LES OBJETS DE CONFLITS EN AMENAGEMENT DU
TERRITOIRE
Nous situant dans le cadre de l’aménagement du territoire, nous allons
considérer des conflits relatifs aux usages ou modes de gestion du sol ou
d’autres ressources environnementales (eau, air, paysages). Les
exemples auxquels nous nous référerons sont l’implantation
d’infrastructures linéaires (lignes électriques, autoroutes, TGV), la gestion
de bassins versants, et la gestion intégrée d’un territoire (affectation de
crédits et divers zonages). Parmi les autres sources de conflits
« classiques », on peut citer les remembrements, le classement en zones
protégées sous divers régimes (p.e. NATURA 2000), l’urbanisme en
général, la gestion forestière…
L’ensemble de ces exemples présentent différentes caractéristiques
communes. Tout d’abord, ces situations sont relatives à l’espace : il s’agit
de déterminer « quoi faire où ». On peut reporter les attendus de ces
conflits sur des cartes. D’autre part, ce sont des situations ouvertes,
concernant l’ensemble de la population d’un territoire (et même au delà :
cf. la place du Club Alpin Français « parisien » dans les conflits en
montagne), et soumises à des procédures réglementées, contrôlées par
l’administration publique. Elles font participer différentes « classes »
d’acteurs : élus, administrations, opérateurs publics et privés, associations,
public ; « effectifs » ou « intentionnels »
[Mermet, 84] ; à différentes
échelles, depuis le hameau jusqu’à l’Europe. Les intérêts en jeu (« enjeux »
ou « critères ») sont multiples : économie, agriculture, écologie, paysage,
patrimoines divers, politique, situation sociale, etc. Enfin, ce sont en
général des processus longs (une à plusieurs années) et présentant des
suites de revirements (le conseil d’état est un acteur important de la
régulation de ces procédures), avec des modalités successives dans la
gestion de la décision collective (conflit « pur », arbitrages, jugements,
contrats, négociation) [Dupont, 94].
Cette première partie donne quelques précisions sur ces objets de conflits.
La description des conflits eux-mêmes et de leur développement doit se
faire à l’aune d’une vision de la cognition des acteurs impliqués, qui ne
sera pas spécifique aux problèmes d’aménagement (la deuxième partie y
sera consacrée).
« Gestion effective : mode de conduite du milieu telle qu’elle résulte de l’ensemble des actions humaines qui l’affectent. [ ] Gestion
intentionnelle : initiatives qu’un acteur spécialisé entreprend, dans le contexte d’une situation de gestion effective, pour faire évoluer l’état du
milieu dans un certain sens ». On peut parler de « gestion sans maîtrise ».