Dépistage du cancer du sein par la Cnas : Les spécialistes sont-ils mis à contribution ?
D’ aucuns s’ interrogent sur la non-implication des sénologues, des radiologues spécialisés et des oncologues dans
le dépistage du cancer du sein lancé en janvier dernier par la Caisse nationale d’ assurance sociale (CNAS) pour plus
de 30 000 femmes âgées de plus de 40 ans affiliées à la CNAS.
Cette opération, dont le coup d’ envoi a été donné par Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, à
partir du centre de traitement et de dépistage précoce du port d’ Alger en janvier dernier, se déroule au niveau de
quatre centres régionaux (Maghnia, Constantine, Jijel et Laghouat) de dépistage relevant de la CNAS en sus du
centre Alger-Port qui se charge de la coordination entre les centres régionaux via Internet à travers des appareils de
radiographie numériques qui traitent les données en un temps relativement court. Ce dépistage se fait sous la
supervision d’ une équipe composée d’ employés de la CNAS, dont 11 spécialistes en radiologie et des assistantes
sociales chargées de la sensibilisation quant à l’ importance du dépistage précoce du cancer du sein.
Les femmes concernées sont invitées par courrier. Ces centres ont-ils réellement les moyens (humains et matériels)
d’ assurer une telle opération qui nécessite des compétences spécifiques ? Les radiologues de la CNAS sont-ils
suffisamment armés pour mener à bien un dépistage exigeant des connaissances et un savoir-faire ? Le dépistage «
obéit à des règles et des critères de qualité quant aux appareillages et aux manipulateurs », a précisé le professeur
Bendib, chef du service de sénologie au CPMC. Il estime que les radiologues et les manipulateurs doivent bénéficier
d’ une formation spécifique au dépistage du cancer du sein.
Le centre de radiologie doit se soumettre à la réglementation en vigueur en matière de contrôle de qualité des
installations de mammographie par l’ accréditation validée par l’ Etat, note un spécialiste en radiologie. « Le
matériel doit répondre aux normes et être contrôlé. On ne peut pas se féliciter d’ une telle opération si l’ on a
détecté des cas positifs, lesquels seront pris en charge à temps. Le risque est dans l’éventualité de voir des lésions
cancéreuses passer inaperçues et de déclarer des cas négatifs », s’ inquiète un spécialiste de la question. Interrogé
à ce propos, le docteur Allami, directeur des activités sanitaires et sociales à la CNAS, signale que l’ opération est
menée par des radiologues formés dans ce sens, elle est supervisée par un expert en radiologie. « Ils sont spécialisés
en radiologie et peuvent facilement manipuler un mammographe », a-t-il ajouté. Grâce aux progrès thérapeutiques
et au dépistage, 85% des cancers du sein peuvent être guéris. Les spécialistes affirment que lorsque la taille de la
tumeur est inférieure à 1 cm, sans envahissement ganglionnaire, les chances de survie à cinq ans sont d’ au moins
90%, alors qu’ elles sont de l’ ordre de 55% en cas d’ atteinte ganglionnaire (plus de trois ganglions envahis).
La mise en place d’ un dépistage précoce organisé au niveau national est plus qu’ une priorité aujourd’ hui,
puisque le nombre de cas ne cesse d’ augmenter. 7000 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués chaque
année en Algérie. Une incidence en nette augmentation et la maladie touche particulièrement les femmes jeunes. Les
spécialistes tirent la sonnette d’ alarme et plaident pour un plan national de lutte contre le cancer, toutes formes
confondues, pour tenter de freiner son évolution. « Les circuits et les moyens de traitement sont inaccessibles dans
les délais acceptables et 80% des cas arrivent au stade métastasique », avait déclaré le professeur Bouzid,
oncologue au CPMC, lors de la journée parlementaire organisée il y a quelques mois à l’ APN.
Il avait déploré l’ inexistence de dépistage de masse, de compétence nationale en mammographie de dépistage,
bien que le parc en mammographes soit suffisant mais non soumis à accréditation et contrôle de qualité validé par
lEtat. Un cri de détresse qui n’ a pas encore trouvé écho des autorités sanitaires et même à haut niveau. Cependant,
il est important de signaler que le ministère du Travail et de la Sécurité sociale est sensibilisé à la question ; il a lancé
l’ opération de dépistage. Une initiative engagée dans la perspective d’« alléger les coûts qu’ engendre la prise en
charge du cancer du sein en Algérie », avait déclaré Tayeb Louh.
Les premiers résultats de ce dépistage pour le premier trimestre 2010 révèlent que 2807 femmes ont bénéficié
d’ une mammographie. Ces consultations ont permis, selon le docteur Saïd Allami, la détection de 15 cas de cancer
du sein à un stade « plus ou moins avancé » et 38 cas suspects, soit 0,53% de l’ ensemble des femmes qui ont subi
ces examens médicaux au niveau des centres concernés. Les cas révélés positifs ont été orientés vers le médecin
consultant du centre ou les médecins conventionnés. Les différentes structures sanitaires en charge du cancer du