles et industriels en mutation : sous faible influence urbaine, avec une activité agricole diversifiée à forte valeur ajoutée (nombreux signes de qualité), une industrie agroalimentaire et une filière bois contribuant fortement à l’aménagement du territoire et 2 pôles de compétitivité (Agrimip SudOuest innovation, pôle interrégional Aquitaine-Midi-Pyrénées et Xylofutur). Ces territoires doivent s’adapter aux mutations économiques et technologiques en cours et maîtriser leur impact environnemental ; - les campagnes vieillies de très faible densité : certaines d’entre elles connaissent un regain démographique du à l’arrivée de nouvelles populations alors que d’autres enregistrent toujours une baisse de population : la majorité des communes dans ce cas sont situées à l’est et au sud-est de la région. Vieillissement de la population, niveau de revenus parmi les plus faibles et accessibilité difficile caractérisent ces territoires qui ne profitent pas tous du renouvellement économique que permet l’émergence des activités résidentielles et touristiques ou la présence d’un tissu d’entreprises sur des niches d’activité porteuses (industrie du luxe au nord de la Dordogne, textile en Pyrénées Atlantiques par exemple). Ainsi des déséquilibres démographiques et économiques toujours accentués nécessitent une prise en compte et des actions adaptées afin de préserver et de conforter la cohésion économique et sociale des territoires. La diversité des problématiques et des situations appelle à privilégier pour chaque territoire une approche globale de son développement favorisant les synergies locales, porteuses d’initiatives et d’innovation pour améliorer son attractivité et sa cohésion. Il est important de mettre en œuvre des projets intégrés d’organisation et de développement qui portent à la fois sur l’économie et l’emploi, l’aménagement des espaces, l’environnement, l’habitat et l’amélioration des conditions de vie des personnes en particulier des plus fragiles (jeunes et personnes âgées), l’accès aux nouvelles technologies, à la santé, à la culture. Ces projets de territoires sont sources d’innovation en termes de gestion de l’espace, de création d’activités dans des filières nouvelles, d’habitats économes en énergie, de déplacements, de culture. Une ingénierie de qualité est nécessaire pour faire émerger et mettre en œuvre ces projets. L’Aquitaine est couverte par une mosaïque de 25 Pays et de 14 Groupes d’action locale Leader ; cependant un certain nombre de territoires de projet devront se recomposer en raison de la mise en œuvre des schémas départementaux de coopération intercommunale. Par ailleurs la réforme territoriale et les contraintes budgétaires amèneront les collectivités à plus d’exigence, à mieux prioriser leurs projets et à affiner leur stratégie pour être en capacité de répondre aux nouvelles conditions d’attribution des fonds européens. La mobilisation de ces derniers 2/5 Diagnostic territorial stratégique Aquitaine Territoires ruraux et périurbains 31/10/2012 permettra d’être ambitieux et innovant sur le plan technique comme sur le plan social et sera orientée dans le sens d’un meilleur équilibre entre compétitivité et cohésion sociale. III- Enjeux thématiques pour les territoires ruraux OT 1 : Renforcer la recherche, le développement technologique et l’innovation OT 2 : Améliorer l’utilisation, la qualité et l’accès aux TIC OT 3 : Améliorer la compétitivité des PME OT 4 : Soutenir la mutation vers une économie à faible teneur en carbone dans tous les secteurs OT 5 : Promouvoir l’adaptation au changement climatique ainsi que la prévention et la gestion des risques Soutenir la recherche appliquée en amont des filières régionales Développer les hautes technologies « diffusantes » : laser, TIC, matériaux, écotechnologies… Développer les retombées économiques locales de la recherche et la diffusion de l’innovation technologique dans les entreprises Soutenir les investissements des entreprises en R&D Soutenir l’innovation sous toutes ses formes : technologique, sociale, marketing/design, organisationnelle, territoriale… Renforcer l’appropriation des TIC par les entreprises et les citoyens Développer les usages permettant de réduire la fracture territoriale, de maîtriser l’étalement urbain et les déplacements (télétravail, visioconférence…), de pallier la désertification médicale (e-santé) et la disparition des services publics de proximité, d’améliorer l’efficacité énergétique… Généraliser l’accès au HD, avec montée en débit, et optimiser la desserte en THD sur les territoires définis Soutenir la création, la transmission et la reprise d’entreprise, ainsi que les structures d’accompagnement Développer les modèles de l’ESS et des