Bien qu’inconstant, le ratio des ventes au détail mensuelles chinoises par rapport à la production
industrielle enregistre une lente tendance à la hausse depuis 2008, et il semble qu’une nouvelle
progression s’opère dernièrement du côté de la consommation. C’est la raison pour laquelle je suis
moins inquiet que d’autres observateurs quant aux risques fréquemment cités auxquels pourrait
faire face l’économie de la Chine. Les dépenses des consommateurs chinois conservent un niveau
solide malgré le ralentissement de la production industrielle, de l’investissement, et en dépit des
efforts du gouvernement visant à restreindre les dépenses en produits de luxe.
Certains affirment qu’il ne faut pas se fier aux données chinoises. Personnellement, je ne vois pas
pourquoi les données du numérateur seraient plus ou moins fiables que celles du dénominateur.
Pourquoi les dirigeants chinois manipuleraient-ils les chiffres de la consommation tout en
permettant aux chiffres de la production industrielle d’enregistrer un déclin ? Il nous faut quoi qu’il
en soit travailler avec les données dont nous disposons.
Un cinquième indicateur réside dans les données liées aux échanges commerciaux en Corée du
Sud, qui sont systématiquement publiées le premier jour de chaque mois ultérieur à ces échanges,
soit plus rapidement que dans n’importe quel autre pays. La Corée du Sud dispose d’une économie
ouverte et de partenaires commerciaux aux quatre coins du monde, parmi lesquels les États-Unis,
la Chine, le Japon et l’Union européenne, de sorte qu’il est possible d’extrapoler sur la base de ces
données commerciales pour en tirer des conclusions sur la situation du commerce à travers le
monde.
Après avoir enregistré une tendance à la baisse ces dernières années, les échanges commerciaux
sud-coréens présentent depuis le mois de novembre dernier plusieurs signes de reprise,
notamment en termes de croissance des exportations, et ont significativement rebondi au mois de
janvier. De toute évidence, ces données s’inscrivent en contradiction avec les prévisions de tous
ceux qui annoncent actuellement le trépas de la mondialisation, d’autant plus que l’administration
américaine résolument protectionniste de Donald Trump pourrait bien faire reculer pour
longtemps le commerce mondial. Pour autant, les récentes données en provenance de Corée du
Sud laissent à penser que la mondialisation n’est pas encore à l’agonie, et que l’année 2017 débute
sur des bases satisfaisantes.
En réalité, si l’on exclut le scénario du pire sous la conduite de Trump, il est possible que le
phénomène de ralentissement du commerce mondial observé ces dernières années se révèle en fin
de compte temporaire. Il n’est pas impossible qu’il se soit agi d’un épisode singulier s’expliquant
par une multitude de facteurs parmi lesquels la crise de l’euro, la persistance d’une fragilité
économique dans de nombreux pays européens, l’importante baisse des prix des matières
premières, les ralentissement dramatiques observés au Brésil, en Russie et dans d’autres
économies émergentes, ainsi que la mise en œuvre de réglementations plus strictes pour les
banques internationales, qui ont sans doute mis à mal les financements commerciaux.
Le dernier indicateur majeur réside dans l’indice mensuel Ifo sur le climat des affaires en
Allemagne, qui rassemble des données cycliques utiles pour l’ensemble de l’Europe, eu égard à la
position centrale de l’Allemagne dans l’économie du continent. L’indice Ifo présente depuis
quelques mois des résultats positifs, même si les données étaient plus prometteuses en décembre
qu’au mois de janvier.
Considérés ensemble, ces six indicateurs me conduisent à estimer actuellement à plus de 4 % le
taux de croissance probable de l’économie mondiale. Or, il s’agit de la plus forte croissance
observée depuis plusieurs années – bien que le taux de croissance moyen de la dernière décennie, à
savoir 3,3 %, n’ait été que légèrement inférieur à celui de la décennie précédente – et d’un chiffre
proche du rythme observé avant cela pendant une vingtaine d’années. D’un autre côté, ces six