Réfute-t-on le Livre de Mormon ou une mythologie

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Périodiquement, les antimormons brandissent l’une ou l’autre trouvaille qui est censée être la
condamnation finale et définitive du Livre de Mormon, de Joseph Smith ou de l’Église. Vu les énormes
progrès réalisés ces dernières années dans la connaissance de l’ADN, il fallait s’attendre à ce que les
« anti » s’en servent comme arme. Avec la parution de l’article « Lamanite Genesis, Genealogy, and
Genetics », de Thomas W. Murphy, dans American Apocrypha, dirigé par Brent Metcalfe et Dan Vogel et
publié en 2002 par Signature Books (une maison d’édition qui publie les écrits d’intellectuels mormons ou
ex-mormons incroyants), c’est chose faite. Pour la facilité de nos lecteurs, nous synthétisons l’argument
comme suit : D’après le Livre de Mormon, les Lamanites sont les ancêtres de tous les Indiens américains.
Or leur ADN montre clairement qu’ils sont originaires d’Asie et non du Proche-Orient. Donc le Livre de
Mormon est un faux et c’est prouvé scientifiquement. Qu’en est-il vraiment ?
UNE TEMPETE DANS UN VERRE D’EAU
LES ETUDES SUR L’ADN ET LE LIVRE DE MORMON
par Brant Gardner
© FAIR
Les médias ont été tout en émoi au sujet de l’étude scientifique sur l’héritage génétique humain et le Livre
de Mormon. La raison : les déclarations faites par Thomas W. Murphy, étudiant en doctorat
d’anthropologie et actuellement directeur du département d’anthropologie au Edmunds Community
College de Washington. Nous pouvons voir l’orage qui gronde au-dessus de notre tête dans un article du
Los Angeles Times, qui dit à propos de M. Murphy :
« Murphy, qui a été mormon toute sa vie et se dit mormon sceptique, conclut que ‘le Livre de Mormon est
un roman du XIXe siècle. Et cela veut dire que nous devons reconnaître qu’il arrivait à Joseph Smith de
mentir [1].’ »
Rien d’étonnant donc à ce qu’avec une telle conclusion on ait l’impression que l’orage gronde au-dessus
du Livre de Mormon. L’orage paraît d’autant plus menaçant que Murphy affirme que ses conclusions
s’appuient sur la science moderne. Se pourrait-il vraiment que la science prouve que le Livre de Mormon
est un faux ? C’est lui qui le dit, mais ce ne sont pas des conclusions qui découlent d’un examen des
éléments en la matière. Les détracteurs du Livre de Mormon sont parvenus à la même conclusion que lui
depuis la publication du Livre de Mormon. La différence, c’est que Murphy prétend que la sienne repose
sur de nouvelles bases.
Il ne faut pas perdre de vue que ce qu’il cite ici, ce ne sont pas ses recherches personnelles en matière
de génétique, mais les recherches qu’il a faites en bibliothèque sur les travaux de tierces personnes. Ce
qu’il présente, c’est la synthèse de ce qu’il retire de ses lectures. La différence est essentielle, car elle
nous permet de comprendre comment il se fait que les chercheurs puissent avoir raison et M. Murphy se
tromper dans la lecture qu’il fait de ces recherches. Elle va nous permettre d’expliquer pourquoi le Dr
Michael Whiting, biologiste évolutionnaire à l’université Brigham Young, et « autorité dans le domaine de
l’ADN [2] » ne croit pas que la science de M. Murphy soit correcte [3]. Cela ne veut pas dire que c’est sa
méthode scientifique qui est défectueuse, c’est que ce n’est pas sa spécialité. Ce qui signifie que ses
conclusions ne sont pas en accord avec la science. Quand nous examinons la nature des données dont
nous disposons, nous constatons que ce n’est pas d’elles que découlent les conclusions tirées par M.
Murphy. Il a posé de mauvaises questions et, de ce fait, a obtenu de mauvaises réponses.
Il faut que le lecteur comprenne que le présent article n’a pas pour but de passer en revue le texte de
Murphy qui ne vise qu’à accrocher l’attention des médias, mais d’évaluer les données génétiques
disponibles et de voir ce que cela implique pour le Livre de Mormon au vu de ce que prétendent Murphy
et d’autres détracteurs du livre.
Pour comprendre pourquoi les conclusions de Murphy ne découlent pas des données existantes, il est
important de comprendre ce que les recherches sur l’ADN peuvent et ne peuvent pas faire.
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Et une fois que nous avons compris en quoi cette science consiste, il nous faut encore comprendre
correctement le Livre de Mormon. Ce n’est que quand nous aurons fixé ces bases que nous pourrons
tirer des conclusions correctes des données.
Que peut faire la génétique historique ?
Il y a un grand nombre de types d’études concernant l’ADN. Pour ne pas nous y perdre, nous nous
contenterons de parler des aspects des recherches sur l’ADN qui examinent les liens historiques de la
biologie ou, pour le dire simplement, la « génétique historique ». La plus courte des réponses à la
question de savoir ce que la génétique historique et les recherches sur l’ADN peuvent faire, c’est qu’elles
peuvent faire des choses étonnantes. Le caractère unique de divers aspects de l’ADN humain a permis
aux tests d’ADN d’identifier formellement les restes de victimes inconnues d’accidents. Étant donné que
nous héritons notre ADN de nos parents (et eux des leurs), l’ADN peut être utilisé pour retrouver les liens
biologiques familiaux [4]. Un des liens familiaux les plus passionnants provient de l’examen, en
Angleterre, d’un squelette vieux de neuf mille ans (appelé l’Homme de Cheddar), dont on a découvert le
descendant génétique direct qui vivait dans le voisinage même [5]. Ce qu’il ne faut cependant pas oublier
dans cette histoire, c’est qu’il a fallu un squelette bien déterminé et qu’on l’a comparé à une personne
bien déterminée à l’aide de multiples « marqueurs » génétiques. On n’a pas établi la parenté en
commençant par l’individu moderne et en le faisant remonter jusqu’au squelette.
