Syndrome de Lynch
Le syndrome de Lynch est une forme héréditaire non polyposique de cancers colorectaux responsable d'environ
2 à 5 % de l'ensemble des cancers colorectaux. Il s'agit d'une prédisposition génétique à transmission
autosomique dominante liée une altération génétique constitutionnelle d'un gène impliqué dans le système
d'identification et de réparation des mésappariements de l'ADN : le système MMR pour MisMatch Repair. Quatre
gènes sont essentiellement touchés : MLH1 et MSH2, responsables d'au moins deux-tiers des cas, MSH6 et
PMS2, plus rarement impliqués.
A l'origine d'un risque accru de cancer colorectal, les mutations constitutionnelles des gènes MMR peuvent
également jouer un rôle dans la genèse de toute une série d'autres cancers touchant un grand nombre d'organes
:
l'endomètre principalement,
les ovaires, les voies excrétrices urinaires (bassinet et uretère), l'estomac, l'intestin grêle et les voies
biliaires dans une moindre mesure.
Les données endoscopiques n'étant généralement pas évocatrices d'un syndrome de Lynch, le diagnostic est
évoqué devant une agrégation familiale de cancers et/ou la précocité de la survenue du cancer. Des critères
cliniques ont ainsi été établis pour orienter le patient vers une consultation d'oncogénétique ou mettre en œuvre
une analyse complémentaire, génétique et immunohistochimique (IHC), de la tumeur. On parle dans ce dernier
cas de pré-criblage somatique.
Critères d'Amsterdam II préconisant l'orientation directe vers une consultation d'oncogénétique :
au moins trois cas de cancers colorectaux ou de cancers du spectre du syndrome de Lynch,
chez des apparentés au premier degré,
sur au moins deux générations successives,
dont au moins un cas diagnostiqué avant 50 ans,
une polypose adénomateuse familiale ayant été exclue.
Critères de Bethesda révisés préconisant la mise en œuvre préalable d'un pré-criblage somatique :
cancer colorectal diagnostiqué avant 50 ans,
cancer colorectal diagnostiqué entre 50 ans et 60 ans, avec histologie évocatrice,
cancers multiples (synchrones ou métachrones) du spectre du syndrome de Lynch chez un même
patient, quel que soit son âge,
cancer colorectal chez un patient avec antécédents familiaux de cancer(s) du spectre du syndrome de
Lynch (chez au moins un apparenté au premier degré diagnostiqué avant 50 ans ou chez au moins deux
apparentés, au premier ou second degré, quels que soient les âges).
Les cancers survenant dans un contexte de syndrome de Lynch sont caractérisés par une perte de fidélité de la
réplication de l'ADN se manifestant par une instabilité des séquences microsatellites (on parle de phénotype MSI
pour MicroSatellite Instability) et par un défaut d'expression de la protéine MMR normalement codée par le gène
muté. La recherche de ce phénotype tumoral, par pré-criblage somatique, est par conséquent une étape
importante dans l'identification des patients pouvant bénéficier d'une étude constitutionnelle des gènes MMR. En
pratique, il est recommandé de réaliser ce pré-criblage somatique pour tous les patients répondant aux critères
de Bethesda révisés.
L'instabilité des microsatellites n'est cependant pas spécifique des cancers survenant dans un contexte de
syndrome de Lynch puisqu'elle est observée dans environ 15 % des cancers coliques sporadiques. Dans ce cas,
celle-ci n'est pas due à une mutation d'un gène MMR mais à une hyperméthylation du promoteur du gène MLH1,
par ailleurs fréquemment associée à une mutation du gène BRAF. En complément du pré-criblage somatique, il
est donc possible de mettre en œuvre une recherche de méthylation du promoteur du gène MLH1 et une
recherche de mutation du gène BRAF.