28 septembre 2010 «COOP BASHING» La semaine dernière fut fertile en événements médiatiques. Après Jean Charest sous les réflecteurs de la Commission Bastarache, Carey Price sous les huées au Centre Bell et Bonhomme Carnaval représenté en mafieux, on a pu suivre les gens de l’émission La Facture dans le milieu des coopératives de santé au Québec. Cette émission jouit d’une forte exposition et, moyens techniques à l’appui, elle peut écorcher la crédibilité de petites entreprises d’économie sociale qui reposent sur les efforts de citoyens bénévoles agissant de bonne foi pour le bénéfice de leur communauté. Évoquant la bonne foi, je ne sais comment qualifier le plan de l’émission de trente minutes qui réussit à amalgamer le modèle Coop-santé et celui de Club-santé, ce dernier relevant d’une autre forme de propriété : la propriété privée à but lucratif. Des téléspectateurs moins avisés de notre entourage ont été tout simplement confondus par le stratagème. Une journaliste de la radio locale (Mauricie) est elle-même tombée dans le panneau : dans son bulletin de nouvelles on laisse entendre que la double facturation, pratiquée semble-t-il dans ces «Clubs», serait aussi appliquée par des professionnels en clinique coopérative. Le téléphone arabe… Quant au fond de l’enquête, on constate qu’elle est basée sur les plaintes de personnes n’ayant pu trouver de médecin de famille à notre clinique. Pourquoi a-t-on omis d’interviewer les membres du personnel (secrétaires et infirmières) et de l’équipe médicale sur les caractéristiques de notre clientèle, par exemple sur la proportion «coop» et «non-coop» que notre index-patient démontre bien. Un (une) recherchiste perspicace aurait constaté qu’un patient sur dix consultant chez nous n’a pas adhéré à la Coop, qu’il est inscrit sur les mêmes plages horaires et qu’il a droit aux 1 mêmes égards que le «participant» : il s’agit d’une Coopérative de Solidarité. Solidarité implique participation et générosité : Participation à la mission de l’entreprise qui est celle de dispenser à sa communauté des services de santé, préventifs et curatifs de première ligne. Participation, par une contribution financière, à la conservation, l’entretien et l’amélioration des actifs (mobilier, équipement médical, de bureautique et de communication) qui ont été cédés à la Coop par les médecins de leur Clinique au moment du démarrage le 1er avril 2006. La contribution annuelle a aussi servi à l’embauche de deux infirmières qui collaborent avec nos cinq médecins dans leur travail clinique : protocoles d’évaluation et de soins de maladies chroniques et assistance privilégiée aux patients vulnérables. Générosité : c’est le principe de la mutuelle; nos patients plus malades reçoivent plus de services liés à leur condition que les bienportants. Cela va de soi. Générosité : notre patient non-participant à la Coop utilise les locaux loués et entretenus par l’ensemble des membres. Il profite aussi du soutien clérical des employés de la Clinique : prise de rendez-vous et tenue de dossiers. Générosité : la Coop-Santé a aussi créé un fonds d’aide (confidentiel) dédié aux personnes moins fortunées et désireuses de se joindre à la Coop. «La Facture» en aurait-elle raté une autre? Le citoyen participant et généreux y trouve aussi des bénéfices : Il a son droit de parole et de mise en candidature à l’Assemblée annuelle des membres. Ses interventions servent à orienter l’évolution de sa Coop et de sa Clinique de quartier. De simple bénéficiaire, de consommateur, il devient un acteur influent dans son milieu. 2 Il peut participer à l’élaboration de la Journée-Santé annuelle (3e édition en 2010) et y assister à titre de «VIP» (frais réduits). Il peut participer gratuitement aux ateliers pour petits groupes, en psychologie et en nutrition, organisés par la Coop dans les locaux de la Clinique médicale. Il est exempté des frais liés aux formulaires de toutes sortes (SAAQ, assurances, impôts, etc.) de même qu’aux prescriptions remplies hors rendez-vous. Ces frais ne sont pas couverts par la RAMQ. Le modèle Coop-Santé innove au Québec depuis une quinzaine d’années. Sa dernière poussée de croissance, depuis 2005, correspond à la fermeture (entre 2000 et 2004) de près de 30% des cliniques de quartier, décimées à la fois par le sous-financement et l’absence de vision quant au recrutement et à la rétention des médecins. La