Les savants ont utilisé la chimie biologique de l’héritage génétique pour remonter la piste de certains
ensembles de matériaux génétiques qui sont partagés par de nombreuses personnes dans des
populations apparentées. En examinant des sections déterminées d’ADN (marqueurs) qui sont en
commun, les savants peuvent reconstituer la lignée ou « lignée ombilicale » qui montre comment un
marqueur hérité peut être suivi à travers le temps jusqu’à un ancêtre commun [6]. Il y a une étude qui a
fait remonter l’ADN mitochondrial, qui n’est hérité que des femmes, à une « Ève génétique ». C’est ce
genre de recherche que Murphy cite dans son passage en revue des recherches actuelles. Ce sont là de
nouveaux outils remarquables dans notre boîte à outils historiques et ils font un travail splendide. La vraie
question, c’est comprendre ce qu’ils ne peuvent pas faire.
Que ne peut pas faire la génétique historique ?
La mise en garde la plus importante en matière de génétique historique est qu’elle ne peut pas encore
dire que toutes les données ont été recueillies et examinées. Par exemple, dans une interview récente à
la radio, le Dr Scott Woodward, professeur de microbiologie et directeur du Groupe de recherche en
Généalogie moléculaire à BYU [7], a été interrogé à propos d’une étude selon laquelle les Indiens Ojibwa
possédaient un marqueur génétique d’origine particulière, qui semblait indiquer une connexion
européenne possible remontant à l’époque précolombienne. L’étude avait été publiée en 2001. Cela
devrait normalement être le dernier cri de la science, n’est-ce pas ? Mais le Dr Woodward a fait observer
que des travaux plus récents ont trouvé ce marqueur en Asie [8], ce qui met en évidence la rapidité avec
laquelle cette science avance et évolue et la difficulté d’avancer une conclusion aussi spectaculairement
définitive que celle de Murphy. Ceci est important, non seulement parce que nous devons comprendre
que nos renseignements ne sont pas complets, mais aussi parce que cela illustre une différence
importante entre les chercheurs dans un domaine donné et ceux qui ne font que rapporter les recherches
des autres. Il est caractéristique que ceux qui font le véritable travail font preuve de beaucoup plus de
réserve dans le genre de conclusions qu’ils tirent des données. En témoignage de cette prudence, le Dr
Woodward observe (en parlant justement de remonter jusqu’aux émigrants du Vieux Monde dans le Livre
de Mormon) :
« Avons-nous fait une étude suffisante de la population ancienne dont ces personnes proviennent ? Non.
Nous avons été très limités dans notre observation de la structure de la population sur la base de l’ADN
mitochondrial parce qu’il y en a eu un certain nombre qui se sont éteints. L’échantillonnage n’est peutêtre pas suffisamment large ; il ne contient pas tous les types d’ADN mitochondrtial d’une population.
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Nous rencontrons donc des problèmes réels dans nos efforts pour reconstituer les configurations
génétiques du passé sur la base des ADN actuels que nous recueillons [9]. »
Ce qui est cependant tout aussi important, c’est que nous devons comprendre correctement ce que la
science nous dit. Dans le cas de l’ « Ève génétique », ce que l’homme de la rue comprend, c’est que l’on
a pu faire remonter l’humanité à une seule femme, d’où le nom « Ève ». Comme dans le travail fait par
Murphy, cette conclusion ne provient pas de ceux qui ont fait la recherche à l’origine, mais de gens qui
ont lu ces recherches et en ont tiré des conclusions spectaculaires (et non justifiées). La réalité
scientifique est légèrement différente. Au lieu de l’image de cet ancêtre unique de l’humanité, nous avons
l’ancêtre unique d’une lignée survivante d’ADN mitochondrial. C’est une différence qui peut facilement
échapper au non-professionnel. Le Dr Stephen Oppenheimer a fait ce commentaire sur cette perception
erronée de ce que ce domaine de la recherche génétique peut faire dans le contexte de l’ « Ève
génétique ».
« L’erreur provient de ce que l’on considère que les lignées génétiques représentent littéralement des
êtres humains déterminés. Ce que l’on a appelé l’ « Ève génétique » était la lignée génétique
mitochondriale ancestrale pour tous les humains vivants modernes. De toute évidence, elle a été portée
initialement par une femme qui a réellement existé il y a 150 000 ans. Mais elle n’était que l’ancêtre
commun de l’ADN mitochondrial. Elle ne portait pas tout le reste de nos gènes ancestraux. Nous avons
30 000 gènes actifs et chacun d’eux pourrait avoir un ancêtre individuel différent, vivant à une époque
donnée dans un endroit donné. »
« L’Ève mitochondriale était donc une femme parmi les milliers qui vivaient il y a plus de 150 000 ans.
Nos autres gènes proviennent de ceux d’entre nous qui sont membres de cette population ancestrale.
