1 D'aussi loin que l'on se souvienne ! Définition actuelle Actuellement, le dopage se définit comme l'utilisation de produits et de méthodes destinés à augmenter artificiellement la performance et dont les effets présentent des dangers supposés ou montrés sur la santé des personnes. Améliorer la performance humaine Si l'on définit le dopage comme la prise de produits à des fins d'amélioration de la capacité de performance, autant dire qu'il est, sans aucun doute possible, bien antérieur aux sources d'informations dont nous pouvons disposer. En l'absence d'études faites sur les premiers hominidés connus, les primes représentations directes montrant l'ingestion de produits destinés à augmenter les capacités de l'organisme remontent à près de 5000 ans. A l'époque, les vertus anti-fatigue de plantes comme l'éphédra (plante contenant un stimulant réputé : l'éphédrine) étaient parfaitement connues de plusieurs civilisations. Au 7ème-6ème siècle avant notre ère, la prise de produits, à des fins de performance, connue certainement un essor considérable. En 776 avant Jésus-Christ, les premiers rassemblements de sportifs, chanteurs, poètes… voient le jour à Olympie. Depuis cette date, les Jeux d'Olympie se succédèrent pendant des siècles tous les 4 ans. Dans l'intervalle de temps se déroulaient d'autres rassemblements compétitifs comme les jeux Delphiques ou Corinthiens. Chaque "période de rencontres" était un événement tel que tout s'arrêtait dans le pays. Même les guerres marquaient une trêve sacrée. La majorité de la population était concernée. Les athlètes étaient déjà des "professionnels". Outre la couronne de laurier et l'huile sacrée, la victoire d'un athlète était accompagnée d'honneurs d'autant plus grands qu'ils rejaillissaient sur toute la province d'où il était originaire. Dans ce contexte, la recherche d'un accroissement des performances était le lot de tous ces "spécialistes". 2 19ème siècle : les premiers pas de l'industrie du sport Au 19ème siècle, dans la société industrielle anglaise, le mouvement sportif prend son essor. L'époque est aux paris. Pour les sportifs, la seule règle qui prévale consiste à être le meilleur à n'importe quel prix. La recherche de produits alimentaires améliorant la performance fait partie des procédés indispensables. A 10 km de l'arrivée du marathon olympique de 1904, le coureur de tête Thomas Hicks - connaît une défaillance. Aussitôt, son entraîneur, décide de lui injecter de la strychnine et de lui donner une rasade de cognac. 5 kilomètres plus loin, Thomas connaît un nouveau passage à vide. Nouvelle injection qui, selon son entraîneur, lui permet de reprendre un semblant de rythme jusqu'à l'arrivée victorieuse. Loin de susciter l'indignation, cette pratique est alors saluée comme la preuve de l'utilité des drogues prises en cours d'épreuve. A cette époque, les substances isolées étaient destinées à limiter la sensation de fatigue et provoquer un effet euphorisant. Les sportifs d'endurance notamment n'hésitaient pas à absorber de la strychnine (une des vedettes du moment) en mélange avec de la cocaïne et de l'alcool. D'autres substances ont également l'honneur des pelotons. L'éther, utilisé en thérapeutique depuis 1860, est absorbé par les cyclistes, mélangé à de l'alcool à 90°, sur un sucre ou en injections. L'arsenic et la morphine sont ingérés à des doses infiniment supérieures à celles préconisées dans le milieu médical. A chaque fois, l'objectif est de limiter la fatigue ressentie et de donner un coup de fouet avant et pendant l'épreuve. Une catégorie de substances va remplir ces fonctions "à merveille" pendant toute la durée du siècle qui se prépare : la classe des amphétamines (page suivante). 