sort terrestre de Jésus. Pour être associée à son œuvre, il faut entrer dans ses états. Il ne suffit pas de
l’épouser par l’esprit, ce que fait la foi ; il faut que notre être l’épouse, et cela se fait par toutes les
vertus, surtout par l’amour qui va de lui-même à l’union, à la conformité parfaite et à une sorte
d’identité de vie. Donc, chère enfant, soyez bien ferme contre le démon, le monde et vous-même.
Soyez séparée de tout cela, hostile à tout cela, et au contraire soyez toute appliquée à Jésus et
employée à son ouvrage. Virginisez-vous de plus en plus en vous tenant de plus en plus à distance de
tout le sensible, de tout le terrestre et de tout ce qui est purement humain ; et chaque jour aussi
immolez-vous par un grand amour pour Dieu, pour vos sœurs, pour vos frères et pour toute créature.
Je prie notre bon Seigneur de vous faire bien comprendre ce que je vous écris et surtout de vous
donner la vertu de le pratiquer. Priez pour mois. Je vous bénis de tout mon cœur au nom de notre
adoré Maître.
Votre tout dévoué père,
Charles, pr.
II
23 décembre 1871
… Les goûts du bon Dieu ne changent pas ; ceux qu’il instruit de préférence, ce sont les plus ignorants
et, s’il y a une âme plus indigente qu’une autre et plus infirme, c’est à celle-là qu’il donne le plus,
c’est celle-là qu’il soutient davantage.
Il est bien possible que vous ayez reçu, en effet, la grâce de cette visite que vous me racontez dans
votre simplicité ; mais, comme en ces sortes de choses l’illusion est fréquente, je vous prie, chère
enfant, de ne point vous attacher à cela comme à une chose extraordinaire et surtout de ne point
vous y appuyer comme sur un fait certain. Ce qui est vrai et sûr et bon dans tout cela, c’est cette
pensée qui vous a été suggérée d’être plus pauvre que vous n’êtes, et de vous quitter après avoir
quitté vos biens. La pauvreté, en effet, serait plus apparente que réelle et surtout elle serait peu de
chose si elle n’allait pas au dépouillement intérieur. Il y a des gens qui n’ont ni sou ni maille et qui
sont tellement propriétaires d’eux-mêmes, qu’ils ne seront jamais au nombre de ces pauvres
auxquels le royaume de Dieu appartient. Pour vous, vous devez être tout entière à Celui qui vous a
aimée, choisie, appelée, épousée ; votre cœur, votre vie, votre temps, vos actes, votre force, il faut
que tout passe entre ses mains et que vous lui reconnaissiez un droit absolu et éternel d’en faire tout
ce que bon lui semblera. Il faut aussi que vous entriez pratiquement dans cet esprit de dépendance
humble, docile, aimante, totale, que votre chère maîtresse vous a expliqué. C’est ce qui achèvera de
vous rendre vierge et vraiment épouse de Jésus, semblable comme il se peut à cette première de
toutes les vierges et de toutes les épouses, qui est la très sainte humanité. Si vous marchez dans
cette voie, vous suivrez de près cette autre Vierge sous la protection de laquelle je crois que vous
êtes plus que jamais et qui vous donnera d’autant plus d’assistance qu’elle reconnaîtra plus en vous
les états et la vie de son suprême amour, Jésus.