L’importance véritable de l’arbre génétique mitochondrial est qu’il donne une lignée claire qui peut être
utilisée comme repère de notre diffusion autour du monde. Mais ce n’est qu’une partie minime
déterminée de notre immense génome humain [10]. »
L’utilisation scientifique de la génétique historique retrace la diffusion de l’humanité à travers le monde.
On peut s’en servir pour étudier les flux de populations, mais pas la définition complète des populations.
On peut se servir de l’ « Ève génétique » pour étudier la direction des migrations humaines, mais pas
pour poser comme postulat un ancêtre féminin unique. Comme le fait observer le Dr Oppenheimer, il y
avait des milliers d’autres femmes qui vivaient en même temps que cette « Ève » dont la lignée
mitochondriale est la seule qui ait survécu jusqu’à nos jours. Le problème inhérent au traçage des lignées
historiques, c’est qu’il ne peut retrouver que les renseignements qui survivent. Le Dr Woodward a
justement bien fait ressortir cette idée lors de son exposé à la Conférence de FAIR en août 2001 :
« Quand vous regardez un arbre généalogique tel que vous le construiriez, les hommes sont en principe
en haut et les femmes en bas. Vous pouvez voir la lignée des chromosomes Y tout le long du haut de la
page. Nous pouvons identifier les hommes de cette lignée sur la base de votre chromosome Y, parce
qu’il sera le même pour tous. De la même façon, nous pouvons identifier toutes les femmes sur la lignée
mitochondriale qui longe le bas, parce qu’elles seront toutes les mêmes. Mais à ce niveau de 16
personnes, nous n’en avons identifié que deux sur les 16 et nous n’avons analysé que les apports du 1/8
des ancêtres de cette personne en regardant le chromosome Y et l’ADN mitochondrial. Il faut bien garder
cela à l’esprit quand on lit et qu’on voit toutes les études que l’on a faites sur l’ADN mitochondrial ou sur
l’ADN chromosomal Y. Comprenez bien que l’image que vous obtenez rien qu’avec cela est une toute
petite partie de l’image totale. Parce qu’à la génération suivante… c’est le 1/16. À celle qui suit, c’est 1/32
de l’information que vous avez [11]. »
Les recherches génétiques sont, de par leur nature, forcément réductrices. Pour faire remonter quelque
chose dans le passé, on ne peut assortir que les renseignements qui survivent et ceux qui permettent la
reconstitution dans le passé deviennent de plus en plus petits. Il y a un parallèle dans le monde de la
linguistique historique qui travaille, lui aussi, sur des données actuelles pour reconstituer des
renseignements historiques.
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Les linguistes peuvent reconstituer une partie du vocabulaire de populations anciennes sur la base de la
survie de divers mots dans les langues modernes descendant de cette langue et de cette population plus
anciennes. Toutefois, le vocabulaire qu’ils peuvent reconstituer s’élève à quelques centaines de mots,
s’ils ont de la chance. Le vocabulaire réel de ce peuple devait compter des dizaines de milliers de mots.
Ces autres mots ont existé, tout comme toutes les autres femmes à l’époque de l’ « Ève génétique ». Le
problème, c’est que les traces des autres mots et des autres femmes ont disparu.
Un autre aspect de l’analogie avec la linguistique historique est que les données sont reconstituées pour
une époque déterminée. Bien qu’il existe des reconstitutions pour beaucoup d’époques, il ne convient
pas de faire des comparaisons à partir de périodes de temps différentes sans prendre grand soin de
coordonner les données. Si l’on fusionne les périodes de temps on parviendra à des conclusions
inexactes. Ce genre d’erreur d’interprétation dans la lecture des données n’est pas rare chez les lecteurs
et chez ceux qui réinterprètent les données à leur façon et qui ne sont pas les chercheurs qui ont fait le
travail à l’origine. Ce même problème de périodes de temps existe dans la science de la génétique
historique. Le Dr Woodward lance expressément cette mise en garde :
« J’ai remarqué que lors de la conférence de la semaine dernière, il y a eu des exposés sur l’ADN. Je
pense que de très bonnes choses ont été dites, mais je crains aussi que l’on ait un peu mélangé
indûment des données appartenant à des périodes de temps différentes. Il y a beaucoup d’éléments
mitochondriaux qui concernent des structures de population très lointaines dans le passé ; il y a dix,
quinze, vingt, trente, cent mille ans. Les expériences mises au point pour les examiner ont été élaborées
correctement pour permettre de répondre à ces questions dans ces périodes de temps. Si nous voulons
les extrapoler ensuite vers le passé très récent, les deux, trois ou quatre mille dernières années, je crois
que nous devons faire preuve de la plus extrême prudence [12]. »
La science sur laquelle M. Murphy base ses conclusions est valable dans le même sens que celui que
relève le Dr Woodward à propos du traitement des données sur lesquelles se sont basés les exposés de
la conférence auxquels il a fait allusion. Le problème, ce n’est pas la science qui a fourni les données. Le
problème, c’est la façon dont on utilise des données disparates pour parvenir à des conclusions. Sachant
cela, nous pouvons maintenant nous occuper de l’application de la génétique historique au Livre de
Mormon.
Que dit la génétique historique à propos du Livre de Mormon ?