3 20ème siècle : la course aux amphétamines A lépoque : le mot doping s'applique à tout moyen qui peut servir à améliorer les performances sportives. Tout étant permis en matière d'ingestions de produits, ce mot ne renvoie à aucune connotation de type légale. Il s'applique à tous les produits pharmaceutiques comme l'héroïne, la cocaïne, la caféine mais également aux préparations diététiques à base de vitamines, sels minéraux habituellement consommés avec la nourriture. L'éphédra est un petit arbre à fleurs jaunes et aux baies rouges comestibles. Depuis plusieurs siècles, sa consommation était réputée faciliter l'exercice physique et supprimer la fatigue. S'il en est ainsi, c'est que l'éphédra renferme une substance appelée éphédrine qui a pour propriétés de : dilater les bronches, exciter les muscles, augmenter le taux de sucre dans le sang, repousser la sensation de fatigue. ->création de la benzédrine(une amphé) Très vite, les amphétamines et leurs dérivés vont devenir les stars du dopage pour longtemps. Déjà répandues dans le milieu sportif, leur réputation va être assise lors de la seconde guerre mondiale. Durant le conflit, 72 millions de comprimés de benzédrine (amphétamine) seront distribués aux contingents britanniques et notamment aux pilotes de la Royal Air Force pour les aider à lutter contre la fatigue. Les utilisateurs déclarent alors ne pas ressentir de fatigue et avoir une volonté intacte quelques soient les situations. Pour comprendre comment ces effets peuvent intervenir, pénétrons au cœur de l'organisme humain. Comment ça marche ? Les amphétamines agissent au niveau du système nerveux central. Dans notre cerveau sont libérés en permanence plusieurs dizaines de transmetteurs différents. Chacune de ces substances à des effets plus ou moins définis. Les amphétamines ont une configuration proche de deux de ces transmetteurs : la noradrénaline et la dopamine. Le premier composé intervient dans l'éveil, la préparation aux agressions ; le second provoque un sentiment d'apaisement et de plaisir. La présence d'amphétamines dans le cerveau engendre une augmentation de la quantité de transmetteurs disponibles et induit, par-là même, les effets comportementaux cités. La connivence Dans la première moitié du siècle, la grande majorité - pour ne pas dire la quasi-totalité - des athlètes de haut-niveau ayant à supporter les efforts difficiles et prolongés ont absorbé des amphétamines. Cela ne posait aucun problème puisque, après avoir été recommandées puis délivrées (guerre), ces dernières sont restées en vente libre en France jusqu'en 1955. Le sport n'est pas le seul secteur touché. Après la guerre, les amphétamines sont utilisées dans tous les corps de métiers, à chaque fois qu'une fatigue doit être endurée, à chaque fois qu'un travail physique ou intellectuel important doit être accompli. Les étudiants, professions libérales, ouvriers utilisent ces produits de manière plus ou moins prolongée. Indétectables ? Dans le milieu sportif français, la première loi anti-dopage de 1965, notifie explicitement les amphétamines parmi les produits interdits. Dès lors, les sportifs et leur entourage vont mener une véritable course pour éviter d'être pris aux contrôles. La première année (1966), un contrôle sur trois est positif. L'année suivante, ce taux est guère supérieur à 10%. Cela ne signifie nullement que moins d'athlètes se dopent mais simplement qu'ils ont su déployer des astuces leur permettant de passer au travers des contrôles. Nous reviendrons sur les techniques permettant de s'assurer de n'être pas pris Les risques ->voir + haut Eté 1967, 13ème étape du tour de France entre Marseille et Carpentras. Il est 17h, la température avoisine les 45°C à l'ombre. Sur les pentes du Mont Ventoux, à 2 kilomètres du sommet, un coureur s'effondre. L'Anglais Tom Simpson est en train de succomber aux effets combinés des amphétamines et d'une déshydratation prononcée. En dépit des secours apportés, à 17h40 la mort intervient officiellement. L'action des amphétamines permet de comprendre comment un sportif peut en arriver à de telles extrémités. Nous avons dit que ces substances suppriment la sensation de fatigue. Or, les conséquences de cette dernière sont belles et bien présentes. Si le corps ne perçoit plus la douleur, ces capacités physiques, elles n'ont pas changé. Le sportif est alors comme un conducteur qui ne verrait pas s'allumer un à un les voyants de son tableau de bord. Il continue à se donner, ne reçoit pas les signaux de la fatigue, d'un coup de chaleur… Il peut ainsi continuer jusqu'à la défaillance, jusqu'à la mort par épuisement (collapsus, désamorçage cardiaque, déshydratation…). Mort pour ne pas être parvenu à prendre en compte ses propres douleurs. Le "coup de fouet" attendu se paye parfois au prix fort. Si les amphétamines ont des effets psychiques marqués sur l'organisme, leur portée physique est trop limitée pour satisfaire les sportifs en mal de performances. D'autres substances doivent se charger de ce versant de la performance. 