1. À partir de vos connaissances et du document 1, vous expliquerez les conséquences de la division du travail selon Adam Smith.
Rappel de méthode : introduction à l’on dit pourquoi Smith se pose cette question ; définition principale des termes ; puis explication à
partir du cours et de l’utilisation de citations.
Adam Smith est un économiste écossais né en 1723 et décédé en 1790. Après une carrière de philosophe, il devient précepteur et son
voyage à Paris lui permet de rencontrer les premiers économistes de l’époque, c'est-à-dire les physiocrates Turgot et Quesnay. Dans les
mêmes années 1760-1770, il observe de lui-même les transformations économiques qui affleurent en France mais surtout au Royaume-
Uni. Il se demanda : quelle est la source de la croissance économique et quel est le rôle de la division du travail dans ce phénomène ?
Pour Adam Smith, la division du travail recouvre deux phénomènes différents. On constate dans la Recherche sur la nature et les causes
de la richesse des nations deux formes – deux niveaux – de division du travail (DT), d’une part une division technique du travail (DTT) et
d’autre part une division sociale du travail (DST). La DTT est un type d’organisation du travail au sein de l’unité de production : elle
renvoie uniquement à l’idée d’une spécialisation des employés tout au long du processus de production. La DST désigne l’organisation de
la société en différents métiers spécialisés chacun dans la production d’un petit nombre de produits.
Les conséquences de la DTT et de la DST sont identiques. En se spécialisant soi-même dans un métier, forme de DST, tout comme en
spécialisant les employés d’un entreprise à une tâche particulière, forme de DTT, les individus vont tirer trois avantages directs de leur
spécialisation. Premièrement, la spécialisation dans l’effectuation d’une tâche rend les individus plus habiles. Le chasseur à temps plein
est par exemple meilleur chasseur que celui qui est en même temps pécheur, tanneur, boucher, maçon et forgeron. Deuxièmement, la
spécialisation dans l’effectuation d’une tâche évite les pertes de temps liées au changement de tâches. Le chasseur à temps plein peut
rester plus longtemps dans la forêt pour chasser, tandis qu’il devrait retourner au village et perdre donc le temps du trajet s’il était
également maçon. Enfin, la spécialisation dans l’effectuation d’une tâche permet aux individus de produire des innovations de procédé
qui leur facilitent le travail. Un chasseur qui connaît bien les différents types d’animaux pourra, par l’expérience, créer une arme
spécifique pour chasser chaque animal. Ces trois avantages directs se résument chez Smith par l’idée de « perfectionnement de l'activité
artisanale et manufacturière ».
Les formes de DT, et donc le perfectionnement des activités de production, permettent alors l’existence de gains de productivité source
d’augmentation de la production, ce que Smith appelle « puissance productive manufacturière » ou encore richesse des nations. Par la
croissance des talents et les gains de temps, les individus sont désormais capables de produire plus avec un temps de travail identique à
auparavant. Il y a donc des gains de productivité qui se traduisent par l’augmentation de la production si le temps de travail reste le même.
C’est l’exemple que donne Smith : en stimulant « considérablement les manufactures chinoises » qui se spécialiseront pour répondre à la
demande étrangère, la production chinoise devrait augmenter.
2. Expliquez la phrase soulignée. (document 1)
Rappel de méthode : explication (pas paraphrase) à partir des mécanismes vus en cours et de l’utilisation de citations.
Selon Smith, l’intensité de la division du travail dépend de la taille du marché dans lequel s’effectuent les échanges. Dans un marché
comportant peu de vendeurs et d’acheteurs, un individu voulant échanger devra fournir des produits généraux pour être sûr de pouvoir
échanger avec le plus d’individus possibles. Il n’y a pas d’incitation individuelle à se spécialiser dans un petit marché. Un petit village
d’Ecosse dispose ainsi d’une bouchère pour tous les types de viande et qui est en même temps tanneur des peaux ; tout comme il dispose
d’un tailleur produisant tous les vêtements possibles, du chapeau aux sous-vêtements ; tout comme il dispose d’une forgeronne façonnant
aussi bien des outils que des bijoux. Dans un marché comportant beaucoup de vendeurs et d’acheteurs, un individu peut se spécialiser
fortement car il peut fournir des produits spécifiques sans crainte de ne pas avoir assez de clients potentiels. Il y a une incitation
individuelle à se spécialiser à mesure que le marché s’agrandit. Dans le cas de la Chine du temps de Smith, « la multitude de ses
habitants », acheteurs et vendeurs de produits potentiellement très différents, reliés entre eux grâce aux « transports par voie d’eau » dans
un même marché, incite fortement à « une division du travail très poussée » : le vendeur de riz de Pékin sait qu’il peut se spécialiser
uniquement dans la vente de riz car il peut vendre ses produits aussi bien à Shanghaï qu’à Nankin ou Canton. Et Smith prédisait que cette
division du travail pourrait s’intensifier « en ajoutant à ce vaste marché intérieur les marchés extérieurs de tous les autres pays du
monde », ce que le phénomène de la mondialisation a désormais permis.
3. En quoi l'évolution récente de l'économie chinoise présentée dans le document 2 confirme-t-elle l'analyse d'Adam Smith ?
Rappel de méthode : explication de la pertinence de l’exemple en rappelant d’abord les thèses vues dans les questions 1 et 2 et de
l’utilisation de citations.
Selon Smith, la richesse des nations dépend de la taille du marché dans lequel s’effectuent les échanges : plus un marché comporte de
vendeurs et d’acheteurs, plus la division technique et sociale du travail est importante, et plus la production peut augmenter suite aux
gains de productivité.
Ce raisonnement s’applique parfaitement à l’évolution de la Chine. En s’insérant dans les échanges mondiaux à partir des années 1970,
donc en augmentant la taille du marché accessible aux Chinois, la Chine a à la fois modifié sa spécialisation et donc ses formes de
division du travail, et augmenté sa production. L’insertion de la Chine dans les échanges mondiaux débute dans les années 1970 et s’est
amplifiée depuis. Selon Hale & Hugues-Hale, « le total des exportations du pays a été multiplié par huit entre 1990 et 2003 » et « la part
de la Chine dans les exportations mondiales a atteint 6% en 2003 contre 3,9% en 2000 », signe d’une insertion croissante dans les
échanges mondiaux. Dans le même temps, la Chine a modifié ses spécialisations et donc ses formes de division du travail en abandonnant
« l'exportation de produits de bas de gamme au profit de produits de haute technologie ». La richesse de la Chine a dans le même temps
augmenté : alors que la Chine se plaçait parmi les pays aux PIB/hab moyens dans les années 1960, « la Chine représentait 16% de la
croissance économique mondiale, se classant deuxième derrière les Etats-Unis » en 2003.