CAUSES Surproduction ventes insuffisantes => prix et faillites des entreprises aux coûts les plus élevés salaires + chômage non indemnisé (19ème siècle) ou faibles indemnités revenus + insécurité sociale et anticipations pessimistes => épargne de précaution Surproduction existence de surcapacités de production profits => ressources d’autofinancement anticipations pessimistes FAITS BAISSE DE LA PRODUCTION CONSEQUENCES profits, investissements, emploi (licenciements) BAISSE DES REVENUS consommation BAISSE DE LA CONSOMMATI ON demande de biens de consommation => la production des secteurs des biens de c° est ralentie demande de biens de production BAISSE DE L’INVESTISSE MENT La crise au 19ème siècle en économie de marché concurrentielle : un processus cumulatif Les mécanismes de la reprise Ils sont liés aux variations des prix (= mécanismes de marché, libéralisme) et au comportement des acteurs : Le problème à résoudre : O > D. Or, la dépression conduit « spontanément » à un freinage de l'offre (faillites, baisse de la p°...) et à la baisse des prix et des coûts de production salaires (= du prix du facteur travail) des taux d'intérêt car il y a moins d'emprunteurs sur le marché des capitaux du fait de la baisse de l'investissement) => du prix du facteur capital. la baisse des prix va entraîner l’élimination des entreprises les moins rentables au profit des plus dynamiques et au bout d'un certain temps une stimulation de la demande quand les consommateurs vont vouloir profiter des aubaines liées aux baisses de prix ... la baisse des coûts de production = des facteurs moins chers (concurrence entre travailleurs => Baisse des salaires. La baisse des taux d'intérêt rend l'investissement plus rentable) => incitation à investir et à embaucher à nouveau. L’investissement et l’embauche stimulent la demande et redressent les anticipations. Le marasme économique stimule la nécessité de trouver de nouvelles solutions, d'être plus productifs => Recherche de gains de productivité et Innovations REPRISE ECONOMIQUE : O et D ...Mais, ces mécanismes (de marché) prennent du temps et sont coûteux économiquement (faillites = gaspillage de moyens de p°) et socialement (chômage, freinage des salaires et de la c°...). Trois types de mécanismes sont donc à l’œuvre : – Des mécanismes lies au fonctionnement du marché : les variations des prix permettent de corriger les déséquilibres ; – Des mécanismes lies aux comportements des acteurs : par exemple, les entreprises ajustent leurs investissements a la demande ; – Des mécanismes macroéconomiques : l’investissement est source de croissance économique, mais, lorsque le stock de capital est suffisant (ou excessif), l’investissement cesse, contribuant au retournement conjoncturel. 2.1 / Conditions de production et fluctuations : les « chocs d’offre » Livre p. 51 « Les chocs d’offre négatifs sont causés généralement par une hausse du coût des matières premières (chocs pétroliers de 1973 et 1979 par exemple), par des augmentations de salaires supérieures aux gains de productivité (comme au cours des années 1970) ou par un alourdissement de la fiscalité sur les entreprises. En cas de choc d’offre négatif, l’activité économique devient plus coûteuse et les entreprises les moins productives et compétitives risquent d’être acculées à la faillite. Inversement, lorsque des innovations permettent des gains de productivité et abaissent les coûts unitaires de production, elles produisent un choc d’offre positif : en abaissant les prix des produits, elles favorisent leur diffusion auprès des consommateurs et donc l’augmentation de la production. En cas de choc d’offre positif, la situation des producteurs s’améliore par la diminution de leurs coûts de production ; ils peuvent dès lors éventuellement produire davantage et tirer la croissance économique. » Eduscol 2012 « De nouvelles technologies, une augmentation des investissements en capitaux ou [une hausse] de la population active peuvent produire une accélération de la croissance du produit potentiel et, par conséquent, un boom économique. Les variations du taux de croissance du produit potentiel fournissent incontestablement une bonne part de l'explication des expansions et des récessions. Aux États-Unis par exemple, le boom économique de la seconde moitié des années 1990 s'explique largement [...] par les nouvelles technologies de l'information [et de la communication - NTIC] telles que l'Internet. » Robert H. Frank et Ben S. Bernanke, Principes d'économie, Économica, 2009. A / Le progrès technique et les