Monsieur le Préfet Monsieur le Député-Maire d’Annecy le Vieux Mon Colonel, commandant le 27ème BCA, Chef de Corps Monsieur le Vice-président du Conseil Départemental Mon Général, Président de l’Association des Glières Monsieur le Chef de Service de la Police Municipale d’Annecy le Vieux Messieurs dames les élus représentant les différentes Municipalités. Messieurs dames les Présidents des Associations Patriotiques Messieurs les Porte drapeaux Mesdames et Messieurs Merci de votre présence à cette cérémonie du souvenir pour rendre hommage à la mémoire de nos deux héros, Richard Andrès et Léon Bouvard lâchement assassinés par les forces nazies d’occupation le 18 janvier 1944. Ils ont été assassinés par ce qu’ils ont refusé de se soumettre. Ils sont allés jusqu’au sacrifice extrême pour la liberté, la dignité humaine et l’amour de leur pays. Richard Andrès, d’origine espagnole parlant les deux langues avait su diriger vers les Maquis les républicains espagnols qui désertaient les Compagnies de Travailleurs Etrangers, encadrés par la police de Vichy. Chef du SAP (Service des Atterrissages et Parachutage) de l’Armée Secrète pour la Haute Savoie, il fut la cheville ouvrière et acteur de premier plan dans le processus, les démarches et l’action pour obtenir auprès des Alliés les armes libératrices. Léon Bouvard, français, Résistant très engagé, toujours disponible pour « tous les coups de main ».Militant dans le mouvement de Résistance « le Coq enchainé » dès 1941 dans un cercle très restreint de Résistants à l’Auberge du Lyonnais, Annecy. Brillant symbole représenté par ces deux hommes, de ce que fut cette résistance unie, sans distinction d’origines, d’opinions politique ou religieuse. Mais avec un idéal commun, rétablir la République garante des valeurs humaine, de Liberté, d’Egalité et de Fraternité. Aujourd’hui, réuni au sein du CRD74, notre action, a comme objectif principal, la transmission de la mémoire aux jeunes générations. Ces jeunes, futurs citoyens, informés du sacrifice de tous ceux qui a une époque aussi sombre et trouble, avaient su se déterminer, s’engager et combattre pour rétablir la Liberté, seront garants de la paix. Inlassablement nous devons continuer notre travail de mémoire et réflexion avec le monde scolaire pour tendre vers un monde de fraternité et de paix. C’est notre combat. Sur ce sujet j’aime à rappeler une citation de Jean-Jacques Rousseau : - La patrie ne peut subsister sans la liberté, ni la liberté sans la vertu, ni la vertu sans les citoyens, or former des citoyens n’est pas l’affaire d’un jour ; et pour les avoir hommes il faut les instruire enfants. Cela m’amène à remercier chaleureusement Monsieur Alain Dumortier Directeur de l’Ecole de Sur les Bois pour son engagement dans le devoir de mémoire. Remercier ses élèves qui le suivent dans cet engagement. Merci aussi aux parents qui accompagnent ses enfants. Vraiment, Monsieur le Directeur nous nous réjouissons de votre participation à cette cérémonie. C’est toujours avec beaucoup d’émotion qu’à l’occasion de l’hommage rendu à nos deux héros, nous pouvons nous remémorer leur parcours de Résistants. Léon bouvard, chauffeur de car à l’entreprise Gruffy a fait partie de ceux qu’on a appelés, « Sédentaire de la Résistance ». Ces résistants ont joué un rôle très important. En effet, en restant dans la vie active ils avaient accès à toutes sortes d’informations précieuses pour la Résistance. Certains avec la complicité de leurs employeurs occupaient des postes à mi-temps et utilisaient leur matériel ou outils professionnels pour des actes de résistance. Ces postes existaient dans quelques petites entreprises, dans certains bureaux administratifs de Mairies et de la Préfecture et bien sûr à une plus grande échelle chez les cheminots et chez les postiers. Léon Bouvard outre son travail restait super actif dans ses actes de résistant. Sur Annecy il a participé vraisemblablement à tous les coups de mains, aux actions de Résistance effectués à partir de l’Auberge du Lyonnais. Pour Richard Andrès, tout commence le 18 juillet 1936 avec la guerre d’Espagne. En fait, le début de la deuxième guerre mondiale. La jeune République espagnole est attaquée par la coalition fasciste Franco-Hitler-Mussolini. La République est victime d’une politique de dupes initiée par la Grande Bretagne et à laquelle malheureusement adhère la France ; la triste politique de NON INTERVENTION, magnifique passoire permettant de laisser passer tout le matériel de guerre nécessaire à Franco et ses alliés ; mais paralysant celui indispensable aux Républicains dans leur courageuse lutte contre le fascisme. Hitler a les mains libres pour les essais et mise au point de tout son matériel de guerre ; avions, tanks, bateaux, etc. Ainsi que les techniques de combat. Les hommes aussi y seront entrainés. La Légion Condor aura en permanence entre 15 et 20 000 hommes. A la fin de la guerre ce sera 500 000 qui aurons fait leur stage en Espagne. Pour célébrer la victoire en avril 1939, ils défilent à Berlin et sont félicités par Hitler. C’est cette armée d’élites, avec un matériel de guerre moderne et performant qui sera capable de faire Berlin Paris en quelques semaines. L’armée française considérée comme la meilleure au monde est anéantie. En juin 1940 la France connait le plus grand désastre de son histoire. Il n’y a plus rien d’un seul coup ; plus d’armée, plus de