Sciences pour le Monde Contemporain Les cellules souches Nos organes sont constitués de cellules spécialisées (différenciées)… Un organe est fonctionnel quand les cellules qui le constituent sont également fonctionnelles… Un organe fonctionne mal parce que ses cellules sont endommagées. Il suffirait de les remplacer pour qu’il puisse se régénérer. Et les cellules souches sont capables de remplir cette fonction. 1- Qu’est-ce qu’une cellule souche ? Une cellule souche est une cellule indifférenciée (sans forme, ni fonction particulière) qui a un potentiel, c'est-à-dire qu’elle est capable de se diviser indéfiniment et de produire une autre celle différenciée (spécialisée). Par exemple : une cellule nerveuse, une cellule musculaire, une cellule de la peau, un globule rouge… 2- Où peut-on trouver des cellules souches ? Un organisme vivant est formé de cellules. Ces cellules sont regroupées en tissu. On appelle « tissu », un ensemble de cellules identiques qui possèdent une même fonction. Exemple : le tissu musculaire est formé de nombreuses cellules musculaires allongées ayant toutes un rôle contractile. Un organe est formé d’un ou plusieurs tissus. Tout organisme se forme à partir de la division en deux d’une cellule-œuf, puis en quatre, puis en huit, formant ainsi, au bout de 72 heures une « grappe » de huit cellules, appelée Morula. Les divisions s’accélèrent pour former un blastocyte. Les organes se différencient formant ainsi le fœtus qui, en continuant son développement, donnera un organisme vivant. Tout au long de ce développement, on peut trouver des cellules capables de se diviser et de se différencier donc, par définition, des cellules souches (malheureusement, dans la pratique, on ne peut pas les utiliser toutes). 3- La cellule-œuf issue de la fécondation : Elle est, par définition, la première cellule souche. Elle a un très fort potentiel : c’est à partir de cette cellule que toutes les cellules de l’organisme vont se former. In vitro, elle est capable de se différencier en n’importe quelle cellule de l’organisme y compris celles formant le placenta. 4- La morula : Au stade de 72heures, après 3 divisions, l’embryon est formé de huit cellules. Ces cellules sont indifférenciées (non spécialisées). Elles sont également identiques entre elles. Ce sont des cellules à fort potentiel car lorsqu’elles sont isolées in vitro, chacune d’entre elles peut donner un organisme entier à condition d’être placée dans un utérus. Ces cellules sont des cellules souches car elles peuvent donner n’importe quelle cellule de l’organisme, in vitro. Elles sont appelées cellules potipotentes. 5- Le blastocyte : Il est formé d’un amas de cellules formant le bouton embryonnaire (1) à partir duquel le fœtus va se former et aussi, de cellules qui formeront le planta (2). 1 Sciences pour le Monde Contemporain Les cellules de la masse interne (1), isolées in vitro, sont capables de se diviser indéfiniment et se différencier en n’importe quelle cellule de l’organisme sauf celle du placenta. Isolées, elles ne pourront pas redonner un embryon entier, même si on les place dans un utérus. Ces cellules embryonnaires sont des cellules souches dites pluripotentes. Les cellules souches embryonnaires ont été mises en évidence, pour la première fois, en 1981 chez la souris, grâce aux travaux de Martin Evans et Matthew Kaufman, ainsi que ceux de Gail Martin. Chez l’Homme, ces mêmes cellules ont été repérées en 1998 par James Alexander Thomson, accompagné de Joseph Istkovitz-Eldor et de Benjamin Reubinoff. Ce sont les propriétés particulières de ces cellules qui intéressent les scientifiques car avec elles ils espèrent reconstituer des tissus ou des organes défaillants et ainsi soigner certaines pathologies ou repousser davantage les limites de la vie. Mais le principe soulève des problèmes. D’une part, il faut prendre le temps de maîtriser les techniques car l’introduction dans un organisme n’est pas sans risque. Les premiers essais entamés chez l’Homme semblent prometteurs. D’autre part, le prélèvement de ces cellules souches entraîne la destruction de l’embryon, ce qui pose des problèmes éthiques. L’utilisation de ces cellules est donc très réglementée. 