innovations : un processus de destruction créatrice Livre p .50 Quelle sera la prochaine victime du téléphone mobile ? Après avoir relégué aux oubliettes l'assistant numérique personnel (PDA), très en vogue au début des années 2000, le petit appareil s'attaque maintenant au téléphone fixe, à l'appareil photo numérique, à l'iPod, voire à la montre. Il est l'illustration même de la "destruction créatrice" définie par l'économiste autrichien Joseph Aloïs Schumpeter. Et c'est loin d'être fini... Les investisseurs auraient intérêt à se pencher sur les puissantes capacités schumpétériennes du téléphone portable. Au tout début de ce nouveau siècle, les banquiers s'échangeaient des informations via les rayons infrarouges d'un Palm Pilot désormais désuet. La société Palm arborait avec fierté une capitalisation de 92 milliards de dollars. Sa métamorphose dans les téléphones mobiles lui a coûté 97 % de sa valeur. Le téléphone classique est la prochaine cible la plus évidente. Il a déjà disparu dans près d'un quart des foyers américains. Un vrai drame pour AT & T ou Verizon, qui doivent continuer d'entretenir à grands frais des infrastructures. Il n'est pas jusqu'à l'iPod qui n'ait pris un petit coup de vieux. Les ventes baissent. Apple ne s'en émeut guère : les clients écoutent leur musique sur un iPhone qu'ils ont payé plus cher. Ne parlons pas du malheureux fabricant de montres. La plupart des adolescents consultent leur téléphone portable pour donner l'heure. Les concepteurs de gadgets sophistiqués qui mesurent le rythme cardiaque ne sont pas non plus à l'abri : il existe maintenant des applications sur téléphone mobile qui offrent le même service. C'est encore pire pour les systèmes GPS, les appareils photo et les détecteurs de radars. Pour donner une idée de l'ampleur des dégâts, lorsque Google a ouvert il y a peu une application de navigation gratuite, les titres Garmin et Tom-Tom se sont respectivement effondrés de 16 % et 23 % en Bourse. Comme Palm, Garmin espère s'en sortir en lançant son propre téléphone portable. La destruction créatrice chère à Schumpeter fera aussi le bonheur de certains. Apple, Google et Facebook veulent bourrer les téléphones mobiles d'informations, de logiciels et de publicité. Une pléiade d'entreprises naîtra pour inventer de nouveaux produits. Il est moins facile de prévoir la direction que la tornade du téléphone prendra ensuite. Disons qu'il y a de bonnes chances que cela ait un rapport avec tout ce que l'on peut avoir dans les poches ou dans le sac à main. Cartes de crédit, argent liquide, clefs, papiers d'identité, livres, journaux, tickets et cartes d'embarquement pour le transport aérien constituent autant d'objets qui pourraient devenir électroniques. Alors, la dynamique de l'innovation récompensera les esprits créatifs et entreprenants, et laissera couler les autres. Face à la plainte portée par le premier fabricant finlandais de téléphones mobiles Nokia pour violations de brevets, la marque à la pomme riposte et poursuit à son tour le leader mondial. (Source : Robert Cyran et Rob Cox, Le Monde du 04 janvier 2010) Qu’est-ce que la « destruction créatrice » selon Schumpeter ? Innovation de procédé exemples Innovation de produit exemples - Chaîne de montage avec convoyeur - Traitement informatique de données - Transport par conteneur Schumpeter citait entre autres l’usine mécanisée, l’usine électrifiée, les fusions de sociétés, les nouvelles routes commerciales. - NTIC : DVD, MP3, écran à cristaux liquides - Énergie : bioéthanol, solaire - Santé : scanner, thérapies géniques, carte Vitale Le progrès technique (plus précisément, les innovations) transforme les conditions de production et de consommation en agissant de façon différenciée sur la productivité et les prix des différents secteurs et en faisant disparaître des activités anciennes et apparaître des activités nouvelles : c’est ce que Schumpeter a appelé le mécanisme de « destruction créatrice ». Il est nécessaire, pour la survie du capitalisme que les entreprises les moins rentables et/ou fabriquant des produits dépassés disparaissent : en effet, dans ces entreprises, les facteurs de production (capital et travail) sont utilisés moins efficacement qu'ils pourraient l'être ailleurs. Le progrès technique imprime un rythme cyclique à la croissance économique. Schumpeter a aussi beaucoup insisté sur cet aspect. Les innovations ne surviennent pas régulièrement. Il montre que les périodes d'expansion du capitalisme correspondent à l'apparition de grappes d'innovations et de groupes