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Loïc Lesvignes CM Histoire de l’Islam médiéval 14.10.2010 L1HIO124 Rappel : Leçon 1 II Le contexte de la vie du Prophète : le nord de la péninsule arabique et le Hijaz :  Ce contexte est double: un aspect social tribal, parallèlement à un aspect religieux.  Le message du Prophète va se constituer en rupture par rapport à ce contexte religieux et social. A) Le contexte tribal de la péninsule arabique :  Ce contexte est non seulement tribal, mais également nomade : cf. le milieu désertique.  Les tribus sont des ensembles organisés autour d’un lignage se référant à un ancêtre commun, éventuellement mythique. D’où l’organigramme suivant : 
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… et l’alliance de plusieurs tribus forme une confédération tribale. Exemple : à La Mecque, la tribu la + importante est celle des Qurayshites, dont fait partie le clan des Banû Hâshim dont fait partie la famille de Muhammad  la figure ancestrale est celle de Abd el Muttalib. Ces tribus sont en général associées à des oasis et entretiennent des liens soit conflictuels (razzias), soit pacifiques (échanges, commerce). L’Arabie heureuse, càd celle du Sud, est plus peuplée car plus florissante. Toutefois, de vifs combats entre Abyssins et Perses mettent en danger cet équilibre : les flux du commerce et des échanges diminuent en raison du manque de sécurité des routes commerciales. Une nouvelle route commerciale contourne alors ces difficultés et passe par le Hijaz, ce qui profite aux Mecquois. B) Le contexte religieux : 
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Au sud, polythéisme : on y vénère des divinités associées aux planètes, sous la houlette d’un clergé et d’importants temples. Au nord, magie et surnaturel : le monde est conçu comme peuplé de Djinns, esprits d’un monde parallèle ; par l’intermédiaire de devins et de poètes qui vénèrent également tantôt Anat (déesse du ciel), Danat (déesse du sort), Allah (créateur de l’univers), …  mais il n’y a aucun culte exclusif. Par ailleurs, il n’y a pas vraiment de clergé, mais on vénère les bétyles (« beit ilah »), ces pierres vues comme la demeure de divinités tout en organisant des processions et des pèlerinages. Ces divinités sont comprises dans des enclos sacrés (càd la notion de ‫ﺣﺮم‬, strictement équivalente à celle de templum en latin) sous la protection d’une tribu cf. La Mecque sous la protection des Qurayshites. 1
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14.10.2010 L1HIO124 Exemple du sanctuaire de La Mecque : pèlerinage annuel, petit ou grand autour d’un lieu saint, la Ka’ba. C’est un édifice rectangulaire d’environ 10m de côté sur 15 de hauteur, à l’angle duquel est située une pierre noire qui passait pour contenir la demeure de plusieurs divinités. Par ailleurs, le judaïsme et le christianisme étaient présents à La Mecque. Un certain nb d’individus, les hanîfs, représentaient une certaine tendance vers le monothéisme : ils ne vénéraient qu’une seule divinité, sans pour autant rejeter les autres. Conclusion :  L’islam va se poser comme la vraie « hanifiyya » tout en rejetant les autres divinités  redéfinition de quelque chose qui existe déjà + transformation.  Idem pour l’histoire d’Abraham, constructeur de la Ka’ba : c’est un fait antérieur que l’islam reprend et pousse  la rupture est donc moins grande qu’on pourrait le croire.  Le contexte est donc complexe et ses données ne sont pas tjs connues, malgré les découvertes permanentes de notre époque.  Le contexte religieux semble marqué par l’attente d’un nouveau message, attente sensible notamment dans les clans juifs (cf. Ibn Hishâm). La vie de Muhammad et le message du Coran: 
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Sources : o Antérieures, en langue grecque, arménienne et syriaque. o Postérieures, en langue arabe (sources musulmanes). Ces dernières sont sujettes à caution puisque religieuses, mais intéressantes d’un point de vue historique. I Problèmes de méthodes et de sources :  Difficultés générales pour rendre compte des débuts d’une nouvelle religion.  Autres difficultés, plus spécifiques à l’islam. A) La vie des fondateurs de religion : difficultés  Paradoxe : on a beau disposer de nombreux récits postérieurs, il n’en reste pas moins certaines difficultés. Pourquoi ? o Ces récits ne sont en général jamais écrits du vivant de ces figures. o Certains de ces récits sont une réécriture de ces figures (transformation). o On y mélange différents éléments très différents : historiques, religieux, … o Personne ne fait immédiatement œuvre d’historien, car il faudrait pour cela avoir conscience sur le moment de ce qui se joue.  Les biographies de tels hommes sont donc quasiment impossibles.  Pourtant, ces récits – remis dans leur contexte – n’en sont pas moins intéressants, notamment du point de vue des représentations collectives et individuelles que l’on se faisait de tel ou tel fondateur de religion. 2