Coop-Santé offre sa collaboration aux CSSS qui ont la «responsabilité populationnelle» sur leur territoire. La Coop, pour sa part, vise à rendre le citoyen responsable. Pourtant, on pouvait lire en A 5 de La Presse du 21 septembre dernier : «Les coopératives de santé peuvent devenir ‘‘le cheval de Troie’’ qui va démolir notre système de santé». Je me permets d’ajouter : «…comme Alphonse Desjardins aurait pu mettre l’État en faillite…». Le docte auteur (docteur…) de cette sévère mise en garde seraitil en proie à des troubles de perception? La participation citoyenne seraitelle une menace…? «Bashing» : action de rosser, rosserie, selon Harrap’s. La rosserie de la Coop a fait les manchettes. Forts des 25 ans d’opération de notre Clinique et de 5 ans d’efforts de notre Coop-Santé, nous, membres actifs (citoyens) et membres de soutien (médecins), encaissons le coup. Nous continuerons à travailler de concert avec les organismes de santé régionaux et sous l’égide de la Fédération des Coopératives de services à domicile et de santé du Québec (FCSDSQ) en vue d’établir la crédibilité et l’utilité du modèle coopératif en santé. 3 Souhaitons finalement que cet épisode de «vent mauvais» amène l’ensemble des Coops-Santé du Québec à se regrouper au sein de notre Fédération. Selon la devise «Plus forts ensemble», en adhérant au cadre de référence déjà publié par la FCSDSQ, les coopératives québécoises pourront s’affirmer et mieux se positionner dans leur milieu respectif. Signé : Y-Laurent Godbout, médecin, Directeur médical, Équipe de médecins de famille (EMF), Clinique médicale de Pointe-du-Lac, membre du Conseil d’administration du CSSSTR, membre actif de la Table médicale territoriale de Trois-Rivières. Référence : M. Claude Béland, article www.claudebeland.org le 20 septembre 2010 publié sur le site : Cc : Dr Yves Lamontagne, Président-directeur général, Collège des médecins du Québec Dr Louis Godin, Président, Fédération des médecins omnipraticiens du Québec Dr Pierre Martin, Président, Association des médecins omnipraticiens de la Mauricie M. Jean Gouin, Directeur général, Fédération des médecins résidents du Québec Dre Yolaine Galarneau, Directrice de l’Organisation des services de première ligne intégrés, MSSS du Québec 4 Dr Benoît Gervais, Chef du Département régional de médecine générale de la Mauricie et du Centre-du-Québec Dr Réjean Duplain, Chef de la Table médicale territoriale de Trois-Rivières M. Yves Bouchard, Président, Conseil d’administration du CSSSTR M. Jacques Longval, Directeur général, CSSSTR Mme Nicole Dallaire, Directrice générale adjointe, CSSSTR Dr Eric Daugth, Directeur des Services professionnels, CSSSTR Dr Jean-Pierre Bergeron, Directeur adjoint des services professionnels, CSSSTR M. J. Benoît Caron, Directeur général, Fédération des Coopératives de soins à domicile et de santé du Québec M. Pierre Beaulieu, Président, Coop de Solidarité-Santé de Pointe-du-Lac et Vice-président, FCSDSQ, secteur santé M. Jean-Pierre Girard, Directeur, Institut de recherche et d’éducation pour les coopératives et les mutuelles de l’Université de Sherbrooke (IRECUS) Mme Hélène Simard, Directrice générale, Conseil québécois de la coopération et de la mutualité Mme Marie-Joëlle Brassard, Directrice de la recherche et du développement, Conseil québécois de la coopération et de la mutualité M. Claude Béland, ex-Président, Mouvement Desjardins Mme Lise jacob, Directrice à la direction des coopératives, Ministère Développement Économique, Innovation et Exportation M. Michel Clément, Coordonnateur, direction des coopératives, Ministère Développement Écolomique Innovation et Exportation Dr Bernard Gélinas, Médecin, Coop de Solidarité-Santé de Cantley 5 Dr Réal Lavertu, Médecin, Coop de Solidarité-Santé de Shawinigan, Dr Jocelyn Trudel, Médecin-chef, GMF de Grand-Mère et Coop de Solidarité-Santé Du Rocher Dr Marcel Déziel, Médecin, Clinique médicale St-Roch, Trois-Rivières M. Jean-Paul Diamond, Député à l’Assemblée nationale du Québec pour le Comté de Maskinongé M. Guy André, Député à la Chambre des communes, Ottawa, pour le Comté de Berthier-Maskinongé Mme Danielle St-Amant, Députée à l’Assemblée nationale du Québec pour le Comté de Trois-Rivières Mme Paule Brunelle, Députée à la Chambre des communes, Ottawa, pour le Comté de Trois-Rivières M. Michel Veillette, Conseiller municipal, Ville de Trois-Rivières 6