d'entrepreneurs. L'arrivée d'entrepreneurs porteurs d'innovation n'est pas un phénomène continu mais un phénomène discontinu qui se traduit par des fluctuations dans la croissance économique et l’apparition de cycles longs. La croissance économique au 19ème siècle n'a pas été linéaire. Elle a été jalonnée de périodes d'expansion et de récession, de cycles économiques. Schumpeter explique ces cycles par le rôle des innovations. Et l'investissement que requiert l'innovation se distingue de l'investissement de routine, car il ne s'agit pas de renouveler ou d'accroître les capacités de production, mais bien d'introduire un changement profond. Un cycle de Kondratiev est un cycle économique de l'ordre de 40 à 60 ans aussi appelé cycle de longue durée. Mis en évidence dès 1926 par l'économiste Nikolai Kondratiev dans son ouvrage Les vagues longues dans la vie économique, il présente deux phases distinctes : une phase ascendante (phase A) et une phase descendante (phase B). Joseph Schumpeter propose une interprétation l'alternance des phases A et B. Il relie les fluctuations de l'économie à l’apparition d’innovations majeures qui surviennent par « grappes » donc au progrès technique. Ainsi, selon lui, la phase A correspond à la période de diffusion et d'amortissement des nouvelles innovations. Durant cette période, la demande de biens est forte, ce qui permet une augmentation générale de la production et assure donc la croissance économique. Peu à peu, lorsque les agents économiques sont équipés en nouveaux produits, la demande baisse, alors que la concurrence entre les entreprises est de plus en plus rude. On parvient alors au point de retournement du cycle. La phase B correspond à l’élimination des stocks, à la fermeture des entreprises et des filières les moins rentables ce que Schumpeter appelle le phénomène de « destruction créatrice » et à la préparation d’une nouvelle vague d’innovations. (Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cycle_de_Kondratiev, 2012) B / Des chocs exogènes ou des dynamiques internes Livre p .51 Des chocs exogènes (ex chocs pétroliers) et/ou des dynamiques internes (augmentation excessive des salaires, de certains prix, freinage de la productivité...) peuvent affecter la productivité et la compétitivité* de façon plus ou moins favorable. * La compétitivité est l'aptitude à soutenir la concurrence des autres firmes ou des autres nations grâce à ses prix (« compétitivité prix ») ou à d'autres facteurs: la qualité, le degré d'innovation, le service après-vente, etc. (« compétitivité hors prix »). Exemples de chocs d’offre négatifs : Un choc d'offre négatif lié à l'augmentation des coûts de production peut conduire à la faillite d'entreprises et entraîner une phase de récession. Des conditions climatiques défavorables ou une tension sur les marchés de matières premières, de même qu'une baisse du taux d'innovation technologique, réduiront le taux de croissance potentiel. De nombreux éléments peuvent être en cause : ................................................... ? Question de synthèse : « Comment peut-on expliquer les fluctuations économiques en raisonnant en termes d'offre ? » 2.2 / Conditions de débouchés et fluctuations : les « chocs de demande » Rappelez-vous l'équation de la comptabilité nationale: PIB = C + I + G + X – M Trouvez des phénomènes qui peuvent influer sur chacun des éléments de l’équation ( = sur chaque composante de la demande) dans un sens positif ou négatif « Lorsqu’une des composantes de la demande globale adressée aux producteurs se modifie, on parle de « choc de demande ». Lorsque la demande globale est affectée par des chocs positifs, sa hausse peut impulser une phase d’expansion. Inversement, si des chocs de demande négatifs se produisent, ils peuvent provoquer une diminution de la demande globale et conduire à une récession. Ces chocs de demande risquent d’avoir un impact amplifié sur l’activité économique du fait du comportement des entreprises en matière de stocks. Lorsque la demande ralentit, la production peut baisser beaucoup plus fortement si les entreprises décident de réduire leurs stocks afin d’anticiper une baisse plus marquée de la demande ; la hausse du chômage, la baisse du nombre d’heures travaillées en général risquent alors de contribuer à accentuer ce ralentissement. Inversement, lorsque la hausse de la demande s’accélère, les entreprises produiront d’autant plus qu’elles devront reconstituer leurs stocks ; la baisse du chômage et la hausse du nombre d’heures travaillées peuvent alors contribuer