Or il se trouve que cette loi représente avec une très bonne approximation
le spectre de nombreux objets tels que les étoiles, Avec une température de
5600K, le spectre du Soleil est assez voisin de la courbe en noir.
En fait, pendant des millénaires, confinée au domaine du visible,
l'Astronomie ne s'est occupée que des corps chauds dans l'Univers, ceux qui
rayonnent dans le visible, ou à la rigueur des planètes, qui sont froides,
mais très proches, et bien éclairées par le Soleil.
Voilà donc qu'avec le démarrage de l'Astronomie IR on va s'intéresser à
toute sortes d'objets froids, jusque là ignorés.
Pour illustrer cet état de chose voyons ici
IMAGE D ORION VISIBLE/IR
On savait bien déjà que le milieu interstellaire était loin d'être vide,
dans notre galaxie, et plus particulièrement dans son plan, on savait qu'il
existait de vastes nuages de gaz, mélangés à de la poussière, qui se
manifestent par l'extinction qu'ils produisent sur les étoiles situées
derrière ces nuages.
Mais voici qu'avec l'IR, on découvre que la poussière de ces nuages,
chauffée par les étoiles bleues voisines, rerayonne dans l'IR l'énergie des
photons bleus et UV qu'elle a absorbé
Il nous faut maintenant aborder une deuxième particularité de l'Aie IR,
elle peut se résumer par la métaphore suivante : "observer dans l'IR avec
un télescope à la température ambiante, c'est comme observer dans le
visible avec un télescope dont le miroir serait chauffé à blanc".
Le miroir du télescope est en principe très réfléchissant, disons qu'il
réfléchit 95% de la lumière qu'il reçoit, mais ces 5% qui manquent vont se
manifester par une émission de rayonnement IR, en pratique, 5% de
l'émission d'un corps noir à la température du miroir, c'est à dire l'
ambiante, soit environ 300 K.
Dans un télescope , on a toujours au moins 2 miroirs, leurs émissions vont
s'additionner, et on va se retrouver avec un ce flux de 10% du CN à 300K
qui tombe sur le détecteur, en plus du flux de la source que l'on cherche à
observer. Ce flux est énorme par rapport à celui que l'on cherche à
mesurer, mais ce n'est pas encore très grave, il y a un moyen très simple
d'extraire le signal de la source : c'est la modulation : si on pointe
alternativement le télescope sur la source puis sur un fond de ciel où il
n'y a rien, la différence de deux mesures donnera le flux de la source ,
puisque dans les deux pointés le rayonnement de fond du miroir est le même.
L'Astronome IR, ou plutôt, son détecteur, est donc en permanence ébloui par
un rayonnement de fond très important au milieu duquel il essaye de
discerner la cible de son observation.
Ce qui est beaucoup plus gênant, et qui va limiter la sensibilité des
mesures ce sont les fluctuations de ce fond. En effet, imaginons un
détecteur de photon idéal, qui compterait +1, chaque fois qu'il reçoit un
photon, ce serait un détecteur parfait, sans bruit propre. Imaginons
maintenant qu'il reçoive ces photons d'une source idéale qui délivrerait un
flux de photons parfaitement régulier. On enregistrerait avec ce compteur
un nombre qui augmenterait régulièrement dans le temps , comme indiqué sur
cette première figure. Eh bien une telle source n'existe pas, et ce débit
de photon comporte toujours une certaine fluctuation dans le temps, autour
d'une valeur moyenne. L'amplitude de cette fluctuation, que l'on appelle
communément le bruit de photon, est précisément égale à la racine carrée du
compte N.