Nous devons maintenant examiner soigneusement les conclusions de M. Murphy dans l’article qu’il a
publié et qui constitue le support de ces conclusions. Il dit :
« Maintenant que les méthodes scientifiques quantitatives peuvent effectivement tester une présence
génétique israélite dans l’Amérique ancienne, nous apprenons… que le lignage de virtuellement tous les
natifs américains remonte aux migrations asiatiques d’il y a 7000 à 50 000 ans. Alors que les
anthropologues moléculaires ont la capacité technologique d’identifier les descendants des Hébreux
anciens, aucune trace de marqueurs ADN de cette sorte n’est apparue en Amérique Centrale ou ailleurs
chez les natifs américains…
« D’un point de vue scientifique c’est dans l’Amérique du début du XIXe siècle que l’on peut situer le
mieux l’origine du Livre de Mormon et la genèse des Lamanites peut remonter, historiquement, tout au
plus à 1828 environ. Le terme Lamanite est une désignation sociale et politique moderne qui ne dispose
pas de bases biologiques ou historiques vérifiables pour la rattacher aux anciens Indiens américains. Le
Livre de Mormon est issu d’une perspective d’avant la guerre de Sécession, des difficultés qu’une
population de la frontière américaine avait avec son dieu et non d’une perspective indienne américaine
authentique [13]. »
Le problème commence dès la toute première phrase. Il dit : « Maintenant que les méthodes scientifiques
quantitatives peuvent effectivement tester une présence génétique israélite dans l’Amérique
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ancienne… » Il présente cela comme une certitude, un fait acquis. C’est un « fait » que le Dr Woodward,
qui est un chercheur spécialisé dans ce domaine, n’accepte pas :
« À quoi ressemblaient les gènes de Léhi ? Comment découvrir aujourd’hui à quoi ressemblaient les
gènes de Léhi ? Je pense que c’est une question qu’on peut valablement se poser. La deuxième c’est : À
qui les compareriez-vous dans les populations vivant aujourd’hui ? Où iriez-vous pour faire la
comparaison ? Iriez-vous dans l’Israël d’aujourd’hui ? Quelle est la composition génétique des Juifs
israéliens d’aujourd’hui ? Est-elle la même qu’il y a deux mille ans ? Trois mille ans ? Je prétends que
non. Comprenons-nous la dynamique des populations ? Quelles sortes de facteurs de sélection avonsnous utilisés ? [14] »
De son côté, Murphy base une partie de son « fait » sur le genre de conception populaire qui a créé l’
« Ève » unique plutôt que plus exactement la population dont cet ancêtre était l’un des représentants. En
parlant de l’un des marqueurs génétiques utilisés pour identifier les « Israélites », il note : « Les
chercheurs ont dégagé des marqueurs génétiques distinctifs sur le chromosome Y, qui sont utiles dans
l’établissement de liens entre les populations hébraïques anciennes et contemporaines [15]. » La
recherche scientifique a été faite correctement, mais Murphy a une lecture spectaculaire de cette
recherche scientifique, qui nous fait croire que nous pouvons maintenant identifier n’importe quel reste
possible d’une population israélite ancienne. C’est une conclusion qui va au-delà des données. Ce qu’il
n’explique pas, c’est qu’il s’agit de marqueurs reconstitués. Ils vont du présent vers le passé. Ils ne sont
pas comme dans l’exemple de l’Homme de Cheddar où l’historique est comparé au présent. Les
reconstitutions sont réductrices. Le fait d’en trouver une ne signifie pas que nous avons la capacité de
discerner n’importe quel héritage israélite, ce qui explique la différence entre ce que disent Murphy et le
Dr Woodward. Dans ce cas-ci, il devrait être bien clair qu’étant donné le choix, nous devons accepter la
mise en garde de quelqu’un qui fait de la recherche professionnelle sur le terrain plutôt que les
affirmations de quelqu’un qui ne fait qu’extraire des conclusions de comptes rendus écrits des études qui
ont été faites.
Réfute-t-on le Livre de Mormon ou une mythologie ?
L’affirmation suivante dans la conclusion de Murphy est que « le lignage de virtuellement tous les natifs
américains remonte aux migrations asiatiques d’il y a 7000 à 50 000 ans. » Ce que ceci veut dire, c’est
que puisque nous pouvons suivre la piste des migrations asiatiques et que nous n’avons pas trouvé
d’ADN hébreu distinctif, il en découle que le Livre de Mormon ne peut pas être vrai. En ceci, Murphy est
proche d’une conclusion correcte, mais pas tout à fait. Il est très courant, chez les saints des derniers
jours de longue date, qui sont nés dans l’Église, de croire que le Livre de Mormon décrit l’origine de tous
les Indiens américains. Mais le fait que c’est courant ne veut pas dire que c’est en accord avec ce que le
Livre de Mormon dit en réalité. En fait, ce n’est pas cela qu’il dit.
En outre, cette conception qu’ont les saints des derniers jours de longue date ne veut pas dire qu’il s’agit
là d’une doctrine de l’Église. Elle constitue néanmoins une cible facile pour Murphy et toute autre
personne qui veut tenter d’appliquer « la science » au Livre de Mormon. Au lieu de réfuter le fondement
des prétentions du Livre de Mormon, tout ce qu’il a fait, c’est mettre le doigt sur une supposition erronée
de certains membres non initiés concernant le Livre de Mormon, ce qui n’est pas une découverte
nouvelle. Les spécialistes mormons du Livre de Mormon ont entretenu une telle conception pendant des
années, longtemps même avant la naissance de Murphy.