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14.10.2010 L1HIO124 Caractéristiques formelles de ces récits : o Structure hagiographique. o Signes prémonitoires de l’arrivée d’un individu. o 1ère partie de vie : normalité + difficultés matérielles. o REVELATION : moment traumatique, difficultés à assumer la lourde tâche. o Diffusion du message et apparition de situations conflictuelles avec le public. o Rupture vis‐à‐vis des élites sociales. o Persécutions. o SALUT de l’individu et pérennité de sa religion. De même, ces récits sont agrémentés d’une foule de lieux communs (topoï) véhiculant des valeurs communes à certaines religions : o Humilité, dépouillement, courage au combat, prédication, prosélytisme, … On attribue également à ces fondateurs le fait d’avoir mis en place les dogmes et les rites fondateurs de la religion concernée. B) Vie de Muhammad : le problème des sources 1. Le Coran : 
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C’est LA source textuelle la + contemporaine, mais elle suppose qq problèmes méthodologiques : o Il est considéré par les musulmans comme l’expression directe de la parole divine, il n’est pas en lui‐même un texte d’Histoire. o Son objectif n’est PAS de raconter la vie du Prophète. Le Coran livre des informations éparses qu’il faut remettre dans leur contexte, ce qui est difficile puisque les sourates ont été classées par ordre décroissant (en termes de taille) plutôt que par ordre chronologique. Les exégètes du Moyen‐Age ont cherché à expliquer les éléments biographiques et à contextualiser les éléments disponibles : ils ont cherché à mettre en lumière les circonstances de la révélation (‫) ٔاﺳـﺒﺎب اﻟﲋول‬ pour chaque sourate. Certains versets sont en contradiction les uns avec les autres, on a alors adopté la méthode de l’abrogé et de l’abrogeant, ce dernier – le plus récent – venant supplanter le plus ancien. 2. La sunna : 
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La Tradition, ou ‫ﺳـﻨّﺔ‬. Informations sur le(s) comportement/actes/paroles/silences transmises oralement par les compagnons du Prophète puis consignées par écrit dans des hadiths. Le corpus de ces hadiths forme la sunna. Problème : l’islam s’est construit comme foi et comme loi, ce qui fait qu’il exprime souvent des injonctions sans les illustrer de prescriptions  ces prescriptions seront alors cherchées dans la vie de Muhammad. Un besoin croissant de législation a abouti à la multiplication de ces hadiths, dont la fiabilité est parfois remise en question. 3. Les Maghazî : 
Dernières sources, les récits des premières batailles et conquêtes musulmanes. 3
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14.10.2010 L1HIO124 Les hadiths et les maghazi sont de fait les matériaux des ‫ ﺳﲑة‬du Prophète : o
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ère
La 1 sîra a été rédigée par Ibn Ishaq (mort en 767), mais on n’en a pas la version originale… La plus célèbre de ses versions est celle qui est exploitée par Ibn Hisham (mort en 830), qui en fait une version revue et corrigée car son prédécesseur était perçu comme « un peu trop chiite ». Au‐delà de ces 3 types de sources, on en trouvera donc de nouvelles, mais qui seront bien postérieures à la vie de Muhammad.  Alors : qu’en est‐il des différentes phases de la vie de Muhammad ? II La vie de Muhammad : les grandes phases  Sa biographie est très structurée et on peut distinguer 2 grandes phases : o L’époque mecquoise o L’époque médinoise A) Muhammad à La Mecque :  Date de naissance inconnue (probablement entre 560 et 570), ville natale : La Mecque.  Tribu : Quraysh > Clan : Banû Hashim, seul enfant de Amina et Abd Allah qui meurent rapidement.  Il est alors adopté par son puissant oncle, Abû Tâlib (père de Ali qui est donc le cousin de Muhammad).  D’abord marchand, il est engagé comme intendant par Khadija, une riche veuve + âgée que lui qu’il finira par épouser, et dont il aura 2 fils (morts en bas âge) et 4 filles, dont Fatima, future femme de Ali.  En l’absence de fils, Khadija et Muhammad adoptent Ali, cousin de Muhammad ainsi que Zayd, un esclave affranchi.  On dit qu’il avait l’habitude de se retirer dans une grotte du mont Hira pour méditer : cette grotte sera le lieu de la 1ère révélation (vers 610), via un intermédiaire qui n’est pas mentionné par le Coran : l’Ange Gabriel, qui lui commandera de « réciter » (cf. sourate 96, unicité de Dieu).  Ce message sera gardé secret pdt 3 ans environ, jusqu’à ce que Gabriel lui demande, en 613, de le divulguer largement. Ainsi, le prosélytisme devient un devoir. 4
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