4 Un siècle d'anabolisants 4.1 Les hormones anabolisantes En fonction de leur formule chimique, de leur mode d'action ou encore de leur lieu de synthèse, il est possible de distinguer plusieurs catégories d'hormones anabolisantes. En ce qui nous concerne nous retiendrons : - les hormones stéroïdes solubles dans les graisses. Elles proviennent de la transformation du cholestérol dans certaines glandes endocrines. La plus représentative est l'hormone mâle appelée aussi testostérone. - les bêta-agonistes dont nous allons détailler le mode d'action - les hormones peptidiques parmi lesquelles se trouvent la fameuse hormone de croissance, l'insuline… et de futures stars des médias comme les facteurs de croissances (IGF-1). Pour comprendre plus finement le mode d'action de ces hormones, prenons le cas des bêta-agonistes. Les bêta-agonistes ou bêta-stimulants sont des substances qui agissent principalement sur le système nerveux autonome. Ce réseau nerveux comprend : - des voies de circulation (les fibres) qui partent du cerveau (hypothalamus) et descendent par la moelle épinière pour ensuite se distribuer à tous les étages du corps - des aires de repos et de ravitaillement (les ganglions) - des éléments cibles qui sont en fait tous les organes et viscères du corps - des transporteurs qui assurent la liaison entre les voies de circulation et les organes Son rôle est d'assurer le maintien du milieu intérieur de l'organisme dans des limites compatibles avec la vie et ceci en dépit des variations de l'environnement. Pour ce faire, il dispose d'un double système de commandes contradictoires : le système parasympathique (calmant) et le système orthosympathique (excitant). Dans le second cas, le messager s'appelle l'acétylcholine, dans le premier l'adrénaline. C'est à ce transmetteur que nous allons nous intéresser. L'adrénaline est donc l'hormone du système permettant d'activer l'organisme. Elle est la clé qui assure l'ouverture des petits verrous appelés récepteurs bêta qui sont présents sous des formes différentes à plusieurs endroits stratégiques de l'organisme (cœur, artères, bronches, muscles…). La libération d'adrénaline met l'organisme en état de préparation à l'action. Elle active les grands systèmes fonctionnels (respiration, circulation), joue sur les émotions et la pensée. Mieux encore, elle renforce l'organisme pour d'éventuelles actions à venir (synthèses protéiques). Or, les bêta agonistes viennent se placer sur les récepteurs à adrénaline provoquant les mêmes réactions que cette dernière. A terme, ils permettent un gain considérable de masse musculaire et une diminution non moins importante des graisses corporelles. A présent que nous avons entrevu le mode d'action des hormones anabolisantes, voyons comme elles ont pénétré le secteur sportif. Déjà dans les années d'avant guerre, puis dans les années 50, les rumeurs font état d'utilisation de stéroïdes anabolisants par les athlètes soviétiques. Après confirmation auprès de leurs homologues russes, les coaches américains suivent la tendance. Dans les années 60, les records, dans les disciplines de force comme les lancers, s'envolent. Les athlètes acquièrent une nouvelle stature ; des gabarits "jamais vus" investissent les stades. Si l'effet sur les sportifs hommes est important, nous verrons qu'en ce qui concerne les femmes, il est déconcertant. La testostérone fait grossir. Cependant en cas de prise de testostérone couplée avec un régime pauvre en lipides et en protéines, le poids reste stable. C'est tout bénéfice pour les sportifs d'endurance qui peuvent bénéficier de tous les autres effets des anabolisants stéroïdiens sans augmenter leur poids. Parmi les avantages recherchés citons la limitation des effets de la fatigue, l'accélération