RAPPORT COMMUN SUR LA STIMULATION DE L’ESPRIT D’ENTREPRISE, L’INNOVATION ET LA CREATIVITE DANS LA ZONE EURO-MEDITERRANEENNE INDEX 1. INTRODUCTION................................................................................................................................... 3 2. ECONOMIE ET DEMOGRAPHIE D’ENTREPRISE DANS LA ZONE EUROMEDITERRANEENNE ............... 6 2.1. Situation économique et sociale ................................................................................................. 6 2.2. Démographie d’entreprise ........................................................................................................ 11 3. FACTEURS ET CONDITIONS NECESSAIRES POUR STIMULER L’ESPRIT D’ENTREPRISE .................. 14 3.1. Facteurs internes ....................................................................................................................... 16 3.2. Facteurs externes ...................................................................................................................... 17 4. INNOVATION ET CREATIVITE........................................................................................................... 23 4.1. Développement de la société de l’information et du savoir ..................................................... 24 4.2. Politiques R&D+i et transfert technologique ........................................................................... 25 5. CONCLUSIONS ET PROPOSITIONS .................................................................................................... 28 ANNEXE DES TABLEAUX ....................................................................................................................... 35 2 1. INTRODUCTION La Déclaration finale du Sommet euroméditerranéen des Conseils économiques et sociaux (CES) et Institutions similaires, qui s’est tenu à Alexandrie les 18 et 19 octobre 2009, prévoyait dans le programme de travail pour 2010-2011 la réalisation d’un rapport sur la Stimulation de l’esprit d’entreprise, l’innovation et la créativité dans la zone euroméditerranéenne. Ce rapport, élaboré au fil des deux dernières années, est présenté dans sa version définitive en 2011, lors du sommet d'Istanbul. Il a pour objectif d'établir un diagnostic de la situation actuelle et de l'évolution enregistrée au cours de ces dernières années dans les pays méditerranéens en matière de stimulation de l'esprit d'entreprise, mais également de relever les difficultés liées à la création et à la survie des entreprises euroméditerranéennes, tout en pointant les stratégies possibles et les actions nécessaires afin d’encourager le développement économique et social dans la région méditerranéenne grâce à des projets d'entreprise créateurs d'emplois. Le Conseil économique et social d’Espagne s’est engagé, lors du Sommet d’Alexandrie, à diriger et à coordonner ce Rapport réalisé en collaboration avec le Conseil national économique et social d’Algérie, le Conseil national pour l’économie et le travail d’Italie, le Conseil économique et social de Jordanie,le Conseil économique et social de Palestine, la délégation turque du Comité consultatif mixte UE-Turquie et le Conseil économique et social de Tunisie. Bien que les caratéristiques des entrepreneurs et des entreprises varient dans les différents pays de la région, comme en attestent les pages suivantes du présent rapport, il convient de souligner d’emblée le point commun qui caractérise tout entrepreneur: la décision d’assumer des risques pour développer un projet capable de transformer une initiative créative en actes générateurs de revenu et d’emploi. Au cours de ces derniers mois, les pays du bassin méditerranéen se sont vus plongés dans un processus de changements politiques, dont la portée est incertaine mais qui, dans tous les cas, devrait représenter une chance de promouvoir un meilleur développement économique et social dans la región. Ces transformations coïncident avec des moments de reprise incertaine et inégale de l'activité économique mondiale et, concrètement, de sortie lente et difficile de la crise pour les États membres de l'Union européenne, en particulier ceux du bassin méditerranéen. Cette période connaît également des tensions politiques, un taux de chômage élevé, une hausse des prix alimentaires et une chute temporaire du tourisme et des entrées de flux de capitaux dans les pays partenaires méditerranéens (PPM). Dans ce contexte, le développement de l'esprit d'entreprise, de l'innovation et de la création de 3 nouvelles entreprises peut devenir un élément important de la stimulation de l'activité créatrice d'emplois et, par conséquent, de la diminution du taux de chômage et de l'amélioration des conditions de vie de la population de la région méditerranéenne. En effet, la priorité est donnée au développement de l’entreprise étant donné le rôle joué par les entreprises et les entrepreneurs en tant que créateurs de richesse et d’emploi et étant donné le manque d’entrepreneurs relevé dans la région euroméditérranéenne. La stimulation de l’activité d’entreprise suppose, d’une part, développer des programmes de soutien et de diffusion de l’activité d’entreprise en tant qu’ouverture professionnelle enrichissante à la portée de personnes pleines d’initiative et d’autre part, avoir les ressources humaines nécessaires en termes de dirigeants et techniciens, hautement qualifiés, pour une meilleure organisation et gestion d’entreprise. Parmi tous ces aspects, il convient de souligner le rôle que l’éducation peut jouer en tant que moyen pour créer une attitude et une culture d’entreprise, spécialement en ce qui concerne les jeunes, et la place que le système éducationnel doit réserver au développement de l’esprit d’entreprise dans l’acquisition des compétences de base. Nous savons que l’éducation est un des facteurs les plus influents en termes de création et consolidation d’entreprise car il permet le développement des savoirs-faire et des capacités qui favorisent l’esprit d’entreprise et améliorent l’image de l’activité d’entreprise. Il convient également de considérer le rôle clé que joue l'innovation au sens large, c'està-dire comme tout changement basé sur la connaissance qui génère de la valeur, sur la croissance économique, sur l'incitation aux échanges commerciaux et à la création d'emplois à plus forte valeur ajoutée. Tous ces aspects doivent être considérés et analysés de façon très attentive dans un Rapport sur ces caractéristiques, dans le strict respect du cadre de la coopération euroméditerranéenne entre les deux rives et à l'intérieur de celles-ci qui doit toujours être le point de référence de la plupart des actions comme cela a été le cas jusqu’à présent pour les actions menées à bien. Dans les précédents rapports euroméditérranéens, l’accent a été mis sur la nécessité d’orienter la coopération entre l’Union européenne et les Pays partenaires méditérranéens (PPM) vers la réalisation du potentiel des entreprises, la création de PME et d’entreprises dans le secteur de l’économie sociale, la formation de la main d’oeuvre en fonction des besoins du marché du travail, l’amélioration des services d’aide à la création d’entreprises et un accès plus facile au financement. Tout cela est étroitement lié aux priorités données dans le domaine social comme par exemple la création d’emploi pour les jeunes et les femmes. 4 Les questions inhérentes à l’aide au développement de l’activité d’entreprise ont fait l’objet d’une attention soutenue dans le cadre de la coopération euroméditérranéenne. Dans ce sens, l’Union européenne a lancé divers projets ayant pour objectif final le renforcement de la structure des entreprises dans la región en tant qu’élément fondamental pour stimuler la compétitivité. Les Sommets euro-méditerranéens qui se sont tenus durant ces dernières années attestent, d’une façon ou d’une autre, de cet intérêt constant. Sur ce point, et comme signalé dans le rapport sur les facteurs de compétitivité et de cohésion sociale en vue de la construction d’un espace intégré euroméditérranéen euroméditerranéen1 présenté lors du Sommet d’Athènes en 2007, la création de richesses et d’emplois et le développement de la compétitivité nécessitent un tissu productif solide dans lequel l’initiative entrepreneuriale occupe un rôle prépondérant en tant que moteur de la croissance. C’est pour cela que la stimulation de l’esprit d’entreprise et une culture d’entreprise la plus large posible sont autant d’éléments clés qui doivent être renforcés dans le cadre de la coopération euroméditérranéenne. La réalité du tissu entrepreneurial des PPM, à l’instar de celle des autres pays européens, mise en relief dans les pages du présent rapport, atteste de la prépondérance de petites entreprises, créatrices de la plus grande part d’emploi, régulier ou non. Dans tous les cas, les données recueillies soulignent que la qualité de l’environnement des entreprises est insuffisante dans toute la région du fait de nombreux facteurs tels que le cadre institutionnel, la faiblesse des dispositions régulatrices existantes ou de la difficulté des gouvernements à contrôler et réduire l’économie et les emplois illégaux sans oublier la faiblesse du système financier et les difficultés d’accès au crédit. Les différences relevées entre les pays mettent en exergue le fait que l’environnement macroéconomique, et particulièrement l’existence ou non de facteurs propices à l’esprit d’entreprise, conditionnent les possibilités de création et de survie des entreprises. Sur ce point, il est important de souligner que la précarité de la situation actuelle, en ce qui concerne les sources de données statistiques sur la démographie des entreprises et autres caractéristiques du dynamisme entrepreneurial, nous force à relativiser l’analyse et les comparaisons entre pays présentées dans ce rapport. Sur la base de toutes ces considérations préliminaires, le rapport s’ouvre par le diagnostic de la situation économique et sociale et la description de la démographie des entreprises dans la región. Le texte aborde ensuite l’essentiel: les facteurs qui 1 Dirigé par le CES d’Espagne avec la collaboration du Conseil nacional économique et social d’Algérie, le Conseil économique et social de Grèce, le Conseil nacional pour l’économie et le travail d’Italie, le Conseil du développement économique et social de Malte, le Conseil économique et social de Tunisie et le Comité consultatif mixte du Conseil économique et social de Turquie. 5 déterminent le fait que, dans les pays euroméditérranéens, la quantité et la qualité des initiatives entrepreneuriales différent. Un chapitre entier est consacré à l’innovation et la créativité en tant que facteurs de la plus haute importance lorsqu’il s’agit de stimuler la création d’entreprises. Enfin, le rapport se concluera par des réflexions et recommandations sur les orientations stratégiques qui devraient être développées afin de créer un climat propice aux initiatives entrepreneuriales des entrepreneurs. 2. ECONOMIE ET DEMOGRAPHIE EUROMEDITERRANEENNE D’ENTREPRISE DANS LA REGION 2.1. Situation économique et sociale La réalité économique et sociale changeante d'un pays est le cadre dans lequel se développe l'activité d'un secteur privé qui doit contribuer à atteindre la croissance économique et la création d'emplois. De même, la qualité de ses institutions et la réglementation adéquate des marchés sont tout aussi déterminantes pour favoriser l’investissement privé et contribuer au développement économique. C’est pourquoi, et préalablement à l’analyse du secteur privé et de la stimulation de l’initiative entrepreneuriale dans la zone euroméditérranéenne, une brève référence au contexte macroéconomique et socioprofessionnel actuel des pays méditerranéens, en particulier les PPM, à son niveau qualitatif en matière d’institutions et de gouvernance 2 . Un peu plus loin, on analysera la relation et l’influence de certains de ces facteurs sur le développement du secteur des entreprises dans la région. Les PPM forment un groupe hétérogène d’économie à petite échelle qui ont fourni, durant les dernières années, un effort important en termes de croissance, effort qui s’est traduit par des taux de croissance du PIB supérieurs à ceux enregistrés au sein de l’Union européenne. Dans ce contexte, et bien que la crise ait provoqué une chute du rythme de croissance du PIB dans l’Union européenne, avec des taux négatifs en 2009 dans presque tous les Etats membres, la majorité des PPM n’ont pas enregistré de chute du PIB et ont affiché une croissance plus durable face aux conditions macroéconomiques externes. En 2009, à l’exception d’Israël, avec un taux de croissance de 0,7% et de la Turquie avec une chute du PIB de 0,4 %, les taux de variation du PIB dans le reste de la région –même s’ils ont légérement baissé- se situaient dans tous les cas au-dessus de la moyenne européenne. En 2010, la reprise des PPM a continué d'être 2 Ces questions ont été abordées, de façon très détaillée et force statistiques à l’appui, dans le rapport commun: Les facteurs de compétitivité et de cohésion sociale en vue de la construction d’un espace intégré euroméditérranéen, présenté lors du Sommet économique et social euro-méditérranéen qui s’est tenu à Athènes en octubre 2007. Ci-après cité sous le terme de Rapport d’Athènes 2007. 