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La crise financière mondiale est un défi pour les marchés, les États nationaux et les
organisations internationales qui a galvanisé la société civile. La recherche d'une réponse
appropriée à la crise semble être impossible sans une participation directe et active des
structures sociétales fondées sur les concepts de solidarité, de droits de l'homme et de
tolérance, unis sous l’appellation « société civile ». La nature planétaire des défis nous incite
à rechercher un large consensus quant à l'interprétation à donner et l’analyse à faire des
principales caractéristiques de ces défis ainsi que des manières de les surmonter.
La complexité de la crise mondiale nécessite une réflexion quant aux actions qu'il convient
d'entreprendre pour relancer le développement national et international. L'instabilité mondiale
et la perte de dynamisme des économies constituent les aspects les plus visibles de la crise,
avec ses réverbérations sociales, environnementales, politiques et culturelles, qui nécessitent
un nouveau paradigme de la société et du développement. La crise a eu un profond impact
négatif sur les stratégies de développement dans de nombreux pays et a mis en évidence les
déséquilibres régionaux sur les plans économique et social. Les pays pauvres ont été
particulièrement touchés par cette crise et ils méritent qu'on les aide afin de restaurer un
équilibre économique et une confiance à l'échelle internationale.
Cette instabilité s'étend à des pays avec des niveaux de développement et des caractéristiques
géographiques variés, ce qui souligne le caractère systémique de la crise. Cela démontre le
caractère non durable du modèle de mondialisation et des normes de développement actuelles
de la plupart des pays.
L'internationalisation des systèmes financiers a modifié la nature et les déterminants des
dynamiques économiques mondiales : la juxtaposition de la déréglementation des marchés et
des innovations financières, la mobilité des capitaux, la volatilité des taux d'intérêt et les
« guerres entre les monnaies » ont, d'une part, limité les résultats susceptibles d’être atteints
par les politiques macro-économiques nationales et, d'autre part, elles sont à l'origine de la
crise de la balance des paiements à laquelle les économies émergentes et avancées sont
confrontées.
L'aggravation de la crise a provoqué une augmentation du chômage dans le monde entier,
restreint l'accès aux droits sociaux, suscité l'incertitude quant à l'avenir, en particulier parmi
les jeunes, les femmes et les autres groupes sociaux vulnérables. Dans le secteur de la
production, la perte de confiance et de dynamisme a réduit l'emploi dans l'industrie et
l'agriculture et accéléré les mutations structurelles de l'emploi dans le secteur des services,
tout cela exacerbant les tensions sociales.
Le progrès technologique, les tendances démographiques et le passage progressif à une
économie à faible teneur en carbone suscitent des changements rapides en ce qui concerne les
qualifications et les compétences nécessaires sur le marché du travail, marqués par une forte
croissance de nouvelles activités. Toutefois, la plupart des pays ne sont pas en mesure de
faire des politiques de l'éducation une priorité pour l'insertion des jeunes dans le monde
productif, ce qui limite le potentiel de développement après la crise et réduit la demande de
politiques urgentes ou compensatoires.
La réduction des taux de croissance fait que l'on porte moins attention à l'utilisation
responsable des ressources environnementales, ce qui accroît les problèmes des communautés
locales et suscite à long terme des obstacles au développement.
À mesure que la crise s'est approfondie, les niveaux d'inégalité entre les pays et à l'intérieur
de ceux-ci, indépendamment de leur degré de développement, ont fait de même. La
perspective d’une croissance de la population mondiale vivant dans une pauvreté absolue est
synonyme de nouvelles famines et d'insécurité alimentaire, de travail précaire, de maladies,