de la vitesse de récupération donc la possibilité de s'entraîner davantage, l'augmentation de la volonté et de la confiance en soi. Les risques La prise de testostérone peut provoquer des intoxications avec lésions de cellules du foie, augmenter le risque de cancers et d'accidents cardiovasculaires. Chez l'homme l'injection de testostérone inhibe la production de cette hormone par l'organisme et peut conduire à des atrophies des testicules. Enfin, une partie des hormones stéroïdes est susceptible de se transformer en œstrogène (hormone féminine) et engendrer la formation de seins chez des sujets masculins. Mais dans l'ensemble, l'effet des stéroïdes anabolisants sur les caractères secondaires sexuels se fait plutôt sentir dans le sens inverse. Etant une hormone masculinisante, la testostérone provoque, chez la femme, la survenue de caractères masculins. En moins d'un mois, le visage et le dos se couvrent d'acné dans plus d'un cas sur deux ; les secrétions de sébum gras augmentent au niveau de la peau et des cheveux (récepteurs cutanés). La libido est souvent exacerbée. En quelques mois, la voix devient rauque (les cordes vocales s'épaississent), les cheveux deviennent plus fins et moins long, leur chute s'accroît. Une calvitie précoce peut apparaître au niveau des lobes frontaux. En revanche, le menton et le dessus de la lèvre supérieure se couvrent de poils. La toison pubienne s'agrandie vers le bas. La face interne des cuisses, le tour des mamelons et la région située entre les seins se couvrent d'une pilosité typiquement masculine. Les règles sont stoppées, le clitoris et les grandes lèvres ont tendance à grandir, les seins s'atrophient, le bassin s'affine tandis que les épaules s'élargissent. Selon le régime alimentaire, les muscles peuvent grossir, leur relief s'accroît. Les comportements tendent vers une recherche effrénée de plaisir et une agressivité décuplée. Bien qu'impressionnants, ces symptômes ne semblent pas constituer un facteur limitant la prise de stéroïdes anabolisants. Depuis que les premières lois anti-dopages ont été promulguées, la seule chose qui paraisse stopper la prise d'un produit c'est son caractère détectable. Finalement, ce qui a pu limiter la prise de stéroïdes c'est l'arrivée sur le marché d'anabolisants plus efficaces et encore moins risqués. 4.2 Au-delà de la testostérone : les bêta-agonistes Dans les années 1980, les bêta-stimulants tendent à remplacer les stéroïdes anabolisants. Les effets recherchés sont les mêmes que ceux engendrés par la testostérone. Cependant, le gain de muscles peut être deux fois plus grand. Par ailleurs, la prise de poids peut être limitée du fait d'une baisse importante des graisses corporelles. En ce qui concerne les spécialistes de sports d'endurance, l'amélioration de la fonction respiratoire, l'augmentation des charges de travail, la diminution des temps de récupération, la stimulation de la volonté sont les principaux effets attendus. Tout semble concourir à l'utilisation de ces substances. Leur formule est facile à copier, elles sont présentent dans de nombreux médicaments, leur temps de vie dans le sang est réduit (quelques jours au plus) tandis que leurs effets sont durables. Enfin, de nombreux produits sont capables de les masquer ; le risque de se faire prendre est donc très faibleCompte tenu de ces avantages, tous les sports sont touchés. Les disciplines de force et de vitesse bien sûr mais également l'ensemble des disciplines d'endurance dont les sportifs semblent adeptes du Salbutamol. Ainsi, il semblerait que, suite à une utilisation de bêta-stimulants, les fibres musculaires tendent à être remplacées par du tissus conjonctif. Le risque d'arrêt cardiaque est évident. Autres désagréments entrevus : tremblements, maux de têtes, soupçons quant à l'élévation des risques de cancers… Pour les adeptes que ces ennuis refroidiraient, il reste un must en terme de produit anabolisant. Nous avons nommé l'hormone de croissance 4.3 L'hormone de croissance L'hormone de croissance ou somatotropine ou hGH est recherchée pour deux raisons principales : - favoriser la prise de muscles (synthèse des protéines et actions sur