6 plus prononcée que dans l'Union européenne, avec une croissance marquée en Turquie de 8,2 %. Les prévisions pour 2011 montrent en général la même tendance positive excepté pour l'Égypte et la Tunisie, dont la croissance sera d’environs 1 %. Malgré cela, il n’en demeure pas moins, qu’en termes relatifs, on a peu progressé car ce développement s’est révélé insuffisant pour améliorer le niveau de vie de la population, en grande partie à cause de l’augmentation de cette dernière et de la difficulté pour créer des emplois à un rythme capable d’absorber le développement de la population active. De fait, le revenu national brut par habitant des PPM, à l’exception d’Israël, se situe loin derrière celui enregistré dans la plupart des pays européens. D’autre part, la structure de production dans les PPM a changé de façon notoire durant les dernières années du fait de la réduction progressive du secteur primaire dans l’ensemble du PIB en faveur de l’augmentation du secteur tertiaire. De façon générale, l’industrie représente environ 30% du PIB alors que le secteur tertiaire a progressivement augmenté, se situant au-dessus des 55%3 . En conséquence, l’emploi se concentre majoritairement dans le secteur tertiaire bien que le la population active reste bien présente dans le secteur primaire. Les flux d’investissement ont contribué à cette transformation de la structure de production puisqu’ils ciblaient principalement les secteurs de la construction, des télécommunications, financier ou des services mais dans les faits, l’impact reste limité voire freiné à cause de la crise, particulièrement dans les secteurs financier et du bâtiment. Les effets de la crise ont été plus marqués au niveau des flux du commerce extérieur, fortement dépendants des pays les plus affectés par la crise, comme les pays de l’Union européenne et autres pays développés. De fait, la récession généralisée du commerce mondial a provoqué un ralentissement de ces flux qui avaient augmenté durant les dernières années tant en termes absolus qu’en termes relatifs. Cette augmentation s’était produite en dépit de l’existence d’éléments entravant les flux commerciaux avec les PPM et, in fine, leur ouverture commerciale sur l’extérieur. Ces obstacles au commerce s’accentuent dans le domaine du commerce intra régional. De fait, le commerce avec les PPM demeure très réduit à cause de la faible intégration régionale due aux barrières qui limitent le commerce au sein de la zone méditerranéenne et qui minent la compétitivité dans la région; à titre d’exemples, le peu d’harmonisation des réglementations en matière commerciale, l’état embryonnaire des accords commerciaux intra régionaux, les différents régimes concernant les règles d’origine 3 L’exception dans ce cas est l’Algérie où le secteur industriel atteint 60 % en parfaite logique avec sa structure de production. 7 existantes, le maintien de barrières douanières et non douanières et, une fois de plus, la faiblesse des infrastructures régionales, notamment en matière de transport. A son tour, la faible intégration commerciale des pays de la rive sud de la Méditerranée entre eux et, par conséquent, l’absence d’une stratégie entrepreneuriale régionale, entravent l’implantation d’entreprises étrangères et nationales et freinent l’investissement des ménages - mais également l’investissement étranger – facteur déterminant pour la croissance économique. De fait, l’expérience internationale des trois dernières décennies atteste que les processus à forte croissance économique s’accompagnent de taux d’investissement élevés, la formation brute de capital fixe pouvant même atteindre des niveaux supérieurs à 30% dans les pays émergents. Dans les PPM, cependant, l’investissement en termes de formation brute de capital fixe est relativement bas, se situant autour des 20 à 25 % du PIB, bien que durant les années précédant la crise, on enregistrait une légère croissance par rapport aux niveaux antérieurs. Quant aux flux d’investissement direct étranger, s’ils ont augmenté de façon considérable en termes absolus, ils demeurent faibles en termes relatifs par rapport à ceux destinés à d’autres pays qui entretiennent d’importantes relations avec l’Union européenne. Cela est dû au fait que les courants d’investissement direct étranger aux niveaux mondial et européen vers les PPM ont baissé face à ceux destinés à d’autres régions plus attrayantes comme les pays émergents de l’Asie ou les pays du centre et de l’est de l’Europe et ce, en dépit des avantages offerts par les PPM pour attirer l’investissement étranger tel que la proximité géographique avec l’Union européenne, la taille de leurs marchés, la disponibilité d’une main d’oeuvre relativement bien formée, les faibles coûts salariaux ou la disponibilité de ressources naturelles. Dans ce sens, des efforts doivent être faits pour surmonter ces faiblesses en donnant la priorité à l’épargne et à l’investissement des ménages tout en progressant au niveau de l’ouverture sur l’extérieur de ces pays par la consolidation des relations commerciales et en favorisant une plus grande entrée des investissements directs étrangers. D'autre part, il est toujours nécessaire d'envisager des questions liées à une bonne gouvernance, tant au niveau national que régional et local, permettant de disposer d'un meilleur cadre institutionnel, juridique et administratif, dans lequel la démocratie, les droits sociaux et professionnels, ainsi que la participation des partenaires sociaux seraient des éléments indispensables. Les PPM on fait des progrès dans ce sens au cours des dernières années, ainsi qu'en matière de développement des infrastructures, des marchés financiers et du système 8 fiscal. Il est à espérer que les récents changements politiques et le processus de transformation des institutions dans certains PPM aient une influence en la matière et puissent contribuer à l'amélioration de la qualité institutionnelle et réglementaire et promouvoir un climat d'investissement et de création d'entreprises plus favorables à la création d'activités productives et d'emploi dans la zone euro-méditerranéenne. Le poids traditionnel et élevé qu'a pu avoir le secteur public sur l'activité économique des PPM doit être complété par la nécessaire incitation à l'initiative privée et à l'esprit d'entreprise comme moteurs de la croissance et de la création de richesse et d'emplois. Bien que la présence et la dépendance du secteur public dans l’activité économique se soit réduite par rapport à la situation qui a prévalu durant les décennies précédentes, du fait principalement de l’entrée de capitaux étrangers, il est toujours nécessaire de réorienter et de consolider le rôle de l’Etat dans les secteurs directement liés au développement durable et à la qualité de vie tels que celui de l’éducation, la santé ou les infrastructures afin de garantir la qualité et l’efficacité de l’initiative publique, tout cela de manière compatible avec l’incitation à l’initiative privée. Par ailleurs, il faut également tenir compte de l’existence d’un large secteur informel dans les PPM, favorisé par l’existence d’un cadre réglementaire inadéquat. Par exemple, l’un des problèmes auxquels se confrontent de façon générale les économies des PPM et le secteur des entreprises de façon toute particulière, est la faiblesse des dispositions réglementaires des marchés et la difficulté pour contrôler et réduire l’économie et les emplois “non structurés”, qui englobent à la fois la partie strictement qualifiable comme l’économie et les emplois souterrains ou irréguliers et les activités du secteur informel comme les activités traditionnelles de type familial, d’auto production de biens et de services et leur prestation sous forme plus ou moins désintéressée au niveau local. Bien que du point de vue macroéconomique, il semblerait que le secteur non structuré de l’économie puisse jouer un rôle important dans la création d’un tissu de production dynamique dans ces pays, la contention de l’économie souterraine au sens strict doit être un objectif reconnu et partagé par l’ensemble de la société. En ce qui concerne les aspects à caractère social et professionnel, il convient de souligner la nécessité de continuer à progresser vers le respect et la mise en œuvre des règles et des droits fondamentaux à valeur universelle en matière professionnelle et sur la mise en place de droits sociaux et professionnels minimums incontournables, en toute égalité de chances entre les hommes et les femmes. D'un autre côté, le renforcement de la négociation collective et du dialogue social entre les partenaires économiques et sociaux forts doit être un objectif partagé par tous les pays de la zone euroméditerranéenne. 9 Les PPM sont confrontés à trois défis majeurs liés aux questions démographiques: la croissance de la population, qui a de façon générale un faible niveau d’éducation, l’augmentation du chômage et le phénomène migratoire. La population, dans la zone euroméditerranéenne, a augmenté à un rythme soutenu durant les dernières années avec des taux allant de 1 à 2 % contre des taux de 0,5 % dans l’Union européenne; et bien que les prévisions démographiques des Nations Unies, pour les 25 prochaines années, affichent une certaine baisse (décélération, ralentissement), elles se maintiennent entre 0,5 et 1,0 %. En outre, à la différence de l’Union européenne, cette population est très différente sur les deux rives de la Méditerranée avec une population vieillissant à un rythme soutenu dans l’UE-27 et une population jeune dans l’ensemble des PPM. Cette forte croissance de la population et, par conséquent, de la population en âge de travailler, s’est traduite durant les dernières années par des taux de croissance de l’emploi insuffisants pour absorber la population active croissante. Il faut tenir compte, en outre, du fort contingent de population très jeune qui exerce une pression, et qui continuera à le faire à l’avenir, sur les marchés du travail de la zone caractérisés par : un faible taux d’emploi formel, une faible participation professionnelle de certains collectifs, notamment les femmes, et un taux élevé de chômage qui touche particulièrement les femmes et les jeunes. Tout cela a une répercussion négative sur la cohésion sociale en générant l’exclusion et la pauvreté mais en stimulant aussi les flux migratoires. La zone euro-méditerranéenne est l’une des principales aires géographiques caractérisée par l’ampleur et l’intensité de ces flux. Les dernières données disponibles affichent, pour l’ensemble des PPM, un taux de chômage de 11,9 % qui peut atteindre les 25,2 % en ce qui concerne les moins de 25 ans avec un taux d’emploi de 42 % et une participation professionnelle des femmes, mesurée par le taux d’activité, d’à peine 24 %. Par ailleurs, ces données correspondent à la dernière période de forte croissance économique, plus de 5 %, dans la région. En 2009, la croissance a été plus faible du fait de la crise économique internationale mais en 2010, selon de récentes prévisions, elle se situera autour de 4,2 % dans les pays du Maghreb et de 5 % au Machrek. Concernant les femmes, l'incitation à une participation professionnelle dans la zone euro-méditerranéenne nécessite de surmonter la traditionnelle fonction sociale de la femme, qui se limite à la sphère familiale. Pour cela, l’activité des entreprises constitue une option possible pour sortir de la situation de sous-emploi et c’est en ce sens, et afin de promouvoir l’initiative entrepreneuriale, que l’on doit intégrer les initiatives en faveur des femmes ainsi que les programmes de formation et de soutien sur la base d’un 10 cadre financier plus accessible. On favoriserait ainsi une plus grande présence des femmes dans le secteur structuré de l’économie. De même, concernant la population jeune, et au vu des taux de chômage élevés qui la caractérisent, il conviendrait de concevoir des mesures spécifiques afin de favoriser leur insertion sur le marché du travail. L'activité entrepreneuriale peut constituer un débouché professionnel pour les jeunes, qu'il convient d'encourager. Dans tous les cas, tous ces aspects revêtent une importance accrue dans un contexte de crise économique. La nature globale de cette dernière a exigé l’adoption de réponses concertées et coordonnées au niveau international. Dans les PPM, ces réponses ont davantage porté sur des mesures individuelles à court terme en vue de stimuler la demande intérieure, d’augmenter l’investissement, de garantir les dépôts et de réduire les taux d’intérêt afin de stimuler les marchés locaux que sur des mesures coordonnées au niveau de l’aire4 géographique qui, toutefois et dans un sens large, apparaissent comme fondamentales non seulement pour palier aux effets les plus négatifs de la crise mais aussi pour stimuler la croissance économique et l’emploi dans la zone euroméditerranéenne. 2.2. Démographie d’entreprise L’objectif ayant pour but d’encourager l’initiative entrepreneuriale visé dans le présent rapport implique une plus grande maîtrise des caractéristiques de l’environnement entrepreneurial dans les pays de la Méditerranée, qui passe par l’analyse de sa taille et de sa dynamique en tant que données clés en vue de favoriser l’innovation et la compétitivité et, par conséquent, la croissance économique et la création d’emplois. C’est dans cette optique que la démographie entrepreneuriale de ces pays est abordée; cette analyse est néanmoins limitée par les problèmes et difficultés liés l’insuffisance des données statistiques disponibles – par ailleurs et très souvent non actualisées – qui tronquent l’étude de l’environnement entrepreneurial dans la zone euroméditerranéenne. Les analyses portant sur la démographie entrepreneuriale permettent de définir le dynamisme du tissu des entreprises mesuré au moyen des flux d’entrée et de sortie des entreprises et de leurs chances de survie sans véritablement tenir compte des caractéristiques et des variables de comportement de tous et de chacun des secteurs puisqu’en général ces études font état d’indicateurs non analytiques. Avec les dernières données disponibles de la Banque mondiale (Annexe 1) pour 2007, la Turquie est le pays qui possède, au sein des PPM, le plus grand nombre d’entreprises, 4 Sergio Alessandrini, “Le rôle des relations euro-méditerranéennes face à la crise économique”, dans Anuario del Mediterráneo 2009, 2010. 