Sur la chronologie des Chinois
de M. Ideler
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qu'elle pouvait atteindre, une nouvelle discussion de tant de documents
historiques et astronomiques qui lui servent de base, leur classification
méthodique, ou même leur simple p.722 exposition sous une forme
usuelle, devaient encore avoir beaucoup d'utilité, surtout venant de M.
Ideler ; car les ouvrages chinois ou européens dans lesquels ces
documents sont consignés, les présentent dans un tel désordre, qu'on a
toutes les peines du monde à bien saisir leurs rapports réels, souvent à
découvrir leur sens véritable et à en faire soi-même des applications
justes ; de sorte qu'en définitive, on se trouve contraint à recevoir
presque de confiance les déductions que l'on aurait voulu discuter. Cela
tient aux interruptions survenues dans la transmission des documents
qui les établissent, à leur manque de précision pour les temps anciens,
à l'obscurité de la langue dans laquelle ils sont écrits, j'oserai presque
ajouter à son influence sur l'esprit des écrivains qui l'ont reçue de
naissance, ou qui se la sont rendue naturelle par un long séjour chez
les Chinois
.
La chronologie chinoise repose sur quatre sortes de documents.
D'abord un cycle de soixante jours, ayant chacun un nom propre, lequel
a été continûment appliqué depuis les plus anciens temps dont on
puisse tracer le souvenir. Secondement, un cycle de soixante années
solaires de 365 jours ayant les mêmes dénominations que le cycle des
jours, et dont l'application est aussi supposée très ancienne, sans qu'on
puisse toutefois la retrouver dans les monuments au delà de la dynastie
des Han, deux siècles environ avant l'ère chrétienne. Il y a, en outre,
des registres historiques officiels, où les règnes successifs des
Pour abréger les indications des ouvrages de Gaubil, que j'aurai fréquemment besoin
de rappeler dans cet article, j'imiterai l'exemple de M. Ideler. Je désignerai, par le
simple mot Observations, les premiers documents sur l'astronomie chinoise qu'il avait
envoyés à Paris, et que le père Souciet a publiés, fort incorrectement, sous le titre
d'Observations mathématiques, etc. ; Paris, in-4°, 1732. J'indiquerai par le mot
Histoire, son Histoire de l'astronomie chinoise, fort postérieure au précédent ouvrage,
et qui a été insérée dans les Lettres édifiantes, tome XXVI, édition de Paris, 1783, et
tome XIV, édition de Lyon, 1819. C'est cette dernière qu'a eue entre les mains M.
Ideler ; mais c'est la première que j'indiquerai dans mes citations. L'une et l'autre
renferment beaucoup d'incorrections typographiques. Enfin je désignerai par Traité, le
traité de chronologie de Gaubil, dont le manuscrit, trouvé par M. Laplace dans la
bibliothèque de l'Observatoire, fut signalé par lui à M. de Sacy qui l'a publié. Mais j'ai
profité des variantes introduites par Gaubil dans un autre manuscrit du même ouvrage,
qui paraît être d'une date postérieure, et que possède la Bibliothèque royale de Paris.