l'ARN) grâce à des prises associées à un régime protéiné (suppléments en acides aminés) et un entraînement intensif. - augmenter les charges d'entraînement grâce à une amélioration de la récupération et une diminution de la fatigue engendrée par l'exercice. L'hormone de croissance est l'hormone de la récupération. La première utilisation est le fait des sportifs pratiquant des activités de force-vitesse, la seconde est le fait des "endurants". A l'inverse des stéroïdes anabolisants, la détection de l'hormone de croissance est extrêmement difficile pour ne pas dire impossible. En effet, elle n'est plus détectable dans le sang quelques minutes seulement après son absorption. Après trente minutes, la moitié de la quantité d'hormone ingérée a disparu de la circulation. Risques Si les produits actuellement sur le marché sont, depuis 15 ans, synthétisés par génie génétique, l'utilisation de l'hormone de croissance remonte aux années 60. Pendant plus de 20 ans (c'est à dire jusqu'en 1983), les sportifs se sont fournis en hormones prélevées sur des animaux morts. Outre, les réactions allergiques que cela a provoqué à l'époque, on entend parler maintenant de cas de maladie de Creutzfeld-Jakob. . Parmi les effets secondaires observés, on note une croissance des os longs qui se traduit chez les sportifs par des pieds qui grandissent (certains cyclistes ont pris 2 tailles de chaussure en une saison), des maxillaires qui s'allongent ce qui peut provoquer un déchaussement des dents. Ne nous étonnons donc pas si nous voyons des ribambelles d'athlètes se promener avec des appareils dentaires. Ce n'est ni une envie soudaine d'être plus beau, ni une nouvelle mode, ni même une conséquence des forces engendrées par le mouvement… . Quant aux effets à moyen terme sur la santé, ils sont peu connus mais on parle déjà de diabète, d'arthrose, de risques cardiaques et de cancers. Par ailleurs, à l'instar des effets observés avec les bêta-stimulants, il semblerait que la prise de masse soit surtout le fait de collagènes (tissus conjonctif) et pas de tissus musculaires. Le plus souvent, l'hormone de croissance n'est pas prise seule mais en association avec un facteur de croissance appelé IGF-1. 4.4 IGF-1 (insuline growth factor - 1) Dans l'organisme, l'hormone de croissance agit au niveau des récepteurs situés sur les membranes des cellules cibles (cartilages, muscles…). Mais son action est également plus ciblée. En effet, l'hormone de croissance agit en relation étroite avec un composé secrété par le foie : le facteur IGF-1 (ou somatomédine C). Même si les liens entre les deux substances sont difficiles à démêler (l'hormone de croissance semble provoquer la libération d'IGF-1 et préparer les tissus à réagir à sa présence), toutes deux s'influencent réciproquement de manière positive (rétroaction positive). La prise en simultané du puissant facteur de croissance qu'est l'IGF-1 et de l'hormone de croissance devrait aboutir (ou aboutit déjà) à des résultats qui seront sans nul doute détonants. La dernière hormone anabolisante, particulièrement utilisée par les sportifs, a une structure et des actions communes avec l'IGF-1 mais possède un nom beaucoup plus connu. 4.5 L'insuline L'insuline est connue pour permettre la mise en réserve dans les tissus du sucre circulant dans le sang. Ce simple effet peut contribuer à accélérer la vitesse de la récupération après un effort. Son utilisation dans le cadre des sports d'endurance doit certainement être limitée ou tout du moins très contrôlée dans la mesure où des doses trop fortes aboutiraient à la prise de masse grasse. En plus de son action hypoglycémiante (baisse du taux de sucre sanguin), ce qui est moins connu, c'est que l'insuline a été longtemps considérée comme le principal facteur contrôlant la croissance des tissus. Même si depuis, ce rôle a été attribué à une substance dont la structure lui est extrêmement proche - l'IGF-1-, il n'en reste pas moins que prise à hautes doses, l'insuline a des effets anabolisants qui ne sont pas négligeables. De plus, sa présence est nécessaire au maintien et parfois à l'activation de l'action d'autres hormones. 