Molière (France, 1622-1673)
Pseudonyme de Jean-Baptiste Poquelin, dramaturge et acteur considéré
comme le créateur de la comédie moderne. Il a eu une grande carrière littéraire
pour laquelle il a consacré sa vie, renonçant au futur tout tracé que son père lui
offrait, et acceptant la faible considération sociale de la profession théâtrale.
Après avoir alterné des hauts et des bas, il a obtenu la consécration
suprême, il est devenu le dramaturge favori de la cour de Louis XIV.
Molière était un génie, le seul capable d’écrire et représenter des comédies
représentant à la perfection la société de l’époque tout en invitant celle-ci à
changer.
Il est l’auteur de pièce de théâtre intemporelle comme le malade imaginaire,
l’avare, tartuffe,....
Molière a écrit 33 pièces. Les farces étaient des comédies d'intrigue et des
comédies de caractère. Beaucoup de ses pièces étaient des comédies de moeurs.
Il a écrit sur les problèmes de caractère de la société comme le snobisme,
l’hypocrisie, la religion, les mésalliances, les femmes, l’éducation, la vanité et
la jalousie en offrant des solutions raisonnables. Il a voulu amuser les gens et,
en même temps, corriger la société. Molière a apprécié le bons sens et a critiqué
ceux qui en manquaient.
En 1673, pendant le quatrième représentation du Malade imaginaire, il a
ressenti de violentes douleurs qui l’ont obligé à quitter la scène. il est mort
quelques heures plus tard chez lui. Le roi Louis XIV a dû intervenir afin que
l’Eglise lui permette d’avoir un enterrement digne. Il a été enterré de nuit dans
la plus grande discrétion.
Le tartuffe : une pièce controversée et interdite :
Tartuffe ou l’Imposteur est une comédie en cinq actes en alexandrins de Molière
présentée le 12 mai 1664. Molière a écrit cette pièce en réaction aux
agissements de la Compagnie du Saint-Sacrement*. En fait, dans la mesure où
les dévots* qui étaient présents à la Cour critiquaient le libertinage des mœurs
(et les amours adultères du roi), le luxe, les fêtes, la politique de prestige et
même la politique extérieure du royaume, Molière a été tenté de lancer une
satire de la dévotion. En proposant un spectacle dans lequel les dévots sont
présentés soit comme des ridicules (Orgon) soit comme des hypocrites
(Tartuffe), il savait qu'il obtiendrait l'approbation du roi, les applaudissements
de la plus grande partie de la Cour et les rires de l'aristocratie mondaine qui
était la partie influente de son public dans son théâtre du Palais-Royal.
*La Compagnie du Saint-Sacrement était une société catholique fondée en 1630.
autrement appelée «parti des dévots»
* les dévots : En religion, la dévotion est une manifestation de la piété privée qui
s'exprime notamment, dans le christianisme, par des exercices de piété, tels la
récitation du chapelet, la visite d'églises, la vénération des saints (avec offrande de
cierges allumés)
Les thèmes abordés dans cette pièce :
Dans cette pièce de Molière, plusieurs thèmes sont traités. Le plus important est
celui de l'hypocrisie autour duquel s’y rattachent d'autres thèmes comme la
religion.
L’hypocrisie :
Cette pièce est destinée à mettre en lumière et ridiculiser un vice (comédie de
caractère). Lorsqu'il a publié la version en cinq actes de sa pièce, Molière a écrit
une préface destinée à masquer ses intentions initiales en prétendant que son
objectif premier avait été de faire le portrait d’ « un méchant homme ». Il
précise en outre que « l'hypocrisie est dans l'État, un vice bien plus dangereux
que tous les autres ».
La religion :
Le xviie siècle est un siècle très pieux, d'où l'interdiction qui a frappé la pièce
pendant cinq ans car elle constituait une atteinte à la religion et pouvait prêter à
confusion entre les vrais et les faux dévots. Pour combattre l'hypocrisie,
Molière a choisi de présenter un faux dévot. Donc, bien que Molière s'en
défende, la religion semble être un thème important de la pièce. Le champ
lexical emprunte de nombreux termes à la religion: Dieu y est constamment
invoqué, on parle de péché, d'enfer, de tentation, de dévotion, de repentir, de
pardon, de charité, de conscience et de bénédiction. Cléante, dans la scène V de
l'acte I attaque férocement cette religion de façade et les faux dévots d'autant
plus dangereux qu'ils utilisent comme armes pour régenter le monde des
principes religieux que leurs interlocuteurs respectent profondément. Molière
présente ainsi deux pratiques religieuses, l'une condamnable et l'autre
respectable. Pour avocat, il se sert de Cléante, personnage qui représente
l'honnête homme à la religion aimable et modérée.
« Le devoir de la comédie, étant de corriger les hommes en les
divertissant, j’ai cru que je n’avais rien de mieux à faire que
d’attaquer par des peintures ridicules les vices de mon siècle ;
et comme l’hypocrisie en est un des plus en usage, des plus
incommodes et des plus dangereux, j’avais eu la pensée que je
ne rendrais pas un petit service à tous les honnêtes gens si je
faisais une comédie qui décriât les hypocrites »
Résumé :
Orgon est l’archétype du personnage de cour tombé sous la coupe de
Tartuffe, un hypocrite et un faux dévot. Il est, ainsi que sa mère, Madame
Pernelle, dupe de Tartuffe. Ce dernier réussit à le manipuler en singeant la
dévotion et il est même parvenu à devenir son directeur de conscience. Il se voit
proposer d'épouser la fille de son bienfaiteur, alors même qu’il tente de séduire
Elmire, la femme d'Orgon, plus jeune que son mari. Démasqué grâce à un piège
tendu par cette dernière afin de convaincre son mari de l'hypocrisie de Tartuffe,
Tartuffe veut ensuite chasser Orgon de chez lui grâce à une donation
inconsidérée que celui-ci lui a faite de ses biens. En se servant de papiers
compromettants qu’Orgon lui a remis, il va le dénoncer au Roi. Erreur fatale: le
Roi a conservé son affection à celui qui l’avait jadis bien servi lors de la
Fronde. Il lui pardonne et c’est Tartuffe qui est arrêté.