11 764.240 entreprises inscrites, suivie par l’Egypte avec 367.559. Sur le total des entreprises inscrites dans l’ensemble de ces pays, 10 % environ ont été créées en 2007, soit un taux similaire à la moyenne de l’Union européenne. Cependant, dans ce contexte général, Israël et la Turquie se démarquent avec des taux de 11,6 et 12,3 % respectivement alors que l’Egypte et le Liban enregistrent les taux les plus bas en termes de création d’entreprises avec respectivement 2,6 et 4,9 %. Par ailleurs, le tissu des entreprises au sein des PPM, à l’instar des autres pays européens, est caractérisé par la prépondérance des petites et moyennes entreprises, avec de 1 à 49 employés, qui représentent près de 90 % du total des entreprises, entreprises à caractère informel comprises5. Les PME et les micro PME interviennent dans la plupart des activités de production dans la zone euroméditerranéenne et leur compétitivité et capacité à répondre à la globalisation et à la crise actuelle dépendent de leur capacité à se développer et à innover6. La prépondérance des PME et des micro PME font que ce sont ces entreprises qui peuvent contribuer à une croissance et à un emploi durable de façon significative. En fait, elles sont responsables de la plus grande part de création d’emplois, qu’ils soient formels ou informels (de 60 à 70 % des emplois créés), et elles représentent aussi la voie pour canaliser les petits investissements avec l’augmentation inhérente de la valeur ajoutée pour la croissance économique (de 30 à 50 % de la valeur ajoutée des économies respectives). Le développement des PME est donc indispensable pour stimuler la création d’emplois dans la zone, pour contribuer à la stabilité sociale et à l’intégration des économies des deux rives de la Méditerranée, en permettant de surcroît le transfert des technologies et l’innovation. Parallélement, les PME et les micro PME sont celles qui rencontrent le plus de problèmes de développement du fait des difficultés rencontrées dans la recherche de financement et d’investissement suffisant et pour se doter de ressources humaines qualifiés mais également pour bénéficier de l’assistance administrative et technique, les taux de mortalité étant très élevés. A titre d’exemple, en Egypte 97 % des entreprises sont des PME avec à leur actif 62 % des emplois créés; au Liban, 96 % des entreprises sont des micro entreprises qui représentent 50 % de l’emploi total; et au Maroc, les PME représentent 99 % du total des entreprises et totalisent 70 % des emplois. Néanmoins, nous devons souligner que le taux de cessation d’activité dans ces pays est élevé, en moyenne 5,8 % de la population active, contre 2,1 % dans l’Union européenne, exception faite du Maroc avec seulement 3,7 %. 5 Femise, Rapport du Femise 2005 sur le partenariat Euro-Méditerranéen, février 2006. 6 Sergio Alessandrini, “Le rôle des relations euro-méditerranéennes....”; op. cit. 12 Par ailleurs, les entreprises d’économie sociale (entreprises coopératives, mutualités, associations pour le développement, fondations et autres formes d’entreprises employant des travailleurs), jouent aussi un rôle important au niveau du développement de l’activité entrepreneuriale dans ces pays, du fait de leur contribution à la cohésion sociale, au soutien à l’esprit d’entreprise, à la création de richesse au niveau local, à l’incitation pour une meilleure gouvernance, au développement durable et spécialement à la création d’emplois 7. Au sein de l’Union européenne, ce type d’entreprises représente 10 % du total et totalise 8,0 % des emplois. S’il n’existe pas de données similaires pour l’ensemble des PPM, en Algérie, en Egypte, au Maroc et en Turquie, on relève un grand nombre de coopératives et de mutualités dont le nombre de membres ou bénéficiaires oscille entre 8 et 12 millions de personnes La participation des femmes à l’activité d’entreprise reste insuffisante dans les PPM. De fait, seuls Israël et la Turquie affichent une participation des femmes au niveau de l’actionariat, 34,0 et 40,7 % respectivement, se situant ainsi au niveau des pays européens. De fait, nous avons là une des questions principales que nous devons traiter en relation avec la stimulation de l’esprit d’entreprise et comme faisant partie de l’objectif global de renforcer le rôle des femmes dans la société. Cela suppose également qu’il faut donner plus d’importance et renforcer les petites activités d’entreprise à caractère traditionnel développées par les femmes qui incluent les activités non remunérées au sein de la famille et le travail traditionnel8. Par ailleurs, les données fournies par le Global Entrepreneurship Monitor 9 relatives au développement de l’activité entrepreneuriale attestent que, par rapport à la population active et dans les PPM, le taux de lancement d’activité entrepreneuriale est plus élevé que dans l’Union européenne, avec en tête de classement l’Algérie, le Liban et le Maroc où durant ces trois dernières années plus de 15 % de la population active et en Jordania plus de 10 %, a entrepris de monter une affaire, contrastant ainsi avec la moyenne européenne qui se situe autour de 6 %. La perception des meilleures occasions pour monter des affaires dans ces pays explique le taux très élevé d’activités entrepreneuriales récentes. Il apparaît ainsi que la nécessité 7 Déclaration du Réseau euro-méditerranéen de l’Economie sociale lors du Sommet euro-méditerranéen des Chefs d’Etat et de Gouvernement, 16 novembre 2005. 8 CESE, Avis du Comité économique et social sur la “Stimulation de l’esprit d’entreprise des femmes dans la región euro-méditerranéenne”, 2007. 9 Les indicateurs fournis par Global Entrepreneurship Monitor sont élaborés à partir de l’enquête à la population adulte sur les aspects relatifs à l’activité entrepreneuriale et aux aspirations, attitudes et perceptions de ceux qui lancent ou ont lancé à un certain moment une activité entrepreneuriale. 13 est l’une des principales motivations des nouveaux entrepreneurs, contrairement à l’Union européenne où prime le désir d’améliorer la situation personnelle. 3. FACTEURS ET D’ENTREPRISE CONDITIONS NECESSAIRES POUR FAVORISER L’ESPRIT L'impulsion entrepreneuriale est donnée par des facteurs de nature très variée, même si la littérature spécialisée les classent généralement en deux grands groupes : les facteurs internes, liés aux motivations et aux caractéristiques des entrepreneurs, et les facteurs externes, liés au contexte économique, politique et social d'un pays (graphique 1). L'existence d'un contexte politique, social et culturel favorable est très important pour le dynamisme entrepreneurial, comme l’existence au sein de la population de comportements favorables au développement d'activités entrepreneuriales. Il s'agit donc de deux domaines tout aussi nécessaires et importants qui se renforcent mutuellement par ailleurs. Des considérations positives sur le monde de l’entreprise aident au développement de conditions externes propices au développement d'initiatives entrepreneuriales, comme le cadre régulateur ou institutionnel, et vice versa. 14 GRAPHIQUE 1 FACTEURS INTERVENANT DANS LA CREATION D’ENTREPRISES Facteurss externes Conditions de base: - Institutions - Infrastructures - Stabilité macroéconomique - Santé et enseignement primaire Eléments activateurs d’une activité d’entreprise efficace Facteurs internes Attitudes: - Hauts niveaux d’enseignement et de formation - Marchés de biens - Perception des opportunités d’affaires - Marchés financiers - Perception du risque - Marchés du travail - Technologie - Perception des capacités à créer une entreprise Eléments activateurs de l’activité d’entreprise innovatrice - Accès au financement - Politique gouvernementale - Programmes gouvernementaux de soutien aux entreprises - Transfert de R&D - Ouverture du marché interne - Infrastructure légale - Formation entrepreneuriale - Régles sociales et culturelles Dynamique d’entreprise Croissance économique nationale Source: Elaboré à partir de Global Entrepreneurship Monitor, 2009 Executive Report. Or, tandis que les facteurs internes sont nécessaires dans toutes les économies pour la naissance et le développement d'une activité d’entreprise, l'ensemble des facteurs externes, tout aussi nécessaires, peut être modulé en fonction de la phase de développement économique dans laquelle se trouvent les différentes économies. Ainsi, les moins développées devraient, en principe, centrer leurs efforts sur l’obtention d’une 15 certaine stabilité macro-économique et sur le développement de la qualité de leurs institutions, infrastructures et systèmes éducatifs et sanitaire. Une fois ces éléments acquis, les pays devraient porter leurs efforts sur l’efficacité de fonctionnement de leurs marchés des biens et services et développer de manière progressive les facteurs favorisant une activité entrepreneuriale innovatrice 3.1. Facteurs internes L'esprit d’entreprise constitue un élément primordial pour le développement économique d'un pays et il dépend dans une large mesure du fait que sa population adopte des comportements positifs envers les entreprises et qu’elle se sente motivée et formée pour s'aventurer dans la création d'une nouvelle entreprise. Le comportement de la population peut être, par conséquent, un bon indicateur sur les potentialités ou sur le manque de dynamique entrepreneuriale d'un pays. Si nous disposons de nombreux indicateurs relatifs aux comportements du monde entrepreneurial, les plus significatifs sont ceux qui nous éclairent sur la motivation pour créer une nouvelle entreprise, comme la perception des possibilités de monter des affaires, pour améliorer sa situation professionnelle ou par simple nécessité, le calcul des risques ainsi que les savoir faire personnels pour créer et développer une nouvelle entreprise L’intérêt d'une affaire est en rapport étroit avec les coûts de faisabilité, c'est-à-dire, en termes de rapport entre les bénéfices attendus de l'activité d’entreprise et les bénéfices générés par une autre occupation professionnelle. À ce sujet, la littérature spécialisée mentionne l'existence d'une relation en forme de U entre le niveau de développement économique d'un pays, mesuré à travers son PIB par habitant, et le dynamisme entrepreneurial10. En d’autres termes, on enregistre un fort dynamisme entrepreneurial tant dans les zones à fort PIB par habitant que, paradoxalement, dans celles à plus faible développement économique. Dans le premier cas, il s’agit de la réaction d’un entrepreneur quand une opportunité de créer s’offre à lui tandis que dans le deuxième cas, l’esprit d’entreprise constitue une stratégie de défense pour sortir du chômage dans un contexte d’offres de travail faibles ou nulles. L’évaluation du risque constitue aussi un facteur déterminant au moment de créer une nouvelle entreprise car si le risque est considéré comme trop important, on peut être amené à rejeter la création d’entreprise, même si cette option est des plus attrayantes. La perception du risque est influencée par des facteurs divers, parmi lesquels on peut distinguer ceux à caractère institutionnel, comme le cadre normatif ou la qualité 10 Global Entrepreneruship Monitor, Executive, 2005. 16 institutionnelle, sans oublier de tenir compte d'autres facteurs relatifs aux caractéristiques personnelles des individus, comme l'âge, le sexe ou la nationalité, entre autres. D'autre part, il faut rappeler que, associé à la perception des opportunités d'affaire, il est nécessaire que les personnes soient préparées à affronter les défis qu'implique la création et la consolidation d’une entreprise. Il est évident, sur ce point, que le niveau éducatif est un élément primordial pour former les citoyens à développer une activité professionnelle mais il est tout aussi primordial de ne pas oublier que l'esprit d’entreprise demande une qualification spécifique qu'il est important de développer à travers des mécanismes formels, comme le système éducatif, bien qu'elle soit parfois acquise par le biais de voies non formelles, comme les réseaux d'amis ou familiaux voire à travers la coopération entrepreneuriale ou sa propre expérience professionnelle préalable. Dans ce domaine, l’évaluation par les individus de leur capacité personnelle est une valeur ajoutée fondamentale pour l'initiative entrepreneuriale Les données existantes relatives à ces facteurs dans les PPM attestent clairement que la population a une approche et une vision positives de l’activité d’entreprise (voir tableaux en annexe). Ainsi, la volonté de créer une affaire ou de se consacrer à l'activité entrepreneuriale comme option professionnelle est élevée dans la population, se situant très au-dessus de celles enregistrées dans les pays européens. Cependant, comme précédemment mentionné, si parmi les motivations pour démarrer une activité entrepreneuriale dominent celles inhérentes à l'amélioration professionnelle, tant dans l'Union européenne que dans les PPM, on constate que, dans ces derniers, elles pèsent d’un plus grand poids car elles répondent à des raisons de nécessité (en tant que stratégie face au chômage). Ces intentions sont, en outre, généralement portées par des approches positives quant à l’opportunité de faire créer des affaires et de la capacité personnelle pour les mener à bien, supérieures dans les deux cas à celles existant dans l’Union européenne. Une autre donnée importante est que la défiance face au risque n'est pas élevée, se situant à des niveaux similaires, parfois même inférieurs, à ceux des pays européens. Ces données attestent donc que ces pays disposent d’un important potentiel pour développer un fort dynamisme entrepreneurial. Or, il s'agit de facteurs intrinsèques qui vont dépendre, dans une large mesure, de l'amélioration des conditions régulatrices ou institutionnelles du pays, comme exposé ci-après. 