Est-il vrai que, comme il l’écrit : « le lignage de virtuellement tous les natifs américains remonte aux
migrations asiatiques d’il y a 7000 à 50 000 ans » ? C’est effectivement vrai. Qu’est-ce que cela nous
apprend ? Nous pouvons en conclure sans risque de nous tromper qu’à l’évidence, l’opinion populaire
longtemps entretenue chez les saints des derniers jours, à savoir que le Livre de Mormon explique
l’origine de toutes les populations natives américaines est erronée. Mais nous ne pouvons pas en
conclure que le Livre de Mormon est inexact. Quelle est la différence ?
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Encore une fois, M. Murphy a l’air de présenter les résultats de ses recherches comme si ces
renseignements sur l’interprétation situant le récit du Livre de Mormon à l’échelle du continent américain
est en quelque sorte nouvelle. L’information concernant les migrations asiatiques vers le Nouveau Monde
n’a rien de nouveau et les spécialistes du Livre de Mormon qui sont des saints fidèles le savent
parfaitement bien depuis au moins cinquante ans [16]. L’utilisation des éléments fournis par l’ADN est
nouvelle, mais elle ne nous dit rien que nous ne sachions déjà sur le Livre de Mormon. En fait, un résultat
positif de la publicité qui vient d’être faite sera que l’ensemble de la population des saints des derniers
jours comprendra plus rapidement les fondements historiques véritables de son texte sacré plutôt que la
mythologie qui s’est édifiée autour de lui.
Il n’y a rien d’étonnant à ce que la conception que le public a du Livre de Mormon vienne davantage de
ce que les gens en pensaient que de ce qu’il disait lui-même. Comme le note Terryl L. Givens à propos
de l’utilisation du Livre de Mormon dans les premiers temps de l’Église :
« Quand on voit comment le Livre de Mormon a été utilisé et reçu au début, il devient clair que cette
Écriture américaine a exercé une influence au sein de l’Église et une réaction à l’extérieur de l’Église qui
n’étaient pas dues avant tout à son contenu, mais plutôt à la façon dont il est apparu, non aux mérites de
ce qu’il dit, mais au rôle qu’il joue. Pour le dire d’une façon légèrement différente, la place de l’histoire du
Livre de Mormon dans le mormonisme et dans la religion américaine en général a toujours été davantage
liée à son statut de signifiant que de signifié ou à son rôle de signe sacré plutôt qu’à sa fonction de
théologie persuasive. Le Livre de Mormon est avant toute chose une manifestation concrète d’une parole
sacrée et donc une preuve d’une présence divine avant d’être un ouvrage contenant des affirmations
théologiques [17]. »
Cette tendance des membres de l’Église en général à utiliser le fait que le livre existe plutôt que son texte
a finalement cédé le pas à une étude intense du texte en tant que texte. Un des tout premiers résultats de
cette recherche concernant ce que le livre dit de lui-même a été une réévaluation des rapports entre le
Livre de Mormon et la géographie et par conséquent l’histoire du Nouveau Monde. Le fait que nous en
apprenons davantage par une étude concertée du Livre de Mormon ne devrait surprendre personne.
L’Église n’a jamais proclamé qu’elle possédait toute la vérité tout d’un coup. Dans le cas du Livre de
Mormon, les recherches récentes sont basées sur le texte lui-même.
Le Dr John E. Clark, anthropologue à BYU, a fait cette observation :
« D’après les indications du texte, on peut distinguer les relations sur le terrain entre divers repères
naturels et diverses villes. Les distances dans le Livre de Mormon sont relevées en termes du temps
nécessaire pour se rendre d’un endroit à l’autre [18]. »
Les résultats de l’étude soigneuse de ce que le Livre de Mormon dit réellement de lui-même nous
apprennent que son territoire recouvre une superficie beaucoup plus réduite que le continent américain.
John L. Sorenson note :
« Nous pouvons maintenant être certains que l’histoire du Livre de Mormon a eu lieu dans une partie
limitée du continent américain, une partie ayant en gros la forme d’un sablier. Les dimensions de ce
territoire se mesurent en centaines et non en milliers de kilomètres. Les mouvements de population, les
voyages de personnes et la durée des voyages mentionnés dans l’Écriture correspondent
raisonnablement à un pays situé du côté du sud ayant une longueur d’environ 600 km et pas beaucoup
plus que la moitié de cela en largeur à un endroit situé au nord de Zarahemla. Le pays situé du côté du
nord est moins bien spécifié mais ne semble pas être aussi long [19]. »
Cette compréhension plus exacte du Livre de Mormon peut-elle être considérée comme la
compréhension plus « officielle » de l’Église ? Oui, par le fait que cette information a été publiée dans
l’Ensign en 1984 [20] ainsi que dans l’article sur la géographie du Livre de Mormon dans l’Encyclopedia
of Mormonism.
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Cette meilleure compréhension de la géographie interne du Livre de Mormon nous dit que quand nous
apprenons que l’interprétation continentale du texte est incorrecte, cela n’a rien à voir avec le Livre de
Mormon lui-même, parce que le texte ne le dit absolument pas. Une partie de la conclusion de Murphy
est inexacte tout simplement parce qu’il postule à tort que les données contredisent le Livre de Mormon,
alors qu’en réalité elles ne concernent que la mythologie que nous avons créée autour du Livre de
Mormon. La science ne prouve pas que le Livre de Mormon est erroné, parce que ce n’est pas de
l’histoire du Livre de Mormon que la science s’occupe.
L’absence de preuve constitue-t-elle une preuve ?