à entretenir l’augmentation de la demande, de même que les investissements réalisés par les entreprises pour étendre leurs capacités de production. » Eduscol 2012 ZOOM : le rôle de l’investissement dans les fluctuations : Les variations de l’investissement jouent à la fois sur l’offre et sur la demande Evolutions : PIB en volume ; Investissement (FBCF) en volume 10,0 8,0 6,0 4,0 2,0 0,0 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 -2,0 -4,0 -6,0 Evolution du PIB en volume Evolution de la FBCF en volume -8,0 Voir schéma investissement et croissance 2.3 / Conditions de financement et fluctuations : les « cycles financiers » « Les cycles de crédit • L'existence de fluctuations est aussi à relier à la dynamique de l'endettement. En période d'optimisme économique, les agents s'endettent ce qui contribue à l'augmentation de l'investissement et de la consommation. Une phase d'expansion s'ouvre alors ce qui renforce l'optimisme général. Des prêts sont accordés dans des proportions de plus en plus importantes et notamment à des agents de moins en moins solvables. La croissance est ainsi soutenue par l'endettement. • Lorsque les créanciers prennent conscience des risques qu'ils encourent et que les anticipations de croissance sont moins optimistes (retournement des anticipations), l'offre de crédit diminue. Les entreprises qui comptaient sur la possibilité d'avoir facilement accès à des crédits et qui prévoyaient de s'endetter à nouveau pour faire face aux échéances à venir se retrouvent en difficulté et une phase de récession se met en place. Les entreprises et les ménages vendent leurs actifs pour pouvoir rembourser leurs crédits ce qui conduit à une baisse des prix et augmente le poids réel de leur dette. Un mécanisme de « déflation par la dette » a lieu (Irving Fisher). » BLED – Hachette 2012 Le cycle du crédit renvoie donc au comportement des banques en matières d’octroi de crédit : en période d’expansion, elles accordent plus facilement des crédits aux ménages et aux entreprises, car les taux d’intérêt augmentent (la demande d’emprunt est élevée) ; au contraire, en période de ralentissement d’activité, elles ont plus sélectives et prennent moins de risques, du fait des possibilités d’insolvabilité accrues. Le cercle vicieux des crises financières Une innovation importante, comme la libéralisation des mouvements de capitaux, incite les acteurs financiers à prendre des risques pour en profiter. En période d'euphorie, le crédit bancaire vient financer les placements spéculatifs sur les différents marchés auxquels, par mimétisme, participent tous les intervenants. Une bulle se forme alors, qui accroît la fragilité de l'économie et finit par un krach, que seule une intervention énergique, et souvent coûteuse, de l'État peut endiguer. Une fois la confiance revenue, un nouveau cycle peut commencer. Source : Dominique Plihon, Mario Dehove et Robert Boyer, « Les rouages des crises financières », Alternatives économiques Hors-série, n° 75, décembre 2007. La santé d'une économie et celle de ses banques sont étroitement liées. Une relation qui fonctionne dans les deux sens : quand l'économie se porte bien, les banques font des affaires ; quand les banques vont bien, les ménages et les entreprises obtiennent facilement les crédits dont ils ont besoin. [...] La rentabilité des banques profite des périodes de forte croissance. Lorsque les ménages consomment, les firmes font des profits, les investisseurs veulent acheter leurs actions et les cours boursiers ont tendance à monter. Ceux des banques également, portés par la confiance générale et par le fait qu'elles ont des clients en bonne santé. La proportion de prêts douteux (avec une faible probabilité de remboursement) est moindre, ce qui évite aux banques d'avoir à passer des provisions qui viennent manger leur résultat. [... ] La croissance bénéficie alors en retour de la bonne santé des banques. Celles-ci sont prêtes à prendre plus de risques et à financer des nouveaux projets. Ainsi, au cours des années 90, la distribution de crédits bon marché s'est accélérée grâce à la bonne santé de l'économie mondiale [...]