gouvernement ; plus de légitimité. Mais dans ce chaos, cette tourmente, alors que tout semble perdu une voix s’élève qui va donner espoir ; c’est l’appel du Général De Gaulle. Prophétique appel, tout ce qu’il dit se réalisera. Mais combien étaient-ils à avoir entendu cet appel ? Richard Andrès l’a entendu, comprit le message induit et répondu ; il faut se battre pour redonner à la France son rang, son rôle, sa mission. Se battre pour rétablir la République, redonné au Pays son honneur et que vive la France éternelle. Le comte Jean-François de Roussy de Sales avait entrepris une biographie de Richard Andrès, séduit qu’il fut par le personnage. On apprend qu’Andrès de par son origine espagnole est sensible au dénouement de la guerre d’Espagne. L’analyse des évènements lui fait pressentir le drame qui va s’abattre sur la France. On comprend pourquoi Richard Andrès est déjà sur le pont à l’appel du Général De Gaulle. Richard Andrès s’implique totalement dans la Résistance dès la première heure. Il milite dans le mouvement « Le coq enchaîné » puis dans le mouvement « Combat » de François de Menthon. Il organise les premiers Maquis.Contribue à l’organisation de l’Armée Secrète. Mais surtout il permet aux républicains espagnols qui désirent reprendre le combat qu’ils avaient commencé en Espagne contre le fascisme et le nazisme de déserter les compagnies de Travailleurs Etrangers et rejoindre les Maquis. Ces maquis ont un comportement exemplaire. Par leur discipline, leur efficacité, leur loyauté ils sont appréciés et admirés par l’Etat Major de la Résistance. A leur actif, toujours sur ordre : couper des lignes électriques, téléphoniques, attaquer des convois allemands, dévaliser des trains de marchandise à destination de l’Allemagne, sabotage de l’usine à Billes(SRO à l’époque) pour stopper la fabrication des roulements indispensables à l’armée allemande. Cette dernière action plusieurs fois répétée jusqu’au bombardement définitif de l’usine par les Anglais. Avec ces maquis Andrès prend de plus en plus d’importance. En juillet 1943 il est nommé chef du SAP (Service des parachutages et Atterrissages) pour l’Armée Secrète de la Haute Savoie. Ce service comprend la coordination avec l’Angleterre par messages radio ; trouver des terrains pour les parachutages ; organisation des réceptions des armes, etc. etc. Il installe son émetteur récepteur radio à la pension du Mont Fleuri à Albigny d’où il effectue ses émissions radio avec Londres. A la mi-septembre 1943 arrive en Haute-Savoie la mission Interalliée baptisée « Musc » Qui vient afin d’évaluer le potentiel en combattants susceptibles d’être armés. Andrès va conduire cette mission dans sa tournée des Maquis. Un travail considérable tombe sur ses épaules. La mission Musc, les Maquis espagnols, le Service SAP. Il doit déployer une activité débordante. Tant d’activité ne peut pas être ignorée de la Gestapo. Peu à peu l’étau de la Gestapo va se serrer sur lui. Sa tête est mise à Prix. Ainsi jusqu’à ce jour du18 janvier 1944 ou le hameau de Sur les Bois est investi par une Section de la Wehrmacht. Des Allemands, il y en a partout, témoigne un habitant. Un barrage à la fin de la courbe et trois automitrailleuses judicieusement disposées de part et d’autres de la route, dont une sur le château d’eau , attendent l’arrivée de la voiture qui transporte Richard Andrès et Léon Bouvard. Celui-ci est au volant. Ils rentrent de mission avec un précieux chargement : un poste émetteurrécepteur radio destiné à la coordination avec l’Angleterre par messages codés pour l’organisation des parachutages. Il est aux alentours de 17 heures quand la voiture se présente devant le barrage. Sans aucune sommation les trois automitrailleuses entrent en action et déchargent leur mitraille sur Richard Andrès et Léon Bouvard. Le vrombissement des mitrailleuses résonne jusqu’aux parois du Parmelan. Les habitants du hameau sont paniqués. Les deux filles d’Alphonse Garnier, Léa et André, 18 et 20 ans, ont suivi la scène depuis la fenêtre de leur maison toute proche. La nuit est bien avancée quand Monsieur Alphonse Garnier, aidéd’un voisin dépose les corps des deux Résistants sur une charrette et les transporte au local des pompiers juste au-dessus de l’école. Le lendemain la Municipalité d’Annecy le Vieux leur offrira une sépulture au cimetière de la Ville. La Haute-Savoie est le premier département de France libéré par ses propres forces de la Résistance et grâce aux armes parachutées par les Alliés. Richard Andrès n’a pas connu le bonheur de la Libération. Léon Bouvard non plus, ainsi que tant d’autres. Mais leur engagement et leur détermination ont abouti à la victoire de laquelle ils n’ont jamais douté. Aujourd’hui, le plus bel hommage que nous pouvons leur rendre est de ne pas oublier. Ne pas oublier que pour conquérir la liberté donc nous jouissons, beaucoup d’hommes et de femmes, ont succombé, sous les balles des mitrailleuses nazies, face au peloton d’exécution, dans leur maison incendiée, dans les Camps d’extermination. A cette époque on écoutait avec fébrilité la BBC de Londres espérant entendre l’annonce du débarquement mais en attendant on écoutait l’hymne de la Résistance « Le Chant des Partisans » interprété par Anna Marly. Ce chant a été composé par Anna Marly pour la musique et par Joseph Kessel et Maurice Druon pour les paroles. En hommage à nos héros, nous l’écoutons maintenant.