5 Des corticoïdes Les corticoïdes sont des hormones stéroïdiennes secrétées par des petites glandes situées juste au-dessus des reins. Les plus connues de ces hormones sont certainement le cortisol (hormone physiologique) et la cortisone. Au niveau biologique, elles ont un effet exactement inverse à celui des hormones anabolisantes de la même classe (stéroïdes anabolisants). Alors que ces dernières puisaient dans les réserves pour faire du muscle, elles contribuent à former des produits utilisables par ces mêmes muscles (sucres) en puisant dans les réserves de protéines. Cette action peut être intéressante à différents moments de l'activité d'endurance : - pendant l'effort, elle agit en renforçant l'action d'une autre hormone des situations d'urgence qu'est l'adrénaline. En effet, elle aide à fournir le glucose nécessaire à la poursuite de l'effort. - à l'issue de l'effort, elle permet de reconstituer les stocks de glycogène épuisés par l'exercice. Le second effet des corticoïdes est une action anti-inflammatoire et antidouleur. Là aussi, si cet effet peut être notoire dans certains contextes, il ne semble pas suffisant pour induire une répétition des prises. En fait, il semble que le principal effet attendu se joue au niveau du système nerveux central. Les corticoïdes ont des effets psychologiques qui vont dans le sens d'une baisse de la sensation de fatigue et d'une régulation de l'humeur. Les sportifs adeptes de ces produits déclarent ressentir une envie décuplée, une sensation d'euphorie associée à un sentiment de toute puissance. Risques Hormis la fonte musculaire déjà citée, la seconde conséquence physiologique néfaste résultant d'une prise de corticoïdes est un déséquilibre hydroélectrique qui se manifeste par des oedèmes et une prise de poids par rétention d'eau. Pour limiter ces effets, ces substances sont souvent associées à la prise d'anabolisants et de calcium. Par ailleurs, l'absence de perception des signes douloureux peut conduire aux mêmes extrémités que celles rencontrées dans le cas des amphétamines (épuisement). Enfin, des troubles psychotiques peuvent intervenir. Ces désordres sont toutefois plus modérés que ceux découlant de la prise d'amphétamines. Compte tenu de ce que nous venons de dire et des particularités liées à l'entraînement dans les sports de durée, il semble que le moment le plus propice à la prise de corticoïdes se situe à la fin de la première période, après la phase "dédiée" aux anabolisants. Nous obtenons donc une planification de type : - période 1 : produits anabolisants - période 2 : corticoïdes (en fonction de l'état psychologique et physique du sportif, cette période peut être plus ou moins confondue avec la première) - période 3 : hormone de croissance et IGF-1 En période 4 arriverait la gamme des produits destinés à améliorer le transport des gaz dans l'organisme (page suivante). 6 Puis vint l'EPO et ses acolytes… : transporter les gaz Toutes les méthodes permettant d'accroître les capacités de l'organisme à extraire l'oxygène et le transporter jusqu'aux muscles sont susceptibles d'améliorer les performances dans les sports de durée. Historiquement, un des premiers moyens utilisé est l'autotransfusion de sang. quels moyens pour quelles places ? 6.1 L'autotransfusion voir livre 6.2 Des grossesses d'Etat Depuis les années 50, plus d'un tiers des athlètes féminines de certains pays de l'Est notamment auraient été enceintes. Ce taux est bien supérieur à celui trouvé dans le reste de la population. Et pourtant, les sportives ne font pas plus d'enfants que leurs homologues sédentaires. Fin des années 80, l'affaire de nombreuses fois pressentie et évoquée durant 40 ans explose au grand jour. Des entraîneurs engrossaient des athlètes puis les faisaient avorter afin de profiter des effets physiologiques liés à la grossesse. Les sportives pratiquant les activités d'endurance étaient les plus concernées. Les effets de la grossesse sont proches de ceux engendrés par l'entraînement de durée. Le cœur augmente de volume, la quantité d'hémoglobine (pigment assurant le transport de l'oxygène) est accrue, la ventilation est quasiment multipliée par deux. La consommation maximale d'oxygène de l'organisme peut être augmentée de 10 à 30%. Les deux méthodes dont ont, sans aucun doute, substances facilitant, et leur transport dans nous venons de parler (autotransfusion et grossesse) été avantageusement associées à l'utilisation de elles aussi, la captation des gaz de l'environnement l'organisme. 