3.2. Facteurs externes L'environnement macro-économique, institutionnel et social d'un pays influence de manière décisive l'esprit d’entreprise, en conditionnant les possibilités de création, de 17 survie ou de réussite des entreprises. L'évaluation des facteurs liés aux contextes économique, politique et social s'avère donc fondamentale pour déterminer les aspects sur lesquels doivent influer les politiques visant à potentialiser la création et la consolidation des entreprises dans les PPM. En ce sens, la politique d’entreprise dans de nombreux pays de la région euroméditerranéenne fait partie des priorités des gouvernements même si elle s’inscrit, généralement, dans des politiques industrielles conventionnelles centrées sur le développement et la promotion de secteurs et d’entreprises spécifiques considérés comme prioritaires pour le développement économique des pays, aux dépens d'une politique d’entreprise plus transversale Cela supposerait de développer une politique qui aborderait et intégrerait conjointement les cadres régulateurs (simplification administrative, système financier ou système fiscal), formatifs/éducatifs, les domaines de l'innovation, du développement et de la créativité; le tout, dans un cadre de coopération institutionnelle, régionale et locale. À ce sujet, et dans le cadre de la coopération entre l'Union européenne et les PPM, différentes initiatives ont été prises, parmi lesquelles il faut souligner la mise en oeuvre en 2004 de la « Charte euro-méditerranéenne pour les entreprises », qui établit les principes communs pour le développement de la politique industrielle dans la région euro-méditerranéenne11. L'objectif de cette dernière est de faciliter et de favoriser l'investissement et le développement du secteur privé ainsi que de définir des stratégies nationales et régionales. Comme préalable indispensable au succès de la politique d’entreprise, elle préconise la stabilité macroéconomique et la transparence et fiabilité du système judiciaire12. La participation des représentants économiques et sociaux, tant du secteur privé que du secteur public, est également considérée comme un facteur clé pour le développement et la mise en oeuvre des politiques de soutien aux entreprises. Dans tous les cas, le début d'une activité d’entreprise est directement proportionnel à la facilité qui existe pour monter une affaire dans un pays. En termes comparatifs, la 11 La mise en place de la politique industrielle en général, et de la Charter for Enterprise en particulier, est réalisée par un groupe de travail (Working party on Euro-Mediterranean Industrial Cooperation) composé de représentants des Etats membres de l’UE, de représentants des pays de la région euroméditerranéenne et d’associations diverses d’entreprises et d’organisations internationales (Businesseurope, BusinessMed, Eurochambres, Ascame, parmi d’autres). 12 Cette initiative consiste à évaluer les progrès obtenus dans dix domaines d’action différents, en indiquant les lacunes détectées et le besoin qui en résulte de les renforcer : 1) Simplification administrative; 2) Encouragement de l’esprit entrepreneurial grâce à l’éducation et la formation; 3) Amélioration des connaissances; 4) Faciliter l’accès aux ressources financières; 5) Amélioration de l’accès aux marchés; 6) Encouragement des entreprises innovatrices ; 7) Renforcement du partenariat entrepreneurial ; 8) Garantir la qualité des services de soutien aux entreprises ; 9) Renforcer les liens entre l’Europe et la région euro-méditerranéenne ; et 10) Amélioration de l’accès à l’information. 18 qualité de l'environnement entrepreneurial reste insuffisante dans l'ensemble de la région et tant le climat d'investissement que l'environnement des entreprises sont toujours limités par de nombreux facteurs, parmi lesquels on peut dégager l'existence d'une bureaucratie régulatrice excessive, le manque de transparence, la complexité du cadre législatif et institutionnel, la faiblesse du système financier, la difficulté d'accès au crédit et à la propriété. Parallèlement, les niveaux d’éducation et de formation de la population sont encore faibles et la formation visant à la promotion de l'activité de chef d’entreprise est insuffisante. Tout cela, qui plus est, dans un contexte social où prédomine une culture entrepreneuriale à caractère local, fortement enracinée dans le cadre informel de l'économie. D'autre part, en suivant l'expérience de la majorité des pays développés et, spécialement de l'Union européenne, il apparaît fondamental pour le développement des entreprises de parier sur l'innovation et les nouvelles technologies dans le cadre de la société du savoir. Pour cette raison, l'analyse de ces aspects fait l'objet d'un paragraphe spécifique du rapport. Environnement institutionnel et régulateur Comme précédemment indiqué, les problèmes auxquels se confronte le secteur entrepreneurial dans ces pays sont en rapport avec la faiblesse et la complexité des dispositions régulatrices des marchés, sans oublier l’insuffisante qualité institutionnelle, ce qui limite la mise en oeuvre de nouveaux projets d’entreprises ou le développement de projets existants. L'information disponible pour évaluer ces éléments dans les PPM par rapport à d'autres pays est insuffisante et de ce fait, la comparaison avec d'autres pays, spécialement avec ceux de la rive nord, s’avère difficile. Cela oblige à relativiser l'analyse effectuée dans ce rapport. En partant de cette prémisse, et afin d'analyser quelques facteurs déterminants pour le début de l'activité entrepreneuriale, on ne dispose que des données fournies par la Banque Mondiale, dans « le projet Doing Business », dont le but est d'évaluer la facilité pour réaliser des affaires dans un pays à partir de différents aspects du cadre légal et régulateur considérés comme importants au niveau de la prise de décision pour entreprendre un projet d’entreprise. Cela permet de classer les pays du plus grand au plus petit en termes de facilité accordée pour la création d’entreprise. Cependant, les résultats obtenus doivent être analysés avec précaution, car ces indicateurs ne sont pas exempts de critiques étant donné les limites méthodologiques et les modifications partielles des critères utilisés. En accord avec cette source et en attribuant la valeur 1 au pays qui accorde la plus grande facilité pour réaliser des affaires, pratiquement tous les PPM, sauf Israël, la 19 Tunisie et la Turquie, se situent dans le classement avec des chiffres supérieurs à 100, se plaçant ainsi au-dessus de la majorité des pays européens, où seule la Grèce occupe le 109è rang. Israël se classe au rang 29, la Tunisie au 69 et la Turquie au 73 ; ces trois pays ont donc la meilleure position dans le groupe des PPM. Les difficultés rencontrées dans tous les pays pour lancer une activité d’entreprise sont accentuées dans les PPM, et ce en dépit des efforts évidents réalisés au cours des dernières années13. Ainsi, on constate que, dans la création d’entreprise, tous les paramètres - que ce soit les procédures, le temps passé et même le coût - sont supérieurs à la moyenne de l'Union européenne. On dénombre jusqu'à 8 procédures en moyenne pour entamer une activité, avec une mention particulière pour l'Algérie, l'Autorité Nationale de la Palestine et la Tunisie où 10 procédures voire plus sont nécessaires, ce qui est également le cas dans certains pays méditerranéens du nord comme l'Espagne ou la Grèce. Quant au nombre de jours nécessaires pour effectuer les démarches de début d'activité, il existe une très grande hétérogénéité dans cette zone. Cependant, c’est au niveau du coût nécessaire en termes de PIB par habitant que l’on enregistre le plus de différences en ce qui concerne le début d’activité. A cet égard, alors que dans l'Union européenne le coût ne dépasse pas en moyenne 5,0 %, il est cinq fois plus élevé dans les PPM, atteignant des niveaux exorbitants au Liban (78,2), en Egypte (55,0) et en Jordanie (49,2). Seuls Israël et la Tunisie se situent dans les niveaux moyens de l'Union européenne. Les difficultés rencontrées pour la création ou la fermeture d'entreprises ainsi que les coûts élevés auxquels les chefs d'entreprise doivent faire face favorisent le développement d'activités de caractère informel. D'autre part, le nombre d'années nécessaire pour résoudre des cas d'insolvabilité peut atteindre les 4 ans dans la majorité des PPM, à l'exception du Maroc et de la Tunisie, moins de 2 ans, ce qui correspond à la moyenne dans l'Union européenne. Dans tous les cas, malgré les efforts réalisés par tous les partenaires méditerranéens pour permettre la création d'entreprises et dépasser ces insuffisances, les difficultés pour la création et la liquidation d'entreprises, combinées au maintien de coûts élevés auxquels les chefs d'entreprise doivent faire face, situent la majorité des PPM parmi les pays partenaires de l'Union européenne comme étant ceux qui enregistrent les plus grandes difficultés en termes de création d'entreprise. De fait, le rapport MED BEST14 13 Commission euroéenne SEC (2004), du 17 septembre 2004. Report on the measures implemented by the Mediterranean partners to stimulate entrepreneurship and competitiveness (Med Best Report). 14 Commission européenne SEC (2004), du 17 septiembre 2004. Report on the measures implemented by the Mediterranean partners to stimulate entrepreneurship and competitiveness (Med Best Report). 20 indiquait déjà en 2005 que si tous les partenaires avaient fourni des efforts pour faciliter la création d'entreprises, ceux-ci s’avéraient insuffisants du fait du manque de transparence, d’efficience et de prévision des procédures administratives nécessaires pour créer, maintenir ou fermer une entreprise, autant d’obstacles majeurs pour un bon environnement entrepreneurial. Accès au financement L'accès au crédit et les droits de propriété sont également des éléments fondamentaux qui favorisent ou empêchent le développement du secteur des entreprises. Si le crédit pour le secteur privé se situe à des niveaux comparables à ceux de l'Union européenne dans la plupart de ces pays (Israël, la Jordanie, le Liban ou la Turquie), il ne dépasse toutefois pas les 15 % en termes de PIB par habitant dans d'autres comme la Tunisie ou l'Algérie. Bien que la faible information disponible ne permette pas d'analyser la part exacte de financement destiné à l'activité d’entreprise, il apparaît que les plus grandes difficultés d'accès au crédit se rencontrent en Syrie, dans l’Autorité nationale palestinienne, en Algérie et en Jordanie, qui occupent la plus mauvaise position par rapport au reste de la zone. Ainsi, on peut conclure que l'accès au crédit pour le secteur privé reste limité dans les PPM, particulièrement en ce qui concerne les PME et les micro-entreprises ; cela est dû au fait que, dans de nombreux pays de la rive sud, le secteur bancaire et les institutions financières non bancaires sont peu développés, que le crédit s'adresse principalement aux entreprises étatiques, que des garanties importantes sont exigées et qu’il s'avère parfois difficile de réclamer l'encaissement des dettes par voie judiciaire. En outre, la difficulté d'accès au crédit est un des éléments qui contribue au développement d'activités de caractère informel. À ce sujet, il est nécessaire de souligner que les micro-crédits sont un instrument financier déterminant pour renforcer l'activité entrepreneuriale dans les pays de la rive sud. Ces prêts de faible quantité qui s’adressent principalement aux PME et aux microentreprises, c’est-à-dire à celles qui rencontrent les plus grandes difficultés dans l’accès au crédit comme précédemment souligné, s'avèrent fondamentaux pour encourager la création d'entreprises, pour favoriser l'apparition d'entrepreneurs et pour promouvoir un développement économique et social équilibré dans la région. Quant au droit de propriété, l'ensemble des PPM a toujours besoin d'une plus grande coopération réciproque pour avancer dans la consolidation d'un cadre juridique et institutionnel qui facilite l'accès à la propriété. 