circuits courts Soutenir la diversification non agricole des exploitations : agritourisme, circuits courts… Valoriser les ressources locales des territoires Développer l’économie présentielle Favoriser l’intégration de l’innovation, sous toutes ses formes, dans l’entreprise (financement, organisation, techniques, moyens humains…) Elever le niveau technologique des PME et favoriser leur internationalisation, soutenir l’émergence d’ETI Développer l’économie verte au sens large Promouvoir le recours à l’apprentissage et à la formation pour les salariés et les entrepreneurs Soutenir la création et la structuration de filières locales de production d’EnR Valoriser les ressources locales et développer les circuits courts Améliorer la performance énergétique du parc résidentiel et tertiaire Développer le report modal du fret et des modes de transport passagers durables et alternatifs Réduire les déplacements par la mutualisation de services (maisons de santé, services publics…) et le recours aux TIC (e-santé, télétravail…) Mettre en place des stratégies et des outils de planification spatiale à des échelles cohérentes (Scot ruraux) Densifier les centres-bourgs et conforter les pôles de centralité que sont les petites villes, développer les quartiers autour des gares, les éco-quartiers Améliorer la connaissance des impacts du changement climatique Réduire la vulnérabilité des territoires aux risques (naturels, technologiques, de santé…) Inciter les territoires à élaborer des stratégies de prévention et d’adaptation d’une part, de vigilance et d’alerte d’autre part 3/5 Diagnostic territorial stratégique Aquitaine Territoires ruraux et périurbains 31/10/2012 OT 6 : Protéger l’environnement et promouvoir un usage durable des ressources OT 7 : Promouvoir le transport durable et supprimer les goulets d’étranglement dans les infrastructures de réseaux essentiels OT 8 : Promouvoir l’emploi et soutenir la mobilité de la main d’œuvre OT 9 : Promouvoir l’inclusion sociale et combattre la pauvreté OT 10 : Investir dans l’éducation, les compétences et la formation tout au long de la vie Promouvoir une agriculture de qualité respectueuse de l’environnement Développer l’éco-tourisme Valoriser, préserver et recycler les ressources naturelles Préserver la biodiversité et les espaces naturels Préserver les espaces naturels et agricoles dans les territoires urbains et périurbains Lutter contre l’étalement urbain Promouvoir le patrimoine culturel Réduire et valoriser les déchets, améliorer la desserte en déchèteries Protéger la ressource en eau, lutter contre le gaspillage et assurer la sécurité de l’approvisionnement Désenclaver les territoires isolés Poursuivre la modernisation des lignes régionales, des gares et pôles d’échanges, développer l’interopérabilité billettique Intégrer les territoires dans les grands courants d’échanges européens, saisir l’opportunité de l’arrivée de la LGV Permettre l’accès de tous les territoires aux infrastructures et services Développer le report modal du fret et des modes de transport passagers plus respectueux de l’environnement que la voiture individuelle (dont les modes de déplacements doux) Combattre les inégalités territoriales et réussir la mutation des territoires en difficultés économiques Favoriser l’émergence d’activités nouvelles, en lien avec les atouts des territoires et les besoins recensés (économie présentielle notamment) Développer une offre de formation adaptée aux besoins des entreprises et des territoires et la diffusion de la GPEC/GTEC Lever les freins à la mobilité des personnes (accès à la formation, à l’emploi, à la santé, aux services publics, au logement…), en particulier des jeunes, des seniors, des demandeurs d’emploi Favoriser l’accès aux services de base : alimentation, logement, santé, éducation, culture Réduire la fracture énergétique Accompagner les publics fragiles dans leur parcours vers l’emploi : actions d’insertion et d’autonomisation, soutien à l’économie sociale et solidaire, accès aux transports, aux TIC Améliorer la qualité de vie : développement du lien social et de la mobilité de proximité, structuration de l’aide à domicile pour les personnes âgées, lutter contre l’habitat indigne Assurer une égalité d’accès pour tous à une éducation et une formation de qualité, adaptées à l’émergence de nouveaux métiers (TIC, croissance verte…) Conforter l’implantation des enseignements et des formations sur les territoires Renforcer le lien entre éducation et formation d’une part, besoins du marché du travail d’autre part Lutter contre le décrochage et l’illettrisme Favoriser l’accès à la culture 4/5 Diagnostic territorial stratégique Aquitaine Territoires ruraux et périurbains 31/10/2012 5/5