6.3 Quelques substances pour activer la respiration et la circulation La Pentoxifyline Son action sur le transport des gaz est avant tout périphérique. A proximité des fibres musculaires, la progression des globules rouges peut être entravée voir stoppée. Ils peuvent, en effet, avoir à passer par des capillaires (petits vaisseaux) dont le diamètre est inférieur au leur. La Pentoxifyline tend à accroître les capacités de déformation des globules rouges. Capables de se déformer plus facilement, ils peuvent progresser à travers les capillaires en question et ainsi contribuer à augmenter la circulation donc la libération d'oxygène à proximité des fibres musculaires. Pentétrazol (nom commercial = Cardiozol), bêta-agonistes… Les substances citées ont des effets sur la respiration (captation de l'oxygène), la circulation (transport) et l'utilisation de l'oxygène par l'organisme. L'objectif attendu est bien évidemment une amélioration de la performance aérobie mais aussi une moindre perception des effets de la fatigue. Selon les cas, parmi les risques encourus citons des altérations des structures organiques (élévation des oxydations) ainsi qu'un dépassement des capacités fonctionnelles du cœur notamment (collapsus). 6.4 EPO EPO pour erythropoïétine (du grec eruthros signifiant rouge et poïesis signifiant produire, créer). L'EPO est une hormone protéique habituellement produite par le rein. De ce lieu de sécrétion, elle migre dans la moelle des os où elle stimule la production des érythrocytes (globules rouges). Utilisée en thérapeutique pour le traitement des anémies, son "ingestion" permet à un individu sain d'augmenter le nombre de ses globules rouges donc sa capacité à transporter l'oxygène jusqu'aux muscles. On comprend l'intérêt majeur que cette hormone peut revêtir pour les spécialités d'endurance. Le fameux Ekblom a même été jusqu'à comparer l'utilisation d'EPO avec l'autotransfusion pour trouver que dans les deux cas la hausse de VO2max est comparable. Même si tel est effectivement le cas, l'utilisation d'EPO présente de multiples avantages sur l'autotransfusion : - la méthodologie des injections est infiniment plus simple - les injections peuvent être répétées à intervalles contrôlés et adaptées en fonction des réactions du sportif. - l'hormone disparaît rapidement du sang (en 48h les taux sont revenus à la normale) alors que ses effets se prolongent plusieurs semaines. Remarquons que ce simple constat rend dérisoire toute tentative de contrôle sanguin direct lors des compétitions. Ces prérogatives ont contribué à faire de l'EPO, le produit des sports de durée. Aux dires de certains spécialistes, c'est le processus d'entraînement en entier qui serait géré à partir de l'EPO et de l'évolution du taux de globules rouges qu'elle engendre. Chez un sujet lambda le taux d'hématocrite (% exprimant la concentration des globules rouges dans le sang) se situe dans une fourchette comprise entre 40 et 50% (un peu moins pour une femme). Une première période de prise d'EPO amène ce taux aux alentours de 50-55%. Un entraînement de type longues sorties à allures modérées est effectué conjointement. Dans un deuxième temps, la prise d'EPO amène l'hématocrite aux alentours de 55-60% ; l'entraînement fractionné peut alors donner toute sa mesure. Si nous reprenons notre planification du parfait dopeur, nous obtenons un programme du type : - période 1 : produits anabolisants - période 2 : corticoïdes - période 3 : hormone de croissance et IGF-1 - période 4 : EPO Mais revenons à l'EPO. Là encore, s'agissant d'une hormone, son utilisation n'est pas sans dangers pour le sportif. Tout d'abord, signalons que sa prise doit être couplée avec celle de fer qui entre dans la composition de l'hémoglobine (le pigment transporteur d'oxygène) contenu dans les globules rouges. Etant donné que les doses sont données de