Nous n’en avons bien entendu pas encore fini. L’erreur suivante que commet Murphy dans sa conclusion
est de croire que l’absence de preuve équivaut à dire qu’il est impossible que les populations décrites par
le Livre de Mormon aient existé. Il y a deux points importants qu’il faut comprendre concernant cette
supposition erronée. Le premier est qu’il est probable qu’il y ait eu un mélange des populations anciennes
du Livre de Mormon, le deuxième est que c’est précisément parce que les éléments d’appréciation dont
nous disposons ont un caractère réducteur, que l’on ne peut pas écarter la possibilité qu’il y ait eu des
lignées génétiques valables qui ont été ultérieurement perdues.
Il était bien compris, dès que l’on a commencé l’étude sérieuse du Livre de Mormon, qu’il y avait des
gens, beaucoup de gens, qui vivaient en Amérique au moment où les Léhites sont arrivés. Lorsque nous
nous rappelons le petit nombre de personnes mentionnées dans l’une quelconque des émigrations vers
le Nouveau Monde [21], le tableau qui s’en dégage est celui d’une population beaucoup plus réduite
s’introduisant dans une population beaucoup plus grande [22]. Il faut maintenant comparer cette image
plus exacte de ce que le Livre de Mormon dit avec des données scientifiques correctement comprises
pour pouvoir comprendre ce que la génétique historique dit et ne dit pas concernant le Livre de Mormon.
La première complication résulte des réalités de l’héritage génétique. Steve Olson, journaliste
scientifique, rapporte ce qui suit :
« Dans un traité écrit en 1999 intitulé ‘Ancêtres communs récents de toutes les personnes actuelles’,
Chang montre comment concilier le nombre potentiellement vaste de nos ancêtres avec le nombre de
gens qui ont vécu en réalité dans le passé. Son modèle est une preuve mathématique qui repose sur des
abstractions telles que les distributions de Poisson et les chaînes de Markov, mais on peut l’appliquer
facilement au monde réel. En vertu des conditions décrites dans son traité, l’ancêtre commun le plus
récent de tous les Européens d’aujourd’hui (à l’exception de ceux qui ont récemment émigré vers le
continent) était quelqu’un qui vivait en Europe dans un passé étonnamment récent : il y a seulement six
cents ans. En d’autres termes, tous les Européens vivant aujourd’hui ont, parmi leurs ancêtres, le même
homme ou la même femme qui vivait aux environs de 1400. Avant cette date, selon le modèle de Chang,
le nombre d’ancêtres communs à tous les Européens d’aujourd’hui augmente jusqu’à ce que, il y a
environ mille ans, il existait une situation bizarre : 20% des Européens vivants en 1000 ne seraient les
ancêtres de personne vivant aujourd’hui (c’est-à-dire qu’ils n’ont pas eu d’enfants ou que tous leurs
descendants ont fini par mourir sans enfants) ; chacun des 80% restants se révélerait être un ancêtre
direct de tous les Européens vivant aujourd’hui [23]. »
La mathématique de la descendance et le mélange des populations nous apprennent deux choses.
La première est qu’il apparaît que nous sommes apparentés à toutes les autres personnes si nous
remontons simplement de 600 à 800 ans. La deuxième est que même si nous sommes apparentés, nous
ne pouvons retrouver qu’une partie de cette lignée. La nature réductrice de la recherche coupe
d’énormes branches de notre arbre ancestral et crée une ascendance simple à partir de ce qui est en
réalité une ascendance enchevêtrée. Cela doit être l’avertissement que nous devons faire preuve d’une
grande prudence dans notre façon de comprendre la génétique historique et surtout quand nous tirons
des conclusions de l’absence d’une « lignée ombilicale ».
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Cette prudence s’indique d’autant plus dans le genre d’études sur lesquelles Murphy base ses
conclusions parce qu’elles présentent aussi cette vision dépouillée de la descendance génétique. Quand
Murphy avance de manière formelle l’absence d’immigration non asiatique avant le contact européen, il
tire une conclusion que les données ne justifient pas. Ce que les données disent, c’est que l’origine que
l’on peut retrouver est l’Asie. Ce flux migratoire est la conclusion que l’on peut tirer des données, comme
le Dr Oppenheimer fait remarquer plus haut. Les données ne disent et ne peuvent dire quoi que ce soit
sur les populations non originaires d’Asie, dont les lignées génétiques ne peuvent être retrouvées à
cause des vicissitudes de la survie génétique.
L’indication la plus importante de ce qu’une quantité importante de matériel génétique s’est perdue vient
de l’analyse récente de restes de squelettes du Mexique. Les tests montrent qu’ils ont presque 13 000
ans. Le plus important, c’est ce qu’ils nous apprennent sur le processus des migrations :
« Les deux crânes les plus anciens était des « dolichocéphales », c’est-à-dire des têtes longues et
étroites. D’autres crânes plus récents avaient une forme différente – courts et larges, comme ceux des
restes de natifs américains. Cela veut dire que des humains se sont dispersés à l’intérieur du Mexique en
deux vagues distinctes et qu’une race d’humains à tête longue et étroite a pu vivre en Amérique du Nord
avant les Indiens américains. On pensait traditionnellement que les Indiens américains avaient été les
premiers à arriver d’Asie sur le continent américain en empruntant une langue de terre formant un pont
naturel. Le Dr Gonzalez a dit à BBC News Online : ‘Nous croyons que la race la plus ancienne a pu venir
de ce qui est maintenant le Japon via les îles du Pacifique et peut-être la côte californienne [24]. »
La forme des crânes nous dit que nous avons affaire à un type génétique différent émigrant vers le
Nouveau Monde. Un de ces types est plus caucasien qu’asiatique, comme en témoigne l’Homme de
Kennewick [25]. De même, il existait une population très caucasienne dans une partie de l’Asie, où ses
momies bien conservées les déclarent clairement distinctes des populations asiatiques qui ont habité
plus tard dans cette région [26]. Ces découvertes compliquent l’héritage génétique, car ou bien elles
démontrent la quantité d’informations génétique qui peut se perdre ou bien que nous devons réécrire nos
définitions de ce qui est asiatique pour inclure des populations qu’on ne considère pas habituellement
comme telles. Elles mettent aussi en évidence qu’il y a une différence entre décrire un endroit asiatique
et déclarer l’ « asiatique » comme type génétique. Les données archéologiques nous disent que ces
gens ont existé à ces endroits, mais il apparaît que nous avons perdu leur héritage génétique.