6- Le fœtus : Dans chaque tissu du fœtus, comme dans chaque tissu de l’organisme adulte, il y a des cellules souches capables de se diviser et de se différencier, mais, uniquement en cellules spécifiques au tissu dans lequel elles se trouvent. Ces cellules souches, dites unipotentes, permettent de former des cellules lors de la croissance de l’organe ou de le réparer en cas de lésion. Certaines cellules souches issues de certains tissus sont capables de donner quelques cellules différenciées, mais dans un nombre limité. Elles sont dites multipotentes (cellules souches de la moelle osseuse). Exemple : dans l’os, il y a des cellules capables de se transformer en ostéoblastes après une fracture. On peut également trouver des cellules souches multipotentes dans le cordon ombilical et dans le placenta. 7- Les cellules souches pluripotentes : Par opposition aux cellules souches embryonnaires (CSE), les cellules souches pluripotentes induites (ou CSPi) ont pour origine une cellule adulte somatique, redevenue pluripotente grâce à l'action de facteurs de croissance et de facteurs de transcription. Ces CSPi ont d'abord été obtenues à partir de cellules de souris (2006), et par la suite à partir de cellules humaines (2007). Ces cellules sont très étudiées pour leur rôle potentiel dans le traitement de maladies génétiques, de cancers, ou dans le remplacement d'organes. 8- Comparaison avec les cellules souches embryonnaires 2 Sciences pour le Monde Contemporain La médecine régénérative a besoin de cellules souches pour restaurer ou reconstruire des organes ou tissus. Les deux principaux candidats sont les cellules souches embryonnaires et les cellules souches pluripotentes induites. Les CSE sont les premières à avoir été découvertes. Elles proviennent de l'embryon et nécessitent sa destruction pour être extraites. De ce fait, elles présentent des problèmes éthiques. Les cellules souches pluripotentes induites, elles, ne nécessitent qu'un prélèvement de petits morceaux de peau. De plus, elles comportent l'ADN du patient et peuvent facilement être réinjectées. Cependant, par les modifications génétiques induites, ces CSPi sont plus susceptibles de former des tumeurs. Ainsi, elles sont pour l'instant plus risquées que les CSE. Pour des raisons éthiques, il serait préférable de travailler, quand c'est possible, avec des cellules souches issus du patient lui-même sans passer par le clonage nécessaire à l'obtention de cellules embryonnaires. Cependant, deux obstacles majeurs existent actuellement pour l’utilisation des cellules souches : Nous avons encore une assez faible connaissance des facteurs qui peuvent entraîner la différenciation d’une cellule souche vers tel ou tel type de cellule (cellule cardiaque, cellule 3 Sciences pour le Monde Contemporain nerveuse...) et l’on ne peut pas introduire directement dans le corps des cellules souches sous peine de les voir se développer en formant une tumeur. Nous ne disposons que de très peu de cellules souches (embryons rares, cellules souches adultes rares) Face à la rareté de ces cellules, il existe deux stratégies : Soit réaliser un clonage thérapeutique pour obtenir de nombreuses cellules souches embryonnaires (on introduit le noyau d’une cellule d’un adulte dans un œuf vidé de son propre noyau, l’œuf se développe en une multitude de cellules pluripotentes (CSE) ayant le même programme génétique que l’adulte (c’est comme cela que l’on a obtenu Dolly) Soit se dédifférencier (faire passer de l’état différencié à l’état de cellule souche, c’est-à-dire « revenir en arrière ») des cellules communes de l’adulte, par exemple des cellules de peau. La dédifférenciation de cellules souches de peau en cellules presque identiques à des cellules souches embryonnaires (CSE) vient juste d’être obtenue par une équipe japonaise. C’est une étape fondamentale vers l’utilisation « facile » des cellules souches pour réparer le corps humain. 4