manière empirique (pour ne pas dire farfelues) de nombreux cas de surdosage en fer ont été détectés. Les coureurs surdosés risquent de nombreuses lésions cellulaires (cirrhose, diabète, accidents cardiaques…). Par ailleurs, l'EPO peut conduire à des embolies. Si elle est injectée trop rapidement, elle peut engendrer un syndrome grippal avec fièvre, frissons, douleurs musculaires…. Autant de symptômes ressentis par tous les coureurs d'une équipe cycliste lors d'une affaire pas ordinaire. Au début des années 90, en un an et demi, environ 20 coureurs professionnels sont mystérieusement décédés. Les autopsies relevaient à chaque fois une grande viscosité du sang et la formation de caillots obstruant les artères… autant d'effets secondaires de l'EPO. Actuellement, la prise d'EPO semble mieux maîtrisée. Peut être est-elle même déjà dépassée ! EPO et après A une époque où les instances sportives, politiques et judiciaires se battent pour savoir si elles doivent légaliser des tests sanguins anti-EPO quasiment inutiles, les chercheurs ont déjà trouvé des petits composés peptidiques capables de remplacer cette hormone. Il y a déjà 5 ans de cela (1996), un article publié dans la revue Science faisait état de la mise au point d'une petite molécule très simple appelée EMP (Erythropoietin Mimetic Peptide) capable de plagier l'action de l'EPO. Cette molécule vient se placer sur les récepteurs spécifiques à cette hormone induisant les mêmes adaptations qu'elle (stimulation de la production de globules rouges). Le développement de ce produit est déjà lancé. Nul doute, qu'il arrivera bientôt dans les os des coureurs. Parallèlement, de l'EPO nouvelle génération est à l'étude. Avec cette nouvelle molécule, plus besoin de trois prises par semaines ; une seule suffit. A cette cadence, pour qu'un sportif se fasse prendre aux contrôles, il faudrait vraiment qu'il le fasse exprès ! Les diurétiques Les diurétiques sont des substances habituellement consommées dans les sports à catégories de poids. En effet, elles drainent les liquides de l'organisme, favorisent leur élimination et permettent ainsi de perdre rapidement du poids. Les sportifs qui n'ont pas de soucis de poids dans leur activité les utilisent soit pour lutter contre la rétention d'eau provoquée par le dopage aux corticoïdes, soit pour échapper aux contrôles anti-dopage. Dans ce dernier cas, le protocole est le suivant. Après l'arrivée, le sportif ingère rapidement des diurétiques, il va uriner tout ce que son corps contient d'eau et de substances illicites, il se fait injecter de l'eau distillée dans la vessie puis passe aux contrôles. La modification du déroulement des contrôles qui est intervenue dans les années 80 a rendu impossible cette pratique. Actuellement, les sportifs ont plutôt tendance à absorber des cachets de sels pour garder les liquides organiques et à boire de grandes quantités d'eau afin de diluer les substances ingérées. Les spécialistes d'endurance ont recours à cette pratique pour diminuer le taux d'hématocrite par augmentation du volume sanguin. Les substances analgésiques courantes (aspirine, codéine…) ou plus rares (dérivés de l'opium ; morphine, héroïne) peuvent être utilisées dans les activités d'endurance dans l'objectif de limiter la douleur ressentie. Des cas de prise de 8 comprimés d'aspirine ont été détectés avant le départ des marathons. Ponctuellement, ces substances sont utilisées comme anti-inflammatoires et pour éviter d'avoir à endurer les effets douloureux d'une blessure. Les dérivés de l'opium sont plus certainement utilisés dans les différents sports comme stimulants permettant de supprimer les mécanismes d'inhibition intervenant au niveau du système nerveux central. 9 Les bêta-bloquants Les bêta-bloquants sont des hormones qui ont une action inverse à celle des bêta-agonistes (bêta-agonistes). Elles inhibent les récepteurs à adrénaline. Leur ingestion aide à la concentration, à la relaxation, à la stabilité émotionnelle Les risques liés à ces produits sont faibles : hypoglycémie, diminution du débit cardiaque entraînant des mains froides, quelques signes de fatigue et une diminution des performances sexuelles.