Les personnages
Madame Pernelle : mère d'Orgon et favorable à Tartuffe qui est, d'après elle, un
personnage pieux et respectable. Dès la scène d'exposition, elle est immédiatement
disqualifiée par Molière: elle incarne l'aveuglement d'une génération dépassée.
D'ailleurs, elle sera la dernière personne à comprendre son erreur.
Orgon: mari d'Elmire et fils de Madame Pernelle. C'est une personne naïve et entêtée.
Elmire: femme d'Orgon. Contrairement à Orgon, elle est présentée comme un
personnage entièrement positif. Elle est caractérisée par deux termes: la discrétion et
l'efficacité. En effet, sans les interventions intempestives de Damis, la pièce aurait pu
se terminer bien plus tôt. Elle est le dernier recours pour démêler des situations
familiales complexes (mariage entre Tartuffe et Mariane).
Damis: fils d'Orgon et frère de Mariane, il a reçu le caractère de son père (colérique)
mais ses actions demeurent inefficaces.
Mariane: fille d'Orgon, sœur de Damis et amante de Valère. Elle est très timide et
plutôt passive.
Valère: amant de Mariane.
Cléante: beau-frère d'Orgon. Personnage calme, réfléchi et intelligent. C'est pourquoi il
essaye de raisonner Tartuffe à l'acte IV.
Tartuffe: faux dévot. Hypocrite et pique-assiette. Il n'arrive pas avant la scène 2 de
l'acte III et sera absent pendant presque tout l'acte V.
Dorine: servante de Mariane. Personnage plein de bon sens et de franc parler.
Monsieur Loyal: sergent royal3
Un exempt: officier royal chargé des arrestations.
Flipote: servante de Madame Pernelle.
Acte I
La scène d'exposition s'ouvre sur le départ mouvementé de madame Pernelle, mère d'Orgon,
déçue et révoltée du train de vie que mènent ses petits-enfants, sa belle fille et son beau-fils
par alliance. Ainsi l'acte s'ouvre sur le chaos installé par Tartuffe dans cette famille. Orgon
apparaît alors. Il raconte avec émotion à Cléante sa première rencontre avec Tartuffe.
Acte II
Orgon veut briser son engagement envers Valère et marier sa fille Mariane à Tartuffe. Cette
nouvelle cause une dispute entre les deux amants, dispute vite réglée par Dorine la servante
de Mariane, qui complote pour rétablir le calme dans sa maison.
Acte III
Tartuffe apparaît et tente de séduire Elmire. Damis entend la conversation et en informe son
père. Par la suite, Damis est chassé par son père qui l'accuse de dénigrer Tartuffe. Orgon
veut faire de Tartuffe son héritier.
Acte IV
Cléante tente en vain de mettre Tartuffe en face de ses responsabilités. Il est la cause du
renvoi de Damis. Quant à l’héritage, il lui indique qu’il n’a aucune légitimité pour en
bénéficier. Tartuffe reste intraitable: il n’interviendra pas pour aider Damis et il ne peut
refuser cette donation. Mariane, dont le sort semble scellé, livre à son père son désespoir de
se voir promise à Tartuffe. Elmire décide alors d’agir. Face à la crédulité et à l'aveuglement
de son mari, elle lui propose de lui apporter la preuve de l’hypocrisie de son protégé. Elle
demande à Orgon de se cacher sous la table afin qu'il puisse assister à une entrevue qui
n'aura d'autre but que de révéler la véritable personnalité de Tartuffe. Survient alors Tartuffe
qui se montre tout d’abord méfiant. Puis très vite il recommence une cour assidue auprès
d’Elmire. À la fois furieux et effondré, Orgon intervient et ordonne à Tartuffe de quitter les
lieux. Hélas, il est trop tard. Tartuffe rappelle à Orgon qu’il lui a fait don durant l’après-midi
de ses biens et que c'est lui, Tartuffe, qui est à présent le propriétaire de la maison.
Acte V
Tartuffe réclame l'arrestation d'Orgon, comme traître au Roi. En effet Orgon a mis dans ses
mains une cassette qu'un ami lui avait confié, cette cassette contenant des documents
compromettants. Coup de théâtre: l'exempt lui rétorque que c'est lui, Tartuffe qu'on va
arrêter sur le champ sur ordre du Roi. Tartuffe ne comprend pas. C'est que le Roi, en
récompense des services rendus par Orgon, lui pardonne cette correspondance et punit le
délateur Tartuffe, coupable d'un crime commis avant le temps de la pièce.
Ainsi la pièce se termine dans la joie, car, de ce fait et par autorité royale, le Prince annule
les papiers signés par Orgon et faisant acte de donation à Tartuffe et Orgon donne la main de
Mariane à Valère, «amant fidèle».
Remarque :
Le personnage principal de cette pièce n’apparait seulement qu’à partir du troisième acte.
Cependant nous avons l’impression de le connaître sans jamais ne l’avoir vu. Molière utilise
les différents personnages de la pièce pour en faire sa description, ainsi le spectateur connait
déjà la double facette de Tartuffe, il peut mieux apprécier le double jeu de celui-ci. Molière
crée ainsi un «suspens», c’est à dire que le spectateur attend de voir comment et quand les
proches de tartuffe vont découvrir sa vraie personnalité.
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