La grande enquête pour l’opération d’assainissement a commencé en 1990. Les
fonctionnaires des préfectures semblaient démunis pour imaginer le fonctionnement réel des
missions prises en charge par les entreprises de sécurité concernées alors que ces dernières
demandaient des certitudes juridiques.
Enquête auprès de dirigeants d’entreprises de gardiennage et de surveillance
Il y a une omniprésence des dénonciations de la corruption et des déviances
organisationnelles. Cela s’explique par la forte personnalisation des rapports de confiance
entre les donneurs d’ordre privé et public, cela se traduit par le fait que le « marchandage » est
une forme obligée pour obtenir un marché.
Il y a des scandales relatifs à la sous-traitance et au recrutement des agents de sécurité.
Progressivement, l’opposition entre une « police républicaine » censée incarner à elle
seule le bien public et un « marché de la peur » qui ne s’intéresse qu’à la rentabilité financière
sans se soucier de la morale et des droits de l’Homme diminue. Les sociétés de sécurité
privées essaient de convaincre leurs clients que la nature des prestations offertes changeait et
pouvait devenir irréprochable. Une nouvelle génération de dirigeants d’entreprises de sécurité
et de protection émergea dans les années 1990, elle était sans préjugé sur les questions de
sécurité, elle avait juste senti que la sécurité devenait un créneau porteur. Ces nouveaux
dirigeants sont moins crispés que leurs prédécesseurs sur les valeurs « loi et ordre », ils
veulent contribuer à ce besoin de reconnaissance et de normalisation du secteur de la sécurité.
La thèse développée par les deux criminologues canadiens plus haut (une
complémentarité ou une légitimité virtuellement équivalente des deux types de prestations) ne
s’est pas confirmée dans les faits. Les agents publics contrôlaient sur le terrain encore très
largement les modalités d’exercice du policing privé.
N.SOUTH a testé les rapports entre le policing privé et le policing public pour tester à
la solidité de l’hypothèse des quatre « C ». Il a conclu à l’existence de traces de
complémentarité, de concurrence, de compromis ou de contournement.
En France, l’auteur note qu’il n’observe aucune interaction entre vigiles et policiers.
Cela montre selon lui la faiblesse de cette profession. La faible légitimité publique des
prestataires privés est liée à l’histoire de la France selon l’auteur et cette faible légitimité
explique le besoin des acteurs privés d’entrer dans des logiques de reconnaissance publique.