Conclusion
L’application au Livre de Mormon devrait être évidente. L’état actuel de la génétique historique nous
apprend ce que nous savions déjà : le Livre de Mormon n’explique pas l’origine de tous les natifs du
continent américain. Ce n’est toutefois pas une contradiction par rapport au Livre de Mormon puisque ce
n’est pas ce que le Livre de Mormon dit. Ce n’est pas une contradiction par rapport à la doctrine de
l’Église, puisque celle-ci n’a jamais eu de doctrine officielle en matière de géographie du Livre de Mormon
(ou de sa génétique) en dépit des croyances populaires manifestes [27]. La génétique historique ne peut
rien nous apprendre à propos de notre compréhension actuelle du texte parce que les apports limités du
matériel génétique provenant du Vieux Monde dans le Livre de Mormon sont à la fois suffisamment
restreints et suffisamment anciens pour avoir pu disparaître, pour toutes sortes de raisons, des lignées
génétiques retrouvables qui ont été découvertes actuellement.
L’orage gronde certainement dans les médias, mais c’est plus une menace qu’un véritable orage.
L’attention accordée par les médias n’est en fait rien de plus qu’une tempête dans un verre d’eau et la
pluie qui pourrait en résulter peut avoir pour effet bénéfique de balayer des suppositions traditionnelles
que les mormons ont entretenues au sujet de leur volume sacré, qui ont véritablement besoin d’être
remplacées par une compréhension plus solide de ce que ce texte dit réellement.
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[1] William Lobdell et Larry B. Stammer, "Mormon Scientist, Church Clash Over DNA Test," Los Angeles
Times, 8 décembre 2002, A21.
[2] Id.
[3] Id. Le Dr Whiting réagit à une phrase de Maxine Hanks disant que Murphy était comme Galilée, en
rétorquant : « C’est une mauvaise comparaison. La différence est que la science de Galilée était correcte.
Je ne pense pas que celle de Murphy le soit. » Il faut aussi noter que les recherches de Whiting sur l’ADN
ont paru dans l’hebdomadaire scientifique Nature (article principal, 16 janvier 2003).
[4] L’utilisation la plus puissante de l’ADN est de montrer les rapports biologiques entre une personne
inconnue et une personne connue. La question du traçage de familles biologiques sera examinée une
fois que nous comprendrons ce que les études sur l’ADN peuvent et ne peuvent pas faire.
[5] http://www.chattanooga.net/cita/mtdna.html
[6] Thomas H. Roderick, PhD, utilise le terme "lignée ombilicale",
http://genealogy.about.com/library/blchattrans-roderick.htm.
[7] Le Dr Woodward est professeur de microbiologie et membre du personnel enseignant du Programme
de Biologie moléculaire à l’université Brigham Young. Il est également directeur du Groupe de recherche
sur la biologie moléculaire à BYU. Pendant qu’il faisait des études après son doctorat en génétique
moléculaire au Howard Hughes Medical Institute à l’université d’Utah, il a découvert un marqueur
génétique utilisé pour l’identification de porteurs et a finalement permis la découverte du gène de la
fibrose cystique. Il a aussi participé à l’identification d’autres marqueurs génétiques pour le cancer du
colon et la neurofibromatose. Il est devenu membre du personnel enseignant de BYU en 1989 et a fait
partie de plusieurs équipes de fouilles à Seila (Égypte). Pendant son séjour en Égypte, il a dirigé
l’analyse génétique et moléculaire de momies égyptiennes provenant d’un cimetière de roturiers et de
tombes royales égyptiennes. Il a été le « Scholar in Residence » au Centre d’études du Proche-Orient de
BYU à Jérusalem et professeur associé à l’université hébraïque. Ses travaux ont été rendus publics tant
au niveau international que national dans de nombreux programmes, dont Good Morning America et les
chaînes Discovery et Learning.
[8] KUER: Radio West. "Science & Foundations of the Book of Mormon”. Interview: Terryl L. Givens,
Thomas Murphy et Scott Woodward. Animateur: Doug Fabrizio. Salt Lake City, 19 décembre 2002.