. À l'inverse, en période de ralentissement, la rentabilité tend à diminuer avec une montée des défaillances des emprunteurs et le tassement des transactions financières. Les banques deviennent alors plus tatillonnes sur l'octroi de crédits, elles demandent des taux d'intérêt plus élevés pour les prêts qu'elles accordent. Ce qui contribue à entretenir le ralentissement de l'économie. [... ] Le principal problème des autorités monétaires est donc de trouver les meilleures solutions pour éviter que les problèmes des banques ne viennent trop amplifier les cycles économiques. Christian Chavagneux, Alternatives économiques, n° 206, septembre 2002. Croissance et crédit dans la zone euro En % Un déséquilibre majeur : les excès de la finance mondialisée Document Toutes les grandes crises financières trouvent leur origine dans un excès de crédits. (...) Dès qu'un petit génie de la finance invente un nouveau moyen de gagner de l'argent, les investisseurs tentés par l'aventure ne se contentent pas de miser seulement leur argent ou celui de leurs clients sur les nouveaux produits du capitalisme casino. Ils empruntent pour accroître le montant de leurs paris. Une partie de l'ingéniosité financière des années 1990 et 2000 a ainsi consisté à inventer des produits financiers complexes par lesquels les investisseurs pouvaient emprunter le plus possible auprès des banques et des gestionnaires d'épargne (fonds de pension, fonds souverains, compagnies d'assurances…) tentés d'entrer dans le dernier jeu financier à la mode. Car même dans une économie où les marchés financiers sont très présents, les banques continuent à jouer un rôle important, par leurs propres placements et par la façon dont elles financent les autres investisseurs. C'est ainsi que se met en place ce que les économistes appellent un " accélérateur financier ", qui transforme un effet de mode en une bulle qui s'auto-entretient : l'argent prêté sert à acheter des actions, des obligations, des maisons, etc., dont les prix montent grâce à la demande financée par la dette. Ceux qui détiennent ces actifs deviennent alors plus riches et peuvent retourner voir leurs banquiers pour leur demander des crédits supplémentaires… afin de continuer à acheter maisons ou actions dont le prix monte encore du fait de ce surcroît de demande, servant de garanties pour de nouveaux prêts, etc. En cela, toute bulle financière est d'abord une bulle de crédit. Christian Chavagneux - Alternatives Economiques Hors-série n° 091 - décembre 2011 « Le cycle du crédit contribue à expliquer le caractère endogène de l’instabilité de la croissance. En période d’expansion économique, surtout si la situation économique est saine (faible taux d’intérêt, faible inflation), le « paradoxe de la tranquillité » (H. Minsky) joue : les agents s’endettent, financent des investissements ou une consommation à crédit, ce qui dynamise la demande et renforce la croissance donc l’optimisme général. Cependant, le taux d’endettement des agents augmente, des crédits sont accordés à des agents moins solvables, des comportements spéculatifs se développent, des bulles peuvent se former sur les prix de certains actifs. En fixant des taux d’intérêt trop bas en période d’expansion, les banques centrales peuvent amplifier ces comportements, tout comme les banques commerciales lorsqu’elles prêtent à des agents économiques ayant des projets trop risqués. Ces excès peuvent conduire à une crise financière et plonger l’économie réelle dans la crise par la conjonction des effets de richesse négatifs sur les ménages, de la destruction des capitaux propres des entreprises et des banques, du climat de pessimisme qui s’installe et qui peut entraîner l’effondrement de la demande globale, de l’offre et de la demande de crédit. C’est ainsi que la dette conduit au « boom économique » et que celui-ci conduit à la crise lorsqu’un événement provoque le retournement des anticipations et la contraction de l’offre de crédit des banques. Les mécanismes qui avaient accéléré la croissance jouent alors dans le sens d’une amplification de la récession, voire de la dépression. Les krachs boursiers peuvent ainsi s’accompagner de crises bancaires qui entravent le financement des activités productives (cycle du crédit). Cela peut conduire à une « déflation par la dette » (I. Fisher) : la baisse des prix d’actifs, donc de la richesse de ceux qui les détiennent, rend l’endettement excessif ; la fragilité, voire la destruction du système bancaire rend le crédit inaccessible aux PME qui, pour retrouver de la liquidité, licencient et baissent leurs prix ; la baisse des prix augmente le poids réel de la dette pour les firmes endettées, les faillites se multiplient, ce qui aggrave en retour la situation des banques. La déflation, c’est-à-dire la contraction des grandeurs nominales (prix, salaires, masse monétaire), qui s’accompagne en général de celle des grandeurs réelles (demande, production, emploi), pourrait assainir