21 Education et formation L'éducation est un mécanisme important pour créer une attitude et une culture d’entreprise, spécialement au niveau des jeunes. Il est reconnu que l'éducation constitue un des facteurs les plus influents dans la création et la consolidation des entreprises car elle facilite le développement du savoir faire et des capacités qui encouragent l'esprit d’entreprise et contribue à favoriser l'existence d'une image positive de l'activité entrepreneuriale Comme indiqué dans le Rapport sur la formation professionnelle comme facteur de compétitivité et de création d’emploi : priorité des agents économiques et sociaux, les PPM ont réalisé, tout au long des trois dernières décennies, des progrès notables dans l’amélioration du capital humain, même si d’important problèmes subsistent comme le taux élevé d’abandon scolaire dans le secondaire, la faiblesse des effectifs dans l’éducation supérieure, l’offre insuffisante et la qualité médiocre, surtout au niveau des possibilités de Formation Continue, qui se traduisent, particulièrement pour les jeunes, par la difficulté de passage du système éducatif au marché du travail. Il serait donc nécessaire de fournir de plus grands efforts dans les domaines de l'éducation et de la formation, en particulier pour améliorer l'accès et la qualité des systèmes éducatifs, mais en accordant une attention particulière à l’esprit d’entreprise au niveau des compétences de base que doit apporter le système. Ce n’est pas sans raison que différentes instances recommandent d’encourager l'esprit d’entreprise dans le système éducatif tant à partir du vaste concept d'enseignement des comportements et des capacités entrepreneurials - le développement de certaines qualités personnelles et la sensibilisation au travail en autonomie étant entendus comme option professionnelle - qu’à celui plus spécifique de la formation orientée vers la création d’entreprise sur la base des qualifications nécessaires à la mise en place de l’activité d’entreprise et de l’apprentissage sur le terrain qui est essentiel. Cela impliquerait d’introduire l’esprit d’entreprise dans le système éducatif dès le départ en tant qu’élément transversal et méthodologie d’enseignement. De même, il est extrêmement important que l’on continue à l’inculquer par l'apprentissage continu, conformément à ce qui est établi depuis longtemps par les instances européennes. Facteurs culturels: reconnaissance sociale La reconnaissance sociale de l’activité entrepreneuriale est un autre facteur important pour le développement du dynamisme de l’esprit d’entreprise. Les normes culturelles et sociales peuvent renforcer ou défavoriser le dynamisme entrepreneurial voire influencer l’orientation et le mode de développement de l’activité économique et entrepreneuriale. 22 A ce sujet, et comme nous l’avons souligné précédemment, le poids de l’économie informelle dans ces pays est très élevé, notamment dans l’économie domestique et dans l’autoproduction de biens et de services. La conception sociale de ce type d’activité d’entreprise, réalisée dans la majorité des cas par des femmes, différerait de la conception conventionnelle des entrepreneurs dans d’autres secteurs de l’économie formelle et il est possible que ce type d’activité soit associé, dans une moindre mesure, au développement économique et social du pays. Cela supposerait donc un renforcement et une mise en relief de la valeur sociale et économique de l’activité d’entreprise, dans son acception la plus large, par la création et le développement d’une culture entrepreneuriale dynamique et forte. Dans cet esprit, il convient également de développer, comme le fait l’Union européenne depuis un certain temps, des services et des réseaux d’aides aux entreprises au niveau des pouvoirs publics avec une forte participation des organisations d’entreprises. 4. Innovation et Créativité 1. Dans le cadre de la stimulation de l’esprit d’entreprise objet du présent rapport, le pari de l’innovation au sens large, qui se réfère à des changements quantitatifs ou à des variations radicales dans le processus technologique ou non technologique, est fondamental. L’introduction d’innovations technologiques, de processus (méthodes de production ou de distribution de biens et services) ou de produit (conception de biens et services) ou d’innovations non technologiques à caractère organisationnel ou commercial (nouvelles pratiques dans l’organisation du travail, amélioration dans l’utilisation ou l’échange d’informations, connaissances ou savoir-faire dans l’entreprise, adoption de nouvelles méthodes d’organisation pour optimiser la prise de décisions et la répartition des responsabilités) intègre, dans tous les cas, des stratégies visant à augmenter la part de marché, la qualité des biens et services, la capacité de production, la visibilité du commerce ou les garanties de santé et de sécurité. 2. Dans ce sens, et en tant que base indispensable pour une infrastructure durable en termes de recherche, développement et innovation, il est nécessaire de développer un secteur de communications électroniques qui potentialise au maximum les synergies entre les projets régionaux ou bilatéraux, conformément à ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui la “société de l’information”. 3. Dans le cadre de la coopération défini par le Processus de Barcelone -Union pour la Méditerranée-, une dynamique innovatrice a été mise en oeuvre qui va au-delà de la traditionnelle coopération euro-méditerranéenne car elle privilégie la participation 23 active des secteurs clés, avec le rôle moteur des PME, et aborde le développement durable en tant que source d’opportunités d’affaires, capable de contribuer à la croissance économique et au développement de cette region15. En outre, l’adoption d’un système bi-annuel de co-présidence, qui revint à la France au cours du premier mandat pour la partie nord et à l’Egypte pour la partie sud, implique une nouvelle conception de l’organisation qui a rapproché les deux rives dans le cadre institutionnel. 4.1. Développement de la société du savoir et de l’information L’essor de la dite “société de l’information” s’est transformé en un grand défi pour le développement économique et social des pays méditerranéens, de sorte que les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont considérées comme l’une des composantes clés de la croissance. De façon générale, on mise sur la valorisation du savoir en tant que facteur de production en mettant l’accent sur le développement du capital humain en tant que source de compétitivité dans le futur Cependant, la situation actuelle de la région met en relief de considérables différences quant à l’impulsion donnée à ces technologies, très souvent en relation directe avec la disponibilité et la qualité des infrastructures en télécommunications, l’utilisation des applications adéquates, la réglementation et les politiques. De fait, dans la majorité des PPM, tant les télécommunications que l’internet ont un taux de pénétration limité qui freine la diffusion et à la compréhension du concept. L’implication européenne dans le processus de développement de la région euroméditerranéenne trouve son expression dans le Programme régional de soutien au développement de la Société de l’Information dans la Région méditerranéenne (EuMedRegNet), doté de 5 millions d’euros dont l’objectif est de dynamiser les synergies entre l’UE et les PPM dans le cadre de la société de l’information et de permettre la création d’un milieu favorable et harmonisé pour stimuler l’investissement en communication électronique sur la base des résultats affichés des projets antérieurs EuMedis et NAPT II et autres initiatives régionales. ACCES AUX TIC COMME ELEMENT DE DEVELOPPEMENT ET DE VALEUR AJOUTEE En ce qui concerne les nouvelles technologies d’information et de communication, si l’on enregistre, dans la zone euro-méditerranéenne, des progrès significatifs quant à leur utilisation, l’accès à ces technologies reste inégal selon les différents groupes de population, ce qui se traduit par une importante brèche digitale, dépendant fortement de 15 I Séminaire sur le “Co-développement méditerranéen et les nouvelles formes de compétitivité dans la société durable de la connaissance” (Université Nebrija, 9-10 déiembre 2008). 24 facteurs de coût et de revenus, de déficiences du réseau technologique et/ou de fourniture du service, ainsi que du niveau d’alphabétisation. Face aux meilleurs résultats obtenus dans les pays européens (Luxembourg avec 1060 abonnés pour 1000 habitants en téléphonie mobile ou la Suède avec 570 abonnés à internet pour 1000 habitants), Israël détient le leadership de la rive sud de la Mediterranée en télécommunication, en disposant de 955 lignes téléphonie mobile et 243 PCs pour 1000 habitants et en avoisinant 301 connexions à internet. Cependant, le reste des PPM se maintient à des niveaux nettement inférieurs (Tableaux en Annexe). Pour un meilleur accès aux TIC, il est nécessaire de mobiliser le maximum de ressources et d’introduire des réformes dans les systèmes éducatifs afin de répondre aux besoins d’une économie basée sur la savoir, en favorisant la mobilité des étudiants, professeurs et chercheurs entre les deux rives en tant que conditions indispensables pour la diffusion et l’apprentissage des TIC et contribuer ainsi à pallier les écarts existants. Toujours dans la même idée, le rapport sur les “Nouvelles connaissances, nouveaux emplois: conséquences des nouvelles technologies”16 souligne la nécessité d’équilibrer les deux régions en matière d’accès aux sources du savoir, en considérant comme prioritaire la création de centres technologiques et d’excellence dans les PPM, par exemple la mise en place d’universités virtuelles ouvertes tant aux entreprises qu’à la société civile pour la diffusion du savoir. En outre, le rapport rappelle la responsabilité des autorités politiques, qui orientent les programmes de formation à l’échelle nationale ou locale, de veiller à ce que l’apprentissage de l’utilisation des NTIC soit partie intégrante des programmes éducatifs dès l’école primaire, de prévoir une formation conséquente des enseignants et d’encourager le secteur privé à proposer l’apprentissage des NTIC. Par ailleurs, le développement d’une industrie “de contenu” (software) adaptées aux nécessités spécifiques des PPM, actuellement quasi inexistante, constitue un énorme défi qui ne pourra être relevé que par un accroissement de la coopération entre les deux rives. 4.2. Politiques R&D+i et transfert technologique La promotion de l’innovation au sein des entreprises, notamment des PME, commença à devenir réalité dans les PPM lors de la mise en oeuvre de Euromed Innovation and 16 Elaboré par les Conseil économiques et sociaux d’Algérie, Espagne, France, Grèce, Italie et Tunisie, et présenté au Sommet de Malte en 2003. 25 Technology Programme17. Ce programme avait pour objectif d’implanter les bonnes pratiques d’innovation dans ces pays et d’établir et de consolider les relations avec les organismes européens publics et privés par le biais de la mise en place de réseaux actifs. L’Observatoire méditerranéen pour l’innovation (MedIS)18, a mené le suivi des indicateurs technologiques pour l’innovation dans ces pays, afin d’évaluer les progrès et de faire une analyse comparée permettant d’identifier les systèmes nationaux les moins performants dans le domaine de l’innovation et les besoins inhérents à chaque cas malgré le peu de données statistiques disponibles sur l’innovation. Dans tous les PPM, des efforts ont été réalisés pour déterminer les composants d’un système d’innovation; des efforts qui se sont centrés en grande partie sur les relations entre entreprises et universités, sur le développement de pépinières d’entreprises, sur le développement du capital humain ou sur l’extension d’un niveau technologique adéquat dans les programmes entrepreunariaux. La majeure partie de ces pays disposent de centres d’innovation et de technologie (l’Egypte et le Maroc se distinguent par la solidité de leurs institutions dans ce domaine) bien que le nombre et la sophistication de ces organismes varient considérablement (cf. Tableau 1). A leur tour, tous ces pays ont lancé des initiatives dans les domaines de la recherche et de l’innovation, même si pour certains la mise en place d’une stratégie claire est encore balbutiante (Autorité Palestinienne, Liban et Syrie), due en partie à ce que le volume d’investissement dans ce domaine est limité par les institutions regionales 19. C’est pour cela que, d’une façon générale, les PPM ont du mal à être présents sur la scène internationale en tant que sources d’innovation. En conséquence, les PPM ont, en règle générale, un poids limité dans l’innovation à l’échelle mondiale ou régionale. Il suffit de savoir qu’à l’exception d’Israël et de la Jordanie où le nombre de chercheurs et celui d’articles scientifiques publiés sont comparables à la moyenne européenne, le reste de la zone présente des chiffres nettement plus faibles. En ce qui concerne la présence de pôles technologiques et de pépinières d’entreprises, la situation est très similaire. 17 La mise en marche de ce programme (Medibtikar-Innovation et Technologie), en vigueur entre 20062009 et doté de 7,25 millions d’euros. Son développement incluait un ensemble d’activités sur plusieurs axes : axe 1, formation locale pour le développement de pépinières d’entreprises; axe 2, faciliter les mécanismes pour le transfert de technologie et de connaissances ; axe 3, stimuler la création d’entreprises innovatrices; axe 4, révision d’infrastructures innovatrices dans les pays bénéficiaires ; et axe 5, orienté vers les secteurs prioritaires dans la région, traitement du textile et alimentation. 18 Euromed Innovation and Technology Programm, Mediterranean Innovation Scoreboard (MedIS) (Jordan, 25 April 2007). 