[9] Scott Woodward. "DNA and the Book of Mormon." Présenté à la Conférence de FAIR en août 2001. Il
poursuit : « Il y a certaines façons d’aborder la question. Et c’est une des méthodes que nous avons
employées dans notre laboratoire à BYU. Je voudrais pouvoir dire que nous avons trouvé la formule
magique et que cela allait pouvoir répondre à toutes nos questions sur les populations anciennes, mais il
s’avère qu’il est extrêmement difficile de récupérer de l’ADN ancien et d’en retirer des renseignements
utiles. C’est faisable. Nous avons pu le faire dans un certain nombre de situations limitées. Mais dans la
plupart des cas, il sera très difficile de remonter de mille, deux mille, quatre mille, cinq mille, dix mille,
douze mille ans, de prélever l’ADN de personnes et de dire quelque chose sur la structure de leur
population ancienne. »
[10] "The Real Eve." Réponses à des questions par le Dr Stephen Oppenheimer. DiscoveryChannel.com
http://dsc.discovery.com/convergence/realeve/ask/ask.html.
[11] Woodward, "DNA and the Book of Mormon."
[12] Id.
[13] Thomas W. Murphy, "Lamanite Genesis, Genealogy, and Genetics," American Apocrypha, édité par
Brent Metcalfe et Dan Vogel, Salt Lake City, Signature Books, 2002, p. 68.
[14] Scott Woodward, "DNA and the Book of Mormon." Il vaut la peine d’observer qu’il est clair que quand
il s’interroge sur la génétique de Léhi, Woodward parle de Léhi et de son groupe (sa femme, ses fils, ses
filles, leurs conjoints et leurs enfants), pas uniquement de Léhi. Il est certain qu’il serait inutile d’identifier
l’ADN mitochondrial de Léhi, puisqu’il ne serait pas transmis à sa postérité. Ce qui serait important, ce
serait celui de sa femme, de ses filles et des femmes de ses fils. Il fait cette distinction dans son exposé.
Il poursuit : « Quelle proportion de l’ADN mitochondrial de Léhi vous attendriez-vous à voir chez les natifs
d’Amérique ? C’est une « colle », mais vous devriez connaître la réponse puisque nous venons d’en
parler. Zéro, n’est-ce pas ? Ce serait Sariah. Est-ce vrai ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce vrai? Qui
étaient les enfants de Sariah ? Les enfants de Sariah étaient Laman, Lémuel, Néphi, Sam, Jacob et
Joseph. Voyez-vous là des porteurs mitochondriaux ? Non, bien que dans 2 Néphi, celui-ci mentionne
ses sœurs, ce qui veut dire qu’il a pu y avoir une ou deux filles de Sariah qui ont survécu, ce qui offrirait
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une possibilité, mais qui serait-ce ? Qui seraient alors les donneurs mitochondriaux qui sont venus du
Proche-Orient ? La femme d’Ismaël, n’est-ce pas? Qui était-ce? Donc en réalité la question à poser est :
“Qu’est-ce que nous nous attendons à trouver? Alors, comment pouvons-nous savoir s’il y a ou non de
l’ADN léhite chez les natifs d’Amérique, si nous ne savons pas avec certitude ce que nous sommes
censés au juste rechercher ou si nous pourrions le reconnaître quand nous le verrions ? »
[15] Murphy, "Lamanite Genesis, Genealogy, and Genetics," 60.
[16] On peut trouver une introduction à une partie de cette histoire du point de vue de la participation de
John L. Sorenson dans une notice biographique, Davis Bitton, "Introduction," Mormon, Scripture, and the
Ancient World. Studies in Honor of John L. Sorenson, Provo, Utah, FARMS, Provo, 1998, xxxiii-xxxviii.
17] Terryl L. Givens, By the Hand of Mormon, New York, Oxford University Press, 2002, pp. 63-64.
[18] John E. Clark, "Book of Mormon Geography," Encyclopedia of Mormonism, édité par Daniel H.
Ludlow, New York, Macmillan Publishing Company, 1992, 1:177.
[19] John L. Sorenson, An Ancient American Setting for the Book of Mormon, Salt Lake City, Deseret
Book Company, 1985, p. 22.
[20] John L. Sorenson, "Digging into the Book of Mormon: Our Changing Understanding of Ancient
America and Its Scripture," 1e et 2e parties. Ensign, septembre 1984, pp. 26-37; octobre 1984, pp. 12-23.
[21] Même en comptant large, il est difficile d’identifier plus de trente personnes dans le groupe de Léhi.
Peu après leur arrivée, ils se sont séparés en deux groupes, qui ont pu, l’un et l’autre, s’intégrer dans le
gros de la population dans différentes régions du pays. Murphy veut donc nous faire croire que le fait de
tester les populations modernes de tout le continent américain prouve que ces trente personnes n’ont pas
existé. Il n’y a aucune logique dans cette thèse.
[22] Le Dr Woodward fait observer que la plus petite des populations aurait un impact sur l’étude de la
génétique léhite, à condition que nous sachions ce que cela voulait dire. Il poursuit ainsi la liste des
facteurs importants: “… La réduction de taille… et la dynamique de la démographie de la population
américaine et ce qui lui est arrivé ; les énormes étranglements qui se sont produits ; les facteurs de
sélection qui ont agi. »
[23] Steve Olson. "The Royal We," The Atlantic Monthly (mai 2002),
http://www.theatlantic.com/issues/2002/05/olson.htm.
[24] "Human skulls are 'oldest Americans" mardi, 3 décembre 2002, 15:22 GMT.
http://news.bbc.co.uk/1/hi/sci/tech/2538323.stm
[25] http://www.archaeology.org/found.php?page=/online/features/native/kennewick.html
[26] http://sln.fi.edu/inquirer/mummy.html
[27] Voir l’étude de Clark, "Book of Mormon Geography," 1:178.
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