l’économie si elle favorisait à long terme le redémarrage de cette dernière. Si elle élimine les producteurs les moins efficaces, la déflation peut en effet créer les conditions de la reprise. La chute de l’investissement pendant la déflation réduit la demande de capital et favorise la baisse des taux d’intérêt, tandis que le chômage contribue à la diminution des salaires. A un moment, le coût unitaire de production est si faible que l’activité des producteurs ayant survécu reprend. Cependant, l’existence d’un tel phénomène de « régulation par la faillite » (J. Rueff) a fait l‘objet d’une vive contestation par J.M. Keynes, qui souligne que seule l’intervention discrétionnaire de l’Etat peut permettre un redémarrage de l’activité économique.) » Eduscol 2012 « Dans une économie où le niveau d'endettement est élevé, les pertes des banques sur les marchés financiers se transmettent ensuite rapidement à l'activité économique car le crédit qu'elles octroient aux agents (ménages, entreprises) joue un rôle considérable : la contraction du crédit s'accompagne d'une baisse du prix des actifs immobiliers et boursiers qui réduit la valeur du patrimoine des ménages, pousse à la remontée du taux d'épargne par crainte de l'avenir, freine la consommation, réduit l'incitation des entreprises à investir en raison de la baisse des profits, et conduit à la chute de la production, à la baisse des revenus distribués et à une vague de destruction d'emplois. L'action massive des banques centrales est alors nécessaire pour éviter un effondrement du crédit. » L’exemple de la crise de 2007/2008 dite crise de subprime L’exemple de la crise de la zone euro à partir de 2009 De la crise financière à la crise économique en 2008 Entre juin 2007 et le début de 2009, les banques ont perdu près de 700 milliards de dollars et les principaux indices boursiers ont chuté de 40 à 60 %. La succession spectaculaire des faillites de grands établissements bancaires a pu donner l'impression que la crise n'affectait que le monde de la finance, et qu'elle ne concernait pas le quotidien des gens ordinaires. Il n'en est rien : la transmission de la crise à l'économie réelle a reposé sur deux mécanismes complémentaires. Le premier canal de transmission de la crise est la contraction de l'offre de crédit [...] Le second canal réside dans la dépréciation des actifs, mobiliers et immobiliers. La baisse des prix de l'immobilier et la chute des cours boursiers dévalorisent les patrimoines des ménages. Ils voient donc leur richesse réelle baisser et peuvent avoir tendance à épargner davantage afin de reconstituer la valeur initiale de leur patrimoine. Dans la plupart des pays industrialisés, [la récession se déclenche] surtout à la suite de la faillite de Lehman Brothers (1) [... ] Au total, sur l'année 2009, le PIB en volume a reculé de 4 % dans la zone euro (2,2 % en France), de 2,4 % aux États-Unis et de 5,2 % au japon. Nicolas Couderc et Olivia Montel-Dumont, « Les politiques économiques à l'épreuve de la crise », Cahiiers français, n 339, novembre-décembre 2010. (1) En septembre 2008, la faillite de cette banque d'affaires américaine est considérée comme étant à l'origine de la crise financière. Document 7 : Une explication de la crise par excès de crédit et surinvestissement Magnard 2012 Pourquoi les facilités de crédit sont-elles à l’origine de l’expansion ? Le schéma ci-dessus permet-il de comprendre la crise des subprimes et la crise espagnole ? On appelle choc de demande un évènement qui déplace la courbe de demande globale, tel que la modification des anticipations ou de la richesse ou l'utilisation de la politique budgétaire ou monétaire. La crise de 1929 fut un choc de demande négatif et la dépression prit fin grâce à un choc de demande positif l'énorme augmentation des dépenses de l'État au cours de la Seconde Guerre mondiale. En 2008, l'économie américaine connut un autre choc de demande négatif important au moment où le marché immobilier passa de la hausse à la baisse, amenant les consommateurs et les firmes à réduire leurs dépenses. Document 8 : De la crise financière à la crise économique Magnard 2012 Expliquez les relations entre la contraction (=diminution) de l’offre de crédit, la baisse de la demande et la baisse de la production. Montrez à partir d’exemples, l’interdépendance des agents économiques et des problèmes économiques. Derrière la crise financière, des évolutions économiques profondes (voir les textes rouges de l’intro) 3 / Les pouvoirs publics peuvent-ils limiter les fluctuations économiques ?