600 : Les Koreïshites reconstruisent le temple de la Kaaba qui avait été victime d'un incendie.
Mais la division menaça bientôt les différents clans de la tribu : laquelle de ces tribus aurait le
privilège de poser la "pierre noire", objet d'une grande vénération –ce qui rappelle d'ailleurs
d'autres pierres noires ou aérolithes vénérés alors au Proche-Orient, comme la pierre noire de
Pessinonte, liée au culte de la déesse Cybèle et originaire d'Asie mineure ou encore la pierre
noire du dieu syrien Elagabal- dans l'un des coins du temple. On convînt de demander la
solution au premier citoyen qui passerait la porte du temple, et celui-là fut Muhammad, qui
travaillait aussi à la reconstruction du temple. Il trouve la solution au dilemme en faisant
mettre la pierre noire sur un manteau que porterait un membre de chacune des tribus, avant de
poser la pierre de ses propres mains. Ainsi sa sagesse fut-elle louée par tous. De cette époque,
jusqu'à sa quarantième année, l'histoire ne nous apprend plus rien de la vie de Muhammad.
610 : Muhammad atteint sa quarantième année, ce sera celle de la révélation divine.
Muhammad avait l'habitude de se retirer avec sa famille sur la montagne de Hara, voisine de
la Mecque, et ce depuis sa plus tendre enfance. Sans doute y a-t-il médité son futur projet
islamique, car il en vînt bientôt à être persuadé qu'il devait briser les idoles jusque là adorées
par son peuple. C'est donc à ce moment et dans la grotte de Hara, que l'on place la révélation
de la lettre coranique à Muhammad par l'ange Gabriel (voir Coran). Muhammad parle de sa
vision à son épouse Khadidja : "Ce que vous m'apprenez, dit Khadidja à Muhammad, me
comble de joie. Cette vision est d'un heureux présage. J'en jure par celui qui tient mon âme
dans ses mains, vous serez l'apôtre de votre nation." Sur ce, elle en parle à son cousin Warka
(ou Waraca) ben Naufel, un homme versé dans les Ecritures et celui-ci affirme croire en la
vision de Muhammad et voit désormais en celui-ci le Moïse des Arabes. Les premiers à
embrasser la nouvelle foi sont Khadidja, son épouse, Ali (âgé de 11 ans), fils d'Abou Taleb,
Zaïd esclave affranchi de Muhammad et Abou Bakr, homme riche et futur premier calife de
l'islam. Voilà ceux qui sont donc considérés comme les premiers musulmans… D'autres,
toutefois, se joignirent à lui, tel que Otman, ou encore Hamza, Abou Obeïda et quelques
autres, connus pour leur naissance, leurs richesses et leurs talents.
A propos de cette "révélation divine", ajoutons que Muhammad est parfois décrit comme
ignorant et illettré, ce qui aurait l'avantage d'accréditer la thèse de l'origine divine du coran car
comment un homme illettré aurait-il pu penser et reproduire la lettre coranique ? Certains
commentateurs ont voulu se montrer plus subtils en prétendant que le prétendu illettrisme de
Muhammad signifierait simplement qu'il n'avait pas étudié les Ecritures. Cela semble peu
probable. Au contraire, au fil de ses voyages et de ses contacts, comme nous l'avons vu, avec
des moines chrétiens, Muhammad avait bien, d'une manière ou d'une autre, pris connaissance
– quoique peut-être imparfaitement - de ces Ecritures dont il tira le coran tout en affectant un
illettrisme de façade pour renforcer son image d'homme inspiré divinement.
614 : Durant les trois premières années qui suivent la révélation, Muhammad peine à se faire
reconnaître au-delà de ce cercle familial restreint, mais dès cette troisième année, après bien
des entretiens et des initiatives clandestines, il déclare une guerre ouverte aux croyances des
Koreïshites. Il organise des festins pour tenter d'attirer de nouvelles ouailles. Pour ce, il utilisa
donc tous les moyens à sa disposition, stigmatisant avec violence le polythéisme en usage à
cette époque, au point d'inquiéter les chefs de Koreïshites. La tribu se rassembla bientôt et
condamna à l'exil tous ceux qui avaient embrassé l'islam et ceux-là durent fuir jusqu'en
Abyssinie. Ce sont donc plusieurs dizaines de musulmans qui traversèrent donc la mer Rouge
pour gagner cet exil.