19 Implementation of the Euro-Mediterranean Charter for Enterprise (2008 Enterprise Policy Assessment) 26 Dans de précédents Rapports, le CES d’Espagne s’est prononcé sur la nécessité d’augmenter l’effort en matière de R&D. Ainsi, dans les observations inscrites dans le rapport “Pour une stratégie économique et de l’emploi basée sur la société du savoir dans la Région Euro-méditerranéenne”20, le CES d’Espagne propose de renforcer l’engagement de l’Union Européenne pour augmenter les dépenses publiques destinées à la R&D en donnant la priorité aux secteurs stratégiques et en favorisant le développement de structures technico-scientifiques, de transport et de télécommunications afin de renforcer la compétitivité entre les PPM. En effet, les investissements en R&D contribuent à encourager les échanges commerciaux et à créer des emploi à plus forte valeur ajoutée, en améliorant la productivité et en favorisant les conditions qui permettent l’assimilation des transferts technologiques. La proportion de ressources destinées aux activités de R&D est encore insuffisante, et les maigres exportations de haute technologie ou les licences accordées confirment la nécessité de redoubler d’efforts dans ce domaine. Le flux d’investissement vers les PPM se caractérise par l’importance des projets d’entreprise; cependant, les projets développés par les PME et les start-up ou nouvelles entreprises, présentent des besoins en financement spécifiques aux différentes étapes de leur croissance, et sont naturellement à risque. De ce fait, il importe de trouver des associés financiers compétents pour les conseils de gestion et suffisamment diplômés, ce qui est peu fréquent sur la rive sud. Investissement en R&D Le peu de données disponibles relatives aux investissements en R&D dans cette région révèlent que, outre leur insuffisance, 90 % des budgets R&D proviennent du secteur public contre 30 % dans l’Union Européenne en dépit du fait que la majeure partie de la recherche industrielle est réalisée dans les grandes entreprises. Par conséquent, pour atteindre les objectifs prévus dans ces pays, la nécessité d’augmenter le leadership du secteur privé apparaît clairement. Ces éléments reflètent la faiblesse du tissu industriel ou du secteur des services dans les PPM et la prédominance des petites entreprises aux moyens financiers réduits ce qui a pour conséquence que le financement de la R&D repose quasi exclusivement sur le secteur public, qui doit suppléer la pénurie d’investissement des entreprises privées. 20 Son élaboration a été accordée au Sommet euro-méditerranéen des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires, Déclaration finale (Rabat, 14-16 octubre 2008). 27 Le réseau ANIMA21 a, dans ce sens, un rôle clé lorsqu’il affirme que toutes les parties peuvent travailler dans un schéma concerté et fiable au sein de l’espace euroméditerranéen. Concrètement, par le lancement de nouvelles offres innovantes pour les entreprises, par une plus grande connaissance réciproque des travaux de recherche, une meilleure identification et un meilleur suivi des projets, par le soutien au retour dans leurs pays d’origine des chercheurs et des scientifiques, la simplification des projets communs de recherche et d’innovation dans l’espace euro-méditerranéen et enfin, par un changement d’approche de la part de la région sud de la Méditerranée, où la capacité technologique serait davantage mise en valeur. 5. CONCLUSIONS ET PROPOSITIONS 5. CONCLUSIONS ET PROPOSITIONS 1. Au cours de ces derniers mois, les pays du bassin méditerranéen se sont vus plongés dans un processus de changements politiques, dont la portée est incertaine mais qui, dans tous les cas, devrait représenter une chance de promouvoir le développement économique et social dans la région. Dans ce contexte de transformations importantes, le développement de l'esprit entrepreneurial, de l'innovation et de la création de nouvelles entreprises constitue des éléments importants pour le développement de nouvelles activités créatrices de valeur ajoutée et d'emploi et engendrant, par conséquent, une diminution du taux de chômage et l'amélioration des conditions de vie de la population. C'est pourquoi il serait nécessaire de favoriser le développement entrepreneurial, eu égard au rôle que jouent les entreprises et les créateurs en tant que moteurs de la croissance et que créateurs de richesse et d'emplois, et au vu du manque de créateurs d'entreprise constaté dans la région euro-méditerranéenne. 2. Les politiques visant à encourager l'esprit d'entreprise, bien qu'elles aient fait partie des priorités des pays de la région euro-méditerranéenne, n'ont pas été suffisamment développées dans un cadre commun de coopération et de collaboration. De plus, en général la conception de ces initiatives s'est bien souvent centrée sur le développement et la promotion de secteurs et d'entreprises spécifiques considérés comme prioritaires pour le développement économique de chacun des pays et elle n'a pas été complétée par une politique entrepreneuriale à caractère horizontal. 21 Le réseau d’investissement en Méditerranée ANIMA, plateforme multi-pays de développement économique, rassemble plus de 70 agences gouvernementales et des ressources internacionales dans la région méditerranéenne, pour contribuer à la croissance des investissements. 28 En ce sens, et considérant le cadre de coopération euro-méditerranéenne, les politiques visant à stimuler l'esprit entrepreneurial et l'innovation devraient faire partie d'une stratégie partagée entre les deux rives et entre les pays qui les composent. 3. De la même manière, le diagnostic sur l'environnement entrepreneurial dans les PPM se trouve confronté à des problèmes et à des difficultés liés à la limite et à l'insuffisance des informations statistiques disponibles. De plus, celles-ci ne sont bien souvent pas à jour ni comparables et, quoi qu'il en soit, elles ne permettent pas de connaître avec exactitude la réalité entrepreneuriale dans la zone euro-méditerranéenne et, par conséquent, sa dynamique et son ampleur, comme clés pour favoriser l'innovation et la compétitivité afin de parvenir à une croissance économique et à la création d'emplois. Il est donc nécessaire de fournir davantage d'efforts afin d'asseoir les bases d'une meilleure connaissance de la réalité entrepreneuriale dans la région, sur la base d'informations statistiques comparables et actualisées. Cela suppose alors de concevoir des systèmes d'information adaptés permettant de caractériser le dynamisme du tissu entrepreneurial dans son ensemble, à travers les flux d'entrée et de sortie des entreprises et leurs possibilités de survie, mais également d'approfondir, dans la mesure du possible, les caractéristiques et les comportements spécifiques au niveau sectoriel. 4. Quoi qu'il en soit, le tissu entrepreneurial dans les PPM, de la même manière que pour d'autres pays européens, se caractérise par la prépondérance des PME et des microPME, qui représentent près de 90 % de l'ensemble des entreprises et sont responsables de la majeure partie de l'emploi créé (entre 60 et 70 %), qu'il s'agisse d'emploi formel ou informel. Elles constituent également le moyen de canaliser le petit investissement, assorti de l'augmentation correspondante de la valeur ajoutée pour la croissance économique (entre 30 et 50 % de la valeur ajoutée de leurs économies respectives). De même, les entreprises d'économie sociale (entreprises coopératives, mutualités, associations pour le développement, fondations et autre formes de sociétés dans lesquelles les salariés détiennent des parts) jouent également un rôle important dans le développement de l'activité entrepreneuriale dans ces pays, eu égard à leur contribution à la cohésion sociale, au développement de l'esprit entrepreneurial, à la création de richesses au niveau local, à l'incitation à une meilleure gouvernance, au développement durable et, en particulier, à la création d'emplois. Il est donc fondamental de favoriser l'activité entrepreneuriale, des petites et moyennes entreprises, mais également des entreprises d'économie sociale, car ce sont elles qui peuvent contribuer à une croissance et un emploi durable de la manière la plus significative. À cet égard, le développement de ce type de sociétés est indispensable 29 pour encourager la création d'emplois dans la zone, contribuer à la cohésion sociale et à l'intégration des économies des deux rives de la Méditerranée. 5. La réalité économique et sociale changeante d'un pays est le cadre dans lequel se développe l'activité d'un secteur privé qui doit contribuer à atteindre la croissance économique et la création d'emplois. De même, la qualité de ses institutions et la bonne régulation des marchés sont également déterminants afin de favoriser l'investissement privé et de contribuer au développement économique. À cet égard, et bien que les PPM aient fourni des efforts importants au cours des dernières années, la qualité de l'environnement entrepreneurial est toujours insuffisante dans l'ensemble de la région. Le climat d'investissement, comme l'environnement entrepreneurial, continuent de subir les contraintes imposées par de nombreux facteurs, dont l'existence d'une bureaucratie excessive, le manque de transparence ou la complexité de l'enchevêtrement législatif et institutionnel. À cet égard, il est toujours nécessaire d'envisager des questions liées à une bonne gouvernance, tant au niveau national que régional et local, permettant de disposer d'un meilleur cadre institutionnel, juridique et administratif, dans lequel la démocratie, les droits sociaux et professionnels, ainsi que la participation des partenaires sociaux seraient des éléments indispensables. Il est à espérer que les récents changements politiques et le processus de transformation des institutions dans certains PPM auront une incidence en la matière et pourront contribuer à améliorer la qualité institutionnelle et réglementaire et à promouvoir un climat d'investissement et entrepreneurial favorable à la création d'activité productive et d'emploi dans la zone euro-méditerranéenne. D'un autre côté, il est toujours nécessaire de réorienter et de renforcer le rôle de l'État dans les domaines les plus liés au développement durable et à la qualité de vie tels que l'éducation, la santé ou les infrastructures, en garantissant la qualité et l'efficacité de l'initiative publique, parallèlement à l'incitation à l'initiative privée. La participation des représentants économiques et sociaux, publics et privés, est également considérée comme un élément clé du développement et de la mise en place de politiques de développement entrepreneurial. 6. De plus, les sociétés, en particulier les PME, rencontrent de nombreux problèmes pour leur développement et leur survie, dus bien souvent aux difficultés d'accès au financement et à l'investissement, l'obtention de ressources humaines qualifiées ou la réception d'assistance administrative et technique, et qui finissent par se traduire par des taux de mortalité plus élevés. 30 C'est pourquoi il est nécessaire de faciliter l'accès aux sources de financement, bien souvent grâce à l'investissement étranger direct ou les microcrédits, ou encore le crédit coopératif, des éléments qui s'avèrent fondamentaux pour faciliter la création d'entreprises, en particulier des PME, favoriser l'apparition de créateurs d'entreprises et stimuler un développement économique et social équilibré dans la région. Il est également nécessaire de garantir une formation adaptée permettant de disposer des compétences suffisantes pour le succès de l'initiative entrepreneuriale, mais aussi d'accéder aux réseaux de soutien et d'assistance entrepreneuriale, qui peuvent constituer un élément clé dans le cadre de la coopération euro-méditerranéenne. 7. L'esprit d'entreprise dépend en grande mesure de l'attitude positive de ceux qui la composent envers les sociétés ainsi que de leur motivation et de leur capacité à se lancer dans la création d'une nouvelle affaire. Les données existantes concernant ces facteurs dans les PPM mettent en avant le fait que parmi cette population, les attitudes positives envers l'activité entrepreneuriale prévalent. Ainsi, les intentions de création d'une affaire ou de se consacrer à l'activité entrepreneuriale comme option professionnelle sont élevées. De plus, ces intentions s'accompagnent généralement de perceptions positives des opportunités d'affaire et de formation personnelle pour leur mise en œuvre, mais également de faibles niveaux d'aversion du risque. Ces informations montrent donc que ces pays disposent d'un potentiel important de facteurs intrinsèques afin de développer un fort dynamisme entrepreneurial qui devraient être stimulés et renforcés, car ils influent de manière décisive sur l'esprit d'entreprise et conditionnent les possibilités de naissance, de survie et de succès entrepreneurial. 8. À cet effet, les attitudes positives envers la création d'entreprise peuvent être encouragées grâce à l'enseignement. Ainsi, les niveaux éducatifs et de formation de la population sont toujours bas et la formation visant à encourager l'activité entrepreneuriale est insuffisante. Tout ceci, en outre, dans un contexte social où prédomine une culture entrepreneuriale à caractère local et fortement enracinée dans le secteur informel de l'économie. Il conviendrait donc de fournir des efforts plus importants en matière d'enseignement et de formation, en particulier concernant l'amélioration de l'accès et de la qualité des systèmes éducatifs, mais en accordant une attention particulière à l'esprit d'entreprise dans les compétences de base que doit garantir le système. Cela impliquerait d'introduire le système entrepreneurial dans les systèmes éducatifs dès le départ, comme aspect transversal et comme méthodologie d'enseignement. De 31 même, il est extrêmement important de continuer à l'inculquer grâce à l'apprentissage permanent, comme le reconnaissent depuis longtemps certaines instances européennes. 9. La reconnaissance sociale de l'activité de création d'entreprise est un autre facteur important pour le développement du dynamisme entrepreneurial. À cet égard, le poids de l'économie informelle dans ces pays est très élevé. Il est basé en grande partie sur l'économie familiale et l'autoproduction de biens et de services et, dans la majorité des cas, il est réalisé par des femmes. Cela supposerait de tenter de renforcer et de mettre en avant la valeur sociale et économique de l'activité entrepreneuriale au sens le plus large, afin de créer et de développer une culture de création d'entreprise dynamique et forte. Il conviendrait également de développer des services et des réseaux de soutien aux créateurs et aux entreprises au sein des services publics, avec une forte participation des organisations entrepreneuriales elles-mêmes. D'autre part, il conviendrait de favoriser une meilleure participation de la femme, en lui accordant davantage d'importance et en lui offrant une présence plus prononcée dans le secteur structuré de l'économie. D'une manière plus générale, pour les femmes, l'activité entrepreneuriale constitue une option pour sortir de la situation de chômage. Il serait donc opportun que, lors de la promotion de l'initiative entrepreneuriale, des mesures destinées spécifiquement aux femmes soient intégrées, comme des programmes de formation et de soutien qui aborderaient également les instruments financiers les plus accessibles. De même, concernant la population jeune, et au vu des taux de chômage élevés qui la caractérisent, il conviendrait de concevoir des mesures spécifiques afin de favoriser leur insertion sur le marché du travail. L'activité entrepreneuriale peut constituer un débouché professionnel pour les jeunes, qu'il convient d'encourager. 10. En ce qui concerne les aspects à caractère social et professionnel, il convient de souligner la nécessité de continuer à progresser vers le respect et la mise en œuvre des règles et des droits fondamentaux à valeur universelle en matière professionnelle et sur la mise en place de droits sociaux et professionnels minimums incontournables, en toute égalité de chances entre les hommes et les femmes. D'un autre côté, le renforcement de la négociation collective et du dialogue social entre les partenaires économiques et sociaux forts doit être un objectif partagé par tous les pays de la zone euroméditerranéenne. La mise en valeur de l'innovation est très liée au développement d'initiatives en matière de création d'entreprises. L'intégration d'innovations technologiques, de procédés ou de produits, ou d'innovations non technologiques à caractère organisationnel, commercial 32 ou sociale intègre, dans tous les cas, des stratégies visant à augmenter la part de marché, la qualité des biens et des services, la capacité de production, la visibilité de l'entreprise ou les garanties de santé et de sécurité. Ainsi, le progrès de la société de l'information est devenu un grand défi pour le développement économique et social de l'ensemble des pays, de sorte que les nouvelles technologies de l'information et de la communication sont considérées comme des composantes clés de la croissance. C'est pourquoi il semble opportun de miser sur la connaissance comme facteur de production, en consacrant davantage d'efforts à l'amélioration du capital humain, qui constitue l'une des clés de la compétitivité. Cela impliquerait d'améliorer l'accès aux TIC et de réformer les systèmes éducatifs pour répondre aux besoins d'une économie basée sur la connaissance. Ainsi, et afin de parvenir à une durabilité à long terme, il est indispensable de disposer d'une infrastructure en matière de recherche, de développement et d'innovation. 11. La situation actuelle de la région met en évidence des différences considérables en matière de développement des technologies de l'information et de la communication, fréquemment liées à la disponibilité et à la qualité des infrastructures de télécommunication, à la mise en œuvre des applications, des réglementations et des politiques correspondantes. D'autre part, la promotion de l'innovation en matière entrepreneuriale dans ces pays s'est appliquée à encourager les relations entre les entreprises et les universités, le développement de couveuses d'entreprises ou la mise en place d'un niveau technologique adapté dans les programmes entrepreneuriaux. Dans le cadre de la coopération intrarégionale, il est nécessaire de développer un secteur de communications électroniques qui maximise les énergies entre les projets régionaux et/ou bilatéraux, afin de donner naissance à ce qui est aujourd'hui connu sous le nom de "société de l'information" dans la région. La promotion d'une meilleure coopération entre les entreprises et la création de centres technologiques est également considérée comme une priorité. En matière d'innovation, les pays de la région manquent d'une stratégie claire dans ce domaine, qui leur apporterait une présence supérieure sur la scène mondiale, comme des sources d'innovation. Il serait donc opportun de progresser vers le développement de cette stratégie au niveau national, mais également de manière coordonnée pour l'ensemble de la région. 12. Cette stratégie devrait s'accompagner des ressources suffisantes. À cet égard, les données disponibles révèlent que les ressources destinées à la recherche et au développement dans ces pays sont encore insuffisantes, avec une présence majoritaire 33 du secteur public qui apporte 90 % des ressources. De même, la plus grande partie des investissements industriels réalisés est développée au sein des grandes entreprises, en parfait contraste avec le poids prédominant des PME dans la structure entrepreneuriale de ces pays. Ainsi, la nécessité d'augmenter l'implication du secteur privé en matière de recherche et de développement semble claire. Cela suppose de lancer de nouvelles offres innovantes pour les entreprises, une meilleure connaissance réciproque des travaux de recherche, un effort plus important en matière d'identification et de suivi des projets, le soutien concernant le retour des chercheurs et des scientifiques méditerranéens vers leur pays d'origine, la simplification des projets conjoints de recherche et d'innovation dans la zone euro-méditerranéenne et, enfin, un changement de perception afin que la capacité technologique soit davantage valorisée. 13. En définitive, sans renoncer à aucune des propositions présentées ici, il conviendrait de souligner la nécessité d'agir sur le développement de la coopération inter et intrarégionale. Pour cela, l'incitation à la participation des partenaires économiques et sociaux dans le développement d'un environnement politique favorable et, concrètement, la mise en place de politiques communes de mesures incitatives en faveur des entreprises, constitue un facteur déterminant. 34 ANNEXE DE TABLEAUX TABLEAU 1 CONTEXTE MACROECONOMIQUE DE L’UE ET DES PAYS MEMBRES MEDITERRANEENS Países Unión Europea Alemania Austria Belgica Bulgaria Chipre Dinamarca Eslovaquia Eslovenia España Estonia Finlandia Francia Grecia Holanda Hungría Irlanda Italia Letonia Lituania Luxemburgo Malta Polonia Portugal Reino Unido R. Checa Rumanía Suecia PSM Argelia Egipto Israel Jordania Líbano Marruecos A. Palestina Siria Tunez Turquía Crecimiento medio anual del PIB (%)a VAB sectorial (%PIB) Agric. 2008 Indust. Serv. -4,9 -3,5 -3,0 -5,0 -1,7 -4,9 -4,7 -7,8 -3,6 -14,1 -7,8 -2,6 -2,0 -4,0 -6,3 -7,1 -5,0 -18,0 -14,8 -3,4 -1,5 1,7 -2,6 0,7 -4,1 -7,1 -5,1 0,9 1,9 0,8 7,3 2,1 1,3 3,1 2,8 2,9 2,7 2,0 3,3 1,7 4,3 2,0 3,1 0,4 4,5 2,4 0,7 2,5 7,1 1,6 30,2 30,9 23,2 30,5 19,6 26,1 38,0 28,9 29,1 32,4 20,4 19,7 25,5 29,4 27,0 22,7 15,9 30,8 23,9 23,7 37,6 25,2 27,9 2,0 4,7 0,7 2,8 9,0 5,2 4,0 3,0 -4,5 8,2 14,1 3,2 6,4 13,7 18,1 10,3 8,7 61,1 36,3 29,4 24,0 27,3 35 29,6 28,3 2001-2008 2009 1,3 2,1 1,8 5,6 3,6 1,3 6,2 4,3 3,1 6,7 3,0 1,7 3,9 1,9 3,4 4,5 0,8 7,4 7,4 3,8 1,8 4,2 1,0 2,3 4,3 6,3 2,6 4,0 4,9 3,2 7,1 4,9 5,1 4,1 4,8 4,5 Déficit Renta Nacional Deuda pública (% Bruta per capita Inflaciónb público (% PIB)b b en PPA (en $) PIB) 2008 2009 2009 2009 69,0 67,2 76,1 62,2 78,3 72,6 58,9 68,3 68,0 64,9 77,6 77,0 72,9 66,2 71,0 74,2 83,7 64,6 73,7 75,6 59,9 67,6 70,5 35.950 37.360 35.380 11.370 24.980 37.530 21.460 27.160 30.830 19.320 35.940 33.280 28.300 40.620 18.210 35.710 30.800 16.010 17.170 52.770 22.460 16.710 22.330 36.240 22.890 13.380 37.780 0,2 0,4 0,0 2,5 0,2 1,1 0,9 0,9 -0,2 0,2 1,6 0,1 1,3 1,0 4,0 -1,7 0,8 3,3 4,2 0,0 1,8 4,0 -0,9 2,2 0,6 5,6 1,9 -3,3 -3,4 -6,0 -3,9 -6,1 -2,7 -6,8 -5,5 -11,2 -1,7 -2,2 -7,5 -13,6 -5,3 -4,0 -14,3 -5,3 -9,0 -8,9 -0,7 -3,8 -7,1 -9,4 -11,5 -5,9 -8,3 -0,5 73,2 66,5 96,7 14,8 56,2 41,6 35,7 35,9 53,2 7,2 44,0 77,6 115,1 60,9 78,3 64,0 115,8 36,1 29,3 14,5 69,1 51,0 76,8 68,1 35,4 23,7 42,3 30,7 49,6 67,4 69,6 59,0 46,9 60,0 63,0 7.890 5.470 27.450 5.720 11.750 4.190 4.490 7.460 13.420 4,5 14,1 4,8 14,9 10,8 3,9 14,5 5,0 6,3 11,4 -7,8 -6,1 -9,9 1,9 -3,2 -0,8 - 7,2 76,5 66,1 162,5 48,5 30,8 48,2 - a) Eurostat est la source de données sur la croissance moyenne du PIB pour tous les pays de l’Union européenne et la Turquie. Pour les PPM, la source de données est le FMI. b) Données 2009 pour l’UE et la Turquie, pour les PPM données 2008. Source: Banque Mondiale, World Development Indicators 2009, Eurostat et Fond Monétaire International, Regional Economic Outlook. Middle East and Central Asia, 2009. 35 TABLEAU 2 CONTEXTE SOCIO PROFESSIONNEL DE L’UE ET LES PAYS MEMBRES MEDITERRANEENS Población Crecimiento total de población Países Unión Europea Alemania Austria Bélgica Bulgaria Chipre Dinamarca Eslovaquia Eslovenia España Estonia Finlandia Francia Grecia Holanda Hungría Irlanda Italia Letonia Lituania Luxemburgo Malta Polonia Portugal Reino Unido R. Checa Rumanía Suecia UE 27 PSM Argelia Egipto Israel Jordania Líbano Marruecos A. Palestina Siria Túnez Turquía Millones % 2006 2006 82,6 8,3 10,4 7,7 0,8 5,4 5,4 2,0 43,9 1,3 5,3 6,1 11,1 16,4 10,1 4,2 58,8 2,3 3,4 4,6 0,4 38,1 10,6 60,5 10,2 21,5 9,1 440,5 -0,1 0,6 0,7 -0,5 1,8 0,4 0,1 0,3 1,6 -0,2 0,4 0,8 0,4 0,2 -0,2 2,4 0,6 -0,5 -0,6 3,4 0,7 -0,1 0,3 0,6 0,3 -0,2 0,6 33,4 74,1 6,8 5,7 4,1 30,9 3,9 19,4 10,2 73,9 1,5 1,8 1,8 2,3 1,1 1,2 3,4 2,7 1,0 1,3 Tasa de Población Población menor de de 65 años actividad Tasa de empleo (% 15 años y más (% 15-64) (% del total) (% del total) mayores de 15 años) 2005 2005 Total Mujeres 14,3 15,5 16,8 13,8 18,8 16,7 17,6 16,8 59,7 61,2 53,7 53,8 70,7 72,1 62,4 64 65,4 65,8 56,2 59,5 Tasa de paro Total Mujeres 7,3 3,8 7 5,6 7,2 4,1 7,6 5,8 Tasa de paro juvenil (hasta 24 años) 9,8 8 18 12,7 - - 64,2 70,9 62,9 3,8 4,3 9,5 18,8 16,7 13,9 14,3 15,2 17,3 18,2 14,3 18,2 15,7 20,2 14,0 14,7 16,7 18,9 15,0 11,8 15,6 16,5 16,5 15,9 16,6 18,2 14,1 15,2 10,9 20,0 16,9 15,5 13,8 66,0 59,3 59,5 59,1 61,1 61,5 56,9 53,5 66,6 50,1 63,4 49,3 62 56,7 56 78,1 62,3 68,6 64,3 69,8 71,1 65,2 61,9 77,2 56,7 67,6 58,7 68,6 64,3 63,4 74,3 54,6 64,2 54,9 66,3 69 60,7 48,7 71,1 50,6 60,2 47,2 65,4 61,8 55,1 3,3 9,5 4,4 11,3 5,5 6,4 7,8 7,7 2,8 7,8 6,3 6,8 7,5 5,8 4,9 3,7 10,9 4,8 13,0 5,3 6,7 8,3 11,4 3 8,1 4,8 8,5 6,9 5,6 6 7,6 19 10,4 24,6 12 16,5 18,9 22,1 5,3 19,9 13,3 21,3 13,1 13,4 16,8 - - 49,4 55,2 37,4 5,9 6,5 11,9 16,3 15,9 17,9 14,6 15,4 17,5 15,6 12,9 17,1 16,0 14,2 14,8 17,2 54,2 62,5 62,8 58,5 54,5 63,9 59,2 68,2 71,5 66,6 59 74,3 52,4 62,5 65,8 57,6 52,5 71,8 7,1 7,7 5,6 4,4 5,8 6,2 8 9 5,1 5,6 4,7 6,5 17,3 16,4 15,0 9,9 18,6 20 29,6 33,6 27,8 37,2 28,6 31,1 46,0 36,9 25,9 29,2 4,5 4,8 10,1 3,2 7,3 4,8 2,7 3,1 6,3 5,4 42,5 49,8 62,9 37,7 47,1 52,4 41,3 46,4 50,0 47,6 37,2 44,2 60,0 n.d. 32,2 46,3 31,6 n.d. 39,9 45,9 12,7 17,7 50,0 n.d. 15,1 24,6 11,5 n.d. 20,7 24,3 12,3 11,2 8,4 14,0 7,9 9,7 23,6 8,1 14,3 9,4 14,4 25,1 9,0 25,0 9,5 9,7 20,5 19,9 17,3 9,5 24,2 34,1 18,2 35,6 19,9 16,6 35,7 18,3 31,2 18,1 16,4 Source: Banque Mondiale, World Development Indicators 2009, Eurostat et Fond Monétaire International, Regional Economic Outlook. Middle East and Central Asia, 2009 36 TABLEAU 3 DEMOGRAPHIE DES ENTREPRISES Indicadores Países Unión Europea Alemania Austria Bélgica Bulgaria Chipre Dinamarca Eslovaquia Eslovenia España Estonia Finlandia Francia Grecia Holanda Hungría Irlanda Italia Letonia Lituania Luxemburgo Malta Polonia Portugal R. Checa Reino Unido Rumanía Suecia Nuevas Empresas empresas registradas creadas (Nº) (Nº) 2007 2007 573.985 76.374 354.489 315.037 200.060 135.330 47.312 2.435.689 120.294 1.267.419 273.549 180.891 638.987 67.095 30.049 423.719 244.417 2.546.200 870.195 326.052 Países Socios Mediterráneos Argelia 105.128 Autor.Nac. Palestina Egipto 367.559 Israel 162.910 Jordania 102.716 Líbano 63.423 Marruecos 155.947 Siria 2.268 Tunez 63.584 Turquía 764.240 Tasa de creación de empresas Microempresas y pymes Participación femenina en el accionariado (% de nuevas Acumulado por 1000 (en % sobre el empresas sobre el total de en nº habitantes total de empresas) empresas) 2007 2000-2005 2008 3.484 28.016 49.328 28.811 16.025 4.957 145.593 10.424 137.481 28.153 18.704 77.587 12.017 6.578 2.711 26.388 30.934 16.395 449.700 103.733 27.994 4,56 7,90 15,66 14,40 11,84 10,48 5,98 8,67 10,85 10,29 10,34 12,14 9,80 9,02 7,30 6,71 17,66 11,92 8,59 3.162.111 252.399 686.533 216.489 257.950 70.553 91.066 3.168.735 65.194 221.000 2.612.960 771.000 735.160 97.000 4.486.000 32.571 56.428 1.654.822 693.000 4.415.260 392.544 898.454 38,3 30,9 66,2 27,7 47,8 13,1 45,6 73,0 48,4 42,4 43,2 69,9 45,0 24,3 77,9 13,8 16,5 43,3 66,4 73,8 18,1 99,6 33,93 30,9 42,18 36,26 42,38 46,26 38,7 47,91 25,01 47,93 - 10.662 10,14 2,61 11,55 7,50 4,93 8,60 9,52 10,50 12,25 580.000 97.194 468.338 141.327 450.000 210.134 18,7 27,7 67,6 26,7 15,4 3,1 15,03 18,0 33,96 13,1 27,9 13,12 40,68 9.595 18.814 7.706 3.127 13.407 216 6.675 93.634 Note: Les données en itallique proviennent de la dernière année disponible, généralement l’année précédente. Source: Banque Mondiale, World Developments Indicators 2010 37 TABLEAU 4 FACILITE POUR FAIRE DES AFFAIRES Indicadores Países Unión Europea Alemania Austria Bélgica Bulgaria Chipre Dinamarca Eslovaquia Eslovenia España Estonia Finlandia Francia Grecia Holanda Hungría Irlanda Italia Letonia Lituania Luxemburgo Malta Polonia Portugal R. Checa Reino Unido Rumanía Suecia PSM Argelia Autor.Nac. Palestina Egipto Israel Jordania Líbano Marruecos Siria Tunez Turquía Facilidad Procedimientos Tiempo requerido Coste de Crédito Financiación Certificaciones Tiempo para para hacer necesarios para el para el inicio de inicio de al sector bancaria a ISO resolver negocios inicio de la actividad un negocio actividad privado empresas reconocidas insolvencias (Ranking 1=más facilidad) 2009 (Nº) (Días) 2009 2009 25 28 22 44 40 6 42 53 62 24 16 31 109 30 47 7 78 27 26 64 9 8 3 4 6 4 6 3 10 5 3 5 15 6 4 4 6 5 7 6 18 28 4 18 8 6 16 6 47 7 14 7 19 10 4 13 10 16 26 24 72 48 74 5 55 18 6 6 8 6 6 3 136 139 106 29 100 108 128 143 69 73 14 11 6 5 8 5 6 7 10 6 (en % del PIB per (% PIB) cápita) 2009 2008 107,85 119,10 94,49 74,49 257,32 217,99 38,47 44,74 85,63 97,37 85,76 107,80 93,50 77,44 69,60 217,05 105,05 90,19 62,71 197,46 32 6 15 13 10 15 4,7 5,1 5,3 1,7 0,0 2,0 0,0 15,0 1,7 0,9 0,9 10,9 5,6 8,0 0,3 17,9 2,1 2,4 1,8 17,9 6,4 9,2 0,7 2,9 0,6 24 49 7 34 13 9 12 17 11 6 12,1 16,1 55,0 4,2 49,5 78,2 16,1 27,8 5,7 14,2 13,51 211,14 42,94 90,09 83,76 75,90 129,56 15,63 66,65 193,17 49,79 52,77 32,61 179,70 201,39 (% empresas) (% empresas) (Años) 2008 2009 2009 34,68 19,91 31,47 52,22 26,95 28,00 41,46 21,23 48,72 39,40 37,29 47,37 18,22 15,59 40,68 17,29 33,39 43,49 37,29 26,13 5,57 4,98 (2007) 18,18 (2006) 21,09 (2008) 15,53 (2006) 20,91 (2006) 17,28 (2007) 51,90 30,04 (2008) Note: Les données en itallique proviennent de la dernière année disponible, généralement l’année précédente. Source: Banque Mondiale, World Developments Indicators 2010. 38 1,2 1,1 0,9 3,3 1,5 1,1 4,0 2,0 1,0 3,0 0,9 1,9 2,0 1,1 2,0 0,4 1,8 3,0 1,5 2,0 3,0 2,0 6,5 1,0 3,3 2,0 2,5 4,2 4,0 4,3 4,0 1,8 4,1 1,3 3,3 TABLEAU 5 PARTICIPATION PRIVEE DANS LES PROJETS D’INVESTISSEMENT EN INFRASTRUCTURES (Millions de dollars) Energía 2.320,0 469,0 104,0 3.434,0 - Telecomunicaciones 264,0 1.414,0 90,3 843,0 95,4 99,0 3.954,0 - Argelia E gipto Is rael J ordania L íbano Marruecos S iria T unez T urquía Autoridad Nacional P ales tina Source: Banque Mondiale, World Developments Indicators 2010. Agua y saneamientos 874,0 - Transportes 161,0 640,0 675,0 200,0 37,0 840,0 1.843,0 - TABLEAU 6 INDICATEURS SUR LA SITUATION DES ENTREPRISES Tasa de actividad empresarial ya establecida Indicadores sobre actividad empresarial Unión Europea Alemania Bélgica Dinamarca Eslovenia España Finlandia Francia Grecia Holanda Hungría Italia Letonia Reino Unido Rumanía Países Socios Mediterráneos Argelia Autoridad Nacional Palestina Israel Jordania Libano Marruecos Siria Túnez Motivación Tasa de espíritu Tasa de inicio de la para la Etapa inicial de la empresarial actividad actividad actividad inicial empresarial empresarial por necesidad (% de población activa (% de población activa (% de población que es emprendedora y (% de población que es emprendedora y activa que está en lleva desarrollando una activa en fase lleva desarrollando una fase inicial de una actividad empresarial inicial de actividad actividad empresarial por actividad empresarial por un periodo superior empresarial) un periodo inferior a 42 o es nuevo a 42 meses) meses) empresario) Motivación para la actividad empresarial por Interrupción del negocio mejora de situación personal (% de TEA) (% de TEA) (% de población activa que en los últimos 12 meses ha interrumpido su vinculación con una actividad empresarial) 5,1 2,5 4,7 5,6 6,4 8,5 3,2 15,1 8,1 6,7 5,8 9,0 6,1 3,4 2,2 2,0 1,6 3,2 2,3 2,9 3,1 4,5 3,1 5,4 1,8 5,3 2,7 2,8 2,1 1,6 2,0 2,1 2,8 2,3 1,4 4,7 4,1 3,7 1,9 5,4 3,2 2,3 4,1 3,5 3,6 5,4 5,1 5,2 4,3 8,8 7,2 9,1 3,7 10,5 5,7 5,0 31 9 7 10 16 19 14 26 10 24 14 32 16 34 43 55 56 69 41 62 67 47 57 45 57 54 43 31 1,8 1,3 1,1 1,3 2,0 2,1 1,9 2,6 2,5 3,2 1,1 3,3 2,1 3,6 4,7 6,9 4,3 5,3 16,0 15,2 6,7 10,2 11,3 3,0 3,4 5,9 6,7 6,9 3,4 2,2 5,6 5,9 2,7 4,9 8,8 9,4 5,1 7,2 16,7 8,6 6,1 10,2 15,0 15,8 8,5 9,4 18 37 25 28 18 25 37 20 51 33 48 35 60 57 43 57 7,9 7,1 4,0 6,8 4,6 3,7 7,4 4,8 Source: Global Entrepreneurship Monitor 2009, Executive Report. 39 TABLEAU 7 PERCEPTIONS ET ATTITUDES PAR RAPPORT A L’ACTIVITE ENTREPRENEURIALE Percepción de oportunidades de negocio Percepción de capacidades personales 22 15 34 29 16 40 24 26 36 3 25 18 24 14 40 37 35 52 48 35 27 58 47 41 41 50 47 27 37 28 37 30 45 26 47 45 29 33 39 40 32 53 48 50 29 44 54 53 54 15 52 56 38 57 77 78 62 40 31 36 37 39 21 24 18 34 Unión Europea Alemania Bélgica Dinamarca Eslovenia España Finlandia Francia Grecia Holanda Hungría Italia Letonia Reino Unido Rumania Países Socios Mediterráneos Argelia Autoridad Nacional Palestina Israel Jordania Libano Marruecos Siria Túnez Actividad emprendedora como opción profesional Interés de los medios de comunicación por la actividad empresarial 5 5 3 10 4 4 16 15 5 13 4 10 4 6 54 46 47 56 63 45 65 66 84 42 72 59 48 58 50 33 25 57 37 68 50 32 64 32 44 51 44 47 22 24 14 25 22 27 54 54 57 88 61 81 85 82 89 87 39 52 50 70 65 74 55 70 Aversión al Intenciones riesgo emprendedoras Source: Global Entrepreneurship Monitor 2009, Executive Report. TABLEAU 8 INNOVATION DANS LES PPM Indicadores tecnológicos, 2002 (1) (nº /1.000 habitantes) Teléfonos fijos Argelia Egipto Israel Jordania Libano Marruecos Siria Terr. Palestinos Túnez Turquía 61 110 467 127 199 38 123 87 117 281 Teléfonos Ordenadores Usuarios móviles personales de Internet 13 67 955 229 227 209 23 93 52 347 8 17 243 38 81 24 19 36 31 45 16 28 301 58 117 24 13 30 52 73 (indice) Acceso digital a Internet 37 40 70 45 48 33 28 41 48 Tecnoparques y semilleros, 2004 (2) (número) Polos tecnológicos y Semilleros e parques incubadoras de científicos empresas ("tecnoparques") 5 3 2 1 4 1 0 1 2 15 0 5 26 1 0 8 0 1 10 2 Gasto I+D (% PIB) Total (3) Empresas (4) 1985 1998 1998 0,30 0,30 0,30 0,50 0,01 0,02 0,82 0,01 0,01 0,01 0,30 0,30 0,30 0,30 0,30 0,30 0,30 0,17 Source: Réseau euro-méditerranéen des Agences de Promotion de l’Investissement (ANIMA), Notes et documents nº 9 (décembre 2005) (1 y 2); chiffres UNESCO (3); UNIDO Industrial Development Report 2002-2003 (4). 40 MEDAILLON 1 POLITIQUES R+D+I DANS LES PAYS MEMBRES MEDITERRANEENS Algérie: Elle ne dispose toujours pas d’une politique R+D ou d’innovation en tant que telle même si elle est dans une phase de développement d’une stratégie R+D ni d’éléments pour la création d’une infrastructure d’innovation alors même que l’Agence nationale pour l’évaluation des résultats de recherche tente d’intensifier la relation entre recherche et développement des entreprises. Elle possède un fond capital risque (FINALEP) et a entrepris une réforme de la réglementation afin d’améliorer les conditions de participation du capital privé, ayant déjà élaborés les plans pour améliorer la disponibilité du capital risque et apporter le financement aux PME. Récemment, et dans le cadre du programme Medibtikar, des services ont été mis en place destinés à l’aide à la création de pépinières d’entreprises (axe1). Egypte: Elle dispose d’une politique d’innovation mise en oeuvre par le biais de mesures de soutien à l’investissement, capital risque, pépinières d’entreprises, la modernisation des entreprises et le développement de PME innovatrices, même si l’on déplore l’absence d’un organisme de coordination. Cette politique est menée grâce à des programmes relevant des principaux ministères avec l’assistance des organisations donatrices. Le Fond social pour le développement (SFD) est le point de référence dans ce domaine car il finance des établissements d’affaires et des pépinières, un Programme de modernisation industrielle (IMP) ainsi que l’Autorité générale pour l’investissement (GAFI). Par ailleurs, un réseau de soutien au transfert technologique avec l’Europe a été mis en place, pour une plus grande intégration dans le réseau entrepreneurial européen (EEN). Israël: Deux défis doivent être relevés: d’une part, son économie est considérée comme hautement innovatrice par rapport aux grandes économies industrialisées et de ce fait, de nombreuses activités proposées dans le cadre du programme Medibtikar pourraient représenter un frein à la récente capacité innovatrice; d’autre part, la situation politique actuelle pourrait astreindre sa participation à certaines activités. Malgré tout, des résultats tangibles ont été obtenus tels que l’impulsion donnée aux projets de recherche conjoints d’entrepreneurs et chercheurs palestiniens et israéliens, ou la consolidation des relations entre organisations de l’industrie textile avec leurs associés en Jordanie, au Maroc et en Egypte. Jordanie: Bien qu’il n’existe aucune politique spécifique d’innovation ciblant la transformation des entreprises ou le développement des ressources humaines, la Jordanie a pour objectif la création d’une société innovatrice par le renforcement de la stratégie d’innovation. Le Ministère de la Planification et Coopération Internationale (MoPIC) coordonne et évalue les initiatives internationales concernées sur la base de travaux visant à établir une cartographie des secteurs industriels et des clusters et à analyser et évaluer les secteurs afin d’améliorer leur compétitivité. L’Equipe jordanienne de compétitivité nationale (JNCT) est en train de mettre en place un observatoire de compétitivité industrielle car elle dispose du potentiel pour fournir des inputs à l’industrie nationale et à la politique d’innovation. Les résultats du programme Medibtikar ont permis le transfert du savoir en matière de processus et méthodes de soutien aux pépinières d’entreprises, en potentialisant la capacité exportatrice du secteur agroalimentaire grâce à la certification d’origine ou en offrant de nouvelles opportunités en réseau au secteur textil. Liban: en 2007, les négociations se sont ouvertes pour sa participation au Programme Cadre Compétitivité et Innovation, via le Programme Medibtikar, qui vise également le soutien aux industries alimentaires et textiles, par la promotion de produits spécifiques pour une reconnaissance internationale de sa qualité et de ses caractéristiques intrinsèques Maroc: Il possède une réelle politique d’innovation dont les compétences sont réparties sur plusieurs ministères, notamment celui de l’Industrie chargé de la recherche scientifique et du développement technologique. C’est là le résultat des initiatives et propositions conjointes du dit organisme et du Ministère de l’Education, du Conseil national pour la recherche en sciences et technologie (CNRST), de l’Organisation nationale de la propriété intellectuelle et R&D du Maroc et de l’Association marocaine de R&D pour les aspects liés à l’innovation. Parmi les objectifs prioritaires, on trouve le développement des pépinières d’entreprises, celui du programme de changement radical pour améliorer l’accès de l’industrie à l’infrastructure, au savoir et à l’information ou celui d’interface entre les universités et l’industrie. Un bon niveau de coordination de la politique d’innovation est atteint grâce au Comité interministériel permanent 41 pour la recherche scientifique et le développement technologique, créé en 2000. Actuellement, le gouvernement développe un nouveau “Réseau pour l’innovation et la créativité”. Le programme Medibtikar a stimulé l’intérêt du gouvernement pour fournir des structures d’innovation, les contacts entre les acteurs nationaux et régionaux et la formation de spécialistes en soutien à l’innovation. Territoires palestiniens: en 2006, la majeure partie de l’infrastructure palestinienne d’innovation était sous-développée et en grande difficulté pour la mise en oeuvre des activités prévues dans le cadre du programme Medibtikar. Néanmoins, certains résultats ont été enregistrés depuis sa mise en oeuvre tels que l’établissement de relations entre chercheurs et entrepreneurs d’Israël et des Territoires palestiniens, le transfert du savoir et de meilleures pratiques pour l’élaboration d’indicateurs ou l’extension des réseaux européens vers des acteurs palestiniens en matière d’innovation. Syrie: Une politique d’innovation existe qui touche l’ensemble des ministères, en dépit de l’absence de structure de coordination ou d’évaluation. Cette politique donne la priorité à la recherche technologique qui relève de la compétence des instituts de recherche. Par ailleurs, depuis 2003, elle dispose d’une pépinière d’entreprises (MAWRED) mais le taux de création d’entreprise est encore faible. Les liens entre l’industrie et l’école demeurent très insuffisants. Suite à l’application du programme Medibtikar, les bases pour l’analyse de l’information statistique ont été posées parallèlement au lancement d’une champagne pour la diffusion des aspects liés à l’innovation. Tunisie: Les politiques mises en œuvre s’attachent au développement de nouvelles entreprises et affaires, bien qu'il n'existe pas de mécanisme formel de coordination de l'innovation. Des progrès ont été réalisés durant les cinq dernières années, comme la mise en place d'un système de pépinières d’entreprises et de parcs technologiques, ou la préparation de l'infrastructure nécessaire devant permettre à la Tunisie de tenir son rôle de membre effectif des réseaux européens. Turquía: Elle possède un système d'innovation arrivé à maturation comparé à d'autres pays de la région; en outre, elle a récemment développé une Stratégie Régionale d'Innovation (RIS), qui a commencé à Ankara (23 mai 2008) en réponse à la demande du Ministère de l'Industrie et du Commerce, et des Autorités régionales turques pour bénéficier de l'assistance du programme Medibtikar dans la formation de ses employés et des autres organisations nationales concernées. Parmi les objectifs atteints depuis l'application de ce programme, il faut souligner l'établissement de réseaux (technologiques, R&D et d'innovation) entre PPM, le transfert de savoir et la mise en place d’indicateurs conformes aux standards internationaux, ou le système turc de pépinières d’entreprises. Source